Le pont entre le Maroc et l’Espagne : le vrai du faux

Par leur proximité géographique, le tourisme, et leurs liens historiques et culturels, le couple Maroc Espagne a connu de nombreux rebondissements, notamment sur le plan politique.

Si vous avez suivi l'actualité ces derniers jours, vous aurez certainement entendu parler du fameux projet du pont censé relier les deux pays… En fait, ce n'est qu'une fake news. On vous explique tout.

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L'information a fait la Une de plusieurs journaux au Maroc, notamment le très sérieux Challenge.ma - ndlr : l’article original a été supprimé. Il est actuellement, selon la Rédaction de Challenge, en cours de mise à jour -. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre depuis ce fameux article de L'Echo Tourisme. Le 1er avril 2023, le journal a annoncé que le Maroc et l'Espagne se sont mis d'accord pour construire un pont entre Punta Paloma et Malabata, dans la baie de Tanger.

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Le journal, à la fin de l'article, a tenu à préciser qu'il s'agissait d'un Poisson d'avril. En dehors de cela, certains éléments d'informations nous ont mis la puce à l'oreille. On peut citer, notamment, la déclaration suivante "Le pont représente un investissement colossal, mais moins important que le projet de tunnel", faite par Raquel Sanchez, supposée être la ministre des Transports. En réalité, il s'agit plutôt de la ministre des Équipements.

Autre indice qui n'aurait sans doute pas échappé aux lecteurs les plus avertis : c'est le projet du tunnel évoqué plus haut qui a été maintenu, et non celui du pont, et ce compte tenu des caractéristiques géologiques de la zone.

Le Poisson d'avril mentionne également un projet fictif, à savoir la construction de plusieurs resorts tout au long du pont. C'est un projet hôtelier monté de toutes pièces pour les besoins du même Poisson d'avril.

Comme on vient de le voir, Madrid et Rabat ont laissé tomber le projet du pont à cause, notamment, des facteurs géologiques. Selon les experts qui ont participé à l'étude du projet, la géophysique et la géologie de la zone sont très complexes. Elles sont marquées par des courants en perpétuel changement.

À titre d'information, l'Espagne et le Maroc ont évoqué, pour la première fois, le projet du pont reliant les deux rives de la Méditerranée en 1979, à l'époque du Roi Hassan II et Juan Carlos. Il a ensuite été abandonné. Aujourd'hui, c'est le projet d'un tunnel qui s'est imposé. Celui-ci a été mis sur la table en février 2023. Ce serait un tunnel foré sous la mer. Il s'étendrait sur 38,5 km, dont 28 sous la Méditerranée. Il devrait afficher une profondeur de 475 mètres.

Ces dernières années ont été plutôt compliquées sur le plan diplomatique dans le couple Maroc-Espagne. Et pour cause : la crise de la COVID-19 et l'épineuse question du Sahara Occidental. La pandémie a poussé les deux pays à fermer leurs frontières terrestres en 2020, ce qui a totalement bloqué la circulation des personnes.

Malgré le vaccin et la maîtrise de la situation pandémique, le blocage a persisté à cause du dossier du Sahara Occidental. Il a fallu attendre le 18 mars 2022, lorsque Brahim Ghali, Chef du Polisario, a été admis dans un hôpital en Espagne à cause du SARS-CoV-2.

Les deux pays, par la suite, ont relâché les contrôles frontaliers et relancé leur coopération bilatérale, ce qui a permis de rétablir les transports et la circulation des personnes.

Depuis le dégel des relations, plusieurs projets communs ont été entamés par les deux pays. Dans ce contexte, un Forum Économique Maroc-Espagne a été organisé en février 2023 en marge de la RHN (Réunion de Haut Niveau). Des ministres espagnols et marocains y ont pris part. Il y avait également Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement marocain, et son homologue espagnol, Pedro Sanchez.

Au total, 24 accords ont été signés dans divers domaines. Le Forum a marqué le début d'une nouvelle étape dans les relations économiques entre les deux partenaires. Dans cette optique, selon l'agence de presse marocaine, un protocole de financement de 800 millions d'euros a été signé. Il devrait permettre de financer plusieurs projets d'intérêt commun lancés par des entreprises marocaines et espagnoles. Il convient de préciser que l'Espagne représente le troisième principal investisseur au Maroc selon le Chef du gouvernement espagnol.

Le tourisme n'est pas en reste. Le 2 février 2023, la ministre marocaine du tourisme Fatim-Zahra Ammor, a rencontré le ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, Reyes Maroto Illera. C'était une rencontre de haut niveau à travers laquelle les deux parties ont discuté des différents projets communs dans le domaine. Il y avait, notamment, l'organisation de stages de formation, de séminaires et d'ateliers. Ils vont porter sur l'innovation, la formation professionnelle et les statistiques touristiques.

Plus encore : les deux ministres ont signé un Mémorandum d'Entente (MoU). Celui-ci prévoit plusieurs actions communes, comme les investissements, la promotion, l'analyse et le suivi de l'activité touristique.