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Taxirail : et si le train du futur était français ?

La commercialisation de la première rame en 2023


Les petites lignes ferroviaires abandonnées en France en raison de leur faible rentabilité ferment les unes après les autres. Face à cette situation, une start-up française a conçu un nouveau véhicule plus léger, flexible et donc potentiellement rentable en opposition aux actuels TER. Nous vous présentons le Taxirail, de la start-up bretonne Exid C&D.


Rédigé par le Jeudi 3 Janvier 2019

Le Taxirail imaginé par Régis Coat sera commandé par les usagers via une application, première commercialisation estimée en 2023 - Crédit photo : Exid C&D
Le Taxirail imaginé par Régis Coat sera commandé par les usagers via une application, première commercialisation estimée en 2023 - Crédit photo : Exid C&D
Le rail connaît une nouvelle révolution depuis quelques années. Après le TGV, et le projet presque fantasmagorique d'Elon Musk, le ferroviaire se réinvente aussi sur les petites lignes rurales.

Avec le Taxirail de la start-up bretonne Exid C&D, nous sommes loin du "toujours plus vite" affiché par les Hyperloop ou Spacetrain, car l'enjeu est tout autre.

L'objectif est de concevoir un véhicule répondant aux exigences financières et environnementales de notre époque, pour permettre le maintien des liaisons entre les centres urbains de province.

Le maillage territorial un temps assuré par la SNCF est fortement mis à mal depuis quelques années par les réformes successives et le dernier rapport de la Cour des comptes (voir encadré à la fin de l'article) ne devrait pas améliorer les choses.

Cela se traduit par des "fermetures provisoires de petites lignes de plus en plus nombreuses, elles sont plus de 200 en France" se désole Régis Coat le président d'Exid C&D.

"Comme vous le savez bien, le provisoire devient rapidement définitif. " Pour répondre à une demande qui ne serait plus exploitée, la start-up bretonne a conçu un tout nouveau moyen de locomotion : le Taxirail.

Mais qu'est ce que le Taxirail ?

Le projet a vu le jour au cours de l'année 2017. Après quelques mois de réflexion, les plans sont couchés sur papier, et se matérialisent par un véhicule autonome très loin des proportions de l'actuel TER, qu'il souhaite remplacer.

"Notre objectif est de rendre ces trajets attractifs pour les utilisateurs, rentables pour les exploitants et à moindre coût pour la collectivité."

Pour cela, le bureau innovation d'Exid C&D a imaginé un véhicule autonome de seulement 8 tonnes, contre 80 pour une rame de TER, pouvant transporter 40 personnes, et à propulsion en partie électrique. La capacité n'ayant pas été choisie au hasard "car en moyenne ces lignes transportent 30 personnes."

Les vitesses affichées sont loin de celles de l'hyperloop, mais équivalentes au réseau actuel, voire même supérieures sur les routes difficiles. Le compteur du Taxirail pourra monter entre 80 et 110 km/h selon l'état des voies.

"Avec un poids nettement inférieur à celui des TER actuels, il est envisageable d'ouvrir à nouveau des routes fermées pour raison de sécurité," explique le créateur de la start-up.

Pour rendre le projet pérenne pour l'ensemble des parties, les grilles horaires trop contraignantes pour les usagers disparaissent et sont remplacées par une réservation faite via une application. Régis Coat de préciser "les passages seront définis par les usagers et non l'exploitant, ce dernier aura alors une vision réelle du trafic. Il pourra adapter les horaires pour optimiser les voyages."

Ainsi, si aucune réservation n'est effectuée, la navette ne bougera pas, et si une seule personne l'appelle le trajet sera direct. Cela permet de minimiser les coûts et de se rapprocher des réels besoins de la population.

"Il faut se mettre à la place de l'usager" résume Régis Coat.

Où en est la start-up ?

Régis Coat entend convaincre des transporteurs ou exploitants en France mais aussi dans le reste de l'Europe - Crédit photo : Exid C&D
Régis Coat entend convaincre des transporteurs ou exploitants en France mais aussi dans le reste de l'Europe - Crédit photo : Exid C&D
Après une année 2017 de conceptualisation, 2018 étant celle du montage du projet, 2019 représentera celle de la conception.

L'objectif étant d'être fin prêt pour une commercialisation pour 2023. Pourquoi cette date ? Pour répondre aux besoins qui découleront de la privatisation des lignes régionales. Si l'échéance paraît lointaine "de nombreux contacts avec des exploitants, des constructeurs et déjà des régions ont été noués" se félicite Régis Coat.

Avec un prix de construction inférieur de 5 à 10 fois à ceux des actuels TER, les sollicitations ne devraient pas manquer dans les mois à venir. Pour payer la dizaine de personnes travaillant sur le Taxirail des investisseurs vont très prochainement rejoindre le projet, "nous contractualisons avec eux en ce moment même. Il est encore trop tôt pour révéler des noms."

Et à l'avenir, pour pérenniser l'entreprise Exid C&D veut s'appuyer sur un modèle économique novateur, car la start-up ne souhaite pas devenir le constructeur du véhicule, ni l'exploitant des lignes.

"Nous réfléchissons actuellement à notre façon de rentabiliser notre idée. Cela peut être la création d'une joint-venture avec un acteur du ferroviaire ou une société qui souhaite devenir propriétaire du système," précise le président de la jeune pousse.

Si le marché français parait naturel, le Taxitrain connaît des marques d'intérêt en dehors des frontières Hexagonales. Que ce soit aux USA et en Suisse "où nous travaillons sur le projet d'un petit tram. Nous regardons sur l'ensemble du continent européen et au-delà."

Exid CD face à un problème législatif ?

D'autant, que la possibilité de voir un véhicule autonome sur le territoire français est loin d'être actée. Exid CD fait face, comme Tesla, à une problématique législative.

"Actuellement, la loi ne prévoit pas la circulation d'un train autonome. Nous pourrions nous orienter sur les voies déclassées, ce qui nous permettrait de ne pas croiser d'autres trains."

Toutefois, pour bouger les lignes, des discussions ont été entamées avec des députés, afin de faire émerger des propositions de loi sur le sujet.

Dans le même temps, la SNCF a fondé deux consortiums pour la conception de trains autonomes, ce qui pourrait indiquer une prochaine évolution législative.

En attendant, Exid CD devra rassembler plusieurs millions pour créer son véhicule autonome. Elle fera sans doute face à une vague de scepticisme "de ceux qui mènent un combat d'arrière-garde contre les projets qui veulent faire bouger les lignes" conclut Régis Coat.

Avec Spacetrain et le Taxirail, l'avenir du ferroviaire pourrait bien se jouer sur le territoire français.

Pour la Cour des comptes "le modèle financier de la SNCF est en échec"

La juridiction administrative française suit de près le dossier de la privatisation du rail et son dernier rapport ne fait pas dans la dentelle. Si les réformes annoncées par le président Macron à l'automne dernier vont dans le bon sens, elles ne seraient toutefois pas suffisantes.

La Cour des comptes épingle, dans son rapport du 4 décembre 2018, le transporteur national, dont "le modèle financier est en échec". La reprise d'une partie de la dette par l'Etat ne suffira pas, la SNCF va devoir continuellement améliorer la performance de l’entreprise, pour éviter de voir un endettement excessif se reconstituer.

Dans le même temps, l'instance pointe du doigt un réseau dont "la fiabilité demeure préoccupante en raison des défaillances d’infrastructures". Si le vieillissement a été stoppé par d'importants investissements, le stade de la modernisation durable du réseau est encore lointain.

Et pour tendre vers un équilibre économique durable le rapport recommande "de réaliser le bilan socio-économique de chacune des lignes du réseau secondaire, pour étudier leur devenir en liaison avec les régions."

Ainsi, il est de plus en plus probable que la SNCF tende à abandonner un nombre croissant de petites lignes dans les années à venir pour se concentrer vers les routes rentables. Les régions auront alors le soin d'assurer ce service public.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par DEBANO le 08/01/2019 15:51 | Alerter
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Décidément, en matière de transport, l’imagination des Bretons ne joue pas en faveur du transport ferroviaire. On a eu les bonnets rouges qui ont empêché les ressources qui auraient permis de développer le rail. On a aujourd’hui le Taxirail qui va être bien utile pour ne rien faire pour les lignes ferroviaires secondaires en attendant cette solution miracle. L’autorail léger à 2 essieux des années 80, une idée bretonne qui s’est traduite par un échec, avait bien servi la SNCF pour ne rien faire en matière de modernisation de l’exploitation de ces lignes secondaires. Car ce n’est pas le matériel roulant le gros du problème, mais bien l’exploitation et l’action commerciale. Alors, pour justifier le Taxirail, on part d’affirmations fausses (un TER pèserait 80 tonnes, mais on oublie le X73500 qui ne pèse que 48 tonnes), et on suggère un véhicule ferroviaire de 8 tonnes seulement pour transporter 40 personnes alors qu’un autocar de capacité identique a un poids à vide de 10 - 11 tonnes. Et bien évidemment, en matière d’exploitation ferroviaire, il y a bien d’autres choses à régler que le simple véhicule. Alors arrêtons SVP toutes ces fariboles (autorail léger à essieux, train à hydrogène, Taxirail, …) censées sauver les lignes ferroviaires, et qui sont bien utiles à la SNCF pour masquer son incapacité à exploiter intelligemment ces lignes. De l’autre coté de nos frontières, on exploite à moindre coût et avec une excellente qualité de service, des lignes ferroviaires rurales ou périurbaines sans recourir à ces gadgets évoqués plus avant.

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