Revalorisation : vers un gel des salaires dans les agences de voyages en 2014 ?

Les salariés des agences de voyages seront-ils privés d'une hausse du salaire minimum conventionnel garanti (SMCG) cette année ?

C'est en tout cas ce que laisse entendre le SNAV dans un mail adressé aux organisations de représentation du personnel mardi 25 mars 2014, veille de la réunion dédiée, entre autres, à la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur la revalorisation salariale.

"Dans le contexte actuel (…) et compte tenu des efforts de la profession au cours des dernières années, le SNAV n'envisage pas d'augmentation des SMCG en 2014", écrit l'organisation patronale.

Pour justifier sa position, elle cite notamment "la crise économique durable" qui induit la "baisse de la consommation des ménages et particulièrement quant au budget consacré aux vacances".

Une situation qui a conduit des groupes majeurs du secteur à conduire des plans de restructuration au cours de l'année passée. A ce sujet, le SNAV rappelle dans son mail que 6 000 suppressions d'emploi sont à déplorer dans la branche en 6 ans.

Il rappelle ensuite les reculs du nombre de passagers et du volume d'affaires constaté en 2012 par le Baromètre SNAV/Atout France et cite également les analyses du SETO qui "témoignent de la poursuite de la dégradation en 2013 après une très mauvaise année en 2012."

Par ailleurs, le SNAV estime que "les perspectives 2014 restent très incertaines et même préoccupantes".

C'est pourquoi, selon le texte de ce message, "l'ensemble des entreprises de l'industrie du voyage doit contrôler très strictement ses coûts et notamment ses frais du personnel."

Par ailleurs, la mise en œuvre de certaines dispositions de la nouvelle convention collective – la prévoyance en premier lieu – vont devoir être intégrées par les entreprises du secteur.

Pour toutes ces raisons, le SNAV assure "être contraint d'envisager le gel des minima en 2014." Il affirme le regretter et "confirme sa volonté de poursuivre un dialogue social riche avec les organisations syndicales en 2014 et les années suivantes."

Les négociations futures avec les partenaires sociaux feront-elles bouger les lignes ?

Sur ce point, il n'est pas sûr que l'ensemble des représentants de ces dernières arrivent avec le sourire à la prochaine réunion des partenaires sociaux programmée le 22 avril 2014.

Contactée à propos de cet email, Valérie Boned, secrétaire générale déléguée du SNAV, indique seulement que "sur le sujet rien ne peut être dit tant que cette réunion ne s'est pas tenue."

Concrètement, les niveaux de salaires minima des différents groupes fixés en 2013 ne devraient pas changer.

A moins que l'augmentation du SMIC au 1er juillet 2014 ne le fasse passer au-dessus du niveau du groupe A.

Celui-ci est actuellement à 1 458,05 € bruts par mois pour 151,67 heures de travail. Le niveau du SMIC est, quant à lui, établi – après la hausse de 10 centimes du 1er janvier 2014 – à 9,53 € bruts de l'heure. Soit 1 445,42 € bruts. L'écart entre les deux ne s’élève donc qu'à 12,64 € bruts par mois.

Si, en juillet, le SMIC passait au-dessus du niveau du groupe A dans le secteur, il faudrait alors lancer de nouvelles discussions pour ajuster les SMCG en fonction.

Dans son mail, le SNAV rappelle qu'ils ont augmenté de 3,5 % en moyenne de 3,5 % en 2008, de 1,72 % en 2009, de 0,94 % en 2010, de 1,6 % en 2011 et de 2,4 % en 2012.

Mais dans un même temps, le SMIC a lui aussi progressé chaque année. Il est passé 8,44 € bruts de l'heure début 2008 à 9,53 € bruts de l'heure.

C'est ce qui rend amers certains représentants du personnels qui se souviennent qu'en 2008, le SNAV se serait engagé verbalement à maintenir un écart de 3 % entre le niveau du Groupe A et le SMIC. Il est désormais inférieur à 1 %...

(Lire : Exclusif : hausse salaires et nouvelle classification AGV dès le 1er juillet ?)