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La révolution du tourisme collaboratif passera-t-elle par les agences de voyages ?

S’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs


Airbnb, Blablacar, Drivy... Ceux que vous considérez comme vos concurrents, deviendront-ils des partenaires ? Quels sont les intérêts pour les professionnels du tourisme à collaborer avec les acteurs de l’économique dite collaborative ? i-tourisme a mené l'enquête.


le Mardi 21 Avril 2015

Magali Boisseau, la fondatrice de Bedycasa, plateforme française de location d’hébergement chez l’habitant, est ouverte aux négociations avec la distribution. ©Bedycasa
Magali Boisseau, la fondatrice de Bedycasa, plateforme française de location d’hébergement chez l’habitant, est ouverte aux négociations avec la distribution. ©Bedycasa
Le logement chez l’habitant, la location de voitures entre particuliers pourraient bien intégrer la distribution traditionnelle.

Certains sont déjà passés à l’acte.

Comme l’outsider François Piot, PDG du groupe Prêt-à-partir.

Une agence de son réseau vend des prestations Airbnb.

« Il s’agit de tests ponctuels, nous le proposons comme une alternative lors de week-ends dans une capitale européenne », relate-t-il.

Serait-il en train de pactiser avec le diable, celui qui a fait voyager 3 millions de Français depuis 2008, celui qui compte un million d’offres dans le monde et ne paie pas ses impôts en France ?

François Piot s’explique : « En province, la demande ne vient pas de nos clients mais cela nous permet d’être force de proposition.

Et c’est très intéressant au niveau du prix. Pour un week-end, le budget peut être réduit de moitié si l’on réserve chez l’habitant. »

"70% des internautes pensent avoir recours au collaboratif en 2015"

Selon Valérie Boned, secrétaire générale adjointe du Snav, il n’y aurait pas de verrou juridique à revendre de telles prestations.

« Il faudrait tout de même mettre en place une assurance responsabilité civilité professionnelle adaptée », ajoute-t-elle.

De son côté, la marque Comptoir des voyages n’a pas non plus attendu d’autorisation pour proposer le logement chez l’habitant.

« Nous réservons directement sur Airbnb, comme nous le faisons pour Ryanair. Et nous ajoutons un service en plus comme le petit-déjeuner. Cette offre correspond au positionnement de la marque, des voyages en immersion et à des prix abordables », explique Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde.

Lors du salon Next Tourisme, Marc Lolivier, directeur général de la Fevad, annonçait que « 70% des internautes pensent avoir recours au collaboratif en 2015. Ce n’est pas une mode, mais un véritable phénomène de société ».

Sont-ils donc devenus incontournables dans le tourisme ? Faut-il interroger et bouleverser ses modèles ? Les questions commencent à éclore dans le secteur du travel.

Un axe de différenciation

Selectour Afat engage d’ailleurs une réflexion de fond.

« Du côté des VTC, le réseau s’intéresse aux principaux acteurs du marché afin d’identifier ceux qui sont le plus à même de répondre à nos problématiques business travel, quant à la possibilité d’intégration à nos outils, la qualité de services, les garanties, les conditions tarifaires, l’implantation territoriale…», témoigne Edouard Roux de Lusignan, directeur e-commerce de Selectour Afat.

« Le problème sera celui du business model », poursuit la secrétaire générale adjointe du SNAV.

François Piot, lui, a décidé, de se rémunérer sur la vente du package dynamique, avec une commission de 15%.

Dans les mois prochains, il devrait rencontrer Bedycasa, concurrent français d’Airbnb.

Magali Boisseau, sa fondatrice, est ouverte aux négociations avec la distribution. Contrairement à Airbnb qui n’envisage aucun partenariat en BtoB.

« Vendre de l’hébergement collaboratif permet aux agences de se différencier par rapport aux agences en ligne.

De plus, les séjours sont trois fois moins chers par rapport à l’hôtellerie classique. »


Avant de formaliser des partenariats (un rapprochement avec un groupe européen serait en cours), la représentante de la French Tech, qui a créé sa société près d'un an avant Airbnb, veut atteindre la rentabilité. « On y est presque », se réjouit-elle.

Que pensent les acteurs du collaboratif ?

Si l’hébergement pourrait trouver sa place dans les agences de voyages, le secteur du transport s’annonce plus compliqué.

Pour Blablacar, plate-forme communautaire payante de co-voiturage, c’est inenvisageable.

« Le co-voiturage est une relation entre deux personnes. L’intermédiation n’est pas possible. Nos marges sont trop faibles, 2,50 euros.

Jusqu’en 2010, nous avions testé un business modèle BtoB, mais c’était trop chronophage
», décrit Laure Wagner, directrice de la communication.

Cependant, depuis le 4 avril 2015, Blablacar est présent sur le site de Liligo. « On souhaite se rapprocher des comparateurs de voyages », révèle-t-elle.

Paulin Dementhon, fondateur de Drivy, plate-forme de locations de voitures entre particuliers, exprime la même vision que Blablacar : « J’imagine avoir un intermédiaire digital via une API, une technologie qui sera disponible cette année.

Par exemple, Drivy pourra figurer sur le site de Voyages-SNCF pour qu’un voyageur loue une voiture à destination ».


Voient-ils l’agent de voyages comme un maillon plutôt encombrant dans la chaîne de valeur ?

Leur objectif est en tous les cas clair : mettre en contact deux personnes, où la relation de confiance prime. En pleine phase de croissance, exit l’agent de voyages.

Un scénario qui fait écho

Le Snav ne veut pas rater la révolution du tourisme collaboratif et ne manque pas de faire valoir la valeur ajoutée de l’agent de voyages face à ces nouveaux acteurs.

« Rappelez-vous de Ryanair qui disait que les agences étaient du "bois mort".

Les acteurs de l’économie collaborative n’ont pas l’arrogance des low-costs à leurs débuts, ils sont plus pragmatiques.

Ils changeront peut-être d’avis quand ils seront à la recherche de nouveaux relais de croissance
», rappelle Jean-Pierre Mas, président du Snav.

De son côté, François Piot est déjà convaincu : « Ces services vont rentrer dans les agences. Le client peut acheter seul sur Internet, mais il a besoin de réassurance ».

Il réfléchit actuellement à développer une application pour organiser son séjour avec… du collaboratif.

« Nous sommes actionnaires de Lounge Up », une société qui créé des applications mobiles pour informer et interagir avec les clients avant, pendant et après le séjour.

« Avec eux, je vois donc un moyen d’optimiser le séjour sur place en proposant des excursions, des bons plans… Mais aussi louer une voiture à plusieurs, réserver un voyage en commun pour bénéficier d’un tarif groupe…»

Olivier Roche, directeur e-commerce de TUI France, ne s’interdit pas non plus d’inclure des services de ces nouvelles plateformes du web.

« On pourrait ajouter des services additionnels, comme la location de bateau entre particuliers avec SamBoat ».

« Il y a tout à inventer », proclame Valérie Boned.

« L’agent de voyages pourra être à la croisée de ces chemins. Il pourrait même louer le logement de son client quand celui-ci est en vacances. »

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Commentaires

1.Posté par Thomas le 21/04/2015 12:08 | Alerter
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C'est d'autant plus vrai avec des plateformes collaboratives à l'image de www.good-spot.com ! :)

2.Posté par Blondie le 21/04/2015 12:27 | Alerter
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En principe, le tourisme collaboratif est porteur de sens et de valeurs. Avec sa financiarisation, on voit maintenant des starts up lever des millions... avec des actionnaires qui s'enrichissent en se gargarisant de faire du "collaboratif" un modèle "win-win". Les agences doivent s'adapter, c'est non pas essentiel, c'est vital. Mais, arrêtons de parler de tourisme collaboratif. Ôtons les œillères, on est dans le business pur et dur. Le reste n'est que concept marketing avec des clients qui, bientôt, trouveront tout trop cher...

3.Posté par FAB97 le 21/04/2015 14:47 | Alerter
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A moins d'une anarchie concurrentielle entre les différents réseaux, la construction d'une trajectoire collaborative passe par l'application d'un mécanisme d'économie circulaire professionnelle maîtrisée dans laquelle les intervenants spécialisés de la distribution touristique ne peuvent être écartés. Les tentatives sur d'autres créneaux ont toutes avorté, par perte systématique de confiance, des acteurs et surtout des consommateurs.

4.Posté par Tang le 24/04/2015 18:32 | Alerter
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C'est amusant de voir comment le "secteur non marchand" du gré à gré entre particuliers vient intéresser le secteur marchand, en quête de nouveaux marchés.
L'idée d'apporter des contenus additionnels aux voyages proposés en agence est particulièrement efficace pour ses acteurs, qui pourront ainsi répondre à des demandes à la marge!

5.Posté par Pierre le 07/05/2015 16:09 | Alerter
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Les agences de voyage doivent s'adapter aux nouveaux comportements et nouvelles attentes des voyageurs. Cela passe par l'adoption du tourisme collaboratif mais surtout les agences de voyage doivent faire valoir leur valeur ajoutée face à ces acteurs.

6.Posté par Thomas le 07/05/2015 16:14 | Alerter
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J'ai récemment entendu parler de TripLife qui propose des applications mobiles pour permettre aux agences de voyage d'accompagner, guider et conseiller leurs clients avant, pendant et après leur voyage ! C'est une super idée pour réaffirmer la valeur des agents de voyage !
http://triplife.fr

7.Posté par Dessent Diane le 09/06/2015 14:10 | Alerter
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Partagez le Monde est une agence de voyage qui propose aux personnes en recherche de co-équipier de voyage de se regrouper autour de destinations communes.
Bali, le Monténégro, Thaïlande, Philippines, Burkina Faso...des expériences de voyage en petit groupe à la découverte de l'authenticité, de la convivialité !
Une vrai solution pour celles et ceux qui veulent voyager avec du sens et des bons plans !

8.Posté par Stéphane le 18/07/2015 11:23 | Alerter
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Article très intéressant. Quelque part, les acteurs institutionnels ayant eux aussi beaucoup de concurrents, ils ne peuvent pas passer à côté de cette révolution du collaboratif. Ne pas y aller, c'est prendre un retard non négligeable sur le tourisme de demain. Tous les acteurs des secteurs du tourisme collaboratif sont d'ailleurs amenés à collaborer dans ce sens pour rejoindre les grands groupes !

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