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Les énigmes de Saint-Bertrand-de-Comminges

le visiteur peut découvrir quantité de vestiges antiques


Cathédrale et basilique sont les témoins chrétiens bien visibles d’un site hérité de l’Antique, qui cache encore nombre d’inconnues. Depuis plus d’un siècle, archéologues et spécialistes de la romanité sont à son chevet.


Rédigé par Jean-François RUST le Vendredi 12 Juillet 2024

La cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges et la basilique de Valcabrère sont des étapes clefs du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle et classées à ce titre au Patrimoine mondial de l’Unesco - Photo JFR
La cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges et la basilique de Valcabrère sont des étapes clefs du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle et classées à ce titre au Patrimoine mondial de l’Unesco - Photo JFR
Depuis la table d’orientation de Labroquère, la célèbre cathédrale Notre-Dame de Saint-Bertrand-de-Comminges (12-14èmes s.) et la basilique Saint-Just-de-Valcabrère (12ème s.) s’imposent dans le paysage de ce piémont pyrénéen, moins de 20 km au sud-ouest de Saint-Gaudens (Haute-Garonne).

Plus discrets, on y voit aussi les vestiges d’une vaste cité antique, Lugdunum Convenae, dont les plus anciennes reliques remontent à 27 avant J.-C. Rien ne serait en effet arrivé ici s’il n’y avait eu ce préalable romain. A l’entrée du 1er millénaire, l’empereur Auguste rattache la cité gauloise des Convènes à la province d’Aquitaine.

Il en fait sa tête de pont pour la pacification des Pyrénées, favorisée par sa position entre plaine et montagne. Devenue colonie romaine vers 120, un statut privilégié, la ville affiche rapidement une prospérité insolente.

A lire aussi : Le Comminges, terre d’Histoire au cœur de la France profonde

Le site s’étendait sur une trentaine d’hectares. Autour de 2ème s. après J.-C., la population de Lugdunum Convenae oscillait entre 5 000 et 10 000 habitants. Quand au théâtre, il pouvait accueillir 5 000 personnes.

Quid entre l’occupation romaine et le Moyen Âge ?

Des chercheurs spécialisés en Antiquité travaillent à renseigner la période de transition entre l’occupation romaine et le Moyen Âge. Sur place, le visiteur peut découvrir quantité de vestiges antiques. Ils sont disséminés dans la plaine, au pied du village et de la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges.

On trouve ainsi les restes du théâtre et ses gradins ; les fondations du temple et des thermes ; l’étonnante colonne à enceinte circulaire, lieu de croisement de plusieurs voies romaines ; l’esplanade où se tenait le marché, l’un des plus grands de l’empire romain d’Occident ; et, première implantation cultuelle du secteur, les restes d’une basilique paléochrétienne, bâtie au 5ème s. dans les jardins d’une domus d’un membre de l’élite locale. Après trois siècles de persécutions, les chrétiens avaient en effet obtenu le droit de culte, au début du 4ème s.

Saint-Bertrand-de-Comminges : les mystères de Valcabrère…

A deux pas, voici la basilique Saint-Just-de-Valcabrère. Isolée au milieu des champs, elle a été bâtie au 12ème s. avec un nombre considérable de pierres de remploi romaines et paléochrétiennes. Colonnes, chapiteaux, frises, parois de sarcophage… ajoutés au tympan sculpté dans un arc à damiers, au dallage en pierres et galets ainsi qu’à l’autel recouvert d’une table de marbre, confèrent à l’édifice un charme unique.

Si la basilique se trouve là, ce n’est pas par hasard : elle a été construite en partie avec les blocs d’architecture d’une nécropole mitoyenne, occupée du 1er s. avant J.-C. jusqu’aux 10-11èmes s. Objet de fouilles par l’association « Saint-Bertrand Valcabrère Archéologie », cette dernière est loin d’avoir livrée tous ses mystères.

Parmi les éléments exhumés, des ossements et des fragments de céramiques mais aussi un mystérieux mausolée de plus de 100 m², un balsamère (vestiges de rites d’embaumement) et un sarcophage entier avec son couvercle. Pourquoi une basilique a-t-elle été édifiée ici au moment où la nécropole arrivait au terme d’un cycle de 1 000 ans ?

Le seul document attesté de Valcabrère est un parchemin consacrant le maître-autel, daté de 1200. La reprise des fouilles de la nécropole depuis l’été 2022 permettra peut-être aux archéologues d’en savoir plus sur cette transition.

Première cathédrale romane au 11ème s.

S’il est une origine qui est mieux connue, c’est celle de la cathédrale Notre-Dame, à Saint-Bertrand-de-Comminges. L’arrivée en 1083 de Bertrand de L’Isle comme évêque du Comminges marque l’emprise chrétienne sur le territoire.

Une première cathédrale romane est édifiée, elle aussi avec des remplois gallo-romains. Au 12ème s., on y ajoute le clocher-donjon, tandis que le cloître attenant est agrandi. Ce n’est qu’au 14ème s., sous l’influence de l’ex-évêque de Saint-Bertrand-de-Comminges, Bertrand de Got, devenu pape Clément V en Avignon, que la cathédrale prend sa forme actuelle, avec une nef et des chapelles gothiques.

La visite de l’édifice et de son cloître complète parfaitement la découverte chronologique entamée avec les deux basiliques. Si le cloître suscite l’émotion avec ses colonnettes aux chapiteaux sculptés et son ouverture sur le piémont pyrénéen (aménagée à la fin du 19ème s.), que dire de la cathédrale !

A lire aussi : Exemplaire, comment les Comminges relèvent le défi des villes étapes

Incroyable orgue du 16ème s.

A l’intérieur de l’édifice, repère imposant dans la campagne du Comminges (75 m de long, 28 m de haut), la décoration enchante. On est saisi par la beauté du chœur avec ses boiseries polychromes et ses 66 stalles sculptées.

On trouvera élégant le mausolée de Saint-Bertrand et sa châsse rectangulaire. On écarquillera les yeux devant l’incroyable orgue du 16ème s., unique avec sa forme en angle et ses cinq colonnes en chêne le soutenant, dont une intègre une chaire à prêcher. Restauré, l’instrument est « l’arme fatale » du Festival du Comminges, grand événement musical organisé chaque année en juillet et août.

Si l’on ajoute que la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges et la basilique de Valcabrère sont des étapes clefs du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle et classées à ce titre au Patrimoine mondial de l’Unesco, un séjour dans les Pyrénées doit raisonnablement conduire à visiter ce site, témoin majeur du passage entre monde antique et chrétien.

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Commentaires

1.Posté par Jacklin le 16/07/2024 10:06 | Alerter
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Il faut considérer la cité romaine comme centre d'un territoire à la merci des crues de la Garonne et de ses affluents qui étaient dévastatrices car le fond des vallées est plat.
Les montagnes ont été peu peuplées jusqu'au 11 et 12 ème siècles, une grande partie des villages actuels ont vu le jour à ce moment là. Si on dit 5000 à 10000 personnes c'est sur un très vaste territoire qui s'étendait des vallées d'Aure, du Magnoac, à celles du Comminges car les terres bordant les fleuves et rivières n'étaient pas défrichées ou bien asséchées : travail impossible car titanesque et les forêts étaient très étendues. Avec l'emménagement actuel autant de personnes ne pourraient pas y vivre alors à cette époque...
N'oublions pas que à la mitan du 19 ème siècle, la population était quatre fois plus importante que de nos jours et la misère poussa les cadettes et les cadets hors de la région . En cinquante ans soit de 1860/70 jusqu'aux années 1920/30, le pays tout entier autour de Saint Bertrand de Comminges perdit la moitié de ses habitants et tout alla mieux pour les autochtones.
Alors à l'époque romaine 5000 hab dans la cité...
Mais cet article est très, très intéressant. Merci à vous.

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