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Réforme du Code du travail : patrons qui rient, syndicats qui pleurent...

Les ordonnances ont été présentées jeudi 31 août 2017


Suite aux ordonnances présentées jeudi 31 août 2017 par le gouvernement réformant le droit du travail, TourMaG.com a contacté plusieurs patrons d'entreprises du tourisme, mais également les syndicats, pour connaître leur sentiment sur les mesures qui pourraient voir le jour. Voici leurs réactions.


Rédigé par Céline Eymery (avec P.C. et J.G.) le Vendredi 1 Septembre 2017

Jean-François Rial, P-DG de Voyageurs du Monde : "mettre en place un environnement plus favorable à l'embauche"

Le gouvernement a présenté fin de de semaine dernière les ordonnances réformant le code du travail  -  Rozol - Fotolia.com
Le gouvernement a présenté fin de de semaine dernière les ordonnances réformant le code du travail - Rozol - Fotolia.com
"J'ai deux points de vue distincts. D'une part celui du citoyen : cette réforme est une avancée très positive si elle permet de davantage recruter et d'avoir moins peur des conditions de rupture. Nous attendions cela depuis longtemps.

D'autre part, j'ai le point de vue de l'entrepreneur. En temps que P-DG de Voyageurs du Monde, au fond, cette réforme ne va pas changer grand chose. Notre groupe est en bonne santé, et nous n'avons pas peur de recruter, nous assumons déjà le risque.

La réaction de mon DRH est plus enthousiaste. Il a trouvé les ordonnances très intéressantes, pour lui certaines procédures vont être simplifiées.

Je trouve que la fusion des instances représentatives du personnel est une bonne mesure, également la possibilité de négocier au niveau des entreprises certains nouveaux sujets.

Je souhaite par exemple revoir au sein de mon entreprise mon accord sur le temps de travail car le contexte a changé, nous pourrons le faire de manière plus simple, avant c'était une usine à gaz. Et les salariés gardent leur destin en mains, puisqu'il faut un accord à la majorité.

Le sujet, au fond, ce n'est pas la réforme du Code du travail, ou s'il faut faire plaisir aux syndicats ou aux patrons, mais essayer de mettre en place un environnement plus favorable à l'embauche, c'est ça le pari !

Zilda Couteau, déléguée CGT chez Carlson Wagonlit Travel : "Nous ne sommes absolument pas satisfaits"

"Nous ne sommes absolument pas satisfaits du projet porté par le gouvernement pour sa réforme du Code du travail.

Toutes les ordonnances présentées sont plus favorables aux patrons qu'aux salariés. Nous avons l'impression que le gouvernement français veut revenir petit à petit sur l'ensemble des acquis des travailleurs. C'est un très mauvais signe.

C'est pour cela que nous invitons les agents de voyages français à descendre dans la rue le 12 septembre 2017, pour manifester contre le projet de loi Travail."

Emmanuel Foiry, PDG de Travel Lab (Kuoni) : "philosophiquement, j'abonde à 100%"

"En tant que patron de Kuoni, les réformes présentées ne concernent pas directement mon entreprise. Elles touchent davantage soit les TPE, soit les très grosses entreprises, soit les entreprises comme la notre, qui seraient en difficulté ou en cours de PSE.

Je n'ai pas de prud'hommes en cours, ni de PSE, donc je ne suis pas vraiment concerné.

Sur les indemnités légales de licenciement, cela ne change rien pour nous, elles ont été mises au niveau de notre convention collective.

Par ailleurs, nous avons déjà une délégation unique du personnel (DUC), tout est regroupé, donc la fusion des instances représentatives du personnel ne nous concerne pas vraiment non plus.

En revanche, en tant qu'Emmanuel Foiry, je suis extrêmement satisfait des mesures présentées, il n'y a que du bon. Notamment celles qui touchent les entreprises de moins de 50 salariés.

Philosophiquement, j'abonde à 100%."

Jean-Pierre Mas, président de Les Entreprises du Voyage : "l'objectif est de réduire le chômage"

"Ce qui est intéressant, c'est l'objectif de cette réforme en donnant de la souplesse et de la flexibilité, c'est de réduire le chômage. Et ce qui va dans ce sens est favorable à nos métiers.

Les Français sont sensibles aux questions d'emploi, et quand le moral des ménages remonte, ils voyagent davantage.

L'expérience de davantage de souplesse et de flexibilité, contrairement à ce que disent certains syndicats réactionnaires, doit être faite.

L'entrepreneur demande des ressources humaines adaptées à son entreprise, et la notion d'accord d'entreprise présenté dans la réforme va assouplir les relations dans les entités de moins de 50 salariés.

Le Code du travail doit être allégé, la rigidité n'a rien apporté, et comme je l'ai dit, l'expérience doit être menée."

Laurent Conseil, gérant de l'agence Les Voyages de Thybus : "il faut aussi de l'activité et du travail"

"J'ai 4 salariés, et à date, je n'ai pas de projet d'embauche, donc je ne me suis pas intéressé de près au sujet.

La simplification va aider à faire baisser le chômage, toutefois il faut aussi de l'activité, du travail.

Faciliter la création de postes mais également la rupture de contrat peuvent créer une dynamique favorable, mais personnellement, je n'attendais pas cette loi."

Christine Crispin, PDG de Climats du Monde : "Les réformes concernent surtout les TPE et les très grandes entreprises"

Réforme du Code du travail : patrons qui rient, syndicats qui pleurent...
"D'après ce que j'ai pu en lire, il me semble que ce sont les TPE et les très grandes entreprises qui sont concernées, mais je n'ai pas vu grand chose pour les PME.

La limitation des indemnités prud’homales me paraît assez juste, car cela pouvait mettre en péril injustement, parfois sur des vices de formes certaines entreprises.

Sur les négociations en entreprises, c'est quelque part déjà le cas. Pour qu'elle soit pérenne, une société doit avoir un dialogue permanent avec ses employés. Climats du Monde a fêté ses 25 ans et le dialogue est une question de bon sens.

Concernant les accords de branche, il faudrait revoir le salaire minimum qui est inférieur au SMIC dans notre profession. Je trouve cela injuste, car le métier est déprécié, alors qu'un acteur du tourisme peut aujourd'hui tirer son épingle du jeu".

Laurent Bigot, secrétaire national en charge du pôle hôtellerie, tourisme et restauration de la CFDT : "nous avons des inquiétudes"

"Nos inquiétudes concernent principalement deux points.

Le premier est celui du changement de périmètre des difficultés économiques des multinationales qui pourraient être appréciées au niveau national.

Plusieurs multinationales du secteur du tourisme délocalisent, il y a des PSE et des plans de départs volontaires, que va-t-il rester en France ?

L'autre point d'inquiétude concerne le dialogue social dans les TPE. Le gouvernement souhaite simplifier la négociation pour les entreprises qui n'ont pas de délégué du personnel, ainsi que pour les moins de 20 et moins de 50 salariés qui écartent les syndicats.

Nous avons de grosses inquiétudes à ce niveau-là."

Arnaud Katz, CEO de la start up Bird Office : "Les dernières annonces doivent être considérées comme une étape"

"Les entrepreneurs souhaitent pouvoir se concentrer sur leur business, que l'administratif ne soit plus un frein.

Si les réformes apportent davantage de liberté et de flexibilité, c'est une bonne nouvelle pour nous. Les dernières annonces doivent toutefois être considérées comme une première étape, qui doit en appeler rapidement beaucoup d'autres.

Il faudrait, pour favoriser l'emploi, faire en sorte que la signature d'un contrat de travail ne soit plus en soit un stress par toutes ces conséquences qu'il emporte. "

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