Julia Vucain : "A fin septembre, nous sommes à 15% d'activité versus la même période en 2019. La situation est loin d'être brillante. La majeure partie de nos clients attendent la réouverture des frontières et de pouvoir voyager à nouveau." - DR
TourMaG.com - A quel moment avez-vous pris la décision de mettre en place un Plan de Sauvegarde de l'Emploi (PSE) ?
Julia Vulcain : Alors permettez-moi de revenir un peu arrière.
Nous avons mis nos équipes en télétravail quelques semaines avant le confinement. En termes d'organisation, cela n'a pas été un problème, car nous avions mis en place le télétravail depuis plusieurs années déjà au sein de FFTP.
Depuis le mois de février, nous enregistrions des annulations en cascade en raison de la fermeture de plusieurs pays.
Et fin mars, nous nous sommes rendus compte que l'ampleur des dégâts allait être catastrophique. Au mois de mai, nous avons pris la décision de mettre en place un PSE.
C'est une décision très compliquée et très douloureuse. D'un point de vue administratif, c'est également très complexe et nous avons pu compter sur les conseils de l'Inspection du travail. Je pense que nos collaborateurs ont compris pourquoi nous avons dû prendre une telle décision.
Il y a un an, personne n'aurait pu imaginer cette situation, nous avions même des difficultés de recrutement...
TourMaG.com - Les aides du gouvernement, notamment l'activité partielle, ne vous permettaient pas de tenir plus longtemps ?
Julia Vulcain : Le chômage partiel ne permet pas de payer toutes les charges fixes malheureusement. A un moment donné, il faut savoir préserver l'outil de production avant d'être dans un engrenage et un gouffre financier trop important.
Nous avons établi des prévisions qui se sont révélées plus optimistes que la situation réelle…
TourMaG.com - Le PSE a concerné près de 55% de vos effectifs, est-ce bien cela ?
Julia Vulcain : Oui. Nous étions 127 salariés dont des CDD, des stagiaires qui n'ont pas été renouvelés. Il reste actuellement 57 personnes en CDI. Entre temps nous avons aussi eu quelques démissions.
Le CSE (Comité Social et Economique) a été convoqué début juin. Les premiers départs ont eu lieu en septembre. Nous avons eu le retour de la Direccte (Direction Générale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) mi-juillet, mais nous avons souhaité qu'aucun licenciement n'intervienne avant septembre.
Nous voulions que les collaborateurs puissent passer un été acceptable, même si les premières notifications allaient avoir lieu en septembre.
Tous les services ont été concernés : services généraux, services techniques, marketing, administratifs et les conseillers voyages. Nous avons aussi pris la décision de fermer nos activités MICE et loisirs pour nous recentrer sur le business travel.
Au regard des métiers hyper spécialisés et de la conjoncture, nous savons qu'il sera compliqué pour nos collaborateurs de retrouver de l'emploi directement.
Nous avons mis en place un plan d'accompagnement de retour à l'emploi qui prévoit un bilan de compétences notamment.
Nous avons également abondé le CPF (Compte personnel de formation) et mis en place une cellule d'écoute psychologique.
Nous avons également prévu une clause d'embauche prioritaire de 18 mois au lieu des 12 mois réglementaires pour permettre la réintégration au sein des équipes si la reprise venait à être plus rapide que prévu.
Julia Vulcain : Alors permettez-moi de revenir un peu arrière.
Nous avons mis nos équipes en télétravail quelques semaines avant le confinement. En termes d'organisation, cela n'a pas été un problème, car nous avions mis en place le télétravail depuis plusieurs années déjà au sein de FFTP.
Depuis le mois de février, nous enregistrions des annulations en cascade en raison de la fermeture de plusieurs pays.
Et fin mars, nous nous sommes rendus compte que l'ampleur des dégâts allait être catastrophique. Au mois de mai, nous avons pris la décision de mettre en place un PSE.
C'est une décision très compliquée et très douloureuse. D'un point de vue administratif, c'est également très complexe et nous avons pu compter sur les conseils de l'Inspection du travail. Je pense que nos collaborateurs ont compris pourquoi nous avons dû prendre une telle décision.
Il y a un an, personne n'aurait pu imaginer cette situation, nous avions même des difficultés de recrutement...
TourMaG.com - Les aides du gouvernement, notamment l'activité partielle, ne vous permettaient pas de tenir plus longtemps ?
Julia Vulcain : Le chômage partiel ne permet pas de payer toutes les charges fixes malheureusement. A un moment donné, il faut savoir préserver l'outil de production avant d'être dans un engrenage et un gouffre financier trop important.
Nous avons établi des prévisions qui se sont révélées plus optimistes que la situation réelle…
TourMaG.com - Le PSE a concerné près de 55% de vos effectifs, est-ce bien cela ?
Julia Vulcain : Oui. Nous étions 127 salariés dont des CDD, des stagiaires qui n'ont pas été renouvelés. Il reste actuellement 57 personnes en CDI. Entre temps nous avons aussi eu quelques démissions.
Le CSE (Comité Social et Economique) a été convoqué début juin. Les premiers départs ont eu lieu en septembre. Nous avons eu le retour de la Direccte (Direction Générale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) mi-juillet, mais nous avons souhaité qu'aucun licenciement n'intervienne avant septembre.
Nous voulions que les collaborateurs puissent passer un été acceptable, même si les premières notifications allaient avoir lieu en septembre.
Tous les services ont été concernés : services généraux, services techniques, marketing, administratifs et les conseillers voyages. Nous avons aussi pris la décision de fermer nos activités MICE et loisirs pour nous recentrer sur le business travel.
Au regard des métiers hyper spécialisés et de la conjoncture, nous savons qu'il sera compliqué pour nos collaborateurs de retrouver de l'emploi directement.
Nous avons mis en place un plan d'accompagnement de retour à l'emploi qui prévoit un bilan de compétences notamment.
Nous avons également abondé le CPF (Compte personnel de formation) et mis en place une cellule d'écoute psychologique.
Nous avons également prévu une clause d'embauche prioritaire de 18 mois au lieu des 12 mois réglementaires pour permettre la réintégration au sein des équipes si la reprise venait à être plus rapide que prévu.
Déplacements : "pour nos clients aussi, c'est une question de survie"
TourMaG.com - Comment êtes-vous organisés actuellement et où en est FFTP ?
Julia Vulcain : En septembre nous avons repris l'activité à 100%. Il a fallu réunir les équipes. Il était important qu'elles se revoient et qu'elles échangent.
A partir de lundi, tout le monde sera à nouveau en télétravail avec une partie de chômage partiel afin que notre entreprise puisse assurer un minimum de service. Je tiens à préciser que notre service 24h/24 n'a d'ailleurs jamais cessé de fonctionner.
A fin septembre, nous sommes à 15% d'activité versus la même période en 2019. La situation est loin d'être brillante. La majeure partie de nos clients attendent la réouverture des frontières et de pouvoir voyager à nouveau.
Nous sommes soumis aux décisions politiques aléatoires qui changent d'un jour sur l'autre sans grand sens.
TourMaG.com - Toute la profession déplore le manque de visibilité. Toutefois comment anticipez-vous 2021 ?
Julia Vulcain : L'avenir est très incertain, je ne vois aucune tendance ni à la hausse, ni à la baisse. J'espère qu'au mois de janvier 2021, nous pourrons percevoir un frémissement.
Nos clients ont une double contrainte : ils doivent à la fois protéger leurs collaborateurs et en même temps ils ont besoin de se déplacer pour signer des contrats, rencontrer leurs fournisseurs… c'est une question de survie. Nous devons être patients et voir quelle sera la situation en janvier.
Je ne peux pas imaginer un monde sans voyage.
Julia Vulcain : En septembre nous avons repris l'activité à 100%. Il a fallu réunir les équipes. Il était important qu'elles se revoient et qu'elles échangent.
A partir de lundi, tout le monde sera à nouveau en télétravail avec une partie de chômage partiel afin que notre entreprise puisse assurer un minimum de service. Je tiens à préciser que notre service 24h/24 n'a d'ailleurs jamais cessé de fonctionner.
A fin septembre, nous sommes à 15% d'activité versus la même période en 2019. La situation est loin d'être brillante. La majeure partie de nos clients attendent la réouverture des frontières et de pouvoir voyager à nouveau.
Nous sommes soumis aux décisions politiques aléatoires qui changent d'un jour sur l'autre sans grand sens.
TourMaG.com - Toute la profession déplore le manque de visibilité. Toutefois comment anticipez-vous 2021 ?
Julia Vulcain : L'avenir est très incertain, je ne vois aucune tendance ni à la hausse, ni à la baisse. J'espère qu'au mois de janvier 2021, nous pourrons percevoir un frémissement.
Nos clients ont une double contrainte : ils doivent à la fois protéger leurs collaborateurs et en même temps ils ont besoin de se déplacer pour signer des contrats, rencontrer leurs fournisseurs… c'est une question de survie. Nous devons être patients et voir quelle sera la situation en janvier.
Je ne peux pas imaginer un monde sans voyage.
"J'aimerais que la profession se serre davantage les coudes"
TourMaG.com - Tout le monde attend une coordination, au moins européenne...
Julia Vulcain : Effectivement il faut absolument de la cohérence dans les décisions politiques. J'ai du mal à comprendre que l'Europe n'arrive pas à parler d'une même voix.
Les contraintes imposées par les pays, les tests... il faut vraiment arriver à harmoniser toutes ces problématiques. Ce manque de coordination et de cohésion est navrant.
Et puis en tant qu'individu, nous avons des droits ! La libre circulation des personnes est un acquis de la construction européenne. Ce droit est suspendu à des conditions ubuesques qui changent d'un pays à l'autre, voire d'un aéroport à l'autre.
Cette situation ne favorise pas la reprise et ne sécurise pas les emplois directs et indirects du tourisme. C'est une catastrophe, c'est l'effet papillon. Nous subissons la crise et les secteurs économiques de nos clients vont finir par être impactés aussi s'ils ne voyagent plus.
TourMaG.com - Avez-vous un message à faire passer à vos clients, collaborateurs ou confrères ?
Julia Vulcain : J'aimerais que la profession se serre davantage les coudes. La solidarité doit prendre tout son sens. Seul on va plus vite, ensemble nous irons plus loin.
Et puis je veux dire aussi que Frequent Flyer Travel Paris continue d'avancer. Nous poursuivons le développement d'outils et les projets prévus, alors bien sûr à un rythme moins soutenu. Nous continuons aussi à répondre aux appels d'offres et à acquérir des clients.
Enfin, nous pouvons compter sur les aides gouvernementales et sur le soutien de notre groupe (Reed & Mackay ndlr). Nous ne sommes pas morts !
Julia Vulcain : Effectivement il faut absolument de la cohérence dans les décisions politiques. J'ai du mal à comprendre que l'Europe n'arrive pas à parler d'une même voix.
Les contraintes imposées par les pays, les tests... il faut vraiment arriver à harmoniser toutes ces problématiques. Ce manque de coordination et de cohésion est navrant.
Et puis en tant qu'individu, nous avons des droits ! La libre circulation des personnes est un acquis de la construction européenne. Ce droit est suspendu à des conditions ubuesques qui changent d'un pays à l'autre, voire d'un aéroport à l'autre.
Cette situation ne favorise pas la reprise et ne sécurise pas les emplois directs et indirects du tourisme. C'est une catastrophe, c'est l'effet papillon. Nous subissons la crise et les secteurs économiques de nos clients vont finir par être impactés aussi s'ils ne voyagent plus.
TourMaG.com - Avez-vous un message à faire passer à vos clients, collaborateurs ou confrères ?
Julia Vulcain : J'aimerais que la profession se serre davantage les coudes. La solidarité doit prendre tout son sens. Seul on va plus vite, ensemble nous irons plus loin.
Et puis je veux dire aussi que Frequent Flyer Travel Paris continue d'avancer. Nous poursuivons le développement d'outils et les projets prévus, alors bien sûr à un rythme moins soutenu. Nous continuons aussi à répondre aux appels d'offres et à acquérir des clients.
Enfin, nous pouvons compter sur les aides gouvernementales et sur le soutien de notre groupe (Reed & Mackay ndlr). Nous ne sommes pas morts !