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Dans le tourisme et le business d'une façon générale, tout va très vite.
Il y a moins d'un an, une grande partie des décideurs de la distribution avait rendez-vous à Punta Cana, pour participer à la convention nationale des Entreprises du Voyage.
L'évènement était l'occasion de rendre hommage à l'une des rares destinations ouvertes durant la crise sanitaire. Puis en début de semaine, Air France a signifié la fin de l'idylle, en décidant l'arrêt de la desserte de Punta Cana et de Santo Domingo pour l'hiver 2023/2024.
A lire : Exclusif : Air France arrête la République dominicaine pour l'année 2023 !
"C'est un pays qui a eu un traitement admirable durant la crise sanitaire, entraînant une progression extraordinaire des ventes, y compris l'été dernier, pourtant basse saison.
Globalement je déplore un mauvais coup porté à la destination et au marché," comment Jean-Pierre Mas, le président des EDV.
Rappelons-nous que l'année dernière, la République dominicaine était la 1ère destination long-courrier vendue et la 3e, tous segments confondus, chez les professionnels du tourisme.
Une place sur le podium qui pourrait dégringoler très vite dans les semaines à venir.
République dominicaine : des réservations en baisse de 25%
Déjà en octobre 2022, Air France annonçait la suspension de la desserte de la République dominicaine, pour l'été 2023.
Une décision actée alors que la ligne représentait tout simplement le plus gros revenu sur "le segment loisir pour Air France," révélait au congrès Manor Stefan Vanovermeir, le directeur des ventes d'Air France-KLM.
Trois mois plus tard, Corsair emboîtait le pas à la compagnie nationale. Deux décisions qui faisaient chuter les capacités aériennes entre les deux pays de 60%, pour l'actuelle saison estivale.
Et derrière, c'est toute une destination qui dévisse.
"La faiblesse de cette offre a un impact sur les réservations.
Elles sont en baisses de 25% pour l'été à venir et la baisse est très forte par rapport à 2022. Donc nous voyons bien une corrélation entre la desserte et l'attrait d'une destination," poursuit le Toulousain.
Sauf que l'été n'est pas pour la République dominicaine la haute saison.
Il est à craindre un détournement massif de la clientèle française pour l'hiver à venir, à cause de la réduction drastique des capacités aériennes pour le restant de l'année.
"C'est un drame pour la profession.
Le pays est un îlot rare dans la région. Il bénéficie d'un choix hôtelier pléthorique et de qualité, dont deux Club Med," déplorait déjà un agent de voyage lors du congrès Manor.
Si la distribution tremble, les tour-opérateurs sont étrangement sereins.
Après le scandale de l'automne dernier, les équipes de Benjamin Smith ont préféré anticiper la vindicte des professionnels, en annonçant leur choix bien avant leur mise en application.
"Si nous étions en septembre, nous nous poserions des questions.
Là, il nous reste encore pas mal de temps, pour nous organiser d'ici mi-décembre et des plans de vol peuvent se mettre en place pour palier le manquement," se veut rassurant Christian Vanroy, le directeur du développement d'ÔVoyages / Thalasso N° 1.
Une décision actée alors que la ligne représentait tout simplement le plus gros revenu sur "le segment loisir pour Air France," révélait au congrès Manor Stefan Vanovermeir, le directeur des ventes d'Air France-KLM.
Trois mois plus tard, Corsair emboîtait le pas à la compagnie nationale. Deux décisions qui faisaient chuter les capacités aériennes entre les deux pays de 60%, pour l'actuelle saison estivale.
Et derrière, c'est toute une destination qui dévisse.
"La faiblesse de cette offre a un impact sur les réservations.
Elles sont en baisses de 25% pour l'été à venir et la baisse est très forte par rapport à 2022. Donc nous voyons bien une corrélation entre la desserte et l'attrait d'une destination," poursuit le Toulousain.
Sauf que l'été n'est pas pour la République dominicaine la haute saison.
Il est à craindre un détournement massif de la clientèle française pour l'hiver à venir, à cause de la réduction drastique des capacités aériennes pour le restant de l'année.
"C'est un drame pour la profession.
Le pays est un îlot rare dans la région. Il bénéficie d'un choix hôtelier pléthorique et de qualité, dont deux Club Med," déplorait déjà un agent de voyage lors du congrès Manor.
Si la distribution tremble, les tour-opérateurs sont étrangement sereins.
Après le scandale de l'automne dernier, les équipes de Benjamin Smith ont préféré anticiper la vindicte des professionnels, en annonçant leur choix bien avant leur mise en application.
"Si nous étions en septembre, nous nous poserions des questions.
Là, il nous reste encore pas mal de temps, pour nous organiser d'ici mi-décembre et des plans de vol peuvent se mettre en place pour palier le manquement," se veut rassurant Christian Vanroy, le directeur du développement d'ÔVoyages / Thalasso N° 1.
République dominicaine : les TO sont philosophes
Le son de cloche est sensiblement le même pour le patron des TO français.
"Il ne faut pas dramatiser les choses : tout le monde a le temps de prendre ses dispositions. Après il faut bien reconnaitre que la destination a du plomb dans l'aile.
L'inflation est notre inquiétude, surtout que le prix final est un atout de la destination," croit savoir René-Marc Chilki, le président du SETO.
En début d'année 2023, les tarifs aériens n'étaient plus les mêmes que ceux pratiqués par le passé. La flambée atteignait déjà 40 ou 50%, par rapport aux billets d'avant covid.
Parmi les principaux clients d'Air France sur la destination, nous retrouvons en tête de liste le Club Med et Exotismes. Les deux acteurs prennent acte de la décision et se veulent philosophes quant à l'issue de l'hiver 2023/2024.
"Nous allons continuer plus que jamais notre collaboration avec Air Caraïbes avec qui nous collaborons depuis de nombreuses années sur les Antilles françaises, Punta Cana, Cancún et bien sur San Salvador aux Bahamas," nous déclare un porte-parole de la marque au Trident.
Pour le spécialiste des îles, ce n'est pas encore le moment de stresser.
La nature ayant horreur du vide et le marché existant bel et bien sur ces routes, Gilbert Cisneros pense qu'un acteur providentiel se positionnera pour combler le trou d'air laissé par Air France.
"C'est un peu surprenant au regard du discours, tenu en octobre, nous certifiant que la route vers Punta Cana reprendrait.
Nous avons déjà connu ça, sur les Antilles françaises, avec l'arrêt d'AOM et Air liberté, puis assez rapidement d'autres compagnies se sont créées," se remémore le co-président fondateur d'Exotismes.
S'il fait de moins en moins de doute que des petits malins vont profiter de l'occasion pour se faire une place au soleil, certains voient dans la décision de Benjamin Smith un moyen de faire pression sur l'exécutif de l'île, afin de faire baisser les taxes sur le carburant.
"Il est encore trop tôt pour s'alarmer.
Soit Air France revient sur sa position, après des négociations fructueuses avec le gouvernement dominicain, soit une autre compagnie la remplacera," espère Philippe Sangouard, le directeur de Boomerang Voyages.
"Il ne faut pas dramatiser les choses : tout le monde a le temps de prendre ses dispositions. Après il faut bien reconnaitre que la destination a du plomb dans l'aile.
L'inflation est notre inquiétude, surtout que le prix final est un atout de la destination," croit savoir René-Marc Chilki, le président du SETO.
En début d'année 2023, les tarifs aériens n'étaient plus les mêmes que ceux pratiqués par le passé. La flambée atteignait déjà 40 ou 50%, par rapport aux billets d'avant covid.
Parmi les principaux clients d'Air France sur la destination, nous retrouvons en tête de liste le Club Med et Exotismes. Les deux acteurs prennent acte de la décision et se veulent philosophes quant à l'issue de l'hiver 2023/2024.
"Nous allons continuer plus que jamais notre collaboration avec Air Caraïbes avec qui nous collaborons depuis de nombreuses années sur les Antilles françaises, Punta Cana, Cancún et bien sur San Salvador aux Bahamas," nous déclare un porte-parole de la marque au Trident.
Pour le spécialiste des îles, ce n'est pas encore le moment de stresser.
La nature ayant horreur du vide et le marché existant bel et bien sur ces routes, Gilbert Cisneros pense qu'un acteur providentiel se positionnera pour combler le trou d'air laissé par Air France.
"C'est un peu surprenant au regard du discours, tenu en octobre, nous certifiant que la route vers Punta Cana reprendrait.
Nous avons déjà connu ça, sur les Antilles françaises, avec l'arrêt d'AOM et Air liberté, puis assez rapidement d'autres compagnies se sont créées," se remémore le co-président fondateur d'Exotismes.
S'il fait de moins en moins de doute que des petits malins vont profiter de l'occasion pour se faire une place au soleil, certains voient dans la décision de Benjamin Smith un moyen de faire pression sur l'exécutif de l'île, afin de faire baisser les taxes sur le carburant.
"Il est encore trop tôt pour s'alarmer.
Soit Air France revient sur sa position, après des négociations fructueuses avec le gouvernement dominicain, soit une autre compagnie la remplacera," espère Philippe Sangouard, le directeur de Boomerang Voyages.
Punta Cana : Corsair, Air Transat ou Air Canada en sauveurs ?
D'ailleurs, des rumeurs circulent déjà sur le positionnement d'un avion pour aider les tour-opérateurs à acheminer leurs voyageurs de l'autre côté de l'Atlantique.
En attendant que ce dossier prenne de la consistance, des solutions existent.
"Je pense que beaucoup de tour-opérateurs feront partir leurs clients depuis Madrid, où l'offre est toujours présente. Cela va freiner son accessibilité," estime le patron du SETO.
Les compagnies espagnoles ne seront sans doute pas les seules bénéficiaires de ce report des voyageurs français.
Tout d'abord, le ministre du Tourisme de la République dominicaine a annoncé la semaine dernière avoir conclu des accords avec Condor pour "couvrir les routes d'Air France en été."
Ce n'est pas tout.
"Nous connaissons les capacités de dimensionnement d'un Air Caraïbes, pour absorber plus de passagers.
Il existe aussi des solutions sur le marché nord-américain, avec notamment Air Canada qui a des tarifs spéciaux sur Paris-Montréal puis Montréal-République dominicaine," prévient Christian Vanroy.
Air Transat propose aussi la destination depuis Montréal, mais le transporteur ne pratique pas encore une politique commerciale attractive sur le marché français.
Malgré tout, Joseph Adamo son responsable des ventes, nous avait déclaré être prêt à saisir toutes les opportunités.
Un mot d'ordre repris par Cyril Cousin, dont le téléphone a sonné dernièrement, avec des patrons de TO voulant connaitre la position de la compagnie.
Le directeur France, Benelux, Suisse et Allemagne d'Air Transat travaille actuellement pour relier la destination sur un même prix et un seul billet, tout en conservant l'escale à Montréal.
Il sera aussi possible de passer par les hubs des Etats-Unis pour accéder à Punta Cana.
Et puis nous ne sommes pas à l'abri d'un rebondissement...
En attendant que ce dossier prenne de la consistance, des solutions existent.
"Je pense que beaucoup de tour-opérateurs feront partir leurs clients depuis Madrid, où l'offre est toujours présente. Cela va freiner son accessibilité," estime le patron du SETO.
Les compagnies espagnoles ne seront sans doute pas les seules bénéficiaires de ce report des voyageurs français.
Tout d'abord, le ministre du Tourisme de la République dominicaine a annoncé la semaine dernière avoir conclu des accords avec Condor pour "couvrir les routes d'Air France en été."
Ce n'est pas tout.
"Nous connaissons les capacités de dimensionnement d'un Air Caraïbes, pour absorber plus de passagers.
Il existe aussi des solutions sur le marché nord-américain, avec notamment Air Canada qui a des tarifs spéciaux sur Paris-Montréal puis Montréal-République dominicaine," prévient Christian Vanroy.
Air Transat propose aussi la destination depuis Montréal, mais le transporteur ne pratique pas encore une politique commerciale attractive sur le marché français.
Malgré tout, Joseph Adamo son responsable des ventes, nous avait déclaré être prêt à saisir toutes les opportunités.
Un mot d'ordre repris par Cyril Cousin, dont le téléphone a sonné dernièrement, avec des patrons de TO voulant connaitre la position de la compagnie.
Le directeur France, Benelux, Suisse et Allemagne d'Air Transat travaille actuellement pour relier la destination sur un même prix et un seul billet, tout en conservant l'escale à Montréal.
Il sera aussi possible de passer par les hubs des Etats-Unis pour accéder à Punta Cana.
Et puis nous ne sommes pas à l'abri d'un rebondissement...
Pourquoi Air France supprime Punta Cana ?
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"Corsair pourrait se positionner. Avec un actionnaire très porté sur le tourisme (Laurent Abitbol, ndlr), il se pourrait qu'il ait besoin d'avions pour assurer son programme de l'hiver à venir," imagine un patron de tour-opérateur.
Pour l'heure, l'Etat-major de la compagnie antillaise nous affirme qu'il n'est pas question de remettre des avions sur cette ligne, avec de tels niveaux de taxes.
Si cet argument est continuellement avancé par Air France et ses concurrentes, il ne serait pas le seul pour expliquer une telle décision. En même temps que l'annonce de la suppression de la desserte de Punta Cana, celles de Malé (Maldives) et Colombo (Sri Lanka) ont aussi été acquises.
"Ils arrêtent des destinations qui sont, dans le cas présent, purement loisir.
Le modèle économique d'Air France repose sur une vente intégrale de l'avant de l'avion (business et première classe, nldr) pour espérer rentabiliser une route," analyse le directeur de développement d'ÔVoyages / Thalasso N° 1.
Sauf que, sur ce type de routes, la demande se concentre essentiellement sur l'arrière, donc la classe éco.
Outre l'absence de business travel et de trafic lucratif, Air France a aussi pratiqué une politique tarifaire très agressive l'hiver passé entre Paris et Punta Cana, faisant passer Air Caraïbes pour une rivale sur le haut de gamme.
"Ils avaient les tarifs les plus compétitifs sur la destination. Ils auraient peut-être pu augmenter les prix pour être rentables. Il doit y avoir d'autres raisons à cela," se questionne Jean-Pierre Mas.
En effet, il n'existe pas qu'une cause unique.
Avec le retrait des A380 et d'une façon générale, Air France manque de coques.
Pour faire face à la reprise du voyage, tout en restant dans son objectif de rentabilité soutenue, la direction préfère positionner ses appareils sur des lignes plus lucratives comme celles vers menant vers les USA ou l'Asie.
"La République dominicaine a besoin du trafic européen et des Français, car c'est un marché annuel, contrairement aux Nord-Américains. Les groupes hôteliers locaux font pression sur les politiques pour qu'ils analysent à nouveau la situation.
Le tourisme représente une part significative du PIB du pays," conclut Christian Vanroy.
Pour l'heure, l'Etat-major de la compagnie antillaise nous affirme qu'il n'est pas question de remettre des avions sur cette ligne, avec de tels niveaux de taxes.
Si cet argument est continuellement avancé par Air France et ses concurrentes, il ne serait pas le seul pour expliquer une telle décision. En même temps que l'annonce de la suppression de la desserte de Punta Cana, celles de Malé (Maldives) et Colombo (Sri Lanka) ont aussi été acquises.
"Ils arrêtent des destinations qui sont, dans le cas présent, purement loisir.
Le modèle économique d'Air France repose sur une vente intégrale de l'avant de l'avion (business et première classe, nldr) pour espérer rentabiliser une route," analyse le directeur de développement d'ÔVoyages / Thalasso N° 1.
Sauf que, sur ce type de routes, la demande se concentre essentiellement sur l'arrière, donc la classe éco.
Outre l'absence de business travel et de trafic lucratif, Air France a aussi pratiqué une politique tarifaire très agressive l'hiver passé entre Paris et Punta Cana, faisant passer Air Caraïbes pour une rivale sur le haut de gamme.
"Ils avaient les tarifs les plus compétitifs sur la destination. Ils auraient peut-être pu augmenter les prix pour être rentables. Il doit y avoir d'autres raisons à cela," se questionne Jean-Pierre Mas.
En effet, il n'existe pas qu'une cause unique.
Avec le retrait des A380 et d'une façon générale, Air France manque de coques.
Pour faire face à la reprise du voyage, tout en restant dans son objectif de rentabilité soutenue, la direction préfère positionner ses appareils sur des lignes plus lucratives comme celles vers menant vers les USA ou l'Asie.
"La République dominicaine a besoin du trafic européen et des Français, car c'est un marché annuel, contrairement aux Nord-Américains. Les groupes hôteliers locaux font pression sur les politiques pour qu'ils analysent à nouveau la situation.
Le tourisme représente une part significative du PIB du pays," conclut Christian Vanroy.