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Espace : pour la Lune… il faudra attendre (encore) un peu

La chronique de Michel Messager


Dans le domaine du tourisme spatial, les retards font partis des choses courantes et le dernier en date concernant la course à la Lune ne déroge pas à la règle.
Outre l’échec de Peregrine, l’alunisseur qui devait marquer le retour d’un engin américain sur la Lune, plusieurs incidents et situations viennent confirmer ce retard.
La Lune pour 2025, 2026 ? La réponse reste ouverte aux vues de la situation actuelle.


Rédigé par le Mercredi 17 Janvier 2024

La course à la Lune a pris du retard... - DepositPhotos.com
La course à la Lune a pris du retard... - DepositPhotos.com
L’industrie spatiale avait fait de 2024 son objectif d’un retour sur la Lune.

Comme nous l’écrivions dans un notre chronique de rentrée du 08/01/2024 : « Plus que jamais la compétition entre les États-Unis et la Chine feront l’actualité avec d’un côté le programme Artémis et de l’autre le programme ILRS International Lunar Research Station… les préparatifs pour Artemis continuent avec, comme confirmé par la Nasa, en novembre 2024, trois hommes (Reid Wiseman, Victor Glover et Jeremy Hansen) et une femme (Christina Koch) accompliront un périple habité Terre-Lune aller-retour, le premier du 21ème siècle. »

Il faut bien le constater, l’année spatial 2024 commence sur un échec : celui de la Mission qui devait, via la fusée Vulcan, amener l’alunisseur Peregrine sur le sol lunaire.

L’échec de Peregrine

« Dès le début de la mission, il était acquis que le risque d’échec était de 50 % », assure Peter Wurz, astrophysicien à l’Université de Berne.

L’alunisseur Peregrine faisait partie de la première mission estampillée du programme CLPS (« Commercial Lunar Payload Services »), le nouveau système de la Nasa au sein duquel les missions sont confiées à des prestataires extérieurs, en l’occurrence la société de Pittsburg Astrobotic

Lancé avec la fusée Vulcan Centaur de United Launch Alliance, une coentreprise entre Boeing et Lockheed Martin, Peregrine aurait dû arriver sur la Lune avec une centaine de kilos d’instruments scientifiques, comme par exemple : le petit rover Iris, le détecteur de rayonnement LETS, qui devait être installé à la surface de la Lune, le spectromètre à neutrons NSS, qui avait pour but de rechercher des indices sur la présence de glace d’eau sur le sol lunaire, etc…

Alors que la mission avait à peine décollé dans la nuit du 7 au 8 janvier 2024, que quelques heures après, la start-up américaine Astrobotic a d’abord annoncé que son alunisseur faisait face à de nombreux problèmes et « n’avait désormais aucune chance d’atterrir en douceur sur la Lune comme prévu ». Puis le samedi 14 janvier Astrobotic déclare sur X : « Notre dernière estimation montre que le vaisseau spatial se dirige vers la Terre, où il se consumera probablement dans l'atmosphère. »

Premier-né des programmes CLPS de la Nasa, cet échec ne semble pas être aussi grave que l’on peut le penser : « ce test raté, c’est quelque chose qui se faisait en laboratoire auparavant. Aujourd’hui, la différence, c’est que c’est visible par tout le monde, mais le résultat est le même : on teste, on échoue, on apprend, et on recommence » avoue un des experts d’Astrobotic. »

Même son de cloche du côté de la Nasa pour qui : « cet échec au grand jour va servir à apprendre et à progresser. Au lieu de voir uniquement le produit fini, le public est aussi témoin d’une partie du processus. »

Force est de constater, qu’après l’échec de Peregrine, et ces derniers mois après ceux des missions russe, japonaise ou israélienne : atterrir sur la Lune relève encore de la prouesse technique, ce que l’on a un peu tendance à oublier.

Réaction de la Nasa : report d’un an des missions vers la Lune

Quelques heures plus tard après le constat de l’échec de Peregrine, la Nasa annonce le report de près d’un an des deux prochaines missions du programme Artémis consacré au prochain retour des américains sur la Lune.

Conséquences directes : la mission Artémis 2, qui devait faire le tour de la Lune avec un équipage de quatre astronautes, est repoussée de fin 2024 à septembre 2025 et Artemis 3, qui marquera le retour des humains sur l’astre lunaire, est reportée elle aussi d’un an de 2025 à septembre 2026.

Les raisons de ces reports

Certes si l’échec de l’alunisseur de Pérégrine a joué un rôle dans cette décision de la Nasa de reporter ses missions vers la Lune, il convient de dire que non seulement il n’en est pas l’unique cause et de plus n’a pas eu dans cette décision un caractère prépondérant.

En fait et à notre avis, il s’agit d’une "opportunité" pour la Nasa qui commence à constater l’accumulation des retards dues à des causes plus ou moins importantes.

S’il est vrai qu’il existe encore de multiples problèmes à régler comme par exemple sur les combinaisons spatiales ou sur le bouclier thermique, qui protège la capsule Orion les véritables incertitudes se situent au niveau de Space X qui a été sélectionné par la Nasa pour les missions Artémis 2 et 3.

Aujourd’hui, le souci de SpaceX, c’est d’abord de faire voler son Starship. Le premier vol le jeudi 20 avril 2023 a explosé en vol peu après son décollage et le deuxième vol test du Starship, que l’on peut qualifier : « d'échec réussi » car de nombreux objectifs ont été atteints, s’était conclu lui aussi par la destruction des deux étages.

Pour l’heure, compte tenu des retards de Boeing, lui aussi partie prenante au projet, et les incertitudes de SpaceX, il est impossible de savoir si les nouveaux délais annoncés par la Nasa seront tenus ou non.

Conséquences sur la course à la Lune

S’il est vrai que la Chine et les États-Unis bataillent fermes pour la conquête de l’espace et de la Lune, Bill Nelson, l’administrateur de la NASA pense que les USA gagneront la course : « Je ne crains pas que la Chine atterrisse avant nous… Je pense que la Chine a un plan très agressif. Je pense qu’elle aimerait atterrir avant nous, car cela pourrait lui donner un coup de pub. Mais le fait est que je ne pense pas qu’elle le fera.

Je pense qu’il est vrai que leur date qu’ils ont annoncée ne cesse d’avancer. Mais plus précisément, avec notre atterrissage en septembre 2026, ce sera le premier atterrissage. 
»

Ces reports font sans doute les affaires de Jeff Bezos et Blue Origin qui peuvent disposer de plus de temps pour fabriquer et mettre au point leur propre système d’alunissage Blue Moon, développé avec plusieurs compagnies partenaires (Lockheed Martin, Draper, Boeing, Astrobotic, Honeybee Robotics) et à qui la Nasa a attribué les missions Artemis 5 et 6.

Comme quoi, même dans le spatial « le malheur des uns peut faire le bonheur des autres » (Voltaire).

Michel Messager - DR
Michel Messager - DR
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.

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