Entre les différents organismes de statistiques, comme l'Insee ou Eurostat, les résultats de fréquentation touristique varient parfois du simple au triple. Un constat proprement inconcevable pour le président d'Interface Tourism - DR : Fotolia
Alléluia, nous voilà rassurés, nous sommes toujours les champions du monde en nombre de touristes étrangers visitant notre beau pays.
Cette année, nous enregistrons même une belle progression. Bien évidemment, les autocongratulations furent au rendez vous...
Il faut bien que notre pays, dont les performances économiques sont, actuellement, plutôt médiocres (si l'on veut rester politiquement correct) se distingue au moins dans un secteur : le tourisme.
De plus, cela donnera raison à l'une de nos excellences ministérielles qui disait récemment : "lorsque nous n'aurons plus d'industrie, nous serons CONDAMNES à vivre du tourisme". Il y a pire...
Bien entendu, comme chaque année, il fallait s'attendre à ce que quelques grincheux habituels s'interrogent sur ces chiffres, allant jusqu'à douter de leur véracité.
A ma grande surprise, cette année, le flot de critiques pris une ampleur différente. C'est certainement la rançon que nous devons à Internet et aux médias sociaux.
J'ai pu ainsi lire un nombre très important de commentaires, réflexions et critiques en rapport avec ces résultats en provenance des milieux les plus divers de notre galaxie touristique.
Cette année, nous enregistrons même une belle progression. Bien évidemment, les autocongratulations furent au rendez vous...
Il faut bien que notre pays, dont les performances économiques sont, actuellement, plutôt médiocres (si l'on veut rester politiquement correct) se distingue au moins dans un secteur : le tourisme.
De plus, cela donnera raison à l'une de nos excellences ministérielles qui disait récemment : "lorsque nous n'aurons plus d'industrie, nous serons CONDAMNES à vivre du tourisme". Il y a pire...
Bien entendu, comme chaque année, il fallait s'attendre à ce que quelques grincheux habituels s'interrogent sur ces chiffres, allant jusqu'à douter de leur véracité.
A ma grande surprise, cette année, le flot de critiques pris une ampleur différente. C'est certainement la rançon que nous devons à Internet et aux médias sociaux.
J'ai pu ainsi lire un nombre très important de commentaires, réflexions et critiques en rapport avec ces résultats en provenance des milieux les plus divers de notre galaxie touristique.
Le tourisme est maintenant une compétence de Bruxelles
Dans l'ensemble, les internautes, souvent ironiques, mettaient en doute ces statistiques souvent comparées à celles, mirobolantes, qu'affichaient dans tous les domaines, il y a quelques années, les pays du bloc Soviétique.
"La critique est aisée et l'art est difficile," dit-on. Aussi, pour en avoir le cœur net et comme le Mistral soufflait trop pour se prélasser sur la plage, je me suis lancé, grâce à Internet, à la recherche d'informations pouvant corroborer ou infirmer nos magnifiques performances.
Comme nous sommes de plus en plus intégrés dans l'UE27 (maintenant 28) et que, depuis le traité de Lisbonne, le tourisme est maintenant une compétence de Bruxelles, je me suis dit que peut-être, de ce côté, je trouverai des éléments intéressants.
Et bien, je n'ai pas été déçu du voyage !
Il existe, en effet, dans la machine à statistiques de l'UE28, dénommée EUROSTAT, un département consacré au tourisme qui produit de très nombreux documents.
Pour trouver ce que je cherchais, j'ai été amené à consulter un bon nombre d'entre eux qui globalement sont intéressants, bien documentés et dont la méthodologie semble excellente.
"La critique est aisée et l'art est difficile," dit-on. Aussi, pour en avoir le cœur net et comme le Mistral soufflait trop pour se prélasser sur la plage, je me suis lancé, grâce à Internet, à la recherche d'informations pouvant corroborer ou infirmer nos magnifiques performances.
Comme nous sommes de plus en plus intégrés dans l'UE27 (maintenant 28) et que, depuis le traité de Lisbonne, le tourisme est maintenant une compétence de Bruxelles, je me suis dit que peut-être, de ce côté, je trouverai des éléments intéressants.
Et bien, je n'ai pas été déçu du voyage !
Il existe, en effet, dans la machine à statistiques de l'UE28, dénommée EUROSTAT, un département consacré au tourisme qui produit de très nombreux documents.
Pour trouver ce que je cherchais, j'ai été amené à consulter un bon nombre d'entre eux qui globalement sont intéressants, bien documentés et dont la méthodologie semble excellente.
Des chiffres totalement différents
A force de perspicacité j'ai finalement trouvé des documents, pas de 2013 mais concernant l'année 2011, me permettant de faire des comparaisons.
Et... surprise ! Les chiffres donnant le nombre de touristes par pays en provenance des différents pays de l'UE27 étaient extrêmement différents de ceux produits par la DGCIS, et dans des proportions considérables...
Il serait parfaitement admissible que deux organismes, n'utilisant pas des méthodes similaires, puissent produire des résultats relativement différents.
Mais, à l'évidence, les ordres de grandeur devraient être de même nature. Or, dans ce cas précis, les statistiques présentées divergent totalement d'un document à l'autre. C'est tout simplement aberrant !
Ma première idée, pour expliquer ces différences, fut qu'ils ne devaient pas comptabiliser les mêmes données (qu'est-ce qu'un touriste ? par exemple).
Et bien non, après vérification, ils parlaient bien de la même chose et comptabilisaient les mêmes individus.
Deuxième explication possible : les modes de collectes des informations seraient tellement différents qu'ils entraîneraient des données consolidées peu comparables.
Malheureusement les organismes incriminés, Insee et Eurostat, sont peu loquaces sur ce point et il est donc impossible d'avancer sur cette hypothèse.
Toutefois, il faut sur ce point, avoir en tête, qu'à l'exception de la Grande Bretagne, nous n'avons plus aucun contrôle à nos frontières.
Et comme les séjours intra-européens sont, pour une grande partie, réalisés par voie terrestre, on imagine la complexité de la comptabilisation qui doit maintenant ne se faire plus que par sondage.
D'autre part, la position géographique de la France implique que de nombreux Européens utilisent notre territoire uniquement en transit vers d'autres pays (Espagne, Italie) et ils le traversent habituellement 2 fois à l'aller et au retour. Tout ceci peut générer des dérapages non contrôlés.
Et... surprise ! Les chiffres donnant le nombre de touristes par pays en provenance des différents pays de l'UE27 étaient extrêmement différents de ceux produits par la DGCIS, et dans des proportions considérables...
Il serait parfaitement admissible que deux organismes, n'utilisant pas des méthodes similaires, puissent produire des résultats relativement différents.
Mais, à l'évidence, les ordres de grandeur devraient être de même nature. Or, dans ce cas précis, les statistiques présentées divergent totalement d'un document à l'autre. C'est tout simplement aberrant !
Ma première idée, pour expliquer ces différences, fut qu'ils ne devaient pas comptabiliser les mêmes données (qu'est-ce qu'un touriste ? par exemple).
Et bien non, après vérification, ils parlaient bien de la même chose et comptabilisaient les mêmes individus.
Deuxième explication possible : les modes de collectes des informations seraient tellement différents qu'ils entraîneraient des données consolidées peu comparables.
Malheureusement les organismes incriminés, Insee et Eurostat, sont peu loquaces sur ce point et il est donc impossible d'avancer sur cette hypothèse.
Toutefois, il faut sur ce point, avoir en tête, qu'à l'exception de la Grande Bretagne, nous n'avons plus aucun contrôle à nos frontières.
Et comme les séjours intra-européens sont, pour une grande partie, réalisés par voie terrestre, on imagine la complexité de la comptabilisation qui doit maintenant ne se faire plus que par sondage.
D'autre part, la position géographique de la France implique que de nombreux Européens utilisent notre territoire uniquement en transit vers d'autres pays (Espagne, Italie) et ils le traversent habituellement 2 fois à l'aller et au retour. Tout ceci peut générer des dérapages non contrôlés.
Des résultats du simple au triple suivant la source
Voyons cela de plus près.
L'Insee, pour 2011, annonce 81,4 millions de touristes étrangers dont 67,2 millions en provenance des pays de l'UE27, soit 82,5% de la totalité de notre visitorat.
De son côté, Eurostat évalue la totalité des séjours touristiques internationaux intracommunautaires à 247,1 millions.
Les pays bénéficiaires de cette manne touristiques étant dans l'ordre, l'Espagne avec 13% soit 32,1 millions de touristes étrangers européens, suivie à égalité par l'Italie et la France avec 9%, soit 22,3 millions de touristes.
Donc, suivant les deux sources, nous aurions des évaluations variant du simple au triple. C'est proprement inconcevable.
Si l'on rentre dans le détail des pays, on constate les mêmes incohérences, avec toutefois des différences sensibles.
Par exemple, pour la Belgique, l'estimation Insee est 3,5 fois supérieure à celle d'Eurostat, avec un nombre de touristes supérieur à la population belge (sic).
Pour le Royaume-Uni, l'évaluation de l'Insee est double, et pour l'Allemagne elle n'est supérieure que de 30%.
Au-delà de ces considérables écarts, la lecture de ces deux séries de statistiques, donne également des visions divergentes quant au classement des pays européens recevant le plus de touristes.
Comme présentée plus haut, Eurostat positionne l'Espagne en tête avec un écart avec la France supérieur à 10 millions de touristes.
Certes, il ne s'agit que des touristes européens, mais ceux-ci représentent plus de 80% de tous les touristes des cinq continents.
Il est donc a priori impossible pour la France de rattraper ce retard sur l'Espagne en surclassant cette dernière dans l'accueil des touristes des quatre autres continents.
Grosso modo, pour compenser l'écart constaté en Europe, il faudrait que la France accueille 4,5 fois plus de touristes internationaux que l'Espagne !
L'Insee, pour 2011, annonce 81,4 millions de touristes étrangers dont 67,2 millions en provenance des pays de l'UE27, soit 82,5% de la totalité de notre visitorat.
De son côté, Eurostat évalue la totalité des séjours touristiques internationaux intracommunautaires à 247,1 millions.
Les pays bénéficiaires de cette manne touristiques étant dans l'ordre, l'Espagne avec 13% soit 32,1 millions de touristes étrangers européens, suivie à égalité par l'Italie et la France avec 9%, soit 22,3 millions de touristes.
Donc, suivant les deux sources, nous aurions des évaluations variant du simple au triple. C'est proprement inconcevable.
Si l'on rentre dans le détail des pays, on constate les mêmes incohérences, avec toutefois des différences sensibles.
Par exemple, pour la Belgique, l'estimation Insee est 3,5 fois supérieure à celle d'Eurostat, avec un nombre de touristes supérieur à la population belge (sic).
Pour le Royaume-Uni, l'évaluation de l'Insee est double, et pour l'Allemagne elle n'est supérieure que de 30%.
Au-delà de ces considérables écarts, la lecture de ces deux séries de statistiques, donne également des visions divergentes quant au classement des pays européens recevant le plus de touristes.
Comme présentée plus haut, Eurostat positionne l'Espagne en tête avec un écart avec la France supérieur à 10 millions de touristes.
Certes, il ne s'agit que des touristes européens, mais ceux-ci représentent plus de 80% de tous les touristes des cinq continents.
Il est donc a priori impossible pour la France de rattraper ce retard sur l'Espagne en surclassant cette dernière dans l'accueil des touristes des quatre autres continents.
Grosso modo, pour compenser l'écart constaté en Europe, il faudrait que la France accueille 4,5 fois plus de touristes internationaux que l'Espagne !
Une cacophonie de statistiques
Donc, Eurostat, par ses statistiques, nous déposséderait de notre première place acquise depuis des lustres. Cela devient très sérieux... la patrie est en danger !
Trêve de plaisanterie, cette affaire est évidemment à relativiser, mais elle n'est pour autant pas à traiter par-dessus la jambe.
En effet, nous savons tous, au moins chez les professionnels du tourisme, que ce secteur d'activité n'est pas considéré et traité à la hauteur de son potentiel économique.
Il doit être pris en compte comme une réelle filière industrielle et ceci implique une connaissance précise de ses performances. Cette cacophonie de statistiques ne va pas dans le bon sens.
En conclusion, il faut tirer au clair cette affaire. Si c'est l'Insee qui a péché par optimisme, il est impératif que les mesures adéquates soient prises pour que nous bénéficions, à l'avenir, de statistiques incontestables.
Si c'est Eurostat qui est dans l'erreur, il faut intervenir vigoureusement auprès de la Commission Européenne pour faire cesser cette imposture.
Enfin, ne pourrait-on pas également tirer de ce "conflit statistique", la conclusion qu'il serait souhaitable d'éviter la redondance entre les organismes et que des statistiques en provenance d'une seule source, totalement fiabilisée, devraient être suffisants.
Le Mistral a du bon... il permet de se pencher sur des sujets que l'on n'a pas le temps d'étudier au cours de l'année.
Trêve de plaisanterie, cette affaire est évidemment à relativiser, mais elle n'est pour autant pas à traiter par-dessus la jambe.
En effet, nous savons tous, au moins chez les professionnels du tourisme, que ce secteur d'activité n'est pas considéré et traité à la hauteur de son potentiel économique.
Il doit être pris en compte comme une réelle filière industrielle et ceci implique une connaissance précise de ses performances. Cette cacophonie de statistiques ne va pas dans le bon sens.
En conclusion, il faut tirer au clair cette affaire. Si c'est l'Insee qui a péché par optimisme, il est impératif que les mesures adéquates soient prises pour que nous bénéficions, à l'avenir, de statistiques incontestables.
Si c'est Eurostat qui est dans l'erreur, il faut intervenir vigoureusement auprès de la Commission Européenne pour faire cesser cette imposture.
Enfin, ne pourrait-on pas également tirer de ce "conflit statistique", la conclusion qu'il serait souhaitable d'éviter la redondance entre les organismes et que des statistiques en provenance d'une seule source, totalement fiabilisée, devraient être suffisants.
Le Mistral a du bon... il permet de se pencher sur des sujets que l'on n'a pas le temps d'étudier au cours de l'année.