2025, futur grand millésime pour les tour-opérateurs ? [ABO]

Que réserve 2025 à l’industrie du tourisme ? Pour l’instant le ciel est clair et les nuages se tiennent à distance.

Sur le moyen-courrier, chez Top of Travel, la dynamique reprend en ce début d’année. « Sur la clientèle individuelle, l’été connait une accélération des réservations depuis début janvier, après des mois de novembre et décembre assez mous », affirme Olivier Velter, directeur commercial de Top of Travel.

Le marché du groupe, lui, se porte bien. « Nous sommes très en avance sur 2025 sur des destinations comme Malte et le Cap Vert où nous avons changé d’île. La Croatie et le Portugal font un très fort démarrage. L’Italie connait une progression très forte », liste-t-il.

Suite à la reprise du conflit au Moyen Orient, Top of Travel a opéré sa mue pour combler le manque à gagner en Jordanie. « La Jordanie pesait beaucoup dans nos ventes, elle n’est plus au même niveau. Nous avons toujours des clients individuels, mais il nous manque la clientèle groupe. Difficile de s’engager sur la destination pour les représentants de groupes », explique le directeur commercial de Top of Travel, qui maintient les départs de Paris et Lyon sur toute la première partie de saison.

Le TO affiche une forte ambition et vise 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2030. Trois nouvelles destinations viennent s’ajouter au catalogue : l’Albanie, Chypre et la Bulgarie. « Nous rouvrons la Bulgarie, fermée suite à la guerre en Ukraine », précise Olivier Velter.

Autre nouveauté : le lancement des Top Clubs en immersion en partenariat avec FairMoov. « Le concept prend bien, il y a une vraie attente sur ce type de produits, bien que nous ne sommes pas sur des produits à fort volume », rappelle Olivier Velter.

Timide démarrage des ventes, fin 2024, également chez Quartier Libre. « Nous sommes en très légère progression au global, mais il y a des disparités dans les destinations historiques du TO : Norvège, Islande, Ecosse, Irlande. L’Irlande, qui avait très bien fonctionnée ses deux dernières années est en léger retrait, quand la Norvège et la Laponie, elles, fonctionnent très bien. Le rythme des réservations se tasse depuis un mois. Nous attendons beaucoup de ce début d’année », commente Fabien Kroll, directeur général de Quartier Libre.

A date, Ôvoyages a enregistré +30% de commandes en 2025 versus 2024 et +20% sur les premiers jours du mois de janvier.

« Nous avons beaucoup diversifié notre offre et sommes très engagés sur l’aérien, ce qui nous permet de maîtriser nos stocks et nos prix », explique Samia Benslimane, CEO et co-fondatrice d’Ôvoyages/Thalasso n°1.

« Le Maroc fait de belles croissances. L'Égypte aussi. L'Espagne et ses îles, notamment les Baléares, se démarquent. Nous avons des progressions importantes sur l'Italie, nous mettons la gomme sur la Sardaigne et les Pouilles. A l’inverse, les Émirats connaissent une tendance baissière. La Grèce, elle, se maintient. Sur le long-courrier, l’Asie est en progression. Le Vietnam est en train de revenir et le Sri Lanka marche bien », détaille Samia Benslimane.

Lire aussi : Thalasso n°1 - ÔVoyages veut doubler de taille d'ici 4 à 5 ans 🔑

Chez Climat du Monde, les départs sont en progression de 12% par rapport à la même date en 2024.

« Nous sommes très contents. Nous avons fini 2024 à + 25% par rapport à l'année 2023 », affirme Olivia Calvin, directrice commerciale du tour-opérateur Climats du Monde, spécialiste des voyages long-courriers.

Après 2023, année du redémarrage du tourisme en Asie et une très bonne année 2024, 2025 doit être l’année de confirmation pour l’Asie.

Chez Asia, l'année 2024 a été marquée par un retour à la performance, soit +38% par rapport à l'exercice de l'année 2023. « Nous avons quasiment retrouvé le volume de PAX (-15%) et le chiffre d'affaires de 2019 avec un peu plus de 77 millions d'euros, résume Guillaume Linton, PDG d’Asia.

En 2025, nous serons certainement sur des tendances assez comparables en chiffre d'affaires que l'année 2024 avec des prix de l'aérien et des prestations terrestres qui ont tendance à se stabiliser. Le panier moyen reste élevé, autour de 4 150 euros par PAX, soit +25% par rapport à 2019. »

2025 ne devrait pas permettre de combler le petit gap de 15% de pax, mais de s’en rapprocher.

« Il nous faudra encore un peu de temps pour retrouver tout à fait l'assiette de 2019 , reconnait Guillaume Linton. L'Inde, le Sri Lanka et la Chine étaient historiquement les destinations à volume d'Asia, avec des paniers moyens plus bas, ce sont aussi les destinations qui mettent plus de temps à repartir. »

Même optimisme chez Climats du Monde où la Thaïlande, le Vietnam, le Japon et l’Indonésie forment le top 4 des destinations. « En Asie, globalement, le marché est dynamique. Compte tenu du climat actuel, l’Asie est synonyme de sécurité et de stabilité. Et puis les prix n'ont pas tant bougé sur la partie terrestre. Le pouvoir d'achat reste stable pour nos voyageurs français », commente Olivia Calvin.

Le TO enregistre également de belles progressions sur toutes les destinations « un peu complexes », avec des circuits notamment au Costa Rica, Brésil, Argentine ou encore en Tanzanie.

La baisse des prix de l'aérien devrait permettre aux spécialistes du continent asiatique de performer.

L’inflation et l’aérien restent les principaux freins susceptibles de contrarier la tendance en 2025.

« Globalement la zone asiatique manque de capacités. On le sent notamment sur le Japon, la locomotive de la zone. L'exposition universelle d'Osaka draine une très grosse part de la demande domestique du marché intérieur. Donc ça devient compliqué de trouver de la place à la fois sur les capacités aériennes, mais aussi sur le stock hôtelier à destination. Clairement, les capacités sont très tendues au Japon, mais aussi sur toute l'Indochine », explique le PDG d’Asia.

La réouverture de lignes au départ de Paris vers l’Asie est une bonne nouvelle, à l’instar de Malaysia Airlines qui assura la rotation Kuala Lumpur - Paris à partir de mars, mais aussi Air France qui dessert les Philippines en vol direct depuis la mi-décembre, le Paris-Perth assuré par Qantas ou encore Paris-Dubaï avec Emirates.

Cependant, le manque de guides francophones est également un point noir. L’anticipation et la désaisonnalisation du tourisme en Asie est un enjeu pour les TO spécialistes, face au retour des marchés indiens et chinois.

Tous les voyagistes s’accordent à dire qu’il est important de rester prudents. « Il y a beaucoup de choses que l'on ne maîtrise pas », observe Olivia Calvin.

La politique interne notamment. « Aujourd’hui la situation politique n'est pas un frein, mais dans quelques semaines, qui sait ? » s’interroge Samia Benslimane d’Ôvoyages.

Croisons les doigts pour que la tendance actuelle se poursuive !