Décidément, le groupe Air France/KLM n’arrive pas à sortir ses difficultés. Le dialogue social est en panne.
La nouvelle direction avait pour mission d’éviter les grèves tout au moins jusqu’aux élections législatives et c’est raté. Les plans se succèdent sans qu’aucun d’eux ne recueille l’adhésion franche et massive des salariés, or c’est la condition première de la réussite.
Certes les résultats économiques sont sortis du rouge mais tous les responsables savent combien ils sont fragiles, car ils ne reposent que sur la faiblesse des cours du pétrole et nul ne sait combien de temps cela durer.
Il est d’ailleurs frappant de constater que pour la première fois depuis des années, le chiffre d’affaires est en baisse de 3,3% alors que le nombre de passagers est lui, en hausse de 4%
Comment sortir de ce marasme et retrouver les voies de la croissance saine et solide dans un environnement si fluctuant ? Comment retrouver l’adhésion des personnels ? Sur quelles bases construire le futur ?
La nouvelle direction avait pour mission d’éviter les grèves tout au moins jusqu’aux élections législatives et c’est raté. Les plans se succèdent sans qu’aucun d’eux ne recueille l’adhésion franche et massive des salariés, or c’est la condition première de la réussite.
Certes les résultats économiques sont sortis du rouge mais tous les responsables savent combien ils sont fragiles, car ils ne reposent que sur la faiblesse des cours du pétrole et nul ne sait combien de temps cela durer.
Il est d’ailleurs frappant de constater que pour la première fois depuis des années, le chiffre d’affaires est en baisse de 3,3% alors que le nombre de passagers est lui, en hausse de 4%
Comment sortir de ce marasme et retrouver les voies de la croissance saine et solide dans un environnement si fluctuant ? Comment retrouver l’adhésion des personnels ? Sur quelles bases construire le futur ?
"On a l’impression d’un mariage d’intérêt"
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Un constat est tout de même frappant. Le groupe Air France/KLM a été construit de manière un peu artificielle en 2004 par une prise de contrôle d’Air France.
Mais finalement les très importantes différences entre les deux compagnies : des compositions de flottes peu harmonisées : Air France est principalement chez Airbus alors que KLM est avec Boeing, des cultures d’entreprises sans réelle convergence, une barrière de la langue qui ne facilite pas les échanges, n’ont pas été gommées au fil des ans.
Bref, on a l’impression d’un mariage d’intérêt ou les partenaires occupent des chambres séparées. Et après l’euphorie des quatre premières années ou l’harmonisation des exploitations a permis de réelles économies, les résultats se sont enfoncés dans le rouge, car faire marcher ensemble deux entreprises si dissemblables coûte une fortune.
Entre 2009 et 2016, soit les 8 dernières années le groupe Air France/KLM a accumulé 5,447 milliards d’€ de pertes, soit tout de même 1,87 millions d’€ par jour !
Les remarques acerbes des uns envers les autres sont alimentées par une répartition des résultats plus favorables à KLM qu’à Air France ce qui irrite les Hollandais qui ne sont que la filiale du groupe alors que de leur côté les pilotes français réclament une meilleure répartition de l’exploitation au profit du pavillon français.
Pourtant les susceptibilités des uns des autres ont été largement prises en compte dans l’exercice de la gouvernance, les Français majoritaires faisant très attention à ne pas froisser les Hollandais, lesquels ne se gênent pas pour pointer du doigt les maigres résultats de la compagnie française.
Mais finalement les très importantes différences entre les deux compagnies : des compositions de flottes peu harmonisées : Air France est principalement chez Airbus alors que KLM est avec Boeing, des cultures d’entreprises sans réelle convergence, une barrière de la langue qui ne facilite pas les échanges, n’ont pas été gommées au fil des ans.
Bref, on a l’impression d’un mariage d’intérêt ou les partenaires occupent des chambres séparées. Et après l’euphorie des quatre premières années ou l’harmonisation des exploitations a permis de réelles économies, les résultats se sont enfoncés dans le rouge, car faire marcher ensemble deux entreprises si dissemblables coûte une fortune.
Entre 2009 et 2016, soit les 8 dernières années le groupe Air France/KLM a accumulé 5,447 milliards d’€ de pertes, soit tout de même 1,87 millions d’€ par jour !
Les remarques acerbes des uns envers les autres sont alimentées par une répartition des résultats plus favorables à KLM qu’à Air France ce qui irrite les Hollandais qui ne sont que la filiale du groupe alors que de leur côté les pilotes français réclament une meilleure répartition de l’exploitation au profit du pavillon français.
Pourtant les susceptibilités des uns des autres ont été largement prises en compte dans l’exercice de la gouvernance, les Français majoritaires faisant très attention à ne pas froisser les Hollandais, lesquels ne se gênent pas pour pointer du doigt les maigres résultats de la compagnie française.
"Couper résolument ce qui n'a au fond jamais très bien marché"
Bref, il faut bien constater que le groupe va cahin-caha. Il est plombé par un endettement considérable ce qui empêche toute politique d’investissements un peu offensive.
Les flottes sont vieillissantes, les cabines sont refaites au compte-goutte et tous les grands chantiers doivent être repoussés car les capacités de financement se sont taries.
Alors que faire ?
Eh bien couper résolument ce qui n’a au fond jamais très bien marché !
Pour ce qui concerne KLM, la compagnie néerlandaise supporte de moins en moins les difficultés françaises et pour Air France, il est urgent de retrouver une vraie santé financière qui permettrait de sortir des difficultés. Seulement il n’y a plus rien à vendre à part Air France Industrie qui reste la seule filiale à dégager des résultats.
Servair a été cédée en 2016 après que les parts dans Amadeus l’aient été l’année précédente. Que reste-t-il ? KLM.
Pourquoi Air France s’acharnerait-elle à posséder le transporteur batave ? Après tout il n’est pas besoin d’être propriétaire de KLM pour passer des accords commerciaux importants.
C’est d’ailleurs ce que le groupe a fait avec Delta Air Lines. Et puis, les Hollandais veulent leur indépendance et ils n’ont jamais vraiment admis dépendre des Français.
Les flottes sont vieillissantes, les cabines sont refaites au compte-goutte et tous les grands chantiers doivent être repoussés car les capacités de financement se sont taries.
Alors que faire ?
Eh bien couper résolument ce qui n’a au fond jamais très bien marché !
Pour ce qui concerne KLM, la compagnie néerlandaise supporte de moins en moins les difficultés françaises et pour Air France, il est urgent de retrouver une vraie santé financière qui permettrait de sortir des difficultés. Seulement il n’y a plus rien à vendre à part Air France Industrie qui reste la seule filiale à dégager des résultats.
Servair a été cédée en 2016 après que les parts dans Amadeus l’aient été l’année précédente. Que reste-t-il ? KLM.
Pourquoi Air France s’acharnerait-elle à posséder le transporteur batave ? Après tout il n’est pas besoin d’être propriétaire de KLM pour passer des accords commerciaux importants.
C’est d’ailleurs ce que le groupe a fait avec Delta Air Lines. Et puis, les Hollandais veulent leur indépendance et ils n’ont jamais vraiment admis dépendre des Français.
"Pourquoi ne pas revendre KLM aux Hollandais ?"
Alors séparons les sociétés. Si les Hollandais veulent leur indépendance et après tout le désir est louable, pourquoi ne pas leur revendre KLM ?
Au vu des derniers résultats, la valeur de la société doit se situer aux alentours de 5 milliards €. C’est justement ce qui manque à Air France pour se désendetter complètement.
Une fois cette opération réalisée, Air France pourrait retrouver ses fondamentaux.
Ce n’est pas une compagnie « low cost » et elle n’a aucune chance d’y parvenir, d’ailleurs sa filiale Transavia n’a jamais gagné d’argent.
Par contre elle peut redevenir le transporteur de référence mondiale en matière de qualité du produit.
Il est anormal qu’elle ne soit qu’au 14e rang du classement Skytrax alors qu’elle devrait être dans les 3 premiers. Certes cela entraine une forte réduction de la taille, mais le volume est-il bien utile à la profitabilité ?
Que chacun retrouve ses fondamentaux. Que les compagnies « low cost » fassent leur métier et amènent à l’aérien de nouvelles couches de clientèle et que les grands « legacys » retrouvent leur grandeur.
Au vu des derniers résultats, la valeur de la société doit se situer aux alentours de 5 milliards €. C’est justement ce qui manque à Air France pour se désendetter complètement.
Une fois cette opération réalisée, Air France pourrait retrouver ses fondamentaux.
Ce n’est pas une compagnie « low cost » et elle n’a aucune chance d’y parvenir, d’ailleurs sa filiale Transavia n’a jamais gagné d’argent.
Par contre elle peut redevenir le transporteur de référence mondiale en matière de qualité du produit.
Il est anormal qu’elle ne soit qu’au 14e rang du classement Skytrax alors qu’elle devrait être dans les 3 premiers. Certes cela entraine une forte réduction de la taille, mais le volume est-il bien utile à la profitabilité ?
Que chacun retrouve ses fondamentaux. Que les compagnies « low cost » fassent leur métier et amènent à l’aérien de nouvelles couches de clientèle et que les grands « legacys » retrouvent leur grandeur.
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.