C'était… un cargo réfrigéré, qui reliait pour la Port Line (une filiale de Cunard Line) l'Australie et la Nouvelle Zélande à l'Angleterre, afin de l'approvisionner en viande. Il prenait quand même 12 passagers ! /photo dr
Il y a un mois, dans ma chronique de décembre, j'indiquais que "…parmi les navires les plus anciens, certains disparaissent puis reviennent, au gré de leurs ventes, rachats, sous de nouveaux noms, au sein de nouvelles compagnies : une certaine prudence, là comme ailleurs, peut se montrer nécessaire."
Il n'aura hélas pas fallu attendre longtemps pour en avoir la démonstration, et c'est bien dommage.
Les croisières du Lisboa, bien connu en France sous son nom précédent de "Princess Danae", sont toutes annulées pour 2014.
La rénovation de ce vieux navire s'est avérée plus complexe, et donc plus coûteuse que prévu, en particulier dans les domaines structurels.
Portuscale Cruises suspend donc la refonte du Lisboa.
A vrai dire, lorsque je parlais de prudence, ce n'est pas seulement à ce type de problème que je pensais : un entrepreneur qui se lance dans la rénovation et l'exploitation de navires anciens, s'il ne vient pas du métier, a intérêt à être bien conseillé et entouré et, de ce côté là, rien n'est moins sûr.
Il est même des noms, réapparus ça et là, qui ont fait frémir certains en pensant aux plumes laissées dans un passé pas si ancien.
Ce qui est certain, c'est que les problèmes techniques potentiels ont été sous-estimés.
Rui Alegre, le patron de Portuscale qui a repris quatre des navires de Classic International Cruises, est un homme qui a fait l'essentiel de sa carrière dans l'immobilier.
Et dans l'immobilier, la restauration s'applique à des immeubles ou des maisons âgés de plusieurs siècles, sans problème particulier.
Il en va tout autrement dans le monde du maritime : un navire doit faire face à un nombre croissant de normes internationales.
Il n'aura hélas pas fallu attendre longtemps pour en avoir la démonstration, et c'est bien dommage.
Les croisières du Lisboa, bien connu en France sous son nom précédent de "Princess Danae", sont toutes annulées pour 2014.
La rénovation de ce vieux navire s'est avérée plus complexe, et donc plus coûteuse que prévu, en particulier dans les domaines structurels.
Portuscale Cruises suspend donc la refonte du Lisboa.
A vrai dire, lorsque je parlais de prudence, ce n'est pas seulement à ce type de problème que je pensais : un entrepreneur qui se lance dans la rénovation et l'exploitation de navires anciens, s'il ne vient pas du métier, a intérêt à être bien conseillé et entouré et, de ce côté là, rien n'est moins sûr.
Il est même des noms, réapparus ça et là, qui ont fait frémir certains en pensant aux plumes laissées dans un passé pas si ancien.
Ce qui est certain, c'est que les problèmes techniques potentiels ont été sous-estimés.
Rui Alegre, le patron de Portuscale qui a repris quatre des navires de Classic International Cruises, est un homme qui a fait l'essentiel de sa carrière dans l'immobilier.
Et dans l'immobilier, la restauration s'applique à des immeubles ou des maisons âgés de plusieurs siècles, sans problème particulier.
Il en va tout autrement dans le monde du maritime : un navire doit faire face à un nombre croissant de normes internationales.
Sur un navire tout est désormais normé et régulé
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Les systèmes anti-incendie, le réseau électrique, l'élimination des déchets et eaux usées, la propulsion et le carburant, l'hygiène et la sécurité, tout jusqu'au dernier poil de… barbe du capitaine, est désormais normé et régulé.
C'est un bien, évidemment, mais la multiplication de ces normes qui évoluent sans cesse rend la réhabilitation des bateaux anciens de plus en plus problématique.
Dès qu'on croit avoir résolu un problème, un autre se fait jour : on change tout le système anti-incendie, on met des "sprinklers" partout, et là, l'inspection des travaux finis découvre un autre problème : les câbles ne sont pas aux normes.
Alors, il faudrait casser toutes les cloisons pour tout changer… et ainsi de suite.
On a vu il y a quelques années des compagnies mourir exsangues pour moins que ça.
On a vu aussi des bateaux anciens, splendides, agréables à vivre, qui faisaient le bonheur des passagers, disparaître parce que le montant des travaux à accomplir dépassait le raisonnable.
Sur un navire, on ne doit pas pratiquer l'acharnement thérapeutique.
Mais c'est vraiment triste. Parce que tout cela semble fort mal parti.
Portuscale a également repris trois autres navires de feu Classic International Cruises : l'Arion, devenu le Porto, l'Athena, devenu l'Azores, et le Funchal.
Seul ce dernier semble mener sa barque, si l'on peut dire. Il paraît qu'il a été magnifiquement rénové (nos confrères de Mer et Marine ont effectué un splendide reportage sur ce navire), et tous ceux qui comme moi aiment les navires anciens s'en réjouiront.
Mais voilà, il est tout de même lui aussi bien âgé (1961). J'avais un jour écrit dans TourMaG.com que bien souvent, ce que l'on regrette le plus dans les navires anciens, c'est notre propre jeunesse.
C'est un bien, évidemment, mais la multiplication de ces normes qui évoluent sans cesse rend la réhabilitation des bateaux anciens de plus en plus problématique.
Dès qu'on croit avoir résolu un problème, un autre se fait jour : on change tout le système anti-incendie, on met des "sprinklers" partout, et là, l'inspection des travaux finis découvre un autre problème : les câbles ne sont pas aux normes.
Alors, il faudrait casser toutes les cloisons pour tout changer… et ainsi de suite.
On a vu il y a quelques années des compagnies mourir exsangues pour moins que ça.
On a vu aussi des bateaux anciens, splendides, agréables à vivre, qui faisaient le bonheur des passagers, disparaître parce que le montant des travaux à accomplir dépassait le raisonnable.
Sur un navire, on ne doit pas pratiquer l'acharnement thérapeutique.
Mais c'est vraiment triste. Parce que tout cela semble fort mal parti.
Portuscale a également repris trois autres navires de feu Classic International Cruises : l'Arion, devenu le Porto, l'Athena, devenu l'Azores, et le Funchal.
Seul ce dernier semble mener sa barque, si l'on peut dire. Il paraît qu'il a été magnifiquement rénové (nos confrères de Mer et Marine ont effectué un splendide reportage sur ce navire), et tous ceux qui comme moi aiment les navires anciens s'en réjouiront.
Mais voilà, il est tout de même lui aussi bien âgé (1961). J'avais un jour écrit dans TourMaG.com que bien souvent, ce que l'on regrette le plus dans les navires anciens, c'est notre propre jeunesse.
Tous ces bateaux qui disparaissent...
C'est probablement mon cas car tous ces bateaux qui disparaissent Je les ai connus de près.
Le Mermoz bien sûr, lorsque je travaillais chez Paquet, le Funchal que j'ai beaucoup utilisé au début chez Scanditours, puis le Dalmacija, un bateau particulièrement attachant, aujourd'hui démoli, que j'ai affrété auprès de Plein Cap durant des années pour les Croisières du Soleil de Minuit.
Le Princesse Danaé garde une place un peu spéciale chez moi car c'est à sa naissance sous ce nom, en 1977, que j'ai effectué ma première croisière sur un navire de luxe (c'en était un à l'époque).
Je travaillais alors à l'agence American Express de Cannes, j'avais été invité par Karras, l'armateur, et j'y voyageais alors avec ma copine, une belle petite agent de voyages de Nice qui allait bientôt devenir ma femme (et qui l'est toujours).
Et voilà comment on a la nostalgie des vieux navires, évidemment !
Seulement voilà, le Princess Danae est un très vieux bateau. Car avant d'être transformé en bateau de croisière, il a eu une autre vie.
C'est en 1955 qu'il a été construit en Irlande, dans ces mêmes chantiers qui construisirent le Titanic. Il naquit sous le nom de "Port Melbourne".
C'était… un cargo réfrigéré, qui reliait pour la Port Line (une filiale de Cunard Line) l'Australie et la Nouvelle Zélande à l'Angleterre, afin de l'approvisionner en viande. Il prenait quand même 12 passagers !
En 1972, il fut vendu avec son jumeau, le Port Sidney, à l'armateur grec JC Karras qui le transforma d'abord en ferry, sous le nom de Therisos Express.
Le Mermoz bien sûr, lorsque je travaillais chez Paquet, le Funchal que j'ai beaucoup utilisé au début chez Scanditours, puis le Dalmacija, un bateau particulièrement attachant, aujourd'hui démoli, que j'ai affrété auprès de Plein Cap durant des années pour les Croisières du Soleil de Minuit.
Le Princesse Danaé garde une place un peu spéciale chez moi car c'est à sa naissance sous ce nom, en 1977, que j'ai effectué ma première croisière sur un navire de luxe (c'en était un à l'époque).
Je travaillais alors à l'agence American Express de Cannes, j'avais été invité par Karras, l'armateur, et j'y voyageais alors avec ma copine, une belle petite agent de voyages de Nice qui allait bientôt devenir ma femme (et qui l'est toujours).
Et voilà comment on a la nostalgie des vieux navires, évidemment !
Seulement voilà, le Princess Danae est un très vieux bateau. Car avant d'être transformé en bateau de croisière, il a eu une autre vie.
C'est en 1955 qu'il a été construit en Irlande, dans ces mêmes chantiers qui construisirent le Titanic. Il naquit sous le nom de "Port Melbourne".
C'était… un cargo réfrigéré, qui reliait pour la Port Line (une filiale de Cunard Line) l'Australie et la Nouvelle Zélande à l'Angleterre, afin de l'approvisionner en viande. Il prenait quand même 12 passagers !
En 1972, il fut vendu avec son jumeau, le Port Sidney, à l'armateur grec JC Karras qui le transforma d'abord en ferry, sous le nom de Therisos Express.
Le Princess Danaé a fait ses premières croisières début 1977
Mais devant le potentiel de développement de la croisière (Carnival, aux États-Unis, venait d'être créé et bouleversait le marché avec son concept de "fun cruises"), il décida d'en faire un paquebot de croisière, ne gardant que la coque et les moteurs : 4 ans de travaux, un travail reconnu comme exceptionnel, et, sous le nom de Danaé, premières croisières début 1977.
Un navire magnifique, auquel manquait hélas le savoir faire commercial : deux ans plus tard, il fut totalement affrété puis racheté par Costa, qui l'exploita durant onze ans.
En 1992, en réparation à Gênes, il fut victime d'un terrible incendie et fut déclaré "perte totale". D'abord vendu à la casse en Grèce, il fut racheté in extremis par une compagnie qui le baptisa "Anar" (!), puis il devint le Baltica.
Je l'ai revu à cette époque, et je l'avais alors trouvé bien délabré. Ce n'est qu'en 1996 qu'il fut vendu à Arcalia Shipping, basée à Lisbonne, qui devint plus tard Classic International Cruises, et c'est là qu'il prit le nom de Princess Danae.
Il connut un beau succès en France, jusqu'à la catastrophe de fin 2012 avec la faillite de l'armateur et de sa filiale française NDS.
Voilà l'histoire du bateau… et la plupart des navires de cette époque en ont presque autant à raconter. Il y a la part du cœur, et celle de la réalité, et cette dernière ne rend guère optimiste l'avenir des projets de ce genre.
Mais qui sait ? On en a vu, des bateaux qu'on croyait disparus, renaître et naviguer, ce fut d'ailleurs le cas de celui-là.
Alors peut-être, avec beaucoup d'argent, de ténacité et de foi, verra-t-on revenir le Lisboa… j'ai malheureusement des doutes. Aujourd'hui, avec les nouvelles normes qui se mettent en place, tous les bateaux de croisière construits avant 1970, même en parfait état, vont faire face à de gros problèmes techniques et financiers.
Ainsi va la vie : ces bateaux ont été jeunes et beaux, ils ont vécu et vieilli, là comme ailleurs, c'est inéluctable.
Une bonne raison pour se tourner vers l'avenir et la croisière du futur, et ça, on en reparlera bientôt...
Un navire magnifique, auquel manquait hélas le savoir faire commercial : deux ans plus tard, il fut totalement affrété puis racheté par Costa, qui l'exploita durant onze ans.
En 1992, en réparation à Gênes, il fut victime d'un terrible incendie et fut déclaré "perte totale". D'abord vendu à la casse en Grèce, il fut racheté in extremis par une compagnie qui le baptisa "Anar" (!), puis il devint le Baltica.
Je l'ai revu à cette époque, et je l'avais alors trouvé bien délabré. Ce n'est qu'en 1996 qu'il fut vendu à Arcalia Shipping, basée à Lisbonne, qui devint plus tard Classic International Cruises, et c'est là qu'il prit le nom de Princess Danae.
Il connut un beau succès en France, jusqu'à la catastrophe de fin 2012 avec la faillite de l'armateur et de sa filiale française NDS.
Voilà l'histoire du bateau… et la plupart des navires de cette époque en ont presque autant à raconter. Il y a la part du cœur, et celle de la réalité, et cette dernière ne rend guère optimiste l'avenir des projets de ce genre.
Mais qui sait ? On en a vu, des bateaux qu'on croyait disparus, renaître et naviguer, ce fut d'ailleurs le cas de celui-là.
Alors peut-être, avec beaucoup d'argent, de ténacité et de foi, verra-t-on revenir le Lisboa… j'ai malheureusement des doutes. Aujourd'hui, avec les nouvelles normes qui se mettent en place, tous les bateaux de croisière construits avant 1970, même en parfait état, vont faire face à de gros problèmes techniques et financiers.
Ainsi va la vie : ces bateaux ont été jeunes et beaux, ils ont vécu et vieilli, là comme ailleurs, c'est inéluctable.
Une bonne raison pour se tourner vers l'avenir et la croisière du futur, et ça, on en reparlera bientôt...
François Weill a effectué la plus grande partie de sa carrière dans le tour operating et la croisière. Une carrière qu'il a débutée, après des études de philosophie, en 1974 chez American Express puis aux Croisières Paquet, avant de faire de sa propre entreprise, Scanditours, le 1er voyagiste français spécialiste des destinations nordiques.
A la fin des années 90, il vend Scanditours à Kuoni et, après une parenthèse de quelques années comme consultant, journaliste, et enseignant à l'université de Marne-la-Vallée, il crée la filiale française de Hurtigruten dont il assure la présidence et la direction jusqu'en 2010 avec le succès que l'on sait.
En 2008, le Roi Harald V lui a décerné le titre d'Officier de l'Ordre Royal du Mérite de Norvège, pour les services rendus au développement de cette destination sur le marché français.
Président de l'AFCC durant plusieurs années, François Weill a repris ses activités de consultant.
Contact :fw@francoisweill.fr
A la fin des années 90, il vend Scanditours à Kuoni et, après une parenthèse de quelques années comme consultant, journaliste, et enseignant à l'université de Marne-la-Vallée, il crée la filiale française de Hurtigruten dont il assure la présidence et la direction jusqu'en 2010 avec le succès que l'on sait.
En 2008, le Roi Harald V lui a décerné le titre d'Officier de l'Ordre Royal du Mérite de Norvège, pour les services rendus au développement de cette destination sur le marché français.
Président de l'AFCC durant plusieurs années, François Weill a repris ses activités de consultant.
Contact :fw@francoisweill.fr