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I. Québec : l’Abitibi-Témiscamingue par le "cheval de fer des grands espaces"

Reportage au cœur du grand nord québécois


C’est loin l’Abitibi-Témiscamingue ? A vol de balbuzard, c’est à environ 400 km de Montréal, en tortillard, il faut douze heures, dans le meilleur des cas. C’est, dit-on, le far-west québécois, pays des bûcherons et des chercheurs d’or. L’aventure commence sur le quai de la gare centrale de Montréal. Embarquement.


Rédigé par Jean-Paul COMBE le Lundi 16 Mars 2015

Le "cheval de fer des grands espaces" est un moyen de rencontrer les Québécois et découvrir la géographie du nord Québec - DR : Via Rail Canada
Le "cheval de fer des grands espaces" est un moyen de rencontrer les Québécois et découvrir la géographie du nord Québec - DR : Via Rail Canada
Dans la Belle Province, on appelle ce train "le cheval de fer des grands espaces".

Entre Montréal et Senneterre, il circule un peu à contre courant de ce siècle pressé.

Monter à bord, c’est tenter l’expérience de la lenteur, oublier le wifi et les portables.

Mais c’est aussi un moyen de rencontrer les Québécois et découvrir la géographie du nord Québec, pays de lacs et de forêts, peuplé de 2 habitants au km2. Et, comme on dit ici, c’est le moyen de transport le moins dispendieux.

De bon matin, on embarque à la gare centrale de Montréal. Selon les jours, une ou deux voitures voyageurs et un wagon de fret composent ce mythique "transcontinental", diesel, Montréal-Senneterre.

"J’ t’ fais signe dans 12 heures"

Monter à bord, c’est tenter l’expérience de la lenteur, oublier le wifi et les portables - DR : Via Rail Canada
Monter à bord, c’est tenter l’expérience de la lenteur, oublier le wifi et les portables - DR : Via Rail Canada
A la fois hôtesse et chef de bord, Nathalie vous accueille avec un "Et v’ote nom c’est quoi ?" ( … )

"Ah oui, vous allez à la Pourvoirie du Balbuzard… c’est pas marqué sur la carte mais t’inquiète pas… je connais et j’ t’ fais signe dans une douzaine d’heures au passage à niveau… Et on t’ laissera pas tout seul, tu serais dévoré par les moustiques".

Le train se remplit au gré des stations et des arrêts prévus ou imprévus (une soixantaine en tout).

Les gares, quand il y en a, desservent des bourgs aux noms d’un autre temps : Pointe au Tremble, Joliette, Grand-mère, Sainte Tite, Rivière à Pierre, Pont-Audemer, Lac Bouchette, pont de la Rivière du Milieu, Rapide Blanc…

Sinon le train s’arrête, en pleine forêt à la demande, à proximité des pourvoiries (hôtels, relais, gîtes pour pêcheurs et chasseurs entre lacs et forêts, l’équivalent de nos fermes auberges mais à la dimension américaine).

Dans la voiture voyageurs, une improbable société se fait et se défait au gré des kilomètres.

A moins de 60 km/h, dans un tunnel de verdure et de forêts

A la pourvoirie du Balbuzard Sauvage, les visiteurs sont reçus en toute saison - DR : Benoit Chalifour
A la pourvoirie du Balbuzard Sauvage, les visiteurs sont reçus en toute saison - DR : Benoit Chalifour
Des discussions s’engagent entre ces groupes hétérogènes. Il y a ceux qui voyagent pour le plaisir : pêcheurs, chasseurs, kayakistes, marcheurs, vététistes, touristes, boys- scouts.

Et ceux qui se déplacent pour leur travail : mineurs, forestiers qui se rendent sur place, employés, fonctionnaires, mutés à Montréal ou étudiants qui font une visite au pays. Il y a enfin les Amérindiens et les locaux qui utilisent le train comme un omnibus.

Les conversations se font assez vite, les verres se choquent et les casse-croûtes se partagent. Chacun explique le pourquoi de sa présence à bord du"Cheval de fer" qui a été, pour les Abitibiens ce que les bateaux ont été pour les colons.

D’autres, avec l’accord du conducteur, grimpent dans la cabine de pilotage pour survoler le paysage - vu d’en haut c’est superbe.

Durant une douzaine d’heures, à moins de 60 km/h, le train frôle les arbres dans un tunnel de verdure et de forêts, alternant avec de vastes espaces recouverts de lacs et de rivières vives ou reposées.

L’hôtesse vous sort de vos rêves et de votre sommeil. "Dites donc, j’aperçois le camion rouge d’la pourvoirie, et le patron fait signe, je crois bin qu’c’est pour vous" (en plein hiver ou la nuit, on allume un feu pour se faire repérer !).

Cette fois-ci, nous sommes arrivés, avec seulement, une heure de retard. C’est pas mal, nous sommes presque en avance.

Comme une oasis

Michel Pageau, fondateur du refuge - Photo : Pierre Swartz
Michel Pageau, fondateur du refuge - Photo : Pierre Swartz
Le gérant de la pourvoirie et le guide sont là, ils attendent leurs clients pour les conduire.

Ils vous proposent un verre et vous annoncent qu’il reste environ deux heures de piste à se faire en 4X4. Ce qui est peu. Ici, la notion temporelle n’est pas tout à fait la même.

Chose promise… deux heures après, les voyageurs du "Cheval de fer" sont rendus à la pourvoirie du Balbuzard Sauvage : en réalité, une ferme auberge haut de gamme, au cœur du grand nord québécois.

Si la pêche a été bonne - et c’est souvent le cas - le chef reçoit ses hôtes avec un doré grillé, c’est le poisson le plus prisé de la contrée, le prince des lacs.

Des lacs, il y en a 200 au Balbuzard. Chaque visiteur, ou presque, peut avoir le sien et le résultat de la pêche est quasiment garanti, même l’hiver quand les eaux sont gelées.

Les chasseurs ne sont pas en reste. La pourvoirie offre trois types de chasse : l’ours au printemps, l’original et le petit gibier à l’automne, avec guide et hébergement complet. Il est même possible de réserver l’exclusivité du territoire (300 km2 pour un groupe).

On vient aussi ici, plus pacifiquement, pour randonner sac au dos, observer la nature, faire du quad, VTT, raquette, ski ou motoneige, selon la saison.

L’ancien trappeur au secours des animaux

Le refuge accueille les animaux sauvages, blessés ou maltraités dans une optique de réhabilitation - DR : Collection du refuge Pageau
Le refuge accueille les animaux sauvages, blessés ou maltraités dans une optique de réhabilitation - DR : Collection du refuge Pageau
Non loin de là, à quelques heures - ici on mesure en temps et pas en kilomètres - la ville d’Amos, berceau de l’Abitibi.

C’est ici que Michel Pageau, un ancien trappeur a posé son fusil pour se consacrer aux soins des animaux blessés.

Depuis 1987, avec sa famille et son équipe, il accueille les animaux sauvages, blessés ou maltraités dans une optique de réhabilitation.

Guéris, ils sont remis en liberté. Si la libération n’est pas possible, le refuge offre l’asile aux handicapés.

Leur présence chaque année attire 25 000 visiteurs, principale source de revenus pour le refuge.

On trouve en permanence un centaine d’animaux sauvages, oiseaux ou mammifères, abandonnés, blessés, maltraités, amenés par les gardes chasses ou les particuliers : hibou, chouette, ours, corbeau, corneille, loup, écureuil, original, marmotte, porc épic, raton laveur, cerf, coyote, lynx…

Jean-Félix Pageau, petit-fils du fondateur, précise que 90% des animaux sont relâchés.

Certains ne sont pas guérissables, d’autres n’ont pas voulu repartir. Sans doute, sont-ils "tombés en amour" pour le refuge, comme disent nos cousins du Québec.

A suivre : II. Québec : l’Abitibi, terre des chercheurs d’or

Repères

La pourvoirie du Balbuzard - DR : Collection du Balbuzard
La pourvoirie du Balbuzard - DR : Collection du Balbuzard
Renseignements

Tourisme Québec

Tél : 0 800 90 77 77 (numéro gratuit 7j/7 de 15h à 23h)
www.quebecoriginal.com/fr

Coup de cœur
Refuge du Pageau
www.refugepageau.ca

Pourvoirie du Balbuzard
www.balbuzard.com

Vols

Air Canada - www.aircanada.com
Air Transat - www.airtransat.fr
Air France - www.airfrance.com

Formalités : passeport

Guides : Routard, Bleu

Tour-opérateurs

www.anapiavoyages.fr
www.terrecanada.com


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