Les salariés d'Air France ne se privent pas pour critiquer l'attitude du gouvernement, qui a offert des slots à Qatar Airways en échange de l'achat d'avions Rafales par l'émirat. Ici, lors de la signature - DR : Présidence de la République
Vendre des Rafales en échange de droits de trafic.
La transaction dévoilée, lundi 4 mai 2015, dans Le Monde a fait grand bruit dans les couloirs d’Air France.
Si la compagnie se refuse à tout commentaire, les salariés eux ne se privent pas pour critiquer l'attitude du gouvernement, qui a offert des slots à Qatar Airways en échange de l'achat d'avions Rafales par l'émirat.
"C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase", s’exclame Julien Duboz, du syndicat de pilotes SPAF.
Il regrette que le gouvernement, actionnaire à hauteur de 15,7%, "privilégie la vente d'avions militaires au détriment de l’emploi chez Air France".
"On demande aux salariés de faire encore des efforts, et d’un autre coté on ouvre grand les portes à la concurrence déloyale", renchérit Aimé Musto, le délégué syndical CGT de Marseille.
En effet, avec la mise en œuvre de Perform 2020, le groupe cherche à économiser 1,1 milliard d’euros.
Les méthodes pour y arriver ne sont pas encore détaillées, mais la direction a évoqué l’augmentation de la productivité, l’adaptation des effectifs et le changement des règles de rémunérations des personnels navigants.
La transaction dévoilée, lundi 4 mai 2015, dans Le Monde a fait grand bruit dans les couloirs d’Air France.
Si la compagnie se refuse à tout commentaire, les salariés eux ne se privent pas pour critiquer l'attitude du gouvernement, qui a offert des slots à Qatar Airways en échange de l'achat d'avions Rafales par l'émirat.
"C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase", s’exclame Julien Duboz, du syndicat de pilotes SPAF.
Il regrette que le gouvernement, actionnaire à hauteur de 15,7%, "privilégie la vente d'avions militaires au détriment de l’emploi chez Air France".
"On demande aux salariés de faire encore des efforts, et d’un autre coté on ouvre grand les portes à la concurrence déloyale", renchérit Aimé Musto, le délégué syndical CGT de Marseille.
En effet, avec la mise en œuvre de Perform 2020, le groupe cherche à économiser 1,1 milliard d’euros.
Les méthodes pour y arriver ne sont pas encore détaillées, mais la direction a évoqué l’augmentation de la productivité, l’adaptation des effectifs et le changement des règles de rémunérations des personnels navigants.
Les aéroports régionaux plutôt contents de cette nouvelle donne
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L’annonce de l’attribution de slots à Qatar Airways tombe donc au plus mal pour la direction, qui aura du mal à convaincre ses salariés de fournir de nouveaux efforts de productivité.
"Nous étions en train de sortir la tête de l’eau. Nous allons replonger à nouveau. D’autant que ces vols vont favoriser le hub de Doha au détriment de celui de Charles de Gaulle", remarque Julien Duboz.
L’attractivité de Roissy est pourtant férocement défendue par Alexandre de Juniac.
En mars dernier, le PDG d’Air France KLM a déclaré aux Echos que "la desserte intercontinentale directe des villes de province par des compagnies étrangères est une stratégie extrêmement pénalisante pour le hub d’Air France. […]
Même si cela semble paradoxal, vouloir ouvrir quelques vols directs au détriment du hub de Roissy est un raisonnement qui pénalise in fine les territoires."
Une proclamation qui a fait bondir l’Union des Aéroports Régionaux, qui se bat depuis longtemps pour des lignes directes depuis la province afin "d’accompagner le développement économique local".
L’aéroport de Nice avait d’ailleurs envoyé une motion au gouvernement exigeant une meilleure desserte internationale avec l’ouverture des droits de trafic.
Rappelons que Qatar avait quitté Nice en 2013, afin d'utiliser tous ses slots au départ de Paris.
"Nous étions en train de sortir la tête de l’eau. Nous allons replonger à nouveau. D’autant que ces vols vont favoriser le hub de Doha au détriment de celui de Charles de Gaulle", remarque Julien Duboz.
L’attractivité de Roissy est pourtant férocement défendue par Alexandre de Juniac.
En mars dernier, le PDG d’Air France KLM a déclaré aux Echos que "la desserte intercontinentale directe des villes de province par des compagnies étrangères est une stratégie extrêmement pénalisante pour le hub d’Air France. […]
Même si cela semble paradoxal, vouloir ouvrir quelques vols directs au détriment du hub de Roissy est un raisonnement qui pénalise in fine les territoires."
Une proclamation qui a fait bondir l’Union des Aéroports Régionaux, qui se bat depuis longtemps pour des lignes directes depuis la province afin "d’accompagner le développement économique local".
L’aéroport de Nice avait d’ailleurs envoyé une motion au gouvernement exigeant une meilleure desserte internationale avec l’ouverture des droits de trafic.
Rappelons que Qatar avait quitté Nice en 2013, afin d'utiliser tous ses slots au départ de Paris.
Quelle marge de manœuvre pour les syndicats ?
A Lyon, le directeur de la chambre de commerce et d’industrie (CCI), Emmanuel Imberton, appelait en février dernier les chefs d’entreprises à se mobiliser. dans ce sens via une pétition en ligne.
En province, seule Emirates a maintenu sa présence et assure aujourd’hui 7 vols à Nice et 5 à Lyon.
Elle aimerait d’ailleurs passer en quotidien dans la ville des Canuts.
Une demande que les autorités pourront difficilement lui refuser si Qatar obtient de nouveaux créneaux.
Reste à savoir quelle est la marge de manœuvre des syndicats pour faire pression dans une affaire qui relève de la diplomatie internationale.
Le puissant SNPL est monté au créneau expliquant que si le gouvernement échouait à protéger le pavillon français, c'était la mort assurée de toute l'industrie.
Il a rappelé également le poids économique d'Air France dans le pays, avec 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 100 000 emplois.
Des chiffres à mettre en perspective avec ceux de Dassault et de ses partenaires, soit 500 sous-traitants qui interviennent dans la production du Rafale.
D'après Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, toutes les commandes d'armement français engrangées cette année représentent un chiffre de 15 milliards d'euros, soit 30 000 nouveaux emplois sur plusieurs années pour ce secteur industriel.
Une idée de reclassement pour les salariés d’Air France ?
En province, seule Emirates a maintenu sa présence et assure aujourd’hui 7 vols à Nice et 5 à Lyon.
Elle aimerait d’ailleurs passer en quotidien dans la ville des Canuts.
Une demande que les autorités pourront difficilement lui refuser si Qatar obtient de nouveaux créneaux.
Reste à savoir quelle est la marge de manœuvre des syndicats pour faire pression dans une affaire qui relève de la diplomatie internationale.
Le puissant SNPL est monté au créneau expliquant que si le gouvernement échouait à protéger le pavillon français, c'était la mort assurée de toute l'industrie.
Il a rappelé également le poids économique d'Air France dans le pays, avec 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 100 000 emplois.
Des chiffres à mettre en perspective avec ceux de Dassault et de ses partenaires, soit 500 sous-traitants qui interviennent dans la production du Rafale.
D'après Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, toutes les commandes d'armement français engrangées cette année représentent un chiffre de 15 milliards d'euros, soit 30 000 nouveaux emplois sur plusieurs années pour ce secteur industriel.
Une idée de reclassement pour les salariés d’Air France ?