Brésil : le tourisme autochtone et l'afro-tourisme sont des axes de promotion de la destination - Photo JS
Puiser dans le patrimoine humain non seulement pour le valoriser mais également pour lui permettre de développer une économie à part entière est devenu courant.
Quel pays ne cherche pas dans ses racines les éléments culturels originaux capables de souligner son histoire, parfois son génie ? Avec chaque fois cependant une ambiguïté dans la réponse. En effet, doit-on mettre à contribution les populations autochtones au risque de leur faire perdre leur âme dans des activités un tant soit peu commerciales, ou doit-on les préserver en les éloignant des circuits touristiques ?
Les deux réponses sont possibles à condition de rester dans la nuance et dans la mesure. Car, toutes deux peuvent fournir des ressources économiques à des communautés vivant dans une marginalité plus inconfortable que ne le laissent croire les images « nostalgiques » d’époques révolues.
Lire aussi : Au Canada, revisiter l’histoire avec les Peuples autochtones 🔑
Ainsi, le Brésil, tout comme le Vietnam, la Thaïlande, la Chine, le Pérou et tant d’autres a choisi de mettre à l’honneur les peuples indiens autochtones, soit selon les données de l’Institut brésilien de géographie et de statistique, environ 305 ethnies parlant plus de 270 langues.
Avec le retour de Lula, un Ministère des peuples autochtones a même été créé, avec 120 fonctionnaires majoritairement indigènes et à sa tête la députée Sonia Guajajara. Une activiste indigène dont la mission est de préserver une population qui a vu ses terres et ses forêts décimées par abattages massifs d’arbres et un pillage systématique de plantes et autres richesses minières et énergétiques.
Certes, ces indigènes que Claude Lévi-Strauss a longuement décrits dans « Tristes Tropiques » ne sont qu’un petit million et beaucoup vivent totalement isolés. Mais, pour ceux qui sont ouverts aux visites, artisanat, cuisine, exploration de la forêt et de la nature en général constituent les pierres angulaires d’un tourisme que l’OMT en 2021 a demandé de favoriser tout en lui permettant de conserver son authenticité grâce à une maîtrise de son activité touristique.
Quel pays ne cherche pas dans ses racines les éléments culturels originaux capables de souligner son histoire, parfois son génie ? Avec chaque fois cependant une ambiguïté dans la réponse. En effet, doit-on mettre à contribution les populations autochtones au risque de leur faire perdre leur âme dans des activités un tant soit peu commerciales, ou doit-on les préserver en les éloignant des circuits touristiques ?
Les deux réponses sont possibles à condition de rester dans la nuance et dans la mesure. Car, toutes deux peuvent fournir des ressources économiques à des communautés vivant dans une marginalité plus inconfortable que ne le laissent croire les images « nostalgiques » d’époques révolues.
Lire aussi : Au Canada, revisiter l’histoire avec les Peuples autochtones 🔑
Ainsi, le Brésil, tout comme le Vietnam, la Thaïlande, la Chine, le Pérou et tant d’autres a choisi de mettre à l’honneur les peuples indiens autochtones, soit selon les données de l’Institut brésilien de géographie et de statistique, environ 305 ethnies parlant plus de 270 langues.
Avec le retour de Lula, un Ministère des peuples autochtones a même été créé, avec 120 fonctionnaires majoritairement indigènes et à sa tête la députée Sonia Guajajara. Une activiste indigène dont la mission est de préserver une population qui a vu ses terres et ses forêts décimées par abattages massifs d’arbres et un pillage systématique de plantes et autres richesses minières et énergétiques.
Certes, ces indigènes que Claude Lévi-Strauss a longuement décrits dans « Tristes Tropiques » ne sont qu’un petit million et beaucoup vivent totalement isolés. Mais, pour ceux qui sont ouverts aux visites, artisanat, cuisine, exploration de la forêt et de la nature en général constituent les pierres angulaires d’un tourisme que l’OMT en 2021 a demandé de favoriser tout en lui permettant de conserver son authenticité grâce à une maîtrise de son activité touristique.
Au Brésil, outre l’artisanat, la cuisine et les visites de découverte proposées par quelques voyagistes comme Amazonastur par exemple qui estime que 24 % des touristes arrivés en Amazonie sont des étrangers. Les principaux pays émetteurs sont les États-Unis (31,89 %), l'Allemagne (10,99 %), la Colombie (5,51 %) et la Suisse (3,51 %).
L’afrotourisme : reconnecter un peuple à sa culture
Afro Tourisme, tourisme basé sur la découverte et la compréhension des peuples d’origine africaine - Photo JS
Quant à l'afrotourisme, il constitue l’autre facette d’un tourisme dont le but est de reconnecter un peuple à sa culture et afficher l’histoire de la population afro-brésilienne.
Fini les plages blanches et les filles d’Ipanema dansant la samba tandis que les défilés de carnaval font exploser le génie festif des Brésiliens. Détrônés par un tourisme plus authentique emportant les plus curieux vers les entrailles de la société brésilienne : le dit « afro tourisme » ou « tourisme africain » est désormais l’un des axes de promotion de la destination, comme l’a affirmé le nouveau responsable d’Embratur, l’historien Marcelo Freixo.
De quoi s’agit-il ? Essentiellement d’un tourisme basé sur la découverte et la compréhension des peuples d’origine africaine de cet immense pays, le plus africain du continent américain et le deuxième pays le plus africain du monde après le Nigeria.
Le tout en initiant les Brésiliens d’origine africaine à la connaissance de leur culture mais aussi en les formant au développement d’une activité touristique dédiée soit à la restauration, soit à l’hôtellerie ou aux visites de découverte et randonnée de pleine nature…
Fini les plages blanches et les filles d’Ipanema dansant la samba tandis que les défilés de carnaval font exploser le génie festif des Brésiliens. Détrônés par un tourisme plus authentique emportant les plus curieux vers les entrailles de la société brésilienne : le dit « afro tourisme » ou « tourisme africain » est désormais l’un des axes de promotion de la destination, comme l’a affirmé le nouveau responsable d’Embratur, l’historien Marcelo Freixo.
De quoi s’agit-il ? Essentiellement d’un tourisme basé sur la découverte et la compréhension des peuples d’origine africaine de cet immense pays, le plus africain du continent américain et le deuxième pays le plus africain du monde après le Nigeria.
Le tout en initiant les Brésiliens d’origine africaine à la connaissance de leur culture mais aussi en les formant au développement d’une activité touristique dédiée soit à la restauration, soit à l’hôtellerie ou aux visites de découverte et randonnée de pleine nature…
Un peu d’histoire
… Il faut dire qu’arrivés durant 300 ans de différents pays africains, les esclaves noirs sont estimés à 3.6 millions. Débarqués à Rio en provenance du Mozambique, du Congo, d’Angola, ils ont été suivis dans le port de Bahia par les Nigérians, soit les Yorubas, soit les Haoussa, tous condamnés à travailler dans des conditions terribles dans les champs de cannes à sucre sous la houlette de leurs maîtres portugais.
Affranchis le 13 mai 1988 par la loi Aurea, ces esclaves n’ont cependant reçu aucune terre ou somme d’argent leur permettant de rentrer dans le système économique et social officiel. Ils ont donc d’emblée été obligés de vivre dans la pauvreté et la précarité dans lesquelles une partie d’entre eux vit encore aujourd’hui.
Mais, fort heureusement, ces populations ont importé avec eux une culture, une religion, des traditions qui ont profondément influencé la culture brésilienne et l’ont enrichie au cours des siècles jusqu’à en faire l’un des moteurs de la vie d’une façon générale et la vie touristique du pays.
La religion brésilienne en particulier porte la marque du syncrétisme entre catholicisme et religions africaines. Avec toutes sortes de rites indigènes et de croyances africaines, sa pratique qui consiste en un culte des dieux d'origine totémique se tient dans des dizaines de milliers de sites, le plus souvent loin des regards des étrangers qui pourtant en sont très friands et cherchent, parfois avec succès, à y participer.
Affranchis le 13 mai 1988 par la loi Aurea, ces esclaves n’ont cependant reçu aucune terre ou somme d’argent leur permettant de rentrer dans le système économique et social officiel. Ils ont donc d’emblée été obligés de vivre dans la pauvreté et la précarité dans lesquelles une partie d’entre eux vit encore aujourd’hui.
Mais, fort heureusement, ces populations ont importé avec eux une culture, une religion, des traditions qui ont profondément influencé la culture brésilienne et l’ont enrichie au cours des siècles jusqu’à en faire l’un des moteurs de la vie d’une façon générale et la vie touristique du pays.
La religion brésilienne en particulier porte la marque du syncrétisme entre catholicisme et religions africaines. Avec toutes sortes de rites indigènes et de croyances africaines, sa pratique qui consiste en un culte des dieux d'origine totémique se tient dans des dizaines de milliers de sites, le plus souvent loin des regards des étrangers qui pourtant en sont très friands et cherchent, parfois avec succès, à y participer.
La musique encore et toujours
Très présente à Rio, la culture afro-brésilienne s’affiche aussi dans les lieux historiques de la capitale qui ne cachent plus leur vocation initiale. Ainsi, le « Cais do Valongo » l’un des plus grands ports d’esclaves au monde fut autrefois caché par les Portugais puis inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l’UNESCO.
A Sao Paulo, la ville qui compte la plus grande concentration d’afro-descendants du pays, sont 4,5 millions d’individus, de vastes collections de patrimoine historique, social et culturel, offrent également un voyage presqu’immersif dans les Quilombos urbains et les monuments symboliques locaux.
Mais c’est évidemment Salvador, la capitale de l'État de Bahia (dont 80% de la population a des origine africaines) qui fait référence. Noyée sous les influences africaines, elle affiche une architecture, un folklore, une gastronomie et des pratiques religieuses particulièrement originales auxquelles se mêlent la plus connue des facettes artistiques du pays : les écoles de sambas.
Lesquelles déploient leur savoir-faire lors du carnaval et toutes sortes de groupes musicaux parmi lesquels on retrouve les plus grands noms de la musique brésilienne : Caetano Veloso, Gilberto Gil, Joao Gilberto…et aujourd’hui des voix comme Margaret Menezes qui n’est autre également que la ministre de la Culture !
… Une dernière information qui démontre à quel point le Brésil cherche à reprendre sa place parmi les grandes destinations internationales en jouant ces cartes maîtresses qui font le tourisme durable : la protection de la nature et sa diversité mais aussi et surtout celle des populations qui en font la richesse humaine et culturelle.
Avec d’ores et déjà environ 6 millions de touristes internationaux, elle y parviendra sans doute et pourra donner du fil à retordre à ses concurrentes directes comme l’Argentine qui, aujourd’hui plombée par l’élection d’un nouveau président apparemment ingérable, aux idées trop libérales pourrait bien aggraver la situation économique du pays et lui faire perdre de son attractivité.
A Sao Paulo, la ville qui compte la plus grande concentration d’afro-descendants du pays, sont 4,5 millions d’individus, de vastes collections de patrimoine historique, social et culturel, offrent également un voyage presqu’immersif dans les Quilombos urbains et les monuments symboliques locaux.
Mais c’est évidemment Salvador, la capitale de l'État de Bahia (dont 80% de la population a des origine africaines) qui fait référence. Noyée sous les influences africaines, elle affiche une architecture, un folklore, une gastronomie et des pratiques religieuses particulièrement originales auxquelles se mêlent la plus connue des facettes artistiques du pays : les écoles de sambas.
Lesquelles déploient leur savoir-faire lors du carnaval et toutes sortes de groupes musicaux parmi lesquels on retrouve les plus grands noms de la musique brésilienne : Caetano Veloso, Gilberto Gil, Joao Gilberto…et aujourd’hui des voix comme Margaret Menezes qui n’est autre également que la ministre de la Culture !
… Une dernière information qui démontre à quel point le Brésil cherche à reprendre sa place parmi les grandes destinations internationales en jouant ces cartes maîtresses qui font le tourisme durable : la protection de la nature et sa diversité mais aussi et surtout celle des populations qui en font la richesse humaine et culturelle.
Avec d’ores et déjà environ 6 millions de touristes internationaux, elle y parviendra sans doute et pourra donner du fil à retordre à ses concurrentes directes comme l’Argentine qui, aujourd’hui plombée par l’élection d’un nouveau président apparemment ingérable, aux idées trop libérales pourrait bien aggraver la situation économique du pays et lui faire perdre de son attractivité.
Le tourisme afro dans le monde
Autres articles
Selon les données des recherches réalisées pour la MMGY GLOBAL, 109 milliards de dollars ont été dépensés en voyages par les Afro-Américains en 2019. De plus, les voyageurs noirs au Royaume-Uni et en Irlande ont dépensé 9 milliards de dollars en voyages nationaux et internationaux ; en Allemagne, ils ont dépensé 8,1 millions de dollars ; les voyageurs canadiens noirs dépensent 7,8 milliards de dollars par année. En France, on estime à 5 milliards de dollars leurs dépenses la même année.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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