Il va de soi que la principale contribution du vocabulaire touristique devrait consister Ă apaiser et rassurer les candidats au voyage - Depositphotos.com Auteur SergeyNivens
Prenons tout d’abord, le vocabulaire associé au tourisme durable. Composé de termes toujours flous dans l’esprit du commun des voyageurs, il ne fait toujours pas la différence entre « responsable », « solidaire », « équitable », « éco tourisme ». De quoi rendre encore plus confus un concept pourtant vital pour le tourisme international.
L’après Covid a également mis sur le devant de la scène des termes dérivant de la « sécurité sanitaire » comme distanciation, gestes barrières et autres expressions tel le « sans contact ».
En perte de vitesse, à l’unisson avec la régression de la pandémie, ces termes sont surtout supplantés aujourd’hui par ceux liés au « changement climatique » que l’on qualifie également de « dérèglement climatique » en y ajoutant des précisions de plus en plus compréhensibles mais alarmantes : la crise hydrique, la sécheresse, les pénuries, l’élévation du niveau de la mer, la fonte des glaciers et autres « joyeusetés » du même style contribuant à créer une ambiance particulièrement anxiogène d’autant que l’on apprend régulièrement que le monde n’est pas dans les clous en matière d’émissions de CO2 et que sa biodiversité est de plus en plus menacée.
Si l’on rajoute au panorama mondial les conflits dégénérant en guerres ouvertes sous un ciel criblé de termes dont on maitrise rarement les particularités : missiles, missiles balistiques, rockets, drones, prolifération nucléaire, axe du mal, bombes A ou bombes H… il va de soi que la principale contribution du vocabulaire touristique devrait consister à apaiser et rassurer les candidats au voyage.
Mais, ce n’est pas toujours le cas.
L’après Covid a également mis sur le devant de la scène des termes dérivant de la « sécurité sanitaire » comme distanciation, gestes barrières et autres expressions tel le « sans contact ».
En perte de vitesse, à l’unisson avec la régression de la pandémie, ces termes sont surtout supplantés aujourd’hui par ceux liés au « changement climatique » que l’on qualifie également de « dérèglement climatique » en y ajoutant des précisions de plus en plus compréhensibles mais alarmantes : la crise hydrique, la sécheresse, les pénuries, l’élévation du niveau de la mer, la fonte des glaciers et autres « joyeusetés » du même style contribuant à créer une ambiance particulièrement anxiogène d’autant que l’on apprend régulièrement que le monde n’est pas dans les clous en matière d’émissions de CO2 et que sa biodiversité est de plus en plus menacée.
Si l’on rajoute au panorama mondial les conflits dégénérant en guerres ouvertes sous un ciel criblé de termes dont on maitrise rarement les particularités : missiles, missiles balistiques, rockets, drones, prolifération nucléaire, axe du mal, bombes A ou bombes H… il va de soi que la principale contribution du vocabulaire touristique devrait consister à apaiser et rassurer les candidats au voyage.
Mais, ce n’est pas toujours le cas.
Vocabulaire touristique et ses poncifs : surtourisme, le grand gagnant… pour le pire !
Dans le langage général évoquant le tourisme : considérons tout d’abord le terme de « surtourisme » qui fait tellement florès que l’on en voit partout, même là où il n’y en a pas. Une catastrophe sémantique transformant une industrie ne demandant souvent qu’à faire plaisir en un assaillant redoutable, susceptible de transformer en apocalypse la vie sur les destinations touristiques.
Entretenu par les médias et quelques auteurs et autrices étrangers aux acteurs touristiques mais dotés d’une plume acide, ce concept se double d’ autres néologismes : la tourisphobie et le « tourisme bashing » utilisés également à tort et à travers, histoire de discréditer un secteur certes critiquable mais pas seulement …
Quant au sous tourisme, il commence à timidement émerger sans pour autant connaître un succès qui permettrait de remettre les pendules touristiques à l’heure.
Journal Reporterre/29 octobre : « L’industrie du tourisme accumule les méfaits, écrit l’anthropologue Aude Vidal, qui appelle à son abolition ».
Entretenu par les médias et quelques auteurs et autrices étrangers aux acteurs touristiques mais dotés d’une plume acide, ce concept se double d’ autres néologismes : la tourisphobie et le « tourisme bashing » utilisés également à tort et à travers, histoire de discréditer un secteur certes critiquable mais pas seulement …
Quant au sous tourisme, il commence à timidement émerger sans pour autant connaître un succès qui permettrait de remettre les pendules touristiques à l’heure.
Journal Reporterre/29 octobre : « L’industrie du tourisme accumule les méfaits, écrit l’anthropologue Aude Vidal, qui appelle à son abolition ».
Destinations de dupes : n’en soyons pas dupes !
Cette nouvelle expression en train de prendre un essor inattendu désigne pour sa part les destinations supposées proposer une alternative à la fréquentation excessive et cela à des tarifs moindres.
Sauf que, tel n’est pas le cas non plus. On nomme aujourd’hui destination de dupes : bParos en Grèce ou le [lac Majeur en Italie en remplacement du lac de Côme ! ]b
Et c’est un communiqué Airbnb qui le dit : « Les données mondiales d'Airbnb font état d'une hausse de la popularité des emplacements « dupes » tendance, avec une augmentation des recherches pour le lac Majeur, « dupe » du lac de Côme, de plus de 200 %*. »
Sauf que, tel n’est pas le cas non plus. On nomme aujourd’hui destination de dupes : bParos en Grèce ou le [lac Majeur en Italie en remplacement du lac de Côme ! ]b
Et c’est un communiqué Airbnb qui le dit : « Les données mondiales d'Airbnb font état d'une hausse de la popularité des emplacements « dupes » tendance, avec une augmentation des recherches pour le lac Majeur, « dupe » du lac de Côme, de plus de 200 %*. »
Expérience : trop c’est trop !
Incontournable dans le vocabulaire touristique grand public autant que professionnel, l’expérience est devenue en quelques années la tarte à la crème de la description et du narratif touristique.
Mise à toutes les sauces, l’expérience désigne aussi bien le bon repas dans un restaurant typique que le massage dans un spa, que la pratique du trek ou de n’importe quel autre sport.
Signifiant : une pratique à partir de laquelle nait un savoir ou une compétence, « l’expérience » associée aussi à l’expérience client, ne fait finalement que démontrer l’étroitesse du lexique touristique et le manque d’originalité de l’offre qui peut en dériver.
Mise à toutes les sauces, l’expérience désigne aussi bien le bon repas dans un restaurant typique que le massage dans un spa, que la pratique du trek ou de n’importe quel autre sport.
Signifiant : une pratique à partir de laquelle nait un savoir ou une compétence, « l’expérience » associée aussi à l’expérience client, ne fait finalement que démontrer l’étroitesse du lexique touristique et le manque d’originalité de l’offre qui peut en dériver.
Hors des sentiers battus : halte aux clichés
Dans la même veine, le voyageur est invité à peu près partout dans le monde à sortir des sentiers battus ou « off the beaten track ».
Même un repas gastronomique dans un grand hôtel londonien est présenté comme une « expérience hors des sentiers battus » ! Même le très sérieux Guardian évoque des destinations « off the beaten track » qui n’en sont pas vraiment. C’est dire à quel point l’expression est désormais galvaudée, en perte de sens donc trompeuse.
Même un repas gastronomique dans un grand hôtel londonien est présenté comme une « expérience hors des sentiers battus » ! Même le très sérieux Guardian évoque des destinations « off the beaten track » qui n’en sont pas vraiment. C’est dire à quel point l’expression est désormais galvaudée, en perte de sens donc trompeuse.
Immersion : technologie ou mise en valeur du local ?
Emprunté au vocabulaire géographique, l’immersion fait depuis longtemps les beaux jours des séjours linguistiques pour jeunes envoyés apprendre une langue étrangère.
Mais, aujourd’hui, l’immersion est aussi la base de pratiques touristiques prétendant démarquer les « voyageurs » des « touristes ». Soit ceux qui pratiquent un tourisme authentique versus ceux qui pratiquent un tourisme moutonnier. Très utilisée par la « tech », notamment dans les musées, l’immersion est également devenue la garantie de qualité et d’avant-gardisme d’un événement ou exposition.
Mais, on la confond souvent avec les notions de « local » sensées représenter une garantie d’authenticité face à l’artificialisation issue de la mondialisation.
Mais, aujourd’hui, l’immersion est aussi la base de pratiques touristiques prétendant démarquer les « voyageurs » des « touristes ». Soit ceux qui pratiquent un tourisme authentique versus ceux qui pratiquent un tourisme moutonnier. Très utilisée par la « tech », notamment dans les musées, l’immersion est également devenue la garantie de qualité et d’avant-gardisme d’un événement ou exposition.
Mais, on la confond souvent avec les notions de « local » sensées représenter une garantie d’authenticité face à l’artificialisation issue de la mondialisation.
La proximité devient « éco friendly »
Tandis que les notions d’exotisme semblent battre en retraite, tout est devenu proximité alors que cette forme de tourisme qui a gagné en popularité durant la pandémie n’est pourtant pas toute neuve.
C’est ce tourisme qui soutient le tourisme national en France par exemple où une grande partie des vacanciers restent dans leur pays. Il fait donc les délices des médias peu informés et devient un argument marketing comme les autres, mais avec une tendance éco-friendly.
C’est ce tourisme qui soutient le tourisme national en France par exemple où une grande partie des vacanciers restent dans leur pays. Il fait donc les délices des médias peu informés et devient un argument marketing comme les autres, mais avec une tendance éco-friendly.
Et les autres : flexibooking, light-packing, astro tourisme…
Sont également apparus des termes issus de l’augmentation du télétravail : ce sont les « Digital nomad » auxquels il est permis de travailler loin de chez eux dans une destination de vacances. Les « early birds » autrefois désignés comme des pionniers dans le secteur de la consommation sont aussi devenus des touristes de la première heure capables de découverte.
Purement techniques, des termes comme flexibilité également font florès. Il y a en particulier le Flexible booking qui permet aux voyageurs de rechercher des options de réservation leur permettant de modifier ou d'annuler leurs plans sans pénalité. Il connait un essor dans un climat d'incertitude. Il y a aussi le light packing qui consiste à limiter sa garde-robe en vacances afin de ne pas payer les suppléments bagages.
Le tourisme inclusif a également le vent en poupe. Et c’est une bonne chose. Tandis que des expressions comme le « sleep tourism », le « glamping » et autres thématiques touristiques poursuivent leur carrière, sujettes à des modes donc à des existences éphémères.
Purement techniques, des termes comme flexibilité également font florès. Il y a en particulier le Flexible booking qui permet aux voyageurs de rechercher des options de réservation leur permettant de modifier ou d'annuler leurs plans sans pénalité. Il connait un essor dans un climat d'incertitude. Il y a aussi le light packing qui consiste à limiter sa garde-robe en vacances afin de ne pas payer les suppléments bagages.
Le tourisme inclusif a également le vent en poupe. Et c’est une bonne chose. Tandis que des expressions comme le « sleep tourism », le « glamping » et autres thématiques touristiques poursuivent leur carrière, sujettes à des modes donc à des existences éphémères.
Le vocabulaire du bien-être : galvaudage et banalité extrême
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Enfin, interrogé sur les termes les plus utilisés dans le secteur du bien-être, Chatgpt est formel. En anglais comme en français, ce sont les suivants :
Retraite (retreat)
Holistique (holistic)
Relaxation (relaxation)
Pleine conscience (mindfulness)
DĂ©tox (detox)
Guérison (healing)
Sérénité (serenity)
Nourrissant (nourishing)
Ressourcement
Spiritualité
Parfois utilisés sans discernement, et désignant souvent un simple massage dans un lieu apaisé, ces termes seront étudiés dans un prochain article de « Planète bien-être ».
En attendant, ces évolutions dans le vocabulaire du tourisme reflètent bien une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux, ainsi qu'une adaptation aux nouvelles réalités du voyage. Cela montre également comment le secteur continue d'évoluer en réponse aux besoins et aux préoccupations des voyageurs.
Mais, la pauvreté des termes et leur répétition à l’infini par une presse, des influenceurs et des publicitaires plus soucieux de mots que de sens des mots, ne rend pas le tourisme plus attractif. Pire ! quand on remarque que rares sont ceux qui font la différence entre touriste, vacancier, excursionniste et visiteur, il semble bien que le tourisme miné par un jargon et des poncifs reste un parent pauvre du récit contemporain.
Retraite (retreat)
Holistique (holistic)
Relaxation (relaxation)
Pleine conscience (mindfulness)
DĂ©tox (detox)
Guérison (healing)
Sérénité (serenity)
Nourrissant (nourishing)
Ressourcement
Spiritualité
Parfois utilisés sans discernement, et désignant souvent un simple massage dans un lieu apaisé, ces termes seront étudiés dans un prochain article de « Planète bien-être ».
En attendant, ces évolutions dans le vocabulaire du tourisme reflètent bien une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux, ainsi qu'une adaptation aux nouvelles réalités du voyage. Cela montre également comment le secteur continue d'évoluer en réponse aux besoins et aux préoccupations des voyageurs.
Mais, la pauvreté des termes et leur répétition à l’infini par une presse, des influenceurs et des publicitaires plus soucieux de mots que de sens des mots, ne rend pas le tourisme plus attractif. Pire ! quand on remarque que rares sont ceux qui font la différence entre touriste, vacancier, excursionniste et visiteur, il semble bien que le tourisme miné par un jargon et des poncifs reste un parent pauvre du récit contemporain.
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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