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Surtourisme : Des destinations victimes de leurs réputations


Face à l'impact environnemental, culturel, social et économique du surtourisme, l'urgence de préserver les destinations populaires et de limiter le nombre de visiteurs est palpable.


Rédigé par le Jeudi 4 Juillet 2024


Qu’est-ce que le surtourisme ?

Les acteurs du secteur déploient chaque année des stratégies ingénieuses pour attirer un plus grand nombre de visiteurs, et ce, en leur promettant des expériences inoubliables et des découvertes uniques.

Cependant, l'attrait pour ces destinations populaires peut rapidement devenir un fardeau. Il est désormais indéniable qu'un afflux massif de touristes, dépassant la capacité d'absorption d'une région, pose de sérieux problèmes auxquels il est impératif de trouver des solutions.

C’est d’ailleurs, dans ce contexte, où le tourisme, longtemps perçu comme un atout majeur pour les villes, se révèle de plus en plus être une véritable menace pour les destinations les plus prisées, que le dictionnaire Le Petit Robert a intégré le terme de surtourisme et l’a défini comme une fréquentation touristique nuisible et excessive.

Les réseaux sociaux et l’explosion du tourisme international à l’origine du phénomène

De nombreuses variables participent à ce fléau qu’est le surtourisme.
Parmi les causes que nous citerons aujourd’hui, il y a bien sûr la croissance exponentielle du tourisme international. En effet, selon l’étude réalisée par l’agence d'urbanisme de Caen Normandie Métropole (AUCAME) en 2017, le nombre de touristes enregistré en 2015 à travers le monde était de 1.2 milliard et il est prévu que ce chiffre atteigne les 1.8 milliard en 2030. Le phénomène est expliqué par divers paramètres. Il y a la réduction des coûts de transport, avec l'augmentation du nombre de compagnies aériennes et l'émergence des compagnies low-cost, qui incite les voyageurs à combler leurs envies d’évasion.
L’explosion du tourisme mondial est aussi motivée par la facilité d’accès à l’offre touristique grâce aux sites de réservation en ligne. La planète étant devenue à portée de clic, et avec très souvent des forfaits tout compris plus qu’alléchants, même les personnes au budget limité ne se privent plus de voyages.

Tout ceci explique le fait qu’on retrouve un accroissement du nombre de visiteurs un peu partout.
Cependant, ce qui est derrière la surfréquentation des destinations touristiques populaires, ce sont essentiellement les campagnes de promotion pour ces villes. Le marketing, visant le développement touristique, passe alors par les publicités à la télévision, les films, les affiches urbaines stratégiquement implantées, mais également, et de plus en plus, par les réseaux sociaux.
Les influenceurs, proposant avec un contenu Travel plébiscitant une région, montrant ses attraits et dévoilant des bons plans, sont devenus des catalyseurs majeurs du surtourisme. Les foules rêvant de vivre les mêmes expériences et de découvrir les lieux recommandés par leur instagrameur ou leur youtubeur préféré n’hésitent pas à opter pour la même escapade.

Quand l’engouement devient une menace pour les destinations populaires

A Barcelone, les rues sont bondées de touristes.
A Barcelone, les rues sont bondées de touristes.
A trop glorifier une région, on finit malheureusement par l’étouffer. Et c’est ainsi que le surtourisme fragilise les destinations à plusieurs égards et nuit à ses différents aspects :

- L’impact environnemental du tourisme de masse : la nature a du mal à résister à la pression effectuée par la surfréquentation touristique. Les études scientifiques et les organismes, tels que le World Wildlife Fund (WWF), ne cessent d’alerter sur les conséquences du grand nombre de visiteurs sur les régions. Les touristes participent à épuiser les ressources naturelles, dans des zones où elles sont parfois déjà limitées. La pollution, principalement due aux bateaux et aux avions, dégrade les écosystèmes. La biodiversité est en train de se perdre avec la détérioration de la végétation et la perturbation de la faune. Quant au piétinement quotidien et massif des sols, il provoque leur érosion.

- Les répercussions sociales et économiques : les populations locales des destinations célèbres subissent de plein fouet l’arrivée importante des vacanciers. Cela affecte directement leur qualité de vie, puisqu’ils voient le prix de l’immobilier et de divers autres services flamber. Leurs quartiers résidentiels se transforment en des spots incontournables pour les touristes qui s’amassent, rendent la circulation intolérable et les nuisances sonores insoutenables. D’ailleurs, parallèlement au fléau du surtourisme, le phénomène de la touristophobie commence à prendre de plus en plus d’ampleur.

- Les conséquences culturelles : si la découverte des monuments et endroits historiques et/ou culturels a pour principale visée l'imprégnation de la culture locale et la transmission de ses valeurs et traditions, cet objectif semble se diluer à cause surtourisme. En effet, face au nombre de voyageurs et en raison de l’appât du gain, les visites deviennent parfois exclusivement une source de revenus pour les états ou les propriétaires des sites. Or, quand l'accent est mis uniquement sur le profit, l'authenticité devient compromise et les lieux riches en histoire se transforment en de simples attractions commerciales.

Quelques destinations touchées par le surtourisme

L’étude sur le surtourisme, menée par la commission Tran du Parlement européen en 2018, a démontré que les villes ne figurent généralement pas sur la liste des destinations les plus vulnérables. Il semblerait, en effet, que ce soient plutôt les îles, ainsi que les régions côtières et ou rurales qui souffrent le plus de l’afflux des touristes. Cependant, il y a quand même quelques exceptions. Entre ces dernières, nous citerons Venise qui doit mettre en œuvre des stratégies efficaces afin de réduire le nombre de ses visiteurs et éviter ainsi la menace de l’Unesco qui risque de l’inscrire comme un patrimoine mondial en péril.

Parmi les autres recoins du monde qui peinent à supporter le surtourisme, nous retrouvons les îles Galápagos. Là-bas, l’écosystème est menacé par la pêche illégale. Quant aux terres et à l’eau, elles sont menacées par la pollution.
En Espagne, la colère des populations locales de Barcelone, de Malaga ou encore des Canaries, gronde. Les habitant de la Péninsule ibérique rêvent de se réapproprier leurs villes.
La France, n’est bien sûr pas épargnée. Avec 1.5 visiteurs annuellement, Etretat voit l’érosion gagner ses célèbres falaises et la disparition massive des galets, que les touristes prennent en souvenirs de leurs baignades, fragilise ce rempart naturel contre les tempêtes. D’ailleurs, une amende de 1 500 € est prévue pour ceux qui s’adonnent à cette pratique.
Dans les calanques de Marseille, la flore de Sugiton est menacée et le sol a glissé. Enfin, en Corse, le sentier de randonnée GR20 semble avoir atteint sa capacité maximale de fréquentation.

Les solutions envisageables face au problème du surtourisme

Maya Bay, préservée du surtourisme
Maya Bay, préservée du surtourisme
Pour contrer le surtourisme ou du moins réduire ses méfaits, les différents gouvernements et localités usent de divers stratagèmes.

Parmi les solutions adoptées, nous retrouvons les observatoires du flux touristique qui permettent de mieux pointer du doigt le problème, voire de l’anticiper en suivant de près le nombre de visiteurs de chaque région et/ou de chaque site. Cela permet de sonner l’alerte quand l’afflux est massif et de prendre des dispositions, telles que l’étalement des visites dans le temps et dans l’espace.

Cela passe par des mesures comme celle de l’accès payant à Venise, par exemple. En effet, depuis le 25 avril 2024, il faut débourser 5 € pour avoir le droit de flâner dans les ruelles de la Sérénissime.

À Marseille, des quotas ont été instaurés pour restreindre le nombre de touristes. Ainsi, les calanques de Sugiton, qui accueillaient habituellement plus de 3 000 personnes par jour, voient désormais leur affluence limitée à 400 visiteurs.

À Barcelone, la ligne de bus 116 a été carrément supprimée de Google Maps pour la désencombrer des vacanciers. Cette initiative a, bien évidemment, été saluée par les habitants de la ville.

Malheureusement, lorsque l'impact du tourisme de masse devient désastreux sur une destination, l'accès au site peut être totalement interdit. C'est ce qui est arrivé à la splendide Maya Bay qui a été fermée aux vacanciers pendant trois ans. Bien qu'elle ait rouvert en 2022, la baignade y demeure interdite. Ses fonds marins témoignent de l’efficacité de cette décision, vu que leur état s'est considérablement amélioré depuis.



Ces mesures parfois drastiques sont cruciales pour préserver notre planète et respecter les populations locales. Cependant, il est tout aussi essentiel de sensibiliser les vacanciers et les usagers des sites les plus populaires à l'importance du voyage durable. Des stratégies de développement touristique visant à mettre en avant de nouvelles destinations, moins fréquentées, et à les présenter comme de véritables joyaux insoupçonnés, devrait également faire partie de la communication des différents pays.




Mehdi Ramzi
Publié par Mehdi Ramzi
Responsable de la rubrique VoyageursMaG

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