La loi Macron favorise t-elle l'emploi des conducteurs d'autocar ?

TourMaG.com – La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite « loi Macron », publiée au Journal officiel vendredi 7 août 2015, libéralise des lignes d'autocars reliant les grandes villes françaises. Quel est l'impact, près d'un an après son application, sur la demande de formation de conducteur d'autocar ?

Vincent Baldy : Au sein de notre organisme de formation spécialisé en transport, tourisme et logistique, la demande pour nos formations en transport de voyageurs sur les aspects conducteurs est en hausse depuis 2008 et nous ne notons pas de franc coup d'accélérateur depuis l’application de cette loi ouvrant le marché des grandes lignes nationales.

Sur les 3500 personnes formées cette année, beaucoup sont de nouveaux entrants.

Néanmoins, nombreux sont aussi les professionnels déjà en poste qui viennent suivre une formation continue : certains conducteurs en interne de leur entreprise ont été mutés sur les nouvelles lignes nationales tandis que d'autres les remplacent sur les lignes régionales.

TourMaG.com – Quelles sont les nouveautés de votre offre de formation ?

Vincent Baldy : La grande nouveauté découlant de la « loi Macron » est sans conteste la conduite de nuit sur les lignes nationales.

Ainsi, nous formons les conducteurs à gérer l'hypovigilance, cet état intermédiaire entre la veille et le sommeil dans lequel l'organisme voit ses facultés d'observation et d'analyse très réduites. Ces problématiques, déjà abordées dans nos cursus actuels, sont à présent nettement plus approfondies.

En outre, nous proposons d'autres modules déjà enseignés en formation initiale mais que nous adaptons selon les besoins que nous formulent les grands opérateurs de transport de voyageurs.

Ainsi, les professionnels peuvent se former ou se perfectionner sur un à deux jours à la conduite d'autocar à deux étages, aux nouvelles réglementations, etc.

Nous proposons également des rappels sur l’utilisation des chronotachygraphes (appareil électronique enregistreur de vitesse, de temps de conduite et d'activités installé dans un véhicule de transport routier, NDLR) et nous fournissons des approfondissements en hygiène de vie et nutrition du conducteur, notions indispensables à la sécurité du transport sur ces nouvelles lignes.

TourMaG.com – Ces nouvelles pratiques favorisent-elles l'emploi ?

Vincent Baldy : Avant la « loi Macron », 80 % du transport en autocar s'effectuait de jour, sur des lignes régulières, scolaires ou départementales. Selon moi, la nouvelle réglementation profite aux conducteurs : nombreux sont ceux qui, travaillant à temps partiel (ramassage scolaire, transports périurbains), peuvent désormais compléter leur activité professionnelle en dehors des périodes scolaires avec du transport de voyageurs sur des lignes plus longues, telle Paris-Lyon-Marseille.

Cependant, le modèle économique doit se structurer et se consolider.


(*) Depuis le 1er janvier 2015, l’AFT-Iftim Formation Continue (AIFC) est devenu l'AFTRAL (Apprendre et se Former en TRAnsport et Logistique).