Equatour : "La rémunération est un problème dont on parle depuis plus de 20 ans"

TourMaG.com – Qui est Equatour ?

Michel Slama : Nous avons créé et maîtrisons une dizaine de congrès pharmaceutiques spécialisés dans le cancer. Cela représente 40% à 45% de notre activité.

Le reste concerne l’activité tourisme d’affaires de clients essentiellement issus de laboratoires ou de l’industrie avec qui nous travaillons depuis très longtemps.

Notre portefeuille de clients regroupe entre 40 et 50 comptes pérennes, dont s’occupe une équipe de 18 collaborateurs.

TourMag.com - Comment se porte votre activité ?

Michel Slama : Nous avons retrouvé les niveaux de 2019.

L’activité MICE est en train de reprendre. Après deux ans de travail à distance, il y a une véritable appétence pour les rencontres en présentiel. Nous sommes propriétaires des congrès que nous mettons en place, des événements avec une très forte valeur ajoutée. C’est rassurant, on peut faire des projets à nouveau.

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TourMaG.com - Vous étiez présent au congrès Manor qui s’est tenu du 10 au 13 novembre 2022 à Aix-en-Provence. Comment s’est-il déroulé ?

Michel Slama : Nous avons changé de président, Jean Korcia a bien mérité sa retraite.

Le GIE est mené par une nouvelle équipe de jeunes, compétents et qui portent de belles ambitions.

TourMaG.com – Parmi les sujets du congrès : la distribution de Ouigo via les GDS … et la baisse du taux de commission des agences par la SNCF, qui atteindra 2,7%....

Michel Slama : Les échanges ont été houleux avec la SNCF et les compagnies aériennes, notamment Air France.

Philippe Korcia a bien résumé les choses en assimilant le travail que l’on fait pour eux à du travail dissimulé, car il n’est pas rémunéré.

J’ai demandé au représentant de la SNCF : Combien de temps une agence peut tenir pour payer le loyer, les salariés, les charges… si elle ne fait que des transactions avec la SNCF à 3% de commission ?

Ils profitent d’être en situation de monopole pour nous faire bosser et nous donner des clopinettes en termes de marge et bénéficier de toute la valeur ajoutée que l’on peut créer sur d’autres secteurs tourisme ou autre pour s’intégrer dans notre business.

C’est injuste et inéquitable. Nous avons le même problème avec Air France.

On parle d’incentive, de super commission… Il n’y a pas de super commission car il n’y a pas de commission !

C’est le tourisme d’affaires qui remplit leurs avions, quand ils mettent en place un vol.

Comme la compagnie est en situation de monopole sur certaines lignes, on est obligé de les vendre. S’il y avait une belle concurrence, compte tenu de la façon dont ils traitent les agences de voyages et les revendeurs, ils n’auraient pas beaucoup de succès.

La rémunération est un problème dont on parle depuis plus de 20 ans. C’est un langage de sourds.

TourMaG.com - Quel serait le taux de commission acceptable ?
M.S. : Pourquoi pas un taux de commission à 6/7 points minimum, qui serait répercuté sur le prix des voyages ?

Air France augmente ses tarifs comme elle veut, pourquoi on ne remettrait pas en place la commission de 8% pour rémunérer les agences qui bossent pour elle, encore une fois ?

La compagnie a réussi à rembourser un milliard de PGE, après deux ans d’arrêt et 6 mois de reprise, pourquoi ? Car les tarifs ont augmenté d’environ 20%.

Si la compagnie augmente de 21%, ce qui n’est pas grand-chose, le consommateur paye et les agences qui font le boulot et le font bien sont rémunérées.

Je suis très remonté ! Je n’ai pas de solution et eux non plus. La situation n’évoluera pas. C’est l’Etat qui a le pouvoir, les transporteurs ne sont que les exécutants.

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TourMaG.com – Quel regard portez-vous sur NDC ?

Michel Slama : Là encore nous, revendeurs, sommes pénalisés. C’est la mise en place d’un système encore une fois injuste et peu compréhensible.

Ils ont un tas d’explications qui ne tiennent pas la route à nous donner. Ils décident et nous avons juste à appliquer ce qu’ils ont décidé, sans poser de questions, sans être consultés. C’est arrêté depuis longtemps.

L’ensemble de mes confrères sont contre.

Quand vous gérez un centre de profits, ce que vous regardez, c’est la rentabilité. Or, quelque soit la technique mise en place, elle nous fera peut-être gagner du temps, mais pas d’argent. Ça ne nous empêchera pas d’avoir autant de personnel pour travailler et les payer sur d’autres secteurs que la vente de billetterie avion ou SNCF. Il faudra vendre plus de services.

Les petites agences sont en survie aujourd’hui. Après la pandémie, la guerre en Ukraine, et ensuite ce sera autre chose… remboursement du PGE. Là on aura des surprises.

TourMaG.com – Vous avez souscrit à un PGE ?

Michel Slama : Oui, mais je n’y ai pas touché. J’ai commencé à procéder au remboursement en septembre.

TourMaG.com – Faut-il faire évoluer le business model des agences de voyages d’affaires ?

Michel Slama : Nous restons au transaction fees, cela nous convient très bien et à nos clients également. Je ne crois pas à l’abonnement.

Nous répondons aux demandes, travaillons au prix net et seuls les honoraires sont négociables. Nos clients savent parfaitement combien on gagne, c’est transparent.

Au sein de la compétition, le benchmark est clair, après c’est la notion de service et la relation client, qui entrent en jeu.

TourMaG.com - Quelles sont vos ambitions à court terme ?

Michel Slama : Les perspectives sont bonnes pour 2023, s’il n’y a pas un autre malheur à s’abattre sur nous.

Nous avons clôturé 2022 avec un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et visons 10% de marge tous les ans.

Nous avons recruté quatre personnes depuis la fin de la pandémie. Nous recherchons encore deux profils seniors sur le tourisme d’affaires.