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FUTUROSCOPIE - Sans festivals, pas de musique, pas de fĂȘte et moins de touristes ! 🔑

Série Tourisme et musique : le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


TrĂšs Ă©prouvĂ©s par deux annĂ©es d’épidĂ©mie, de confinements, de restrictions, les festivals de musique qui, comme les autres, sont indissociables de la vie touristique, ont repris du poil de la bĂȘte et plutĂŽt bien renouĂ© avec leur public durant l’étĂ©. Un peu partout dans l’Hexagone et dans le monde, grandes et petites scĂšnes ont affichĂ© des programmations ambitieuses et tentĂ© de rĂ©parer les dĂ©gĂąts de deux annĂ©es de disette sur leur trĂ©sorerie, leur personnel, leurs artistes, leur image. Une tĂąche difficile dont on n’a pas encore estimĂ© avec prĂ©cision les rĂ©sultats. Mais, une tĂąche indispensable Ă  l’épanouissement de tous les genres musicaux, du classique au « mĂ©tal », et Ă  celui d’un public Ă©valuĂ© Ă  plusieurs millions de spectateurs, recrutĂ©s parmi toutes les gĂ©nĂ©rations, et toutes les nationalitĂ©s. Car loin d’ĂȘtre la seule sur ce terrain, la France a quantitĂ© de concurrents, notamment en Europe et aux USA qui tous, font Ă©voluer leur modĂšle dans deux directions. Soit vers des mĂ©ga Ă©vĂ©nements trĂšs commerciaux, soit vers des Ă©vĂ©nements plus durables, plus engagĂ©s, plus respectueux de l’environnement, mais toujours aussi festifs. Dans le mot « festival », n’oublions pas en effet qu’il y a le mot « fĂȘte ». Pour terminer la sĂ©rie de cet Ă©tĂ© 2022 consacrĂ©e Ă  la musique et au tourisme, parlons donc festivals



Rédigé par le Lundi 29 Août 2022

Dynamiseur de promotion, d’image et de flux touristiques, le festival a indĂ©niablement de l’avenir - DR : DepositPhotos.com, gpointstudioi
Dynamiseur de promotion, d’image et de flux touristiques, le festival a indĂ©niablement de l’avenir - DR : DepositPhotos.com, gpointstudioi
Les festivals sont soit urbains, soit ils Ă©lisent domicile dans de petites communes dont ils contribuent Ă  Ă©laborer une image positive.

PrĂ©sents tout au long de l’annĂ©e, ils se concentrent surtout sur l’étĂ© et sur certaines rĂ©gions comme Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur par exemple, qui suit directement l’Ile-de-France dans le classement des terres de festivals, avec quelques grands rendez-vous comme l’art lyrique Ă  Aix-en-Provence ou le jazz Ă  Antibes-Juan Les Pins.

Lequel fĂȘtait cette annĂ©e son 68e anniversaire et confirmait parmi d’autres, la bonne tenue de la scĂšne de jazz française.

Plus rĂ©cent, le festival « Rock en Seine » a rouvert ses guichets ce week-end de la fin aoĂ»t, Ă  une foule de « fans » de rock pressĂ©s de renouer avec l’immense Ă©motion que procure la programmation de cet Ă©vĂ©nement unique.

Un Ă©vĂ©nement crĂ©Ă© il y a une vingtaine d’annĂ©es, qui, sur le parc de Saint-Cloud Ă  Paris, a rĂ©ussi Ă  attirer en 2019 prĂšs de 100 000 spectateurs notamment grĂące au concert de « The Cure ». Un concert qu’il aura fallu attendre 17 ans pour qu’il soit programmé !

Avec cette annĂ©e 4 jours de programmation et une billetterie assurĂ©e par Weezevent, cette Ă©dition post-Covid devrait, malgrĂ© l’annulation d’un groupe mythique comme « Rage against the machine », assurer le grand retour de l’évĂ©nement et de son succĂšs



Les bonnes performances des festivals français

A l’heure des comptes, de nombreuses manifestations semblent en effet satisfaites malgrĂ© de lĂ©gĂšres baisses de frĂ©quentation.

Ainsi, crĂ©Ă© en 1978 dans un minuscule village du Gers, « Jazz in Marciac » dont c’était la 44e Ă©dition, a renouĂ© avec le succĂšs grĂące Ă  une programmation « on » et « off » crĂ©ant dans la commune une ambiance exceptionnelle entiĂšrement teintĂ©e de saxos, pianos et de batteries !

Quelque 200 000 festivaliers s’y pressent tous les ans et en annĂ©e normale, environ 60 000 billets sont vendus.

A Vienne oĂč le jazz fait aussi recette, on a estimĂ© Ă  77 500 le nombre de spectateurs (de 79 nationalitĂ©s) et Ă  210 000 le nombre de festivaliers.

A Lorient, toujours exemplaire, le festival Interceltique qui a toujours été autosuffisant sur le plan financier, a accueilli pour sa 51e édition prÚs de 900 000 festivaliers. Un record que tout le monde envie à la cité bretonne.

Aux Vieilles Charrues, en Bretagne profonde, on a compté cette année 220 000 festivaliers sur 4 jours de juillet.

CÎté chansons, les Francofolies de La Rochelle créées en 1985 par Jean-Louis Foulquier, afin de présenter le meilleur de la scÚne francophone, internationale et française, a attiré environ 150 000 spectateurs sur les spectacles payants et gratuits.

Ce qui est beaucoup mais peu par rapport au Hellfest, un festival de musique rock et mĂ©tal, Ă  la notoriĂ©tĂ© quasiment nulle auprĂšs de nombreux adultes. Se tenant dans la petite commune de Clisson, celui-ci a en effet rassemblĂ© cette annĂ©e 500 000 personnes, dont 420 000 festivaliers vĂȘtus de noir, façon gothic metal !

Des festivals dĂ©sormais engagĂ©s et responsables et qui n’ont plus d’autre choix

Mais aujourd’hui, qui dit festival, dit « engagement » sur cette cause majeure qu’est la protection de l’environnement.

Ainsi, « Rock en Seine » a sĂ©lectionnĂ© 172 associations, ONG, ressourceries
 pour animer des dĂ©bats et se faire connaitre du public de festivaliers. En 2019, PlanĂšte Urgence, grĂące Ă  leurs dons, a d’ailleurs pu planter 2 000 arbres.

Mieux, Ă  La Rochelle, une ville pionniĂšre en matiĂšre de dĂ©veloppement durable, les Francofolies ont mis en place une dĂ©marche responsable tant sur le plan des transports, que de l’énergie, que de la rĂ©cupĂ©ration, du tri et recyclage des dĂ©chets et de l’alimentation qui, autant que possible, se doit d’ĂȘtre certifiĂ©e locale.

Dans le cadre de leur programme « Mes Francos demain », les Francofolies ont aussi fait naitre en 2019 le Village FrancocĂ©an, un village de sensibilisation Ă  la prĂ©servation de l’environnement avec, au titre de leur proximitĂ© naturelle avec l’ocĂ©an, une attention toute particuliĂšre Ă  la thĂ©matique de l’eau. 

Le Hellfest, qui dispose de son site festivalier Ă  l'annĂ©e et a mĂȘme un projet d'en faire un « lieu touristique de grande ampleur » pour l'Ă©dition 2024, a aussi pris des mesures pour prĂ©server tant soit peu l'environnement du site, en installant des toilettes sĂšches par exemple, ou par le recyclage.

Ainsi, en 2018, 65 tonnes de verre, 24 tonnes de carton, 16 tonnes d’emballage et prĂšs de 2 tonnes de bois avaient Ă©tĂ© collectĂ©es et triĂ©es, sans compter les 113 tonnes de dĂ©chets issus du compost des toilettes sĂšches !

Cette tonalitĂ© a cependant Ă©tĂ© donnĂ©e par « We love green » en Loire Atlantique qui, dĂšs 2010, s’est prĂ©sentĂ© comme le festival le plus Ă©coresponsable de France.

EngagĂ© pour la planĂšte, ce festival suit une charte de dĂ©veloppement durable articulĂ©e autour de 8 axes : l’énergie, l’alimentation, l’eau, les dĂ©chets, les transports, la sensibilisation et la compensation carbone et la circularitĂ©.

Tandis que, dans un genre hybride, Solidays organisĂ© par l’association SolidaritĂ© sida depuis 1999 a accueilli plus de 247 000 personnes cette annĂ©e, battant le prĂ©cĂ©dent record de frĂ©quentation de 228 000 spectateurs de 2019. Parmi eux, locaux et touristes Ă©taient Ă©videmment prĂ©sents.

Les majors de la scĂšne internationale entre les mains des majors de l’évĂ©nementiel

En dehors de cette tendance gĂ©nĂ©ralisĂ©e dĂ©sormais Ă  de nombreux pays dont l’Italie d’oĂč le mouvement est issu, l’autre nouveautĂ©, moins dans l’air du temps, provient de la tendance business dont les grands festivals sont dĂ©sormais les acteurs.

GĂ©rĂ©s par d’énormes entreprises avides de rentabilitĂ©, ces majors ont pour Ă©tendard le festival de Coachella par exemple, considĂ©rĂ© comme l’un des plus grands du monde. Etabli en Californie, en plein dĂ©sert, dans un site trĂšs attractif, il est vrai que cette manifestation consacrĂ©e aux musiques Ă©lectroniques ne cĂšde rien en qualitĂ© Ă  la musique.

Mais Coachella est aussi devenu le paradis de l’argent, des sponsors, et notamment des marques vestimentaires dont les influenceurs se disputent les faveurs.

Juste pour situer la cour dans laquelle joue le festival : en 2013, la seule vente des billets a rapportĂ© 47 millions de dollars et en 2017, elle a rapportĂ© 87 millions aux organisateurs ! D’oĂč l’idĂ©e de crĂ©er un espace VIP occupant un quart du site ! Enfin, on estime Ă  700 millions de dollars les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par le festival sur le territoire !

Tout aussi prisĂ© sur le plan musical et commercial, Tomorrowland dont une Ă©dition a eu lieu Ă  l’Alpe d’Huez en 2019, voit sa notoriĂ©tĂ© s’accroĂźtre, du BrĂ©sil aux USA et surtout en Belgique, oĂč cette annĂ©e dans la province d’Anvers, il a accueilli 600 000 festivaliers autour de 14 scĂšnes et podiums.

Sans compter que l’évĂ©nement Tomorrowland Winter qui s’est tenu Ă  l’Alpe d’Huez cet hiver et a enregistrĂ© 30 000 entrĂ©es, vendues en quelques jours.

Autre exemple, crĂ©Ă© en 2001 Ă  Chicago, le Lolapalooza qui accueille quelque 400 000 festivaliers, a essaimĂ© dans d’autres pays du monde, notamment au BrĂ©sil, Chili, Argentine et en France. Sous la houlette de Live Nation, sur la pelouse de Longchamp, l’évĂ©nement a rĂ©uni en 2022, 130 000 spectateurs !

Mais inutile de poursuivre... Dynamiseur de promotion, d’image et de flux touristiques, le festival a indĂ©niablement de l’avenir pour peu qu’il respecte l’environnement des territoires qui le reçoivent et ne fasse pas primer le business sur la qualitĂ© musicale et la convivialitĂ© qu’il est capable de susciter.

Pour en lire davantage...

Vous pourrez en lire plus sur l’ouvrage "En avant la musique". Josette Sicsic. Editions L’Harmattan.

Et pour retrouver tous les articles de la SĂ©rie Tourisme et Musique : cliquez ici !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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