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Futuroscopie : les pratiques alimentaires en évolution 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Comme si les restaurateurs n’avaient pas assez de problèmes à résoudre, les voilà confrontés à la montée en puissance de particularismes alimentaires. En effet, les Français et les Occidentaux d’une façon générale ont fait évoluer leurs modes de consommation. De la montée du bio aux circuits courts en passant par le frais, la consommation de viande est aussi mal en point. D’où la nécessité de s’adapter. Car, en matière d’assiettes, les adeptes du restaurant, sont de plus en plus pointilleux. Tour d’horizon des nouveaux segments de consommateurs alimentaires.


Rédigé par le Lundi 26 Septembre 2022

La consommation de viande baisse en France régulièrement depuis 10 ans. Dans le même temps la consommation de bio, autre tendance très connue, se porte bien -  Depositphotos.com Auteur magone
La consommation de viande baisse en France régulièrement depuis 10 ans. Dans le même temps la consommation de bio, autre tendance très connue, se porte bien - Depositphotos.com Auteur magone
La production de viande, jugée énergivore qui se situe dans le trio de tête des secteurs les plus émetteurs de gaz à effets de serre n’a pas le vent en poupe. Il est clair que sa consommation notamment en France baisse régulièrement depuis 10 ans.

Entre 2019 et 2020, elle est même passée de 86 kg en moyenne par habitant et par an à 84,5 kg. En cause, selon le Credoc, les prix et la progression de la sensibilité écologique.

Pendant ce temps, la consommation de bio, autre tendance très connue, se porte bien. Malgré une petite baisse liée à l’inflation de ces derniers mois, l’achat de bio constitue 6% des achats alimentaires.



Végétariens et vegans

Pour autant, tout le monde n’est pas devenu végétarien. Selon une étude d’Harris Interactive, 5% des Français seraient végétariens ou végans.

Ce qui signifie que, dans le premier cas ils ne mangent ni viande, ni poissons alors que dans le second cas, ils s’abstiennent de consommer également œufs et autres produits issus du monde animal. Y compris les cuirs, donc les chaussures et les sacs ou les laines pures...

Pour les autres pays, les données sont les suivantes. Mais ce sont des estimations :

- En Europe, et particulièrement en Italie, on observe un doublement du nombre d’enfants végans dans les écoles et on évalue à 3% le nombre d’Italiens végans purs. L’Allemagne, l’Autriche, la Suisse sont considérés comme les pays les plus « veggy » (végétariens et véganes confondus) avec 8% à 10 % d’adeptes contre moins de 5% en Espagne. Au Royaume-Uni, on estime à 2 millions le volume des végans et végétariens.

- Aux USA, les végans sont moins de 4 % soit 8 millions tout de même de la population nationale.

- En Inde, pays végan par excellence, cette proportion atteint fort légitimement près d’un tiers de la population.

- Au Japon, ils sont 6 millions soit 4,7 % de la population

- Au Brésil : ils sont 15 millions soit 7,6%.

(Sources : Attegiamenti alimentari et nuove tendeze. R. Scramaglia. Lumi Edizioni. Italia).

* Selon le site Happycow.net qui recense les restaurants végétariens et végans dans le monde entier, les villes les plus véganes du monde sont : Berlin, Los Angeles,Varsovie, Taipei, NewYork, Singapour, Londres,Tel Aviv, Portland, San Francisco...

Sur ce site, on trouve aussi des dizaines d’adresses d’hébergements, des plus simples aux plus luxueux : En Europe, on compte 30 500 restaurants et boutiques végans En Asie : on en compte 12 000. En Amérique du nord : 32 000. En Australie et Océanie : 4 700 et à Paris : un millier !

Les flexitariens : la voie du milieu

Mais, si les végétariens refusent catégoriquement d’inscrire dans leur schéma alimentaire viande ou poisson, ce n’est pas le cas du flexitarien.

Le flexitarisme consiste à manger moins de viande et plus de végétaux sans pour autant être végétarien.

Les différentes estimations considèrent que 30% d’entre nous, en France et dans les pays occidentaux seraient flexitariens.

Mais, selon un sondage IFOP, 50% des Français déclarent vouloir augmenter leur consommation de produits végétaux plutôt que de produits animaux.

Des chiffres encourageants, qui montrent une fois de plus que la défense de la cause animale et de la cause environnementale sont de plus en plus prises au sérieux.

L’augmentation continue des locavores

Ceux là, de plus en plus nombreux ne consomment que des produits issus de circuits courts soit provenant de moins de 160 km de leur domicile. Né en Californie en 2006, le mouvement locavore a été à l’origine d’une distribution alternative de produits alimentaires dont les AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne).

Selon le cabinet Naturel Marketing Institute, 71 % des Français interrogés pensent qu’il est important d’acheter des produits locaux. Cependant, la pratique locavore est loin d’être majoritaire car l’offre de produits locavores ou locaux est limitée dans les commerces.

Selon Lionel Astruc, coauteur de « Manger local » : « la part de marché des circuits courts n’atteint aujourd’hui que 1 à 3 %, alors que la demande pourrait couvrir 10 à 20 % du marché ».

Les Amap en France seraient 1600. Elles représenteraient en 2018 environ 280.000 consommateurs, amateurs de produits locaux, et plus de 65.000 familles (sources Amap-aura.org).

Les crudivores en quête de détox

Au nom d’un bénéfice en vitamines, enzymes, minéraux... les crudivores ne consomment que de la nourriture crue, y compris d’origine animale, si cela les chante.

Loin d’être exempte de dangers pour la santé, cette mode alimentaire dénoncée par la médecine officielle a elle aussi généré des créations de restaurants et toutes sortes de stages et retraites combinant méditation, yoga et autres disciplines de ressourcement et détox avec la consommation de « raw food ».

Mais, les crudivores restent très peu nombreux.

Les « sans gluten », « sans sucre », « sans sel » et autres allergies

Les alertes sanitaires concernant l’usage abusif de sel ou de sucre sont également en train d’entraîner un rejet de ces deux ingrédients.

D’où la nécessité pour les restaurants de diminuer les assaisonnements afin de laisser chaque convive doser ses plats à sa guise. Une méthode plus compliquée quand il s’agit de plats sucrés.

Quant aux intolérants au gluten, ils sont peu souvent diagnostiqués. En France, on estime à 500 000 ceux qui sont atteints de la maladie qui en découle. En tout cas, le sans gluten est désormais au menu des bons restaurants sous la forme d’un ou deux plats !

Il faut souligner qu’en fait les allergies sont devenues légions. Globalement, notons que l’on estime à 4 % le nombre d’adultes victimes d’allergies alimentaires et à 8% la population d’enfants allergiques. Un taux en augmentation continue.

L’intolérance très répandue au lactose

Autre intolérance allergique : 80 % de la population mondiale de plus de 7 ans est intolérante au lactose.

En France, le chiffre est plus faible : 20 %. En Europe du Nord qui a bénéficié d’une mutation génétique, le pourcentage tombe à 5 %.

En Europe méridionale cependant, il grimpe à 70 % contre 30 % en Europe centrale. Aux USA, la proportion est de 20 % et en Chine de 80 %.

La nourriture halal gagne du terrain

Bien entendu, l’énorme raz-de-marée de la nourriture halal n’a pas fini de déferler. Tout d’abord, parce que les musulmans sont nombreux et le seront de plus en plus. Ils sont 1.6 milliard dont 135 millions environ voyagent.

Ensuite, parce que la consommation halal d’une façon générale est en progrès et n’épargne surtout pas la nourriture.

Y compris de la part de jeunes générations pour lesquelles elle constitue une sorte de geste identitaire auquel elles tiennent tout particulièrement.

La kasheroute : une minorité

N’oublions pas non plus que les juifs pratiquants sont encore suffisamment nombreux pour que certains hôtels, restaurants et compagnies aériennes ne les oublient pas.

Sur une population juive estimée à environ 15 millions de personnes dans le monde dont 450 000 en France et 6,5 millions en Israël, soit un million de plus qu’aux USA, un pourcentage variable selon les pays est adepte de la casheroute.

Entre 10 % et 20 %, avec une minorité de puristes qui, de toutes façons, ne fréquentent pas les restaurants.

Et, si l’on s’empoisonnait en paix ! La « mithridatisation » est en marche ?

Enfin, qui sait ce qu’est la « mithridatisation » ? Rappelons-le, c’est est une technique qui consiste à ingérer des doses croissantes d’un produit toxique afin d’acquérir une insensibilité ou une résistance.

Directement inspirée par le roi Mithridate VI qui, selon la légende, serait parvenu à s’immuniser en absorbant de petites doses de poison, cette attitude fait également des émules, parmi toutes les générations. Elle traduit un réel ras le bol, une saturation par rapports aux interdits d’une société de plus en plus sécuritaire.

Elle pourrait faire le bonheur de la junk food et constituer un retour de balancier inévitable dans les pratiques d’une société exaspérée par les pièges continus qu’elle s’est créés.

Retrouvez tous les articles de la série Futuroscopie "Qui sont vos clients ?"

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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