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Azerbaïdjan : une destination décalée qui gagne à être connue

Retour sur la convention de "Les Entreprises du Voyage" IDF


Michèle Laget-Herbaut, présidente des Entreprises du Voyage Ile-De-France et ses administrateurs ont décidé de tenir leur 17ème convention, fin juin 2016, et de faire découvrir « la ville de Bakou, véritable opportunité et nouvelle destination tourisme, congrès, incentive et affaires. »


Rédigé par le Lundi 18 Juillet 2016

Azerbaïdjan : Centre culturel Heydar Aliyev - Photo : Chantha Chea
Azerbaïdjan : Centre culturel Heydar Aliyev - Photo : Chantha Chea
Quand la présidente présente ce pays comme "une véritable opportunité", elle sait parfaitement que l’Azerbaïdjan possède toutes les caractéristiques d’une destination sûre.

Aujourd’hui, c’est ce que recherchent en priorité les touristes, comme le soulignait Boris Reibenberg, le président de Présence Tourisme Assistance, lors de la dernière convention de Challenge Tourisme, qui s’est également déroulée à Bakou.

« Dites-vous bien que les questions de sécurité font partie des toutes premières motivations des touristes, si ce n’est pas "la" première. »

Destination sûre, c’est le cas, et dans le contexte actuel, ce n’est pas le moindre des arguments.

L'effet whaoou

Bakou : les célèbres flammes de l'hôtel Fairmont - Photo : Chantha Chea
Bakou : les célèbres flammes de l'hôtel Fairmont - Photo : Chantha Chea
Mais les atouts de cette ancienne république soviétique ne se limitent pas à la sécurité.

Dans le désordre : histoire, nature, sports d’hiver, trek, balnéaire, tourisme de santé (la ville de Naphtalane, origine du médicament naphtaline), gastronomie…

Plus original : la production d’excellents vins, ce qui donnera l’occasion à la France d’être invitée d'honneur au Festival du Vin dans la ville de Gandja.

Ce qui surprend le plus, lors d’une convention de professionnels de tourisme, c’est la proportion des participants ayant déjà fréquenté la destination.

Comme les agents de voyages sont déjà allés partout, ce pourcentage est toujours élevé.

Mais avec Bakou, ce n’est pas le cas : l’effet est garanti, comme se plait à le faire remarquer Roch Guilabert, de l’agence Prony Voyages.

« On ressent tous la même chose : de l’étonnement, de la surprise, de l’exotisme, car cette destination est tellement différente et originale… tous mes confrères ont la même opinion que moi, c’est whaoou. On est tous agréablement surpris».

Que de superlatifs ! Mais sont-ils justifiés, car si ce n’est pas un long-courrier, mais c’est un long moyen-courrier : 6 heures. Alors ?

Bakou, porte d’entrée du pays

La veille ville de Bakou - Photo : Chantha Chea
La veille ville de Bakou - Photo : Chantha Chea
Alors, d’abord un conseil : il ne faut pas chercher à faire des comparaisons.

Par exemple, les plages ne pourront jamais rivaliser avec le balnéaire de référence que les agences ont l’habitude de vendre.

Si Bakou offre des infrastructures hôtelières remarquables, ce n’est pas encore le cas dans tout le pays.

Il faut encore "un peu" d’indulgence, sachant que la volonté de développer le tourisme est relativement récente.

Mais comme les revenus issus du pétrole sont en baisse, le gouvernement en fait une priorité.

C’est donc le bon moment de commencer à s’intéresser à son potentiel touristique. Commençons par Bakou qui se présente comme étant la porte d’entrée du pays.

N’ayons pas peur des mots : Bakou est une capitale magnifique. Son architecture néoclassique tirant vers le baroque, du style des constructions en pierre de taille de la fin 19ème - début du 20ème en Europe, laisse le visiteur pantois.

Imaginez, le rocher de Monaco, mais puissance 1000 !

Larges avenues, nombreux parcs, bâtiments superbes, etc., parfaitement entretenus. Tout est clean, tout est classe, tout est propre, pas un seul tag.

Pour l’anecdote, représentez-vous un escalier monumental en pierre blanche de 30 mètres de large qui part de la mer vers le sommet de la ville sur environ 1 kilomètre, pour atteindre une esplanade permettant d’admirer la vue comme vous le feriez pour de la baie de Naples.

La balade est agréable et les perspectives sont grandioses. L’escalier est même éclairé toute la nuit pour l’agrément des promeneurs du soir.

Le fait qu’il n’y ait pas un seul tag, dépasse l’entendement pour un promeneur français. Les observateurs pointilleux pourront, avec raison, invoquer les attributs d’un pays qui apprécie l’ordre.

Ils apprécieront cependant de se promener tranquillement, en toute sécurité dans une ambiance paisible et décontractée où tout est beau.

Bakou n’est pas Dubai

Certains comparent Bakou à Dubaï.

De notre point de vue, ils ont tort. C’est vrai que les bâtiments d’architecture traditionnelle jouxtent des constructions modernes d’une belle audace. Mais la comparaison s’arrête là, car le must à Bakou est justement le mélange des genres : le classique et le moderne.

La mairie a eu le bon goût de protéger les bâtiments anciens et même de veiller à construire dans le même style à proximité, pour ne pas dénaturer l’ensemble.

Le soir, c’est même particulièrement scénique : la mise en valeur de ces constructions néoclassiques prend tous ses effets puisque chaque balcon, chaque colonne, chaque fenêtre, chaque sculpture sont éclairés individuellement, pour donner une impression féerique à la ville.

La vielle ville elle-même, classée au patrimoine mondial par l’Unesco est peut-être un peu trop restaurée, mais là encore c’est impeccable, équilibré, bien ordonné, parcouru de petites ruelles typiques, de restaurants accueillants, de vieux caravansérail, de jardins fleuris …

On aime à s’y promener les soirs d’été, dans l’ambiance bon enfant où déambule la jeunesse, où se mêle joie de vivre et douceur du temps.

Sur la terre des premiers hommes

A une heure de Bakou, les visiteurs découvriront, sur des gravures disséminées au hasard de blocs de grès, dans un site sauvage, le quotidien des premiers hommes.

Les congressistes des Entreprises du Voyage IDF n’ont vraiment pas eu de chance : dans un pays où il ne pleut pas ou rarement, il a fallu qu’ils visitent les dessins et gravures… sous la pluie.

C’est dommage, car, ils n’ont pas vraiment pu ressentir l’émotion que représente la découverte des traces de nos ancêtres, il y a 16 000 ans, qui comme nous, mangeaient, chassaient, aimaient et dansaient.

Elmar Mammadov, le conseiller économique et coopération d’Azerbaïdjan nous a expliqué pourquoi on ne voit pas une femme voilée dans ce pays à 94% musulman. « Nous sommes un pays laïque. Chez nous, toutes les religions cohabitent en bonne harmonie depuis toujours. »

On accepte l’explication, trop heureux de l’entendre, surtout dans le contexte géopolitique actuel, tout en n’étant pas dupe : avec 50 ans de communisme qui avait purement et simplement interdit le voile…ça aide.

La France, une cible de choix

Pourquoi y a-t-il encore peu de touristes en Azerbaïdjan ?

D’abord parce que son économie n’en avait pas besoin. L’Azerbaïdjan est le pays le plus riche des républiques de l’ex-URSS, grâce à ses gisements de pétrole et de gaz, facilement exploitables dans la peu profonde mer Caspienne.

Pourtant, depuis la baisse du prix du baril, le gouvernement place le développement du tourisme comme une priorité nationale et en particulier auprès du public français.

Amoureux des vieilles pierres, des traditions, de la découverte, des échanges, de gastronomie comme de bons vins, les Français devraient être une cible de choix. Pourtant, le constat est décevant : le compte n’y est pas.

Tous les efforts entrepris jusqu’à présent n’ont pas encore été suivis d’effet. A cela, il y plusieurs explications.

En premier lieu, les erreurs stratégiques du ministère du tourisme qui avait choisi de cibler, en priorité, les voyageurs eux-mêmes, sans passer par la case départ que représente les professionnels du tourisme.

On voit mal, en effet, un particulier préparant ses vacances en tapant spontanément : Azerbaïdjan !!! Sans une politique de référencement massive, de back link, d’influenceurs, le pari était perdu d’avance.

Et quand bien même : sur quel mot-clé ? Aucune aspérité de cette destination n’est assez déterminante pour remonter sur le moteur de recherches. Bref, ils ont mis la charrue avant les bœufs…

LIRE AUSSI : Azerbaidjan : Bakou mais pas low cost veut séduire les city breakers

Ça va changer

A l’occasion de cette convention, les Entreprises du Voyage et le ministère du Tourisme ont signé un accord de coopération.

Un workshop devrait être organisé à la rentrée 2016, qui devrait commencer à attirer du monde.

Commencer est bien le mot : une tentative a été programmée en novembre 2015, qui a dû être annulée, faute de participants.

On peut regretter le manque de curiosité des TO, mais d’un autre côté on connaît la situation, les tensions économiques sont à leur paroxysme et l’ambiance en France n’a pas été à la fête ces derniers temps.

Donc, un workshop pour la rentrée, la France invitée d’honneur au festival des vins octobre, le ministère qui accélère la formation du guide francophone, les réceptifs locaux qui sont priés de monter des produits en phase avec les attentes des Français...

Ça bouge, on devrait parler de plus en plus de l’Azerbaïdjan...


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