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Ryanair : le pionnier de l'uberisation de l'aérien va-t-il changer son fusil d'épaule ?

L’Europe peine à légiférer pour stopper le dumping social


Ryanair affiche une insolente santé financière. Des performances que la compagnie doit à sa structure de coûts, ultra low-cost, mais aussi aux conditions de travail intensives de son personnel. Mais ses dirigeants savent pertinemment qu'ils ne pourront pas éternellement mal payer leurs employés. Et commencent à lâcher du lest.


le Vendredi 27 Novembre 2015

Les excellents résultats financiers de Ryanair sont en grande partie dus aux conditions de travail très libérales de ses employés - DR : Ryanair
Les excellents résultats financiers de Ryanair sont en grande partie dus aux conditions de travail très libérales de ses employés - DR : Ryanair
L'ensemble de la presse et des marchés financiers se délectent régulièrement de la publication des résultats financiers de Ryanair.

Pour la première fois dans son histoire, la compagnie a dépassé la barre du milliard d'euros de bénéfices au cours du premier semestre de son exercice fiscal.

Une rentabilité digne de l’industrie du luxe, comme le remarque La Tribune.

Ryanair, désormais cotée 8 milliards d’euros, pourrait même se permettre de racheter Air France, qui en vaut quatre fois moins, comme l’a cyniquement signalé le patron de la low cost, excentrique patron, Michael O’Leary.

Ses habituelles provocations éclipsent bien souvent l’une des composantes essentielles du succès de la compagnie : ses conditions de travail, les plus libérales du marché européen.

Des conditions de travail largement critiquées dans la presse

Cette situation est loin d’être un secret et nous en avions déjà parlé dans un article en janvier 2015.

En octobre dernier, une ancienne hôtesse de l’air a relancé le sujet avec la publication d’un ouvrage témoignage « Bienvenue à bord ».

En Norvège, les autorités vont enquêter sur les conditions de travail au sein de la low cost.

En Allemagne le syndicat non reconnu des pilotes de Ryanair, s’est réjoui début novembre d’investigations menées sur l’évasion fiscale de Brookfield Aviation, une agence d’intérim qui rémunère les pilotes, dont plus des deux tiers sont des auto-entrepreneurs. Un statut particulièrement défavorable mais imposé par la compagnie.

Sans le savoir, Ryanair a donc été un pionnier dans l’uberisation du transport aérien.

Mais en dépit de preuves évidentes de dumping social, l’Europe peine à légiférer pour réguler ces abus.

Sur le plan national, peu de gouvernements osent s’élever contre ces pratiques, sous peine de voir les avions jaune et bleu quitter définitivement leur tarmac.

Car Micheal O’Leary n'est pas un philanthrope et sanctionne immédiatement tous ceux qui s’opposent à ses méthodes inflexibles.

On se souvient de la fermeture immédiate de sa base marseillaise en 2010 après sa condamnation pour travail dissimulé.

Même sanction à Copenhague, où la municipalité avait interdit à ses employés de voyager avec la sulfureuse irlandaise.

Ryanair très consciente de la faiblesse de son modèle

Mais si Micheal O’Leary passe son temps à fanfaronner dans la presse, son conseil d’administration est lui bien conscient des menaces qui pèsent sur ce modèle ultra low-cost.

Plusieurs éléments de son rapport financier, publié en mars 2015, attestent de cette inquiétude, notamment à partir de la page 57.

Si Ryanair considère à plusieurs reprises que les « relations avec ses employés sont bonnes (sic) », l'entreprise sait pertinemment qu’elle ne pourra pas « (…) éviter les hausses de salaires ».

Et que par conséquent « il ne peut y avoir aucune assurance que les mécanismes de rémunération ne seront pas sujets à changement ou modification ».

Un peu plus loin, on peut lire que « Si Ryanair était forcé de reconnaître que la juridiction irlandaise ne peut plus s'appliquer aux équipages qui opèrent depuis l'Europe continentale, elle devrait alors augmenter les salaires, les cotisations sociales et de retraites, ce qui pourrait l'amener à une potentielle perte de flexibilité ».

Elle craint également que le gouvernement irlandais, aujourd’hui à court de liquidités, n’augmente la taxe sur les sociétés, actuellement à un taux de 12,5%.

La compagnie organise donc des négociations salariales avec ses employés, notamment les pilotes et les PNC, via des comités représentatifs (Employee Representative Committees).

Elle vient d'ailleurs de signer un accord avec ses pilotes, leur attribuant une hausse de 10% sur les cinq prochaines années, comme l'explique l'Irish Time.

Espérons que l'ensemble des catégories de personnels puissent bénéficier de ce même regain de générosité.

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Commentaires

1.Posté par Fabrice le 27/11/2015 11:25 | Alerter
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Évidemment qu'il y a des agences qui réservent avec Ryanair.
Un confrère qui travaille dans une agence Selectour à Lyon, m'avouait à bas mots qu'il lui arrive de réserver un vol sur Ryanair et un hôtel chez Booking (maintenant qu'ils sont référencés Selectour) pour ne pas perdre le client. Il lui facture les frais de dossier et lui vend une assurance.
C'est l'exemple type de la profession qui se tire une balle dans le pied.

2.Posté par Dominique TEXIER le 30/11/2015 12:07 | Alerter
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Encore un sujet ou l'absence de l'Europe se fait cruellement sentir!!!

Et pourtant les compagnies pourraient réagir en s'unissant avec des actions communes. Mais le communautarisme a l'interieur de ces grandes compagnies laisserait-il faire?
O'Leary le sait et en use espérons qu'un jour il en abuse et qu'il y ai des réactions!!

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