Les Bardenas Reales, 42 000 hectares de relief abrupt, veiné de canyons, de plateaux tabulaires, de pics érodés et de plaines presque incultes - DR : J.-F.R.
Bienvenue dans le néant espagnol. A quelques kilomètres au nord-est de Tudela, en Navarre, il existe un territoire du vide, un espace où pas un homme - hormis un ermite - ne souhaiterait être reclus, même si on lui faisait cadeau de terres.
Son nom : Bardenas Reales, 42 000 hectares de relief abrupt, veiné de canyons, de plateaux tabulaires, de pics érodés et de plaines presque incultes.
Ici, les pluies sont aussi rares que l’animation. Seul jour de fête : le 18 septembre, lorsque la transhumance s’achève et que les 80 et quelques bergers descendus des Pyrénées regagnent, avec leurs moutons, des pénates qu’ils devront supporter tout l’hiver - glacial, comme l’été est caniculaire.
Pas de villages, ni de maisons dans ce no man’s land.
Seules émergent quelques fincas (fermes saisonnières) ou hangars isolés, écrasées par l’immensité, reconnaissables à leur couleur terre et leurs cheminées en tôles. Des refuges pour bergers à la saison froide.
Hormis un quarteron de militaires dans leur cuartel, un seul pastor (gardien de troupeaux) vit ici à l’année, en vrai Robinson du désert.
Son nom : Bardenas Reales, 42 000 hectares de relief abrupt, veiné de canyons, de plateaux tabulaires, de pics érodés et de plaines presque incultes.
Ici, les pluies sont aussi rares que l’animation. Seul jour de fête : le 18 septembre, lorsque la transhumance s’achève et que les 80 et quelques bergers descendus des Pyrénées regagnent, avec leurs moutons, des pénates qu’ils devront supporter tout l’hiver - glacial, comme l’été est caniculaire.
Pas de villages, ni de maisons dans ce no man’s land.
Seules émergent quelques fincas (fermes saisonnières) ou hangars isolés, écrasées par l’immensité, reconnaissables à leur couleur terre et leurs cheminées en tôles. Des refuges pour bergers à la saison froide.
Hormis un quarteron de militaires dans leur cuartel, un seul pastor (gardien de troupeaux) vit ici à l’année, en vrai Robinson du désert.
Fincas et hangars isolés, écrasés par l’immensité
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Depuis le village d’Arguedas, une route puis une piste pénètrent dans les Bardenas.
Après quelques kilomètres, elle débouche, dans la poussière blanche, sur le Cabezo de Castildetierra, une éminence pointue ravagée par l’érosion dont la mort par effondrement est garantie d’ici une paire d’années.
Nous sommes dans la Blanca Baja, un monde de silence, aux sols blanchâtres et nus.
Au loin, des falaises raides, blanc-beige, surmontées de plateaux tabulaires, signent la Blanca Alta, un relief grandiose entre lequel se glissent de rares champs labourés.
Au soleil couchant, le spectacle est irréel. La Blanca Alta s’achève à El Paso, frontière naturelle du nord des Bardenas, lieu de rassemblement des pastores en septembre. L’endroit est symbolisé par une grande statue de berger.
Au nord-ouest, passé l’ermitage de Nuestra Señora del Yugo, aux faux airs de chapelle mexicaine, le territoire profite de la proximité du barrage de Ferial pour virer au vert maïs, culture « artificielle » sur cette terre sinon presque dépourvue d’eau.
Après quelques kilomètres, elle débouche, dans la poussière blanche, sur le Cabezo de Castildetierra, une éminence pointue ravagée par l’érosion dont la mort par effondrement est garantie d’ici une paire d’années.
Nous sommes dans la Blanca Baja, un monde de silence, aux sols blanchâtres et nus.
Au loin, des falaises raides, blanc-beige, surmontées de plateaux tabulaires, signent la Blanca Alta, un relief grandiose entre lequel se glissent de rares champs labourés.
Au soleil couchant, le spectacle est irréel. La Blanca Alta s’achève à El Paso, frontière naturelle du nord des Bardenas, lieu de rassemblement des pastores en septembre. L’endroit est symbolisé par une grande statue de berger.
Au nord-ouest, passé l’ermitage de Nuestra Señora del Yugo, aux faux airs de chapelle mexicaine, le territoire profite de la proximité du barrage de Ferial pour virer au vert maïs, culture « artificielle » sur cette terre sinon presque dépourvue d’eau.
Mini canyons, barrancos secs et versants crevassés
Le sud des Bardenas change de ton.
Le chemin carrossable tracé en corniche au bord de la cuesta ouvre des points de vue plongeants sur l’Aragon agricole et découvre un paysage plus rouge, toujours désert mais couvert de pins et de yeuses. C’est la Plana de la Negra.
Sur le chemin de la peña del Fraile, ultime éminence perdue au-dessus des hangars à brebis, le relief vire en mini canyons, barrancos (vallons) secs et versants crevassés.
L’ensemble du territoire est un refuge pour la faune, à peine dérangée par l’homme : dans cette réserve de la biosphère, protégée par l’Unesco, alouettes, gélinottes, lapins, renards, chats sauvages, sangliers, vautours fauves, aigles royaux, grands-ducs… vivent en paix, de même que les outardes canepetières, géants de ces steppes.
Un dernier coup de rein conduit au sanctuaire de Sancho Abarca. Édifié à partir de 1670 à l’initiative d’un ermite béarnais, il est devenu depuis un lieu fervent de pèlerinage pour Navarrais et Aragonais.
Depuis le sommet, ils ont tout loisir de méditer sur la grandeur des Bardenas Reales, une enclave et un mirage au cœur de l’Espagne du Nord.
Le chemin carrossable tracé en corniche au bord de la cuesta ouvre des points de vue plongeants sur l’Aragon agricole et découvre un paysage plus rouge, toujours désert mais couvert de pins et de yeuses. C’est la Plana de la Negra.
Sur le chemin de la peña del Fraile, ultime éminence perdue au-dessus des hangars à brebis, le relief vire en mini canyons, barrancos (vallons) secs et versants crevassés.
L’ensemble du territoire est un refuge pour la faune, à peine dérangée par l’homme : dans cette réserve de la biosphère, protégée par l’Unesco, alouettes, gélinottes, lapins, renards, chats sauvages, sangliers, vautours fauves, aigles royaux, grands-ducs… vivent en paix, de même que les outardes canepetières, géants de ces steppes.
Un dernier coup de rein conduit au sanctuaire de Sancho Abarca. Édifié à partir de 1670 à l’initiative d’un ermite béarnais, il est devenu depuis un lieu fervent de pèlerinage pour Navarrais et Aragonais.
Depuis le sommet, ils ont tout loisir de méditer sur la grandeur des Bardenas Reales, une enclave et un mirage au cœur de l’Espagne du Nord.