Amenitiz se rêve en Wordpress de l'hôtellerie

Internet est devenu d'une complexité folle, non seulement pour créer un site, mais encore plus pour apparaître sur la toile. Cette difficulté n'a fait qu'accroître le pouvoir des GAFAM avec en première ligne les plateformes comme Booking et Airbnb.

Amenitiz cherche justement à court-circuiter cette hégémonie car "55% des voyageurs cherchent d'abord sur Booking puis se rendent ensuite sur le site de l'hôtelier," confie Alexandre Guinefolleau, le créateur de la jeune pousse.

Les plateformes s'appuient sur le découragement et le manque de temps des responsables, pour agréger le plus d'offres possible. Sauf que depuis quelque temps, les start-up françaises s'attaquent à cette situation de quasi-monopole, pour disrupter le commerce des géants du numérique.

Alors que Zoé, un chatbot capte la clientèle sur le site des hôtels, Amenitiz propose lui de partir de la base et dont de créer son propre portail en seulement quelques clics.

Alexandre Guinefolleau, le créateur de la start-up explique "pour donner une comparaison, nous sommes comme Wordpress, mais nos utilisateurs n'ont absolument pas besoin de connaissances informatiques." Alors que le gestionnaire de contenu est utilisé par près de 30% des sites dans le monde, Amenitiz connait un petit succès d'estime seulement après seulement un an d'existence, avec 200 clients.

L'intérêt pour les hôteliers est multiple, contrairement à Wordpress, le suivi de création des portails informatiques est individualisé. Une formation de 3 à 6 heures est assurée pour permettre une totale autonomie dans la gestion du site et pour finir les internautes peuvent effectuer des réservations sur le site même, sans l'ouverture d'une nouvelle page.

Ainsi "près de 90% de nos clients ont souscrit pour un abonnement tout compris, et pour le moment nous n'avons perdu aucune souscription pour notre technologie."

Ce qui démontre tout l'intérêt de simplifier au mieux le digital, qui peut vite ressembler à une usine à gaz, surtout pour les débutants.

La première année d'exploitation de l'entreprise a été consacrée principalement à l'élaboration de la technologie, pour proposer la meilleure solution digitale possible.

"Nous avons voulu créer quelque chose de très intuitif et la plus simple possible, avec même un channel manager. L'hôtelier peut gérer tout son digital à partir de notre back office" raconte, le créateur qui a lui même passé une formation de codeur informatique pour créer son entreprise.

Et pour convertir au mieux les internautes passant sur les sites des hôtels, les designs sont mis à jour en fonction des algorithmes de Google, pour être toujours à la pointe des nouveautés. En plus de l'architecture du portail prévue pour le SEO, un outil optimisant le référencement naturel est disponible.

Depuis le début de l'année 2019, Google a décidé de mettre l'accent sur le mobile en indexant la version mobile plutôt que celle de bureau.

Amenitiz a anticipé cela "notre technologie est totalement responsive. Nous avons tout codé pour que nos sites soient optimisés sur les téléphones ou les tablettes."

Alors que la jeune pousse a déjà conquis plus de 200 hôteliers, l'objectif en 2019 sera de doubler les clients, mais pas seulement. Après avoir freiné l'intérêt d'investisseurs souhaitant mettre quelques billets dans l'entreprise, les trois associés en charge de développer Amenitiz viennent d'ouvrir les portes d'une prochaine levée de fonds.

Celle-ci pourrait atteindre 1 million d'euros, et servira "à doubler les équipes, pour recruter une dizaine de personnes, mais aussi pour accélérer notre développement."

Après un lancement en Angleterre, à la fin du mois de janvier 2019, et avec déjà plus d'une quinzaine de clients contractés, l'équipe sera renforcée.

De même des revendeurs seront chargés de proposer la solution en Argentine, Allemagne et en Côte d'Ivoire.

Un dynamisme qui pourrait faire penser que la start-up est déjà rentable, ce qui n'est pas le cas tout simplement par volonté "car nous redistribuons tout pour investir dans la technologie" ajoute Alexandre Guinefolleau.

Ainsi, les associés ne se versent pas de salaires, toutefois une dizaine de collaborateurs vivent déjà de la solution. Pour alimenter le chiffre d'affaires et atteindre l'objectif des 400 abonnés en 2019, l'entreprise va essayer de séduire des petits réseaux hôteliers ou labels, mais aussi les gîtes et chambres d'hôtes "qui n'ont pas vraiment de solutions technologiques dédiées."

D'ailleurs c'est face à une incompréhension d'un monde qui change et se digitalise qu'a été créé Amenitiz.

Alexandre Guinefolleau serait dans le milieu du showbiz un enfant de la balle. Deux parents propriétaires d'un hôtel, totalement dépassés par le digital, lui ancien étudiant d'une école hôtelière, il prend en main il y a quelques années la présence numérique de l'entreprise familiale.

Pour réduire la dépendance à Booking, il automatise le développement du site et met les doigts dans le code.

Le succès est tel, qu'il monte Amenitiz à l'été 2017, pour devenir "le Wordpress de l'hôtellerie, pas seulement pour les propriétaires mais aussi pour les développeurs." La première étape étant en passe d'être rempli, la deuxième va débuter en éduquant les créateurs de sites, "ce sera notre défi, car ils doivent s'amuser et nous devons ouvrir notre technologie."

Et les défis ne manquent pas pour les jeunes pousses qui ambitionnent de révolutionner le web, puisque le prochain gros dossier sera celui de la data. "Nous voulons arriver à un nombre de données que nous pourrons transmettre aux propriétaires des hôtels sans commune mesure avec ce que peut faire un Booking ou autre plateforme," souhaite Alexandre Guinefolleau.

Pour le moment Amenitiz avance seule dans l'ombre des géants du secteur, mais rien ne dit qu'un jour un groupe comme Accor ne s'intéresse pas à la solution se serait même "la suite logique" conclue le fondateur.