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I. Dubaï : Burj Khalifa, la tour de tous les superlatifs

Plus de deux fois la Tour Eiffel


Emblème de Dubaï, le plus haut gratte-ciel du monde se dresse près de Sheikh Zayed Road. 828 mètres de prouesses techniques permettent de faire fonctionner ce building hors normes, dans lequel vivent et travaillent plusieurs milliers de personnes.


Rédigé par Jean-François RUST le Mercredi 24 Août 2016

Véritable tour de Babel, Burj Khalifa voit défiler Japonais, Saoudiens, Anglais, Russes, Africains, Indiens… La Terre entière semble s’être donné rendez-vous dans le plus haut gratte-ciel du monde - DR : J.-F.R.
Véritable tour de Babel, Burj Khalifa voit défiler Japonais, Saoudiens, Anglais, Russes, Africains, Indiens… La Terre entière semble s’être donné rendez-vous dans le plus haut gratte-ciel du monde - DR : J.-F.R.
Pourquoi n’est-on pas « scotché » par les 828 mètres de Burj Khalifa ?

Peut-être à cause des autres buildings d’à côté, qui ramènent le gigantisme de la tour à des proportions plus humaines.

Probablement aussi en raison de son profil ultra effilé : à mesure qu’elle s’élève dans le ciel, Burj Khalifa s’amenuise et cela la rend plus gracile qu’imposante. Il n’empêche. Le gratte-ciel défie l’entendement et l’expérience de la visite est un rituel qu’il ne faut pas manquer.

A tour extraordinaire, découverte d’exception ! Une fois trouvée l’entrée de Burj Khalifa, dans le dédale du Dubaï Mall, l’ascension peut commencer.

Dans le hall d’accueil, on vous met vite au parfum. Sur un grand panneau lumineux, la silhouette de Burj Khalifa est comparée à ses - petites, si petites - sœurs : Tour Eiffel, 324 m ; Empire State Building, 381 m ; Taipei 101, 508 m...

Le Mecca Royal Clock Tower Hotel, à La Mecque, ouverte en 2012, est encore loin du compte, avec 601 m.

Comme la tour de télécommunications Tokyo Skytree (2011), à 634 m, n°2 mondial.

Les Chinois ont bien annoncé un projet de skyscrapper XXL à Changsha. Ils se sont même vantés en 2012 de pouvoir le construire en 90 jours. On attend toujours de savoir où en sont les… 838 mètres promis.

Il faudra peut-être attendre 2019 pour voir Burj Khalifa détrônée. La Kingdom Tower de Jeddah, en Arabie Saoudite, s’annonce avec plus de 1 000 mètres.

Le gratte-ciel des records

En attendant, les touristes se pressent pour visiter l’icône de Dubaï.

Véritable tour de Babel, Burj Khalifa voit défiler Japonais, Saoudiens, Anglais, Russes, Africains, Indiens… La Terre entière semble s’être donné rendez-vous dans le plus haut gratte-ciel du monde.

Sur le parcours d’accès à l’ascenseur, des écrans technos vantent les charmes de l’émirat et racontent les étapes du défi technique, à grands renforts de photos.

Janvier 2004 : début des excavations ; juin 2006 : achèvement des 50 premiers étages ; juillet 2007, record du plus haut building du monde ; janvier 2010 : ouverture de la tour. Burj Khalifa aligne les superlatifs.

Née de rien dans un quartier gagné sur le désert (les images en témoignent), la tour a employé jusqu’à 12 000 ouvriers au plus fort du chantier -principalement venus d’Asie.

22 millions d’heures de travail ont été nécessaires pour l’achever. Son poids « à vide », 500 000 tonnes, équivaut à celui de… 100 000 éléphants.

Ses surfaces d’étages cumulées représentent 17 terrains de football, ses parois sont recouvertes de 24 000 panneaux de verre, sa structure a nécessité 330 000 mètres cubes de béton et 39 000 tonnes d’acier.

Chaque année, 15 millions de gallons d’eau de condensation collectés depuis les systèmes de climatisation de la tour sont utilisés pour l’irrigation.

10 milliards de dollars d’aide d’Abu Dhabi…

Les records mondiaux s’enfilent comme des perles : plus grand nombre d’étages (200) ; plus haut étage habité (le 160ème, 535 mètres) ; plus haute piscine (étage 76, 260 mètres) ; plus longue distance de visibilité par temps clair (95 km à la ronde) !

Mais, c’est une surprise, seulement la seconde plus haute plate forme d’observation au monde (étage 124, 452 mètres). 22 mètres de moins que celle de la Shanghai World Financial Center.

Raison pour laquelle vous ne trouverez aucune information sur cette hauteur et ce classement « poulidoresque » dans le site web et les documents remis aux visiteurs. Une info jugée indigne du prestige de Burj Khalifa ?

Le cabinet de designers-architectes à l’origine du projet, Skidmore, Owings & Merrill LLP (Chicago) a pourtant remarquablement pensé l’oeuvre, concevant une tour en forme de tri-lobes rappelant les pétales d’Hymenocallis, une fleur endémique du désert dubaïote.

Ce projet démesuré faillit toutefois ne pas voir le jour. La crise économique de 2008 ayant mis à mal les ressources de Dubaï, il fallut la générosité de l’émirat pétrolier voisin d’Abu Dhabi et 10 milliards de dollars d’aide pour refinancer le chantier.

D’où le nom de Burj Khalifa (la tour était initialement baptisée Burj Dubaï), en l’honneur de l’émir d’Abu Dhabi et Président des Emirats Arabes Unis, Cheikh Khalifa.

« At the Top » !

Retour à la visite. Les touristes attendent l’ascenseur qui conduit « At the Top » avec un brin d’impatience.

Technologie aidant, la cabine aux 14 passagers propulse sans haut le cœur au septième ciel, en moins d’une minute, à la vitesse de 10 mètres/seconde - encore un record !

Pour les sensations fortes, on repassera, en dépit d’une mise en scène sonore allant crescendo à mesure qu’approche l’étage 124.

Nous voilà donc « At the Top », « l’expérience » promise au départ.

Des femmes en abayas invitent à pénétrer la plateforme extérieure. C’est un choc. De température. Après l’hyper climatisation intérieure, l’air lourd et opaque, voilé de sable, étreint la gorge.

Un choc géographique, aussi. On comprend dans l’instant le « pourquoi » de Dubaï, une cité moderne et techno née de rien au dépend du climat et du désert.

En bas, les immeubles pourtant immenses sont écrasés depuis les 452 mètres du plateau d’observation. Les pièces d’eau sont minuscules, les autoroutes lilliputiennes. Aucun bruit ne remonte du monde réel.

Une ruche permanente

Au loin, on distingue Burj al-Arab, minuscule construction noyée dans la brume. Quatre hectomètres plus bas, la paroi d’un autre building renvoie le visage serein de l’émir, garant du mirage dubaïote, dont la photo géante orne la façade.

A l’étage, les visiteurs scrutent aux viseurs télescopiques les détails de l’incroyable délire urbain de Dubaï.

Des jeunes filles du Moyen-Orient, excentriques et aux tenues flashy se prêtent au jeu d’une mise en scène photographique, qui les représentent suspendues dans le vide à une poutrelle de la tour.

Au-delà du parcours touristique, Burj Khalifa relève d’autres défis. Des milliers de personnes vivent et travaillent dans les 160 étages occupés, dont les heureux propriétaires ou locataires des 900 appartements de The Residence (19ème au 108ème étage) et des Corporate Suites des niveaux supérieurs.

Des dizaines d’employés sont en permanence affectés au service et à la maintenance de la tour. Il le faut bien pour entretenir les 57 ascenseurs, balayer les 2 909 marches conduisant au 160ème étage (au-delà, des échelles métalliques desservent les ultimes niveaux « techniques »), superviser les sept doubles étages réservés à l’intendance (équipements électriques, pompes à eau, unités d’air conditionné…), piloter les antennes télé et de communication des quatre derniers étages, s’occuper des 18 plateformes télescopiques extérieures destinées au nettoyage des vitres et à la maintenance de la façade, vérifier le bon état des aires de refuges anti incendies établies tous les 25 étages…

Hormis « At the Top », les visiteurs ont accès à d’autres espaces : le très chic restaurant At.mosphere du 122ème étage (le plus haut du monde, lui aussi) ; et, au bas de la tour, l’Armani Hotel et l’Armani Residences Dubaï, 160 chambres et 144 suites dont on vous passe les détails de confort…

Les plus pauvres se contenteront d’apprécier le spectacle de Burj Khalifa depuis The Park, 11 hectares de jardins et de plans d’eau aménagés aux pieds de la tour, à l’extérieur du Dubaï Mall.

Le show de The Dubaï Fountain (une performance aquatique revendiquée comme la plus grande au monde, on s’en serait douté…), orchestré à heures fixes, est la touche finale d’un environnement urbain extrême qui fera date.


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