Vendredi 20 mars à 10h30 avait lieu au Salon Mondial du Tourisme à Paris une rencontre passionnée autour du thème d’actualité : « propriétaires/intermédiaires : alliés ou ennemis ? ». © drubig-photo - Fotolia.com
Lors de la conférence « Propriétaires/intermédiaires : alliés ou ennemis ? » au salon Mondial du Tourisme, Florence Pinsard des chambres d’hôtes Les Fermes de Florence pointe d’emblée du doigt la source de son énervement et s’adresse directement à Benjamin Glaenzer, responsable du business development chez Airbnb.
« Quand on s’inscrit sur Airbnb, un scan de la carte d’identité est demandé.
Pourquoi ne demandez-vous pas une copie de la déclaration faite en mairie (ndlr : une obligation depuis 2013 quand il ne s’agit pas la résidence principale du loueur) ?
Le fait qu’Airbnb opère sans aucune vérification de l’offre, sans aucune garantie et sans une fiscalité à égalité avec ce qu’on nous demande, à nous, propriétaires de chambre d’hôtes, est injuste.
C’est une économie parallèle. »
Une question logique alors qu’une ville comme Paris se targue de vouloir légaliser la location chez l’habitant, main dans la main avec Airbnb.
En février dernier, de passage à Paris, Brian Chesky, fondateur du site, s’était déclaré prêt à "être en conformité avec les réglementations locales".
Et Bruno Julliard, le premier adjoint à la mairie de Paris, avait annoncé que la taxe de séjour (entre 0,20 et 0,75 euros) "s’appliquera pour les logements Airbnb".
« Quand on s’inscrit sur Airbnb, un scan de la carte d’identité est demandé.
Pourquoi ne demandez-vous pas une copie de la déclaration faite en mairie (ndlr : une obligation depuis 2013 quand il ne s’agit pas la résidence principale du loueur) ?
Le fait qu’Airbnb opère sans aucune vérification de l’offre, sans aucune garantie et sans une fiscalité à égalité avec ce qu’on nous demande, à nous, propriétaires de chambre d’hôtes, est injuste.
C’est une économie parallèle. »
Une question logique alors qu’une ville comme Paris se targue de vouloir légaliser la location chez l’habitant, main dans la main avec Airbnb.
En février dernier, de passage à Paris, Brian Chesky, fondateur du site, s’était déclaré prêt à "être en conformité avec les réglementations locales".
Et Bruno Julliard, le premier adjoint à la mairie de Paris, avait annoncé que la taxe de séjour (entre 0,20 et 0,75 euros) "s’appliquera pour les logements Airbnb".
"Nous sommes en train de mourir à petit feu"
Une volonté affichée de traquer les abus à Paris mais qui ne convainc pas sur la scène du salon Mondial du Tourisme.
Fiscalité, paiement de la taxe de séjour, charges sociales, TVA… Yannick Fassaert, président de Gîtes de France est aussi monté au créneau, rappelant la plainte déposée par la chaîne d’hôtels Accor, le 23 février 2015, contre Booking auprès de l’Autorité de la concurrence.
En parallèle, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) a écrit à Manuel Valls en janvier dernier pour réclamer l’interdiction des locations d’une nuit, l’obligation de l’accord de la copropriété, ou encore l’instauration de démarches administratives obligatoires (comme l’enregistrement des logements auprès de la mairie).
L’organisation patronale demande finalement que les plates-formes se conforment au droit français et à sa fiscalité.
« A cause de toutes ces plateformes, nous sommes en train de mourir à petit feu. La commission d’Airbnb (ndlr : 3% pour l’hébergeur, 6 à 10% pour le voyageur), plus la TVA et les différents frais comme la femme de ménage…
C’est dur d’avoir un rapport qualité prix aussi compétitif que ceux sur Airbnb », témoigne Florence Pinsard.
Une réalité que Magali Boisseau, fondatrice de BedyCasa, pionnier français de la location de chambres chez l’habitant, attribue cela à « une différence entre la location d’une chambre d’hôtes, assortie de prestations, et la location d’une chambre chez une personne qui loue celle de son fils quand il n’est pas là à une personne de passage ».
Fiscalité, paiement de la taxe de séjour, charges sociales, TVA… Yannick Fassaert, président de Gîtes de France est aussi monté au créneau, rappelant la plainte déposée par la chaîne d’hôtels Accor, le 23 février 2015, contre Booking auprès de l’Autorité de la concurrence.
En parallèle, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) a écrit à Manuel Valls en janvier dernier pour réclamer l’interdiction des locations d’une nuit, l’obligation de l’accord de la copropriété, ou encore l’instauration de démarches administratives obligatoires (comme l’enregistrement des logements auprès de la mairie).
L’organisation patronale demande finalement que les plates-formes se conforment au droit français et à sa fiscalité.
« A cause de toutes ces plateformes, nous sommes en train de mourir à petit feu. La commission d’Airbnb (ndlr : 3% pour l’hébergeur, 6 à 10% pour le voyageur), plus la TVA et les différents frais comme la femme de ménage…
C’est dur d’avoir un rapport qualité prix aussi compétitif que ceux sur Airbnb », témoigne Florence Pinsard.
Une réalité que Magali Boisseau, fondatrice de BedyCasa, pionnier français de la location de chambres chez l’habitant, attribue cela à « une différence entre la location d’une chambre d’hôtes, assortie de prestations, et la location d’une chambre chez une personne qui loue celle de son fils quand il n’est pas là à une personne de passage ».
"Faire le poisson pilote à côté du requin"
Incontestablement, ces plateformes ont changé la donne, en imposant aux propriétaires de chambres d’hôtes de repenser leur commercialisation.
« Aujourd’hui il faut être réactif. Si on a une demande à 20 heures, il faut répondre immédiatement », explique Sylvie Laire de Séjour Solo,.
Si la place des intermédiaires dérange, ils permettent aussi d’attirer des clients étrangers.
Un atout dont il faut profiter souligne un représentant de Bed&Breakfast.com : « « Tous les intermédiaires ont des positionnements différents et il faut collaborer avec plusieurs d’entre eux car ils attirent des visiteurs différents.
Il faut profiter de leur visibilité.
BedandBreakfast.com pour les vacanciers internationaux entre 30 et 60 ans, Airbnb pour les plus jeunes, Abritel pour les familles... Tout le monde a sa place.
Il faut faire le poisson pilote à côté du requin ».
« Aujourd’hui il faut être réactif. Si on a une demande à 20 heures, il faut répondre immédiatement », explique Sylvie Laire de Séjour Solo,.
Si la place des intermédiaires dérange, ils permettent aussi d’attirer des clients étrangers.
Un atout dont il faut profiter souligne un représentant de Bed&Breakfast.com : « « Tous les intermédiaires ont des positionnements différents et il faut collaborer avec plusieurs d’entre eux car ils attirent des visiteurs différents.
Il faut profiter de leur visibilité.
BedandBreakfast.com pour les vacanciers internationaux entre 30 et 60 ans, Airbnb pour les plus jeunes, Abritel pour les familles... Tout le monde a sa place.
Il faut faire le poisson pilote à côté du requin ».
Avoir une stratégie de commercialisation
Sylvie Laire préconise de ne pas mettre ses œufs dans le même panier : « Pour que Booking n’est pas le monopole sur mes 5 chambres d’hôtes, j’en mets seulement deux sur leur site. »
Elle travaille aussi avec Wonderbox, présent lors du débat.
« En échange de notre commission, qui varie entre 25 et 30%, nous construisons une image, et le produit n’est pas perdu dans la masse puisque nous sélectionnons peu d’adresses sur un même périmètre.
Wonderbox compte 8 millions de coffrets distribués dans 5 000 points de ventes uniques et paie ses impôts en France », ajoute Philippe Gerbault, directeur de la prospection chez Wonderbox.
Pour Jérôme Forget de Guest & strategy, un site internet seul ne sert à rien, la commercialisation de ses chambres doit obligatoirement passer par des partenariats.
Lorsque Benjamin Glaenzer d’Airbnb prend la parole, le responsable du business développement affiche une certaine sérénité : « Nous ne sommes pas le diable ».
Elle travaille aussi avec Wonderbox, présent lors du débat.
« En échange de notre commission, qui varie entre 25 et 30%, nous construisons une image, et le produit n’est pas perdu dans la masse puisque nous sélectionnons peu d’adresses sur un même périmètre.
Wonderbox compte 8 millions de coffrets distribués dans 5 000 points de ventes uniques et paie ses impôts en France », ajoute Philippe Gerbault, directeur de la prospection chez Wonderbox.
Pour Jérôme Forget de Guest & strategy, un site internet seul ne sert à rien, la commercialisation de ses chambres doit obligatoirement passer par des partenariats.
Lorsque Benjamin Glaenzer d’Airbnb prend la parole, le responsable du business développement affiche une certaine sérénité : « Nous ne sommes pas le diable ».
Éduquer les voyageurs
D’ailleurs si le président de Gîtes de France félicite Airbnb d’une chose, c’est bien de leur avoir mis « un sérieux coup de pied aux fesses pour qu’ on se remette en cause », reconnaît-il.
« Au niveau de la techno, ils sont très forts. »
Benjamin Glaenzer, qui aura eu le mérite de répondre à l’invitation contrairement à Booking, poursuit : « L’intermédiation permet d’avoir un plus grand nombre de clients. Nous amenons des voyageurs du monde entier. »
Pourtant Florence Pinsard espère toujours contrer la « vague Airbnb » : « Je suis pour une éducation des voyageurs. Il faut que le voyageur comprenne que le collaboratif va pas dans le sens du business. »
Bon courage.
« Au niveau de la techno, ils sont très forts. »
Benjamin Glaenzer, qui aura eu le mérite de répondre à l’invitation contrairement à Booking, poursuit : « L’intermédiation permet d’avoir un plus grand nombre de clients. Nous amenons des voyageurs du monde entier. »
Pourtant Florence Pinsard espère toujours contrer la « vague Airbnb » : « Je suis pour une éducation des voyageurs. Il faut que le voyageur comprenne que le collaboratif va pas dans le sens du business. »
Bon courage.