A La Badira, l'ombre joue avec la lumière
La porte blanche à deux battants s'ouvre et le visiteur pénètre dans un univers fait de pureté et de blancheur.
Installée dans un quartier résidentiel de Hammamet où le rouge, le rose, le jaune et le violets des bougainvilliers colorent les murs blancs des belles propriétés, La Badira s'affiche comme l'hôtel le plus luxueux de Hammamet en Tunisie.
A lire aussi : Voyage Tunisie : les conditions d'entrée
Au bout d'une longue colonnade blanche, son immense terrasse s'ouvre sur l'infini de la Méditerranée qu'ourle, en contrebas, une plage de sable blond.
Dans les vastes espaces du rez-de-chaussée, le blanc inonde les murs, la lumière joue avec l'ombre et avec les claustras en bois ou en fer forgé, les luminaires ajourés sont noirs, comme, parfois, les tours des portes. Le nom de l'hôtel n'a été choisi par hasard : Badira signifie "resplendissante comme la pleine lune" en arabe.
Lire aussi : La Tunisie rétablit la carte d'identité pour voyager
Si La Badira a opté pour un décor épuré, avec à peine, ici et là , une touche de décoration orientale, elle invite aussi le visiteur à plonger dans l'univers du voyage de la première moitié du XXe siècle, une période ou de nombreux peintres et écrivains, séduits par la lumière et la beauté d'Hammamet en firent un lieu de résidence privilégie, assurant sa renommée internationale. Un juste retour des choses car cette ville a alors inspiré Jean Cocteau, Paul Klee ou August Macke.
Des photos jaunies de "Tunis La Blanche" et de la Médina (vieille ville) d'Hammamet viennent rappeler le temps passé. Tout comme les vieilles affiches touristiques de style colonial vantant les circuits nord-africains du Touring-Club de France. Et aussi plusieurs malles anciennes en bois et cuir.
Installée dans un quartier résidentiel de Hammamet où le rouge, le rose, le jaune et le violets des bougainvilliers colorent les murs blancs des belles propriétés, La Badira s'affiche comme l'hôtel le plus luxueux de Hammamet en Tunisie.
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Au bout d'une longue colonnade blanche, son immense terrasse s'ouvre sur l'infini de la Méditerranée qu'ourle, en contrebas, une plage de sable blond.
Dans les vastes espaces du rez-de-chaussée, le blanc inonde les murs, la lumière joue avec l'ombre et avec les claustras en bois ou en fer forgé, les luminaires ajourés sont noirs, comme, parfois, les tours des portes. Le nom de l'hôtel n'a été choisi par hasard : Badira signifie "resplendissante comme la pleine lune" en arabe.
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Si La Badira a opté pour un décor épuré, avec à peine, ici et là , une touche de décoration orientale, elle invite aussi le visiteur à plonger dans l'univers du voyage de la première moitié du XXe siècle, une période ou de nombreux peintres et écrivains, séduits par la lumière et la beauté d'Hammamet en firent un lieu de résidence privilégie, assurant sa renommée internationale. Un juste retour des choses car cette ville a alors inspiré Jean Cocteau, Paul Klee ou August Macke.
Des photos jaunies de "Tunis La Blanche" et de la Médina (vieille ville) d'Hammamet viennent rappeler le temps passé. Tout comme les vieilles affiches touristiques de style colonial vantant les circuits nord-africains du Touring-Club de France. Et aussi plusieurs malles anciennes en bois et cuir.
Mouna, femme de coeur et de tête
La Badira est intimement liée à l'histoire de Mouna ben Halima. A 25 ans, alors qu'elle venait juste de terminer ses études de gestion à Paris, elle a dû prendre la suite de son père, décédé prématurément, à la tête de l'entreprise familiale de promotion immobilière et hôtellerie.
Pendant la "révolution du Jasmin" qui a mis à bas la dictature du président Zine el-Abidine Ben Ali, cette femme de tête et de cœur s'est engagée aux côtés des pro-démocratie, puis a fondé avec d'autres bénévoles, Tounsa.
Avec cette association d'éducation civique, elle a sillonné en bus les campagnes tunisiennes pour aller à la rencontre des laissés pour compte et les inciter à voter.... Elle a alors découvert à quel point les rêves de démocratie étaient ceux d'une élite, à quel point aussi beaucoup de Tunisiens vivaient dans une extrême pauvreté.
Quand elle est revenue à ses affaires familiales, fin 2012, Mouna Ben Halima avait en tête qu'il était de son devoir d'investir dans l'économie et de créer des emplois. Elle savait aussi que du temps de Ben Ali, le tourisme tunisien centré sur une hôtellerie moyenne gamme et "all inclusive", souffrait d'une image médiocre. Elle a fait le pari de contribuer à élever les standards de l'hôtellerie locale.
Son retour a donc pris la forme d'un projet d'hôtel de luxe, à Hammamet.
Pendant la "révolution du Jasmin" qui a mis à bas la dictature du président Zine el-Abidine Ben Ali, cette femme de tête et de cœur s'est engagée aux côtés des pro-démocratie, puis a fondé avec d'autres bénévoles, Tounsa.
Avec cette association d'éducation civique, elle a sillonné en bus les campagnes tunisiennes pour aller à la rencontre des laissés pour compte et les inciter à voter.... Elle a alors découvert à quel point les rêves de démocratie étaient ceux d'une élite, à quel point aussi beaucoup de Tunisiens vivaient dans une extrême pauvreté.
Quand elle est revenue à ses affaires familiales, fin 2012, Mouna Ben Halima avait en tête qu'il était de son devoir d'investir dans l'économie et de créer des emplois. Elle savait aussi que du temps de Ben Ali, le tourisme tunisien centré sur une hôtellerie moyenne gamme et "all inclusive", souffrait d'une image médiocre. Elle a fait le pari de contribuer à élever les standards de l'hôtellerie locale.
Son retour a donc pris la forme d'un projet d'hôtel de luxe, à Hammamet.
Hôtel La Badira : 130 suites avec vue sur la Méditerranée
Pour faire La Badira, Mouna Ben Halima n'est pas partie de zéro. Elle a en effet conservé la structure d'un 4 étoiles que son père possédait sur place, mais elle l'a entièrement transformé.
C'est seulement après un an et neuf mois de travaux pharaoniques que La Badira a été inaugurée, à la fin décembre 2024. Une petite merveille avec ses 120 suites junior, ayant, toutes, vue sur la Méditerranée. Pour que cela soit possible, l'architecte a dû ruser : il lui a fallu concevoir des chambres tout en longueur, à demi-ouvertes sur l'espace salle de bain. La vue sublime, l'espace, la décoration dans des tons blancs ou beige pâle font oublier cet inconvénient.
S'y ajoutent 10 suites d'exception dont 6 suites "Légendes" de 160 m2, évoquant chacune l'univers d'un des artistes tombés sous le charme d'Hammamet au XXe siècle, par exemple les peintres Paul Klee et August Macke, l'actrice Claudia Cardinale, l'aristocrate et dandy roumain Georges Sebastian, l'Américaine Wallis Simpson ou encore l'écrivain français Jean Cocteau. Chacune a une décoration unique qui évoque l'univers de la personnalité à laquelle elle est dédiée et possède sa propre piscine privée.
Lire aussi : "En Tunisie, la reprise du tourisme devrait se confirmer en 2023"
Soucieux d'attirer une clientèle d'affaires, La Badira s'est également équipée d'imposantes salles de réunions et de banquets. Ces espaces, généreux, peuvent aussi héberger des mariages et autres événements spéciaux.
Installée dès mon arrivée dans une suite junior, c'est d'abord l'envie de m'asseoir dans un fauteuil sur le balcon qui m'a pris. Pour regarder tranquillement la Méditerranée. Un moment de pur bonheur.
C'est seulement après un an et neuf mois de travaux pharaoniques que La Badira a été inaugurée, à la fin décembre 2024. Une petite merveille avec ses 120 suites junior, ayant, toutes, vue sur la Méditerranée. Pour que cela soit possible, l'architecte a dû ruser : il lui a fallu concevoir des chambres tout en longueur, à demi-ouvertes sur l'espace salle de bain. La vue sublime, l'espace, la décoration dans des tons blancs ou beige pâle font oublier cet inconvénient.
S'y ajoutent 10 suites d'exception dont 6 suites "Légendes" de 160 m2, évoquant chacune l'univers d'un des artistes tombés sous le charme d'Hammamet au XXe siècle, par exemple les peintres Paul Klee et August Macke, l'actrice Claudia Cardinale, l'aristocrate et dandy roumain Georges Sebastian, l'Américaine Wallis Simpson ou encore l'écrivain français Jean Cocteau. Chacune a une décoration unique qui évoque l'univers de la personnalité à laquelle elle est dédiée et possède sa propre piscine privée.
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Soucieux d'attirer une clientèle d'affaires, La Badira s'est également équipée d'imposantes salles de réunions et de banquets. Ces espaces, généreux, peuvent aussi héberger des mariages et autres événements spéciaux.
Installée dès mon arrivée dans une suite junior, c'est d'abord l'envie de m'asseoir dans un fauteuil sur le balcon qui m'a pris. Pour regarder tranquillement la Méditerranée. Un moment de pur bonheur.
Saveurs tunisiennes
Un peu plus tard, ce sont les espaces du rez-de-chaussée qui attirent : bibliothèque, coins cheminée, bar à cocktails et fauteuils ou divans douillets installés dans des recoins vitrés à l'allure d'alcôves. Chaque soir, j'y suis donc restée un moment pour papoter devant un verre, avant d'aller dîner.
Pour le premier soir, rendez-vous dans l'un des deux restaurants signature de La Badira : Adra affiche un cachet local bien à lui et revisite la gastronomie tunisienne, avec une touche de modernité. Pas de doute cependant : on est bien au bord de la Méditerranée et l'offre de produits de la mer est abondante et inventive.
Pour ce premier dîner sur le sol tunisien, cela a donc été un carpaccio de poulpe en entrée. Il a été suivi d'un bar farci aux épinards et à la ricotta, parfaitement cuit et rehaussé de saveurs subtiles. Un assortiment de fruits de saison est venu fort à propos couronner ce repas.
Pour le premier soir, rendez-vous dans l'un des deux restaurants signature de La Badira : Adra affiche un cachet local bien à lui et revisite la gastronomie tunisienne, avec une touche de modernité. Pas de doute cependant : on est bien au bord de la Méditerranée et l'offre de produits de la mer est abondante et inventive.
Pour ce premier dîner sur le sol tunisien, cela a donc été un carpaccio de poulpe en entrée. Il a été suivi d'un bar farci aux épinards et à la ricotta, parfaitement cuit et rehaussé de saveurs subtiles. Un assortiment de fruits de saison est venu fort à propos couronner ce repas.
Une plaine immense peuplée d'oliviers
Depuis le village haut-perché de Takrouna, la vue est époustouflante sur la plaine peuplée d'oliviers (Photo Paula Boyer)
Si La Badira est un lieu idéal pour décompresser. Elle l'est également pour partir à la découverte d' une Tunisie restée plus authentique que celle de ses stations balnéaires tant appréciées des touristes étrangers.
Persuadée que les richesses culturelles et les sites archéologiques de son pays méritent d'être mieux connues, Mouna Ben Halima s'emploie d'ailleurs à encourager leurs découvertes. La Badira propose à ses clients des séjours thématiques à des prix qui reflètent le "luxe abordable" dont peut, à bon droit, se prévaloir cet hôtel.
Par exemple un séjour intitulé "Patrimoine culinaire et culturel" de 4 jours (650 euros par personne, vol non inclus) qui comprend le transfert depuis l'aéroport de Tunis, trois nuits à La Badira, un soin dans son Spa, une escapade sur les hauteurs d'Hammamet avec un cours de cuisine dans un gîte rural, ensuite une découverte d'Hammamet ville, puis le lendemain une visite des vestiges de la cité antique de Carthage et une promenade dans le pittoresque village de Sidi Bou Saïd qui surplombe la Méditerranée.
Autre proposition à tonalité culturelle de La Badira, un séjour de quatre jours (720 €, vol non compris) sur le thème des "villages méconnus", toujours avec trois nuits à La Badira et un soin dans son Spa.
En compagnie de Slim Ajabi, un guide érudit et merveilleusement francophone recruté par La Badira, la visite que j’ai faite de quelques-uns de ces villages s'est révélée particulièrement intéressante.
Cet homme, en effet, est intarissable sur les diverses civilisations (phénicienne, carthaginoise, romaine, byzantine, etc.) qui se sont succédé sur ce territoire à l'origine peuplé de Berbères. Il ne laisse rien ignorer non plus de la conquête de la Tunisie par les Arabes à partir du VIIe siècle, de la tutelle plus tard de l'empire ottoman, de l'arrivée des Français ni des premières années de l'indépendance sous la conduite de Habib Bourguiba...
Après trois quart d'heure de route dans une plaine immense et aride peuplée d'innombrables oliviers, d'orangers et de champs de légumes, de petits bourgs faits de maisons blanchies à la chaux et de touffes de figuiers de barbarie en fleurs, une route pentue grimpe jusqu'à un gros piton rocheux. C'est là que s'accroche le village de Takrouna.
De là -haut, la vue est à couper le souffle -et ce n'est pas juste une formule !- sur la plaine, sur le golfe de Hammamet, sur Hergla, Sousse, Zaghouan ainsi que la plaine de Kairouan ! Un autre monde à portée de regard.
Persuadée que les richesses culturelles et les sites archéologiques de son pays méritent d'être mieux connues, Mouna Ben Halima s'emploie d'ailleurs à encourager leurs découvertes. La Badira propose à ses clients des séjours thématiques à des prix qui reflètent le "luxe abordable" dont peut, à bon droit, se prévaloir cet hôtel.
Par exemple un séjour intitulé "Patrimoine culinaire et culturel" de 4 jours (650 euros par personne, vol non inclus) qui comprend le transfert depuis l'aéroport de Tunis, trois nuits à La Badira, un soin dans son Spa, une escapade sur les hauteurs d'Hammamet avec un cours de cuisine dans un gîte rural, ensuite une découverte d'Hammamet ville, puis le lendemain une visite des vestiges de la cité antique de Carthage et une promenade dans le pittoresque village de Sidi Bou Saïd qui surplombe la Méditerranée.
Autre proposition à tonalité culturelle de La Badira, un séjour de quatre jours (720 €, vol non compris) sur le thème des "villages méconnus", toujours avec trois nuits à La Badira et un soin dans son Spa.
En compagnie de Slim Ajabi, un guide érudit et merveilleusement francophone recruté par La Badira, la visite que j’ai faite de quelques-uns de ces villages s'est révélée particulièrement intéressante.
Cet homme, en effet, est intarissable sur les diverses civilisations (phénicienne, carthaginoise, romaine, byzantine, etc.) qui se sont succédé sur ce territoire à l'origine peuplé de Berbères. Il ne laisse rien ignorer non plus de la conquête de la Tunisie par les Arabes à partir du VIIe siècle, de la tutelle plus tard de l'empire ottoman, de l'arrivée des Français ni des premières années de l'indépendance sous la conduite de Habib Bourguiba...
Après trois quart d'heure de route dans une plaine immense et aride peuplée d'innombrables oliviers, d'orangers et de champs de légumes, de petits bourgs faits de maisons blanchies à la chaux et de touffes de figuiers de barbarie en fleurs, une route pentue grimpe jusqu'à un gros piton rocheux. C'est là que s'accroche le village de Takrouna.
De là -haut, la vue est à couper le souffle -et ce n'est pas juste une formule !- sur la plaine, sur le golfe de Hammamet, sur Hergla, Sousse, Zaghouan ainsi que la plaine de Kairouan ! Un autre monde à portée de regard.
Pain "tabouna" et "kilim de torchon"
Hamida plaque les galettes sur les parois intérieures du four chauffées à blanc (photo Paula Boyer)
A la fin du Moyen-Age, explique Slim Ajabi, les rochers où s'aggrippe Takrouna ont servi de refuge à des familles de mauresques fuyant l’Espagne alors reconquise par les Rois catholiques, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille.
Malheureusement, depuis, la dureté de la vie a fait fuir beaucoup d'habitants. En 2014, ils étaient encore 600. L'éboulement d'un immense rocher, il y a deux ans, en a découragé d'autres. Aujourd'hui, restent seulement deux familles.
Dans la cour qu'enserrent plusieurs maisons basses, une femme, pourtant, s'active. Hamida qui, ce matin-là , a pétri la farine avec de l'eau, s'apprête à faire cuire le pain traditionnel rond et plat appelé "tabouna", en le plaquant sur les parois intérieures d'un four artisanal chauffé à blanc.
Elle poursuit sa besogne sans s'inquiéter de notre présence mais lorsque les galettes sont cuites, elle nous invite à sa table pour le goûter. Trempé dans de l'huile d'olive et accompagné d'une poignée de petites olives, c'est un régal.
Pour joindre les deux bouts, Hamida tisse aussi des tapis à partir de tissus et vêtements de récupération. "Nous appelons cela du "kilim chouelek", autrement dit "kilim de torchon", explique Slim Ajabi.
Le fils unique de Hamida vit maintenant en France, chez une tante. A Takrouna, elle n'a plus que sa mère et une soeur. Hamida ne se fait pas prier pour parler des difficultés du quotidien, aggravées par "l'inflation à deux chiffres". Cela n'empêche pas cette femme que la vie n'a manifestement pas ménagé, de sourire et d'être accueillante. Elle est l'un des visages de cette Tunisie plus authentique que la propriétaire et directrice de La Badira rêve de mieux faire connaître.
Malheureusement, depuis, la dureté de la vie a fait fuir beaucoup d'habitants. En 2014, ils étaient encore 600. L'éboulement d'un immense rocher, il y a deux ans, en a découragé d'autres. Aujourd'hui, restent seulement deux familles.
Dans la cour qu'enserrent plusieurs maisons basses, une femme, pourtant, s'active. Hamida qui, ce matin-là , a pétri la farine avec de l'eau, s'apprête à faire cuire le pain traditionnel rond et plat appelé "tabouna", en le plaquant sur les parois intérieures d'un four artisanal chauffé à blanc.
Elle poursuit sa besogne sans s'inquiéter de notre présence mais lorsque les galettes sont cuites, elle nous invite à sa table pour le goûter. Trempé dans de l'huile d'olive et accompagné d'une poignée de petites olives, c'est un régal.
Pour joindre les deux bouts, Hamida tisse aussi des tapis à partir de tissus et vêtements de récupération. "Nous appelons cela du "kilim chouelek", autrement dit "kilim de torchon", explique Slim Ajabi.
Le fils unique de Hamida vit maintenant en France, chez une tante. A Takrouna, elle n'a plus que sa mère et une soeur. Hamida ne se fait pas prier pour parler des difficultés du quotidien, aggravées par "l'inflation à deux chiffres". Cela n'empêche pas cette femme que la vie n'a manifestement pas ménagé, de sourire et d'être accueillante. Elle est l'un des visages de cette Tunisie plus authentique que la propriétaire et directrice de La Badira rêve de mieux faire connaître.
La résistance de Zriba-la-haute
Un peu plus loin, entre deux pitons rocheux, s'élève le village berbère de Zriba Olya, autrement dit " Zriba-la-Haute". "Ce village a deux siècles, explique Slim Ajabi. Il date de l'époque ottomane".
Au loin, les 1300 mètres du mont Zaghouan barrent de bleu-gris l'horizon. La mine de fluor, plomb et zinc qui, longtemps, a fait vivre bien des familles est désormais fermée. Reste l'élevage de moutons, l'agriculture et pour beaucoup, la pauvreté.
Au pied des deux pics rocheux entre lesquels a été construit Zriba Olya, s'étend Zriba-le-Bas, une cité thermale réputée, aménagée autour de sources naturelles chaudes, crée de l'animation, donne de l'emploi, fait vivre des commerces. En revanche, sur les hauteurs arides de Zriba Olya où les toits des maisons sont arrondis pour que la moindre goutte d'eau puisse être récupérée, il reste seulement quelques familles.
Ce matin de mai, il ne semble pas y avoir âme qui vive. Pourtant, au milieu des maisons pour partie en ruines, à deux pas de la zaouïa (édifice religieux) dont le toit est couvert de tuiles vernissées en écaille de poisson, un âne noir est attaché. Et un homme silencieux, sac sur le dos, file dans une ruelle.
Plus loin, sur une placette, un petit café aux tables faites de planches de récupération, est rouvert depuis peu. En l'absence de clients, les deux femmes qui le tiennent -une mère et sa fille- déjeunent tranquillement à l'intérieur, tandis que, sur la terrasse, une portée de chatons sollicite l'attention des visiteurs. Décidément, Zriba-la-Haute ne se résigne pas à mourir.
Au loin, les 1300 mètres du mont Zaghouan barrent de bleu-gris l'horizon. La mine de fluor, plomb et zinc qui, longtemps, a fait vivre bien des familles est désormais fermée. Reste l'élevage de moutons, l'agriculture et pour beaucoup, la pauvreté.
Au pied des deux pics rocheux entre lesquels a été construit Zriba Olya, s'étend Zriba-le-Bas, une cité thermale réputée, aménagée autour de sources naturelles chaudes, crée de l'animation, donne de l'emploi, fait vivre des commerces. En revanche, sur les hauteurs arides de Zriba Olya où les toits des maisons sont arrondis pour que la moindre goutte d'eau puisse être récupérée, il reste seulement quelques familles.
Ce matin de mai, il ne semble pas y avoir âme qui vive. Pourtant, au milieu des maisons pour partie en ruines, à deux pas de la zaouïa (édifice religieux) dont le toit est couvert de tuiles vernissées en écaille de poisson, un âne noir est attaché. Et un homme silencieux, sac sur le dos, file dans une ruelle.
Plus loin, sur une placette, un petit café aux tables faites de planches de récupération, est rouvert depuis peu. En l'absence de clients, les deux femmes qui le tiennent -une mère et sa fille- déjeunent tranquillement à l'intérieur, tandis que, sur la terrasse, une portée de chatons sollicite l'attention des visiteurs. Décidément, Zriba-la-Haute ne se résigne pas à mourir.
Georges Sebastian, le "Gatsby le Magnifique" de Hammamet
La grande table noire "Ananas" qoccupe toujours sa place au bord de la piscine, désormais vide (photo Paula Boyer)
Après cette découverte émouvante d'un pays bien différent -et tellement plus authentique - de la Tunisie de carte postale dont se contentent la plupart des touristes, il était temps de déjeuner. Retour donc à Hammamet. Le restaurant Barberousse qui est littéralement posé sur les anciens remparts de la ville, nous attendait pour nous régaler de poissons, de poulpes grillés et de fruits.
L'après-midi, balade dans la Médina, la "vieille ville" de Hammamet, qui s'étend, au bord de la mer, à la pointe sud de la cité actuelle. Elle est ceinturée par des remparts, percés de trois entrées. Et doté d'une citadelle construite par les Arabes au XIIème siècle. C’est d'ailleurs ce qui fait son originalité.
A l'intérieur, un dédale de ruelles plus ou moins étroites, de murs blanchis à la chaux, d'arches parfois peints de blanc et de noir, de portes en bois ou en métal, peintes en bleu ou en ocre, et ornées de motifs géométriques formés avec de gros clous. Leurs contours sont en pierres joliment sculptées.
Dans la Médina, la vie des familles se déroule derrière ces portes, à l'abri des regards. En revanche, les boutiques, nombreuses, sont ouvertes sur les rues et proposent imitations de mosaïques romaines, céramiques colorées, vêtements et mille babioles pas toujours de bon goût.
Il faut marchander un peu, bien sûr, mais ne pas trop s'attarder pour consacrer du temps à la maison de Georges Sebastian.
Cet aristocrate et dandy roumain, sorte de "Gatsby le Magnifique", était tombé amoureux fou Hammamet. Il fit construire cette villa aux grands espaces ouverts en 1927, dans un style Art déco mâtiné d'influences locales, comme ces voûtes croisées fréquentes dans les maisons tunisiennes. Du mobilier d'origine, il reste peu d'éléments, à l'exception de la grande table noire "Ananas" qui occupe toujours la même place au bord de la piscine.
Giacometti, Schiaparelli, Paul Klee, André Gide, Cocteau, Greta Garbo -pour ne citer qu'eux- ont participé à des soirées folles chez Georges Sébastian qui voyageait l'été mais passait l'hiver à Hammamet.
Si Hammamet est devenue célèbre dans le monde entier, c'est incontestablement à Georges Sebastian et à toutes les célébrités qu'il a reçues, qu'elle le doit.
L'après-midi, balade dans la Médina, la "vieille ville" de Hammamet, qui s'étend, au bord de la mer, à la pointe sud de la cité actuelle. Elle est ceinturée par des remparts, percés de trois entrées. Et doté d'une citadelle construite par les Arabes au XIIème siècle. C’est d'ailleurs ce qui fait son originalité.
A l'intérieur, un dédale de ruelles plus ou moins étroites, de murs blanchis à la chaux, d'arches parfois peints de blanc et de noir, de portes en bois ou en métal, peintes en bleu ou en ocre, et ornées de motifs géométriques formés avec de gros clous. Leurs contours sont en pierres joliment sculptées.
Dans la Médina, la vie des familles se déroule derrière ces portes, à l'abri des regards. En revanche, les boutiques, nombreuses, sont ouvertes sur les rues et proposent imitations de mosaïques romaines, céramiques colorées, vêtements et mille babioles pas toujours de bon goût.
Il faut marchander un peu, bien sûr, mais ne pas trop s'attarder pour consacrer du temps à la maison de Georges Sebastian.
Cet aristocrate et dandy roumain, sorte de "Gatsby le Magnifique", était tombé amoureux fou Hammamet. Il fit construire cette villa aux grands espaces ouverts en 1927, dans un style Art déco mâtiné d'influences locales, comme ces voûtes croisées fréquentes dans les maisons tunisiennes. Du mobilier d'origine, il reste peu d'éléments, à l'exception de la grande table noire "Ananas" qui occupe toujours la même place au bord de la piscine.
Giacometti, Schiaparelli, Paul Klee, André Gide, Cocteau, Greta Garbo -pour ne citer qu'eux- ont participé à des soirées folles chez Georges Sébastian qui voyageait l'été mais passait l'hiver à Hammamet.
Si Hammamet est devenue célèbre dans le monde entier, c'est incontestablement à Georges Sebastian et à toutes les célébrités qu'il a reçues, qu'elle le doit.
Le seul Spa by Clarins de Tunisie
Véritable "Spa dans le Spa", le Spa Privilège est équipé d'un espace de soins destiné à ceux qui veulent s'offrir des traitements en duo (Photo La Badira)
Au retour à La Badira, direction le Spa pour se remettre de ce jour de visites et de fatigue.
C'est un Spa by Clarins et c'est le premier et unique centre de bien être de la prestigieuse marque française de cosmétique en Tunisie.
Doté de 21 cabines de soins et inspiré des thermes cathaginois, équipé aussi de quatre cabines d'hydrothérapie, il joue sur la lumière et sur l'ombre, et semble hésiter entre grand air et cooconing cosy. Sa piscine intérieure chauffée, mi-couverte, mi-ouverte, offre une belle vue sur la Méditerranée, sa vaste salle de fitness, bien équipée, donne sur un jardin ensoleillé.
Ce Spa qui comprend aussi un salon de coiffure, entraîne dans un univers d'inspiration orientale, sensuel, intime et douillet : éclairages tamisés, murs en marbre aux tons gris-roses, sols en mosaïques... Des toiles accrochées aux murs ont été inspirées par les Mille et Une nuits.
En exclusivité sur sa carte, le soin Signature Clarins associe le savoir-faire de Clarins et des produits locaux aux extraits de plantes. Rien de tel pour retrouver de l'énergie.
A preuve, ce soir-là , entre les mains d'une esthéticienne experte, un massage de 50 minutes aux huiles essentielles baptisé "massage équilibre" (coût : l'équivalent de 72 euros) m'a apporté une sensation de détente absolue. Complètement oubliées les tensions musculaires et la fatigue de la semaine.
Juste après, installée sur un fauteuil avec vue sur la mer, j'ai longuement siroté une tisane en papotant. Au risque d'oublier le dîner ! Je suis arrivée juste à temps au restaurant Kamilah, le second restaurant de La Badira, plus décontracté, plus informel que l'Adra. Situé en bord de piscine, il propose, lui, des plats à l'inspiration méditerranéenne plus large.
C'est un Spa by Clarins et c'est le premier et unique centre de bien être de la prestigieuse marque française de cosmétique en Tunisie.
Doté de 21 cabines de soins et inspiré des thermes cathaginois, équipé aussi de quatre cabines d'hydrothérapie, il joue sur la lumière et sur l'ombre, et semble hésiter entre grand air et cooconing cosy. Sa piscine intérieure chauffée, mi-couverte, mi-ouverte, offre une belle vue sur la Méditerranée, sa vaste salle de fitness, bien équipée, donne sur un jardin ensoleillé.
Ce Spa qui comprend aussi un salon de coiffure, entraîne dans un univers d'inspiration orientale, sensuel, intime et douillet : éclairages tamisés, murs en marbre aux tons gris-roses, sols en mosaïques... Des toiles accrochées aux murs ont été inspirées par les Mille et Une nuits.
En exclusivité sur sa carte, le soin Signature Clarins associe le savoir-faire de Clarins et des produits locaux aux extraits de plantes. Rien de tel pour retrouver de l'énergie.
A preuve, ce soir-là , entre les mains d'une esthéticienne experte, un massage de 50 minutes aux huiles essentielles baptisé "massage équilibre" (coût : l'équivalent de 72 euros) m'a apporté une sensation de détente absolue. Complètement oubliées les tensions musculaires et la fatigue de la semaine.
Juste après, installée sur un fauteuil avec vue sur la mer, j'ai longuement siroté une tisane en papotant. Au risque d'oublier le dîner ! Je suis arrivée juste à temps au restaurant Kamilah, le second restaurant de La Badira, plus décontracté, plus informel que l'Adra. Situé en bord de piscine, il propose, lui, des plats à l'inspiration méditerranéenne plus large.
Sidi Bou Saïd, "petit paradis blanc et bleu"
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Avant la fin de mon séjour, j'ai expérimenté une autre excursion proposée par La Badira : une journée à Sidi Bou Saïd.
Ce village perché sur une falaise dominant du haut de ses 130 mètres la Méditerranée, Carthage et le golfe de Tunis, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la capitale tunisienne.
Il porte le nom d'un marabout de la région qui vers la fin de sa vie s'était retiré sur la colline dominant le cap Carthage, pour y enseigner le soufisme, un courant de l'islam visant la « purification de l'âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu.
b
Devenu haut-lieu touristique, ce « petit paradis blanc et bleu", classé depuis 1915, est un mélange pittoresque d'architecture arabe et andalouse]b. Les façades d'une blancheur éclatante et leurs portes cloutées souvent bleues, parfois ocres, se dressent au fil de ruelles tortueuses. Il fait bon s’y promener, en prenant le temps de faire un pas de côté pour découvrir ici un patio, là de fines colonnes, ailleurs des arcades, plus loin des murs couverts de céramiques colorées jusqu'au plafond.
Bien sûr, le palais Ennejma Ezzahra construit au début du XXe siècle s'y distingue par sa riche décoration. Cependant, les vastes demeures bourgeoises estivales de style arabo-musulman construites à partir du XVIIe siècles sont nombreuses. Quant aux cafés en plein air, en particulier le bien nommé "Café des délices" dont les terrasses descendent en cascade vers la mer, ils ont un charme fou.
Sidi Bou Saïd abrite également des hôtels de charme et même un 5 étoiles, la "Villa bleue" à l'architecture traditionnelle qui compte 13 chambres et suites. C'est un lieu idéal pour une escale hors du temps. Mais, ce jour-là , nous nous contenterons d'y déjeuner en regardant la mer.
Après déjeuner, la flânerie dans les rues permet de faire quelques achats d'artisanat local et surtout de s’entendre confirmer que la Tunisie, [ce n'est pas seulement la mer et le soleil mais aussi l'art contemporain. ]b En témoigne la galerie Gorgi, tenue par Aïcha, fille du fondateur, Abdelaziz Gorgi, également figure importante de l'art du XXe siècle en Tunisie.
Aïcha qui veille sur la mémoire de son père, sait aussi dénicher des talents nouveaux. Elle reçoit des artistes étrangers en résidence et prépare pour novembre prochain une exposition avec dix artistes tunisiens et dix artistes étrangers. "C'est comme cela que l'on fera parler de la Tunisie. Je crois en la Tunisie", affirme-t-elle avec force. Une déclaration enflammée qui fait écho à des propos tenus trois jours plus tôt par Mouna Ben Halima.
Ce village perché sur une falaise dominant du haut de ses 130 mètres la Méditerranée, Carthage et le golfe de Tunis, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la capitale tunisienne.
Il porte le nom d'un marabout de la région qui vers la fin de sa vie s'était retiré sur la colline dominant le cap Carthage, pour y enseigner le soufisme, un courant de l'islam visant la « purification de l'âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu.
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Devenu haut-lieu touristique, ce « petit paradis blanc et bleu", classé depuis 1915, est un mélange pittoresque d'architecture arabe et andalouse]b. Les façades d'une blancheur éclatante et leurs portes cloutées souvent bleues, parfois ocres, se dressent au fil de ruelles tortueuses. Il fait bon s’y promener, en prenant le temps de faire un pas de côté pour découvrir ici un patio, là de fines colonnes, ailleurs des arcades, plus loin des murs couverts de céramiques colorées jusqu'au plafond.
Bien sûr, le palais Ennejma Ezzahra construit au début du XXe siècle s'y distingue par sa riche décoration. Cependant, les vastes demeures bourgeoises estivales de style arabo-musulman construites à partir du XVIIe siècles sont nombreuses. Quant aux cafés en plein air, en particulier le bien nommé "Café des délices" dont les terrasses descendent en cascade vers la mer, ils ont un charme fou.
Sidi Bou Saïd abrite également des hôtels de charme et même un 5 étoiles, la "Villa bleue" à l'architecture traditionnelle qui compte 13 chambres et suites. C'est un lieu idéal pour une escale hors du temps. Mais, ce jour-là , nous nous contenterons d'y déjeuner en regardant la mer.
Après déjeuner, la flânerie dans les rues permet de faire quelques achats d'artisanat local et surtout de s’entendre confirmer que la Tunisie, [ce n'est pas seulement la mer et le soleil mais aussi l'art contemporain. ]b En témoigne la galerie Gorgi, tenue par Aïcha, fille du fondateur, Abdelaziz Gorgi, également figure importante de l'art du XXe siècle en Tunisie.
Aïcha qui veille sur la mémoire de son père, sait aussi dénicher des talents nouveaux. Elle reçoit des artistes étrangers en résidence et prépare pour novembre prochain une exposition avec dix artistes tunisiens et dix artistes étrangers. "C'est comme cela que l'on fera parler de la Tunisie. Je crois en la Tunisie", affirme-t-elle avec force. Une déclaration enflammée qui fait écho à des propos tenus trois jours plus tôt par Mouna Ben Halima.
Publié par Paula Boyer
Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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