Voyage d'affaires : les mesures américaines refroidissent le secteur mondial

Alors que les prévisions pour les voyages d’affaires mondiaux s’annonçaient florissantes il y a encore quelques mois, l’enthousiasme s’est nettement estompé.

En cause : les récentes décisions politiques des États-Unis, qui pèsent lourdement sur les perspectives 2025 du secteur.

Un sondage mené par la Global Business Travel Association (GBTA) auprès de plus de 900 professionnels à travers 45 pays met en lumière une inquiétude croissante.

Près d’un tiers (29%) des acheteurs de voyages internationaux anticipent une baisse du volume de voyages d’affaires dans leur organisation l’an prochain, soit une chute moyenne estimée à 21%. Ce recul potentiel intervient dans un contexte où les dépenses mondiales de voyages d’affaires étaient pourtant projetées à 1,63 billion de dollars US pour 2025. L’impact pourrait se chiffrer à près de 88 milliards de dollars en pertes.

Du côté des fournisseurs et des intermédiaires (TMC, agences), 37% s’attendent également à une diminution de leurs revenus liés à ce segment, à hauteur de 18% en moyenne. Une contraction qui affecte déjà la confiance dans le marché : seuls 31% des professionnels interrogés se disent encore optimistes quant à l’année à venir, contre 67% en novembre 2024.

Ce net recul de la confiance s’explique par une série de mesures adoptées par l’administration américaine : augmentation des droits de douane, restrictions d’entrée pour certains voyageurs, avertissements de voyage visant les États-Unis, politiques transfrontalières plus strictes et limitation des déplacements professionnels des fonctionnaires fédéraux. Résultat : un climat d’incertitude pesant sur les décisions d’investissement, les déplacements d’équipes et la tenue d’événements.

Lire aussi : Effet Trump : quel impact sur les déplacements professionnels ?

« Les voyages d’affaires sont essentiels à la croissance économique, à la diplomatie et à la création de valeur, rappelle Suzanne Neufang, PDG de la GBTA. Les barrières politiques et l’instabilité économique mettent en péril la prospérité d’un secteur déjà éprouvé par la pandémie et toujours en reconstruction. »

Face à ces bouleversements, les entreprises commencent à adapter leur politique de déplacements :

7% des organisations acheteuses ont d’ores et déjà modifié leurs politiques pour les trajets impliquant les États-Unis.

25% envisagent de le faire prochainement.

20% ont annulé, déplacé ou retiré leur participation à des événements prévus sur le sol américain.

Hors États-Unis, les entreprises sont trois fois plus nombreuses à envisager une relocalisation de leurs événements.

Parmi les préoccupations majeures évoquées par les répondants : les coûts de voyage accrus (54%), les restrictions budgétaires (40%) et les nouvelles complexités administratives (visas, formalités, etc.). À cela s’ajoutent les réticences croissantes des collaborateurs à se rendre aux États-Unis (37%) et les contraintes accrues en matière de sécurité et de devoir de diligence.

Enfin, 23% des professionnels interrogés indiquent connaître personnellement quelqu’un dont les déplacements ont été affectés par les récentes politiques américaines. Un chiffre révélateur de la portée concrète de ces mesures sur le terrain.