Le torchon brûle entre Lufthansa et les agences de voyages.
Réunies en ce moment à Lisbonne pour la 9e édition des forces de ventes affaires, les adhérents du réseau Selectour Afat n'ont pas caché leur fureur après l'annonce d'une nouvelle taxe de 16 euros imposée sur toute réservation via les GDS.
Cette déclaration brutale a également surpris Georges Rudas, le PDG d'Amadeus, qui a exprimé sont étonnement dans une lettre adressée à ses partenaires.
Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'une compagnie menace de court-circuiter ce canal de distribution. C'est d'ailleurs bien souvent un moyen de pression dans les négociations. "Mais jusqu'à présent, aucune n'avait osé sauter le pas" remarque Philippe Quilien, directeur des ventes chez KDS.
En 2009, Lufthansa avait déjà déclenché la colères des distributeurs allemands en imposant un débit de 4,90 euros par segment pour réserver certains tarifs promotionnels.
Réunies en ce moment à Lisbonne pour la 9e édition des forces de ventes affaires, les adhérents du réseau Selectour Afat n'ont pas caché leur fureur après l'annonce d'une nouvelle taxe de 16 euros imposée sur toute réservation via les GDS.
Cette déclaration brutale a également surpris Georges Rudas, le PDG d'Amadeus, qui a exprimé sont étonnement dans une lettre adressée à ses partenaires.
Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'une compagnie menace de court-circuiter ce canal de distribution. C'est d'ailleurs bien souvent un moyen de pression dans les négociations. "Mais jusqu'à présent, aucune n'avait osé sauter le pas" remarque Philippe Quilien, directeur des ventes chez KDS.
En 2009, Lufthansa avait déjà déclenché la colères des distributeurs allemands en imposant un débit de 4,90 euros par segment pour réserver certains tarifs promotionnels.
Appel au boycott de la compagnie ?
Mais l'affaire est aujourd'hui beaucoup plus grave.
"Il faut boycotter Lufthansa" s'exclame sans détour Christine Queyroi de l'agence Près des Etoiles.
Un ressentiment partagé par plusieurs de ses collègues même si tous ne sont pas prêts à suivre un tel mot d'ordre.
"Lufthansa propose les meilleurs tarifs et d'excellentes connections au départ de Toulouse. C'est une compagnie qui se vend toute seule, il m'est impossible de la boycotter" remarque Lydia Rozière de l'agence Touromed à Rodez. Elle ne voit pas d'autre solution que de répercuter le coût de cette taxe sur ses clients, en espérant qu'ils soient compréhensifs.
Sur le plateau d'affaires de Bleu Voyages à Lyon, beaucoup de clients s'interrogent sur une éventuelle hausse des tarifs. "On m'a demandé si la guerre des réseaux de distribution était déclarée" s'exclame Véronique Wattelier. Mais elle préfère ne pas en dire plus pour éviter de jeter de l'huile sur le feu.
D'autant que pour beaucoup, l'attitude de Lufthansa est difficilement compréhensible. "Va t-elle tuer les GDS qu'elle a pourtant contribué à créer ?" s'interroge Jean-Marc Gameiro de Tourexcel.
"Il faut boycotter Lufthansa" s'exclame sans détour Christine Queyroi de l'agence Près des Etoiles.
Un ressentiment partagé par plusieurs de ses collègues même si tous ne sont pas prêts à suivre un tel mot d'ordre.
"Lufthansa propose les meilleurs tarifs et d'excellentes connections au départ de Toulouse. C'est une compagnie qui se vend toute seule, il m'est impossible de la boycotter" remarque Lydia Rozière de l'agence Touromed à Rodez. Elle ne voit pas d'autre solution que de répercuter le coût de cette taxe sur ses clients, en espérant qu'ils soient compréhensifs.
Sur le plateau d'affaires de Bleu Voyages à Lyon, beaucoup de clients s'interrogent sur une éventuelle hausse des tarifs. "On m'a demandé si la guerre des réseaux de distribution était déclarée" s'exclame Véronique Wattelier. Mais elle préfère ne pas en dire plus pour éviter de jeter de l'huile sur le feu.
D'autant que pour beaucoup, l'attitude de Lufthansa est difficilement compréhensible. "Va t-elle tuer les GDS qu'elle a pourtant contribué à créer ?" s'interroge Jean-Marc Gameiro de Tourexcel.
Les GDS trop rentables ?
La compagnie allemande paraît plutôt vouloir rebattre les cartes d'un jeu qu'elle trouve aujourd'hui déséquilibré.
En effet, les GDS sont devenus des entreprises très rentables. Sur le premier trimestre 2015, Amadeus a enregistré une hausse de 14% de ses revenus à 989.4 millions d'euros. Les réservations aériennes via les agences de voyages ont quant à elles progressé de 11,4%.
Des chiffres à faire pâlir d'envie les compagnies aériennes qui cumulent les pertes et doivent se contenter de marges très faibles.
L'aspect financier est d'ailleurs l'argument principal de la compagnie allemande.
Elle estime qu'une réservation en direct lui coûte 2 euros, contre 16 euros via les GDS.
"Ce n'est pas aussi simple que cela" tempère Frédéric Saunier, le directeur commercial d'Amadeus France. "Les ventes en direct ont aussi un coût car il faut embaucher pour développer les fonctionnalités du backoffice. Il faut également investir sur Google pour acquérir des nouveaux clients".
Il croit d'ailleurs que la position de la compagnie n'est pas figée et qu'elle va certainement évoluer.
En effet, les GDS sont devenus des entreprises très rentables. Sur le premier trimestre 2015, Amadeus a enregistré une hausse de 14% de ses revenus à 989.4 millions d'euros. Les réservations aériennes via les agences de voyages ont quant à elles progressé de 11,4%.
Des chiffres à faire pâlir d'envie les compagnies aériennes qui cumulent les pertes et doivent se contenter de marges très faibles.
L'aspect financier est d'ailleurs l'argument principal de la compagnie allemande.
Elle estime qu'une réservation en direct lui coûte 2 euros, contre 16 euros via les GDS.
"Ce n'est pas aussi simple que cela" tempère Frédéric Saunier, le directeur commercial d'Amadeus France. "Les ventes en direct ont aussi un coût car il faut embaucher pour développer les fonctionnalités du backoffice. Il faut également investir sur Google pour acquérir des nouveaux clients".
Il croit d'ailleurs que la position de la compagnie n'est pas figée et qu'elle va certainement évoluer.
Des difficultés dans la gestion des paiements.
Car faute d'un accord, il va devenir bien onéreux pour les agences de voyages de réserver via un GDS.
Lufthansa a déjà envoyé un message à ses clients corporate pour les inciter à réserver sur son nouveau site internet LHGroup-agent.com.
Une pratique que le SNAV considère comme déloyale comme le dénonce ce communiqué de presse.
En effet, s'il n'est pas interdit de régler en carte de crédit (contrairement à ce qu'annonce le SNAV), ce mode de paiement va poser plusieurs problèmes.
Tout d'abord, les agences vont devoir régler immédiatement le prix du billet, contre un paiement mensuel via le BSP et donc les GDS.
"Cela va rajouter une ligne sur le traitement comptable. Les entreprises vont avoir du mal à consolider leurs comptes et appliquer leur politique voyage" remarque Tony d'Andréa, co-président de la commission Affaires de Selectour Afat.
Il va être également compliqué de comparer les offres si elles n'apparaissent plus dans les GDS.
Lufthansa a déjà envoyé un message à ses clients corporate pour les inciter à réserver sur son nouveau site internet LHGroup-agent.com.
Une pratique que le SNAV considère comme déloyale comme le dénonce ce communiqué de presse.
En effet, s'il n'est pas interdit de régler en carte de crédit (contrairement à ce qu'annonce le SNAV), ce mode de paiement va poser plusieurs problèmes.
Tout d'abord, les agences vont devoir régler immédiatement le prix du billet, contre un paiement mensuel via le BSP et donc les GDS.
"Cela va rajouter une ligne sur le traitement comptable. Les entreprises vont avoir du mal à consolider leurs comptes et appliquer leur politique voyage" remarque Tony d'Andréa, co-président de la commission Affaires de Selectour Afat.
Il va être également compliqué de comparer les offres si elles n'apparaissent plus dans les GDS.
Air France "évalue cette option"
Autre point crucial, les agences n'auront plus la gestion du volume de leurs ventes.
Les vendeurs vont immanquablement perdre des revenus car ils ne pourront plus justifier du volume nécessaire afin de toucher les rétro-commissions, généralement reversés par les réseaux.
Au final, Lufthansa pourrait bien avoir ouvert la boîte de Pandore. "C'est exactement comme pour la commission zéro. Toutes les compagnies vont s'engouffrer dans cette brèche et au final ce sont encore nous les agences qui allons trinquer" s'énerve Christine Queyroi.
D'ailleurs, Alexandre de Juniac, PDG d'Air France KLM, cité par l'agence Reuters, a déclaré en marge de l'Assemblée Générale de IATA : "C'est une question absolument clé pour nous. Nous évaluons cette option"
Le SNAV et le réseau Selectour Afat n'ont pas dit leur dernier mot.
Lors de son discours d'inauguration des forces de ventes affaires dimanche 7 juin, la présidente du réseau Dominique Beljanski assurait qu'elle allait se battre. Elle compte participer mardi 9 juin à une réunion de crise organisée par le SNAV.
Une rencontre sur laquelle les adhérents fondent beaucoup d'espoirs.
Les vendeurs vont immanquablement perdre des revenus car ils ne pourront plus justifier du volume nécessaire afin de toucher les rétro-commissions, généralement reversés par les réseaux.
Au final, Lufthansa pourrait bien avoir ouvert la boîte de Pandore. "C'est exactement comme pour la commission zéro. Toutes les compagnies vont s'engouffrer dans cette brèche et au final ce sont encore nous les agences qui allons trinquer" s'énerve Christine Queyroi.
D'ailleurs, Alexandre de Juniac, PDG d'Air France KLM, cité par l'agence Reuters, a déclaré en marge de l'Assemblée Générale de IATA : "C'est une question absolument clé pour nous. Nous évaluons cette option"
Le SNAV et le réseau Selectour Afat n'ont pas dit leur dernier mot.
Lors de son discours d'inauguration des forces de ventes affaires dimanche 7 juin, la présidente du réseau Dominique Beljanski assurait qu'elle allait se battre. Elle compte participer mardi 9 juin à une réunion de crise organisée par le SNAV.
Une rencontre sur laquelle les adhérents fondent beaucoup d'espoirs.