Vienne, qui peut se glorifier de compter 50% d’espaces verts, est en train de réussir le pari d’être « une smart et walkable city » - DR : DepositPhotos.com, MaykovNikita
L’Université de Milan parmi tant d’autres, vient de publier un rapport intitulé : « La renaissance de la ville comme opportunité économique et sociale, entre réalité, perceptions et espoirs ».
Réunissant les travaux de 15 chercheurs, ce rapport (auquel j’ai participé) insiste sur la transformation de la ville et de ses imaginaires, notamment depuis la fin du vingtième siècle, depuis que leur essor démographique parfois non maîtrisé a transformé le vécu des urbains et par la même occasion celui des visiteurs.
Répertoriant toutes sortes de stratégies, le rapport évoque l’époque des grands travaux emblématiques (notamment musées, centres commerciaux, espaces verts ), celle de l’accélération des connexions aériennes et ferroviaires, celle de l’explosion de l’offre événementielle sportive et festive qui, aujourd’hui encore, continue d’alimenter la compétition entre des villes comme Lyon, Paris, Marseille ou Barcelone, Lisbonne, Amsterdam, Porto, Berlin…
Enfin, le rapport fait la part belle aux analyses des démarches durables mises en chantier partout afin de protéger la population résidente et touristique…
Réunissant les travaux de 15 chercheurs, ce rapport (auquel j’ai participé) insiste sur la transformation de la ville et de ses imaginaires, notamment depuis la fin du vingtième siècle, depuis que leur essor démographique parfois non maîtrisé a transformé le vécu des urbains et par la même occasion celui des visiteurs.
Répertoriant toutes sortes de stratégies, le rapport évoque l’époque des grands travaux emblématiques (notamment musées, centres commerciaux, espaces verts ), celle de l’accélération des connexions aériennes et ferroviaires, celle de l’explosion de l’offre événementielle sportive et festive qui, aujourd’hui encore, continue d’alimenter la compétition entre des villes comme Lyon, Paris, Marseille ou Barcelone, Lisbonne, Amsterdam, Porto, Berlin…
Enfin, le rapport fait la part belle aux analyses des démarches durables mises en chantier partout afin de protéger la population résidente et touristique…
Vienne : trente ans de mutations continues
Sur ce sujet majeur, prenons le cas de Vienne.
Élue régulièrement « ville la plus agréable vivre » par différents classements dont celui de Mercer, la capitale autrichienne a longtemps été cantonnée à son offre culturelle classique, tant musicale que muséale.
Elle qui séduisait depuis des lustres par le frou frou des robes des valseuses, le souvenir de l’impératrice Sissi, les fastes de Schönbrunn, les œuvres de Klimt… s’est soudain muée au début du nouveau millénaire, en capitale « branchée » tournée vers les jeunes.
Mettant en avant une offre d’événements culturels de plein air ( qui a fait école) comme le cinéma, le théâtre, les concerts gratuits dans les parcs, les nuits blanches, les plages urbaines, elle les a accompagnés par le développement d’un nouveau quartier de musées, la mise en valeur de ces institutions historiques que sont les cafés, son shopping et sa nouvelle génération de Boutique Hôtels et de restaurants « bistronomiques ».
Effectuant ainsi un virage à 360 degrés, elle a pu cibler une clientèle plus attirée par la pop musique que par les œuvres de Strauss et peu dérangées par le souvenir des années noires de l’histoire autrichienne.
Élue régulièrement « ville la plus agréable vivre » par différents classements dont celui de Mercer, la capitale autrichienne a longtemps été cantonnée à son offre culturelle classique, tant musicale que muséale.
Elle qui séduisait depuis des lustres par le frou frou des robes des valseuses, le souvenir de l’impératrice Sissi, les fastes de Schönbrunn, les œuvres de Klimt… s’est soudain muée au début du nouveau millénaire, en capitale « branchée » tournée vers les jeunes.
Mettant en avant une offre d’événements culturels de plein air ( qui a fait école) comme le cinéma, le théâtre, les concerts gratuits dans les parcs, les nuits blanches, les plages urbaines, elle les a accompagnés par le développement d’un nouveau quartier de musées, la mise en valeur de ces institutions historiques que sont les cafés, son shopping et sa nouvelle génération de Boutique Hôtels et de restaurants « bistronomiques ».
Effectuant ainsi un virage à 360 degrés, elle a pu cibler une clientèle plus attirée par la pop musique que par les œuvres de Strauss et peu dérangées par le souvenir des années noires de l’histoire autrichienne.
Vienne, une grande ferme urbaine !
Ainsi, en 2022, après des années de Covid et une progression régulière de sa fréquentation, la capitale a-t-elle réussi à remonter la pente sur le plan touristique.
De janvier à septembre, elle a réussi à accueillir quelque 9 millions de nuitées dont une grande partie en provenance d’Autrichiens mais aussi d’Allemands, Italiens, Israéliens, Nord-Américains, alors que les nuitées françaises sur la même période étaient de l’ordre de 215 000.
Mais, ne comptant pas en rester là , les autorités touristiques ont décidé de jouer une autre carte grâce à la nouvelle signature : « The city of vision ». Accompagné par le prospectiviste Andreas Reiter que nous avons rencontré, l’OT entend ainsi d’emblée dire sa différence et son caractère de pionnier.
Premier point : Vienne, qui peut d’ores et déjà se glorifier de compter 50% d’espaces verts, est en train de réussir le pari d’être « une smart et walkable city ».
D’une part en incitant population résidente et touristes à utiliser les transports en commun qui sont effectivement très performants (50% de la population détient un Pass et 26% des déplacements seulement se font en voiture).
D’autre part, en développant les « micro mobilités » comme le vélo ou la trottinette. Mais, relativement banal, cet aspect du programme est loin d’être le seul.
Le nouveau grand défi que se lance la ville consiste aussi à continuer de développer l’agriculture biologique, sur des terrains lui appartenant. Elle est déjà l’une des plus grandes fermes bio d’Autriche.
À travers le label « Wiener Gusto », elle dispose aussi de sa propre appellation en matière de produits biologiques directement issus des terres agricoles de la ville. Les agriculteurs bio de Vienne vendent d’ailleurs leurs fruits et légumes directement à la ferme et sur des grands marchés de plus en plus populaires.
La capitale est même la seule métropole de plus d’un million d’habitants à pratiquer sur son sol une viticulture digne de ce nom. Ainsi, Vienne produit en moyenne 2,4 millions de litres de vin par an dont un tiers environ en biodynamie.
De janvier à septembre, elle a réussi à accueillir quelque 9 millions de nuitées dont une grande partie en provenance d’Autrichiens mais aussi d’Allemands, Italiens, Israéliens, Nord-Américains, alors que les nuitées françaises sur la même période étaient de l’ordre de 215 000.
Mais, ne comptant pas en rester là , les autorités touristiques ont décidé de jouer une autre carte grâce à la nouvelle signature : « The city of vision ». Accompagné par le prospectiviste Andreas Reiter que nous avons rencontré, l’OT entend ainsi d’emblée dire sa différence et son caractère de pionnier.
Premier point : Vienne, qui peut d’ores et déjà se glorifier de compter 50% d’espaces verts, est en train de réussir le pari d’être « une smart et walkable city ».
D’une part en incitant population résidente et touristes à utiliser les transports en commun qui sont effectivement très performants (50% de la population détient un Pass et 26% des déplacements seulement se font en voiture).
D’autre part, en développant les « micro mobilités » comme le vélo ou la trottinette. Mais, relativement banal, cet aspect du programme est loin d’être le seul.
Le nouveau grand défi que se lance la ville consiste aussi à continuer de développer l’agriculture biologique, sur des terrains lui appartenant. Elle est déjà l’une des plus grandes fermes bio d’Autriche.
À travers le label « Wiener Gusto », elle dispose aussi de sa propre appellation en matière de produits biologiques directement issus des terres agricoles de la ville. Les agriculteurs bio de Vienne vendent d’ailleurs leurs fruits et légumes directement à la ferme et sur des grands marchés de plus en plus populaires.
La capitale est même la seule métropole de plus d’un million d’habitants à pratiquer sur son sol une viticulture digne de ce nom. Ainsi, Vienne produit en moyenne 2,4 millions de litres de vin par an dont un tiers environ en biodynamie.
Des hôtels qui vont de l’avant
Par ailleurs, en matière d’hôtellerie, elle devient pionnière avec un nombre imposant de Boutiques hôtels et quelques fleurons expérimentaux comme The Wood. Un hôtel en bois et en verre dont la construction a nécessité 1 500 épicéas utilisés à 100% en provenance de forêts gérées durablement.
Autre exemple : le Boutique-hôtel Stadthalle, le premier hôtel dans toute l’Europe au bilan énergétique neutre ou le Magdas hôtel, un « hôtel social » dont le personnel est composé de personnes aux vécus uniques arrivant des quatre coins du monde.
Attachant une importance particulière à l'apprentissage, cet hôtel forme un nouveau personnel sans distinction d'origine, de religion, de langue ou de couleur de peau et permet à certains réfugiés de travailler dans une période difficile. De plus, l’hôtel joue à fond la carte du recyclage et « upcyclage » avec des restaurants aux plats bio, végétariens et issus du commerce équitable.
D’une façon plus générale, dans le domaine de l’hébergement touristique, Vienne n’est pas victime d’un excès de locations de particulier à particulier. Airbnb n’y fait pas des ravages.
Pourquoi ? Selon Andreas Reiter : « Cela tient au fait que 60% des habitations de la ville sont des logements sociaux que des successions de dirigeants socialistes ont toujours encouragés. Donc d’une part, il est interdit de sous louer, d’autre part, les habitants n’ont pas besoin de ce complément de revenus ! » Fallait y penser !
Autre exemple : le Boutique-hôtel Stadthalle, le premier hôtel dans toute l’Europe au bilan énergétique neutre ou le Magdas hôtel, un « hôtel social » dont le personnel est composé de personnes aux vécus uniques arrivant des quatre coins du monde.
Attachant une importance particulière à l'apprentissage, cet hôtel forme un nouveau personnel sans distinction d'origine, de religion, de langue ou de couleur de peau et permet à certains réfugiés de travailler dans une période difficile. De plus, l’hôtel joue à fond la carte du recyclage et « upcyclage » avec des restaurants aux plats bio, végétariens et issus du commerce équitable.
D’une façon plus générale, dans le domaine de l’hébergement touristique, Vienne n’est pas victime d’un excès de locations de particulier à particulier. Airbnb n’y fait pas des ravages.
Pourquoi ? Selon Andreas Reiter : « Cela tient au fait que 60% des habitations de la ville sont des logements sociaux que des successions de dirigeants socialistes ont toujours encouragés. Donc d’une part, il est interdit de sous louer, d’autre part, les habitants n’ont pas besoin de ce complément de revenus ! » Fallait y penser !
Les musées verts et leur label
Autre point : depuis 2018, le Label écologique autrichien destiné à toutes sortes d’établissements notamment hôtels et restaurants (inspiré par l’artiste Hundertwasser), se développe.
D’autant plus qu’il certifie des musées qui doivent respecter une longue liste de critères comme : une offre de formations, l'utilisation d'électricité verte à 100 %, un concept de tri des déchets pour faciliter le recyclage, l'utilisation d'un éclairage économe en énergie et de sanitaires économes en eau, l'accessibilité, une gestion de la diversité, la priorité aux aliments régionaux et bio dans la restauration, l'utilisation de papier recyclé et l'élimination d'emballages dans la boutique du musée…
Autre aspect de la stratégie viennoise : la fragmentation de la ville en quartiers pouvant vivre de manière autonome, tout en étant connectés les uns aux autres par l’excellent réseau de transports en commun de la ville.
« On fait en sorte que les gens n’aient pas à trop se déplacer en leur fournissant dans leurs quartiers tous les services nécessaires ». Y compris des espaces verts qu’ils peuvent entretenir et partager.
D’autant plus qu’il certifie des musées qui doivent respecter une longue liste de critères comme : une offre de formations, l'utilisation d'électricité verte à 100 %, un concept de tri des déchets pour faciliter le recyclage, l'utilisation d'un éclairage économe en énergie et de sanitaires économes en eau, l'accessibilité, une gestion de la diversité, la priorité aux aliments régionaux et bio dans la restauration, l'utilisation de papier recyclé et l'élimination d'emballages dans la boutique du musée…
Autre aspect de la stratégie viennoise : la fragmentation de la ville en quartiers pouvant vivre de manière autonome, tout en étant connectés les uns aux autres par l’excellent réseau de transports en commun de la ville.
« On fait en sorte que les gens n’aient pas à trop se déplacer en leur fournissant dans leurs quartiers tous les services nécessaires ». Y compris des espaces verts qu’ils peuvent entretenir et partager.
Vers une ville du XXIe siècle
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Enfin, la ville de Vienne qui poursuit depuis 1999 un programme ambitieux de transition écologique et qui a, dès 2011, lancé une vaste stratégie intitulée « Smart City Wien » couvrant tous les domaines de la vie urbaine, est aussi à la tête d’un projet exceptionnel : l’ « Aspern Die Seestadt Wiens », dans le 22e arrondissement, consistant en une ville futuriste étalée sur 270 ha.
Mettant l’accent sur une gestion raisonnée et responsable des ressources, ce projet implique la construction, en plusieurs étapes d’ici 2028, de logements haut de gamme pouvant héberger 20 000 personnes et de la création de presque autant d’emplois. Le tout sur fond d’urbanisme permettant de relier logement et travail de façon optimale !
Quant au tourisme, comment va-t-il être intégré ? En fait, pour les responsables de la ville, tout ce qui est prévu pour la population sert la cause des touristes qui pourront trouver dans cette capitale une destination de taille humaine, que l’on peut visiter à pied ou en transports en commun, ou vélo, et qui ne court aucun risque de surtourisme car, miracle, les liaisons low cost restent particulièrement raisonnables tandis que les trains de nuit pour leur part, poursuivent leur essor.
Pendant ce temps, notons que Paris se glorifie de grimper les échelons du GDS Index en se situant parmi les 30 premières villes.
Mais deux autres cités françaises se trouvent respectivement à la 5e et 11e place : il s’agit de Bordeaux et Lyon !
Mettant l’accent sur une gestion raisonnée et responsable des ressources, ce projet implique la construction, en plusieurs étapes d’ici 2028, de logements haut de gamme pouvant héberger 20 000 personnes et de la création de presque autant d’emplois. Le tout sur fond d’urbanisme permettant de relier logement et travail de façon optimale !
Quant au tourisme, comment va-t-il être intégré ? En fait, pour les responsables de la ville, tout ce qui est prévu pour la population sert la cause des touristes qui pourront trouver dans cette capitale une destination de taille humaine, que l’on peut visiter à pied ou en transports en commun, ou vélo, et qui ne court aucun risque de surtourisme car, miracle, les liaisons low cost restent particulièrement raisonnables tandis que les trains de nuit pour leur part, poursuivent leur essor.
Pendant ce temps, notons que Paris se glorifie de grimper les échelons du GDS Index en se situant parmi les 30 premières villes.
Mais deux autres cités françaises se trouvent respectivement à la 5e et 11e place : il s’agit de Bordeaux et Lyon !
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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