67% des Français favorables à la taxation de l'aérien

Où en est notre éco-anxieté ? Coincé entre le pouvoir d'achat, l'Ukraine, l'Iran et les retraites, le rapport du GIEC n'a pas fait grand bruit.

Pourtant, semble-t-il, nous sommes tous de plus en plus conscients des enjeux environnementaux.

C'est du moins ce que semble affirmer l'ADEME, dans son baromètre « Représentations sociales du changement climatique » qui s'intéresse depuis l'année 2000 au regard que les Français portent sur les problèmes environnementaux.

Si l'on en croit l'agence, « les principaux résultats de cette nouvelle enquête montrent que la pression du contexte économique n’a aucunement fait disparaitre les inquiétudes liées au changement climatique. »

Et en effet, si la hausse des prix est le premier sujet de préoccupation des Français, le deuxième est bien celui de la transition écologique avec 10 % des sondés, qui en font la question la plus importante aujourd'hui pour la France.

Un faible pourcentage certes, mais auquel on peut ajouter le transport et le logement, si l'on considère que ce sont des problématiques liées à l'environnement.

Autre point à noter : le terme de transition son apparition. L'ADEME a testé cette année une double proposition, en parlant alternativement d'environnement et de transition environnementale.

C'est cette dernière à laquelle les Français semblent être plus réceptifs, à un point près, mais tout de même. Une preuve que l'idée de passer d'un état à l'autre est acceptée ?

Quid des sujets liés au tourisme, que pointent les répondants ?

Le transport est, pour 91 % des sondés, une des principales sources de réchauffement, ex æquo avec la déforestation, et directement après l'industrie (94 %) et la production d'électricité (93 %).

Le bâtiment, qui est aussi un sujet phare pour l'hôtellerie restauration, prend lui aussi beaucoup d'importance, passant de 39 % en 2018 à 89 % en 2022.

Fidèle à leur réputation, les Français ne sont guère optimistes pour la suite des événements. Mais s'ils sont de plus en plus défaitistes et craignent, pour les deux tiers d'entre eux qu'on n'arrive pas à limiter le réchauffement climatique, ils ne baissent pas pour autant les bras, et sont disposés à changer. Certes, en râlant (comme tout bon Français), mais en ayant conscience de la nécessité d'évoluer.

Pour la majorité des sondés, les solutions évoquées sont des choix systémiques et politiques, comme le développement des énergies renouvelables (90 %) ou l'interdiction de la publicité pour les produits à fort impact (86 %).

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Les solutions plus directement personnelles semblent bien moins évidentes : en queue de peloton, on retrouve "abaisser la vitesse limite sur autoroute" (46 %) ou "densifier les villes en limitant l'habitat pavillonnaire (37 %).

Pourtant, la nécessité de changer nos modes de vie paraît évidente pour les sondés, comme le souligne l'ADEME : « Concernant les leviers pour limiter le changement climatique, le choix d’une responsabilité citoyenne ("il faudra modifier de façon importante nos modes de vie"), est largement dominant : 56 % en moyenne sur la période 2006-2022, 62 % dans cette enquête. »

La mise en cause des transports trop gourmands en carbone et la préférence pour des solutions qui soient moins liées au quotidien, deux bonnes raisons pour se tourner vers la taxation du transport aérien afin de favoriser le rail.

Taxation dont, selon l'ADEME, « le degré d’acceptation croît assez régulièrement de 48 % en 2004 à 67 % en 2022 », affirme l'ADEME.

Autre sujet lié à l'aérien : le choix de ne plus ou ne pas prendre l'avion est lui aussi en forte progression, passant de 36 % en 2018 à 47 % aujourd'hui.

Plus globalement, c'est toute l'économie que les Français souhaitent voir prendre un tournant écoresponsable.

Selon l'ADEME, ce 23eme baromètre prouve que les sondés souhaitent « une réorientation en profondeur de l'économie soutenant exclusivement les activités qui préservent l'environnement, la santé et la cohésion sociale (63 %, +3 points) plutôt qu'une relance économique par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité (35 %) ».

On ne sait pas s'ils seront entendus par l'État, mais les entreprises, dont celles du tourisme, doivent prendre en compte ce paramètre si elles souhaitent creuser le sillon d'un avenir soutenable.

C'est en tout cas la direction prise par les participants au Sommet des Destinations Durables de l'OMT, qui se déroulait ces 30 et 31 mars 2023 à Majorque.

Privilégier le local pour prendre l'avion moins souvent, c'est un peu le message du Chef Frank Antoine, copropriétaire de Moccasin Trails (Canada), dont la stratégie se concentre sur « la préservation des ressources naturelles pour vivre de nos terres ».

« La diversité a été l'un des principaux atouts de ce forum, alors que l'objectif est unique et immuable : un secteur durable pour assurer l'avenir des générations futures. » assure la Fondation pour le Tourisme de Majorque dans un communiqué.

Pour Zoritsa Urosevic, directrice exécutive de l'OMT, la transition et le développement de solutions à impact positif sont « nos défis mondiaux communs » et pour les relever, le tourisme responsable et la coopération entre les acteurs sont moteurs.