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1. COP 21 : barnum diplomatique ou réelle volonté écologique ?

La chronique de Christian Orofino


Du 30 novembre au 11 décembre 2015, se tiendra au BOURGET la COP 21 (Conférence des Parties 21ème du nom) qui réunira 40 000 personnes provenant de 195 états sur 197 que compte la planète. A cette occasion, TourMaG.com donne la parole à plusieurs personnalités du secteur et à des experts. La chronique de Christian Orofino, que nous retrouvons aussi demain, ouvre le bal.


Rédigé par le Vendredi 20 Novembre 2015

1. COP 21 : barnum diplomatique ou réelle volonté écologique ?
L’objectif de la COP 21 est de trouver un accord dit « contraignant » sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre produits par l’activité humaine industrielle et individuelle et responsables du réchauffement climatique.

Cet accord ou traité prévoit une limitation de ce réchauffement maximum de 2 degrés Celsius d’ici la fin du 21ème siècle.

Compte tenu des événements dramatiques qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint Denis et de nombreux blessés, ce grand rassemblement international ne sera pas exclusivement consacré à son ordre du jour initial, mais constituera aussi certainement pour ses organisateurs une démonstration d’unité et de solidarité de la totalité des nations organisées contre une organisation terroriste.

Cette opportunité d’une réponse unique géopolitique devrait faciliter aussi une volonté commune écologique pour parvenir à un accord, même si celui-ci sera assouplit de façon à trouver un compromis convenable.

Pour autant, et en respectant cette recherche d’un accord indispensable et urgent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la méthode utilisée depuis 20 conférences du même type qui ont déjà eu lieu et qui ont toutes échoué, est-elle la bonne ?

Cette méthode consiste à imposer un accord au plus haut niveau pour ensuite le répercuter dans toutes les sphères industrielles et individuelles des 195 pays, de leurs millions d’infrastructures économiques et sociales et de leurs 7 milliards d’habitants.

C’est un peu comme si on décrétait que les 7 milliards d’individus devront tous ne parler qu’une seule langue.

Les freins économiques et sociaux

Les médias, avant les attentats du 13 novembre, consacraient une grande partie de leur activité à la tenue de la COP 21 et développaient autour de cet événement toute une série de sujets pédagogiques prouvant les dégâts des émissions de gaz à effet de serre sur tous les équilibres qui ont permis la vie sur Terre.

Cette sensibilisation commençait à faire avancer les prises de conscience individuelles mais ne concernait malheureusement que la France où va se tenir cette conférence, la majeure partie des populations des autres 194 pays n’ont pas bénéficié de cette sensibilisation et, en dehors de quelques pays, la majorité des nations a d’autres priorités que l’objet de cette conférence.

Or, sans cette prise de conscience volontaire et universelle, il sera difficile de créer les conditions pour des changements radicaux et profonds de comportements individuels, collectifs et quotidiens, à moins de créer une police écologique internationale chargée de faire appliquer les termes de cet accord.

De plus, comment, dans une économie mondialisée et de plus en plus libéralisée, des politiques, même s’ils sont chefs d’états pourront-ils imposer à des acteurs économiques indépendants des normes et processus coercitifs ?

Cela aurait été possible à l’époque des dictatures et des économies planifiées sur lesquelles les politiques avaient une totale autorité.

La course à la croissance pousse les gouvernements à faire éclater les cadres législatifs qui pourraient freiner l’emploi, on le voit en France avec la « Macronisation » de l’économie qui vise à déréglementer des dizaines de professions jusqu’à présent encadrées.

Comment d’un côté permettre une plus grande souplesse sociale ou fiscale et de l’autre imposer des contraintes environnementales susceptibles de peser dans les budgets des entreprises ?

Un déséquilibre dans les responsabilités

Pourquoi, dans la méthode, convoquer ce grand barnum médiatique et diplomatique de 195 pays alors qu’il existe un Top 10 des pays les plus pollueurs dont la Chine, le Canada, les USA, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil, la Russie, l’Europe responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre provoquant le réchauffement climatique ?

Une étude d’une ONG américaine réalisée en 2014 révèle que 42 états Nord Américains émettent chacun plus de gaz à effet de serre que 50 pays en voie de développement.

Les pays pauvres sont en grande majorité les victimes écologiques et climatiques de l’activité des pays riches, ils ne voudront pas accepter de se voir imposer sans compensation un accord qui viserait à freiner leur propre activité économique alors que les pays responsables ont atteint, eux, des niveaux de vie bien supérieurs aux leurs.

Pourquoi tenter d’obtenir un accord hypothétique de 195 états sur une limitation économique alors qu’un compromis plus réaliste de quelques nations suffirait ?

Une conférence qui engage qui ?

Certains politiques veulent laisser une empreinte indélébile de leur règne éphémère.

Ces conférences sont à chaque fois celles de la dernière chance et l’organisateur qui parviendra à « L’ACCORD » sera certainement considéré par l’histoire comme le sauveur de la planète.

Mais comment pourra-t-on être sûr de la durabilité de cet accord international qui devra être supérieur à la souveraineté des nations ?

Qui peut garantir que les contraintes inhérentes à cet accord et au-delà des paraphes des plus hauts responsables politiques, seront respectées au moins jusqu’à la fin du siècle ?

Comment imposer une révolution culturelle et industrielle mondiale en demandant à tous les consommateurs et les entrepreneurs de modifier leurs modes de vie et de production uniquement par la contrainte d’un accord accouché lors d’une conférence ?

Un comportement durable naturel par la formation

Si le rassemblement médiatique de tous les pays de la planète peut déclencher une prise de conscience collective, ce défi ne peut provenir que d’une véritable révolution des modes de vie et de production.

La COP 21 représente la pointe d’une pyramide mondiale. Elle n’atteindra pas ses objectifs si elle n’accompagne pas son accord final des moyens nécessaires pour installer les termes de cet accord jusqu’à la base de cette pyramide mondiale.

Cette révolution passera par les nouvelles générations grâce à une éducation et une formation ,dès le plus jeune âge, adaptées à ces nouveaux comportements .

Tous les programmes scolaires devront inclure l’explication des mécanismes sociaux et économiques qui entraînent les émissions de gaz, les réchauffements climatiques et les catastrophes menaçant l’avenir de la planète.

De la même manière que l’on a expliqué aux jeunes du 20ème siècle les causes et les ravages des guerres de l’humanité et obtenu une génération pacifiste, on devra former dès le 21ème siècle les nouvelles générations pour lesquelles l’écologie ne sera pas un idéal mais un mode de vie naturel.

Cet enseignement devra être basé sur des matières de l’avenir, celles qui parlent de la création et de l’utilisation des énergies nouvelles , des techniques industrielles de substitution , de la cohabitation avec l’environnement , du partage économique etc…

Ce sont ces générations formées qui naturellement participeront, sans se poser de questions, à la réduction de gaz nocifs sans avoir besoin de traités internationaux contraignants ou d’une nième COP.

Cependant, quelles que soient les réserves sur la forme et l’efficacité à terme de cette 21ème conférence sur le réchauffement climatique, il faut en saluer déjà la tenue et lui souhaiter pleine réussite.

Nul doute que ce rassemblement de grande ampleur permettra l’accélération d’une prise de conscience sur l’urgence d’un plan de modification des comportements et processus individuels et industriels.

Espérons aussi que cet évènement hautement médiatisé réveillera enfin l’activité touristique totalement absente, au contraire d’autres industries, de ce débat sur l’avenir de notre planète, alors qu’elle est porteuse naturellement de toutes les valeurs contenues dans une vision d’une humanité durable , responsable et obligatoirement solidaire.


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Christian OROFINO
Président de TOURCONSEIL
Co-Président de l'OBGET
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Président de la commission Tourisme responsable du SNAV
Co-Président de l'Observatoire Géo Politique et Environnemental du Tourisme (OBGET)

Page Facebook de l'OBGET

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Tags : cop21, orofino
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