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Grève des contrôleurs aériens : retour sur son "impact disproportionné"

Eurocontrol a établi un bilan des grèves des 3 et 4 juillet 2025


La semaine dernière, deux syndicats minoritaires ont déposé des préavis de grève. Les deux organisations se sont félicitées d'une mobilisation historique, mais qui a eu des conséquences considérables en France, mais aussi en Europe. Voici un bilan de l'impact de la grève des contrôleurs aériens des 3 et 4 juillet 2025. Philippe Tabarot ne reviendra pas en arrière sur les pointeuses.



Rédigé par le Vendredi 11 Juillet 2025

Pointeuse controle aérien : Philippe Tabarot "ne va pas évoluer sur le sujet " - Depositphotos @Westlight
Pointeuse controle aérien : Philippe Tabarot "ne va pas évoluer sur le sujet " - Depositphotos @Westlight
Les syndicats de la DGAC ont voulu marquer le coup et les esprits, et leur pari est réussi.

La semaine dernière, l'UNSA ICNA et l'USAC CGT avaient déposé des préavis de grève la veille du premier grand chassé-croisé estival des Français.

Les deux organisations syndicales se sont félicitées d'une mobilisation historique, "allant au-delà des prévisions de la DGAC (...) il est désormais temps d'acter l'entrée dans une nouvelle ère où les ingénieurs des tours de contrôle devront, ensemble, réapprendre à dire Non à l'inacceptable.."

Face à une forte mobilisation, la DGAC a décidé de supprimer entre 25 et 50 % des vols au départ des aéroports comme Nice, Lyon, Marseille, Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, les plus importantes plateformes françaises.

Le premier point dressé dans les agences de voyages relate une situation disparate puisque tous les aéroports n'ont pas été touchés, et pas dans les mêmes proportions.

D'après un sondage paru sur le Helpdesk, 45 % des 354 agents de voyages ayant répondu ont déclaré ne pas avoir du tout été impactés par le conflit. Les sondés restants ont, pour 41 % d'entre eux, eu moins de trois dossiers, 8 % en avaient plus de six, et 6 % entre trois et six dossiers.

"Par chance, je n'avais qu'un seul dossier, mes clients ont accepté de rentrer un jour plus tôt.

Si tel n'avait pas été le cas, les conséquences financières pour cet unique dossier auraient été importantes. Ils rentraient sur Bruxelles, mais comme l'avion devait survoler la France, il aurait été touché par le mouvement.

Nous aurions dû, à l'agence, prendre d'autres billets qui seraient passés de 500 à 850 euros s'ils avaient dû changer d'avion. Donc, même si mes confrères n'ont même que trois dossiers, cela peut vite coûter excessivement cher.

Malgré tout, nous assumons cette partie du métier,
" nous a expliqué Jean-Charles Franchomme, le président-fondateur du CMDV et du Helpdesk.

Grève des 3 et 4 juillet : 1 million de passagers touchés en Europe !

Les conséquences ont également été préjudiciables dans le sud-ouest de la France, au sein des bureaux de FRAM. Le géant du tourisme avait, sur ces deux jours, b[5 000 personnes sur le départ ou en retour de voyage.
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Et ce n'est pas tout, car les conséquences n'ont pas seulement été ressenties dans le ciel de l'Hexagone.

Eurocontrol s'est penché "sur l’impact disproportionné qu’une grève du contrôle aérien (ATC) dans un pays très fréquenté peut avoir sur l’ensemble du réseau européen."

N'oublions pas que si notre pays est une voie de passage pour les vacanciers en provenance d'Allemagne, des Pays-Bas ou encore de la Belgique, se rendant en voiture en Espagne et en Italie, il l'est aussi pour ceux qui s'y rendent en avion.

Ainsi, d'après les décomptes de l'agence de gestion de la navigation aérienne, le mouvement social a retardé 3 713 vols par jour de grève, soit 10,7 % de tous les vols de l’espace aérien européen !

Cela a généré 330 000 minutes de retards directs et 43 000 minutes de retards indirects rien qu'en France.

Ce n'est pas tout, car il a été enregistré 1 422 annulations par jour de grève (4,7 % des vols programmés).

Si la France est le principal marché touché, avec un indice de ponctualité étant passé de 73 % à 50 %, les conséquences se sont également fait sentir en Espagne, au Royaume-Uni et en Italie, pour un total de 354 000 minutes de retards directs cumulés sur tout le réseau.

En tout, un million de passagers ont été touchés par la grève, et 200 000 ont vu leurs vols annulés.

Grève des 3 et 4 juillet : 120 millions d'euros de surcoût pour les compagnies aériennes

Pour poursuivre dans les chiffres, cette grève a également contraint les compagnies à contourner la France et à éviter les tours de contrôle où le nombre de grévistes était le plus élevé, ce qui a entraîné la consommation de 18 000 tonnes de carburant supplémentaires et plus de 60 000 tonnes de CO₂ excédentaires émises.

En tout, le conflit aurait coûté aux compagnies, toujours selon Eurocontrol, 47 millions d’euros en retards, et environ 73 millions d’euros en annulations.

Les syndicats ont justifié ces préavis par un management toxique et une dégradation des conditions de travail mettant en danger "le bon fonctionnement des services et la sécurité aérienne".

Plusieurs médias ont mis en exergue comme motivation principale l'installation des pointeuses biométriques, qui ont été imposées à la suite d'un "incident grave" survenu à l'aéroport de Bordeaux, incident qui aurait pu être tragique.

Une collision a été évitée de justesse.

L'enquête a révélé "une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.

Il prévoyait en effet six contrôleurs présents, mais le chef de tour avait, en accord avec son équipe, modifié à la baisse les effectifs prévus à trois contrôleurs à l'heure de l'incident grave
" expliquent nos confrères de France Info.

Durant les deux jours de grève, une campagne de dénigrement intensive à l'encontre des contrôleurs aériens a eu lieu sur les réseaux sociaux.

Pointeuse contrôle aérien : Philippe Tabarot "ne va pas évoluer sur le sujet"

De son côté, Philippe Tabarot a frappé du poing sur la table et qualifié ce conflit social "d'inacceptable".

Il a appelé ces personnes à assumer leurs responsabilités, compte tenu de l'impact qu'elles peuvent avoir sur la vie des Français.

Malgré ces messages, rien ne laisse à penser que les contrôleurs aériens et les syndicats ne soient pas prêts à revenir à la charge, puisque les sources du conflit n'ont pas été éradiquées.

"A notre connaissance, il n'y a pas de nouvelles consultations prévues entre les deux parties

Le ministre ne compte pas revenir sur le sujet de la badgeuse, car nous parlons ici d'un enjeu de sécurité aérienne. Par ailleurs, il s'agit d'un dispositif utilisé dans de nombreux pays européens.

C'est une attente absolument légitime qu'il n'y ait pas d'arrangements aboutissant à des absences entraînant un manquement dans les présences requises pour assurer le bon fonctionnement des tours de contrôle.

Les pointeuses ne sont pas des outils de flicage ou de stigmatisation, mais une exigence de sécurité imposée à une profession ayant une immense responsabilité,
" nous dit-on de source ministérielle.

De plus, l'UNSA ICNA réclamait aussi une augmentation des salaires, alors que la profession a obtenu une revalorisation salariale de 7 % en 2024. Dans les couloirs des ministères, il nous a été affirmé qu'il n'y a pas de place pour de nouvelles revendications sur ce sujet.

Pour clore, les syndicats, tout comme le patron d'Eurocontrol, se sont émus d'un manque de recrutement.

L'entourage de Philippe Tabarot reconnaît cette lacune, même si un plan a bien été mis en place par la DGAC et que celui-ci doit monter en puissance dans les années à venir.

À son rythme de croisière, 160 contrôleurs seront recrutés chaque année. Le problème actuel étant que le temps de formation de ces professionnels est long, donc la mise à disposition de ces nouveaux salariés prend du temps.

À noter qu'Eurocontrol a tenu à rappeler que le centre de contrôle régional de Marseille (ACC) ne fournit toujours pas pleinement la capacité requise (générant 340 000 minutes de retard, y compris l’impact de la grève) et que ceux de Bordeaux, Brest et Reims doivent s'ajuster pour répondre aux besoins.

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