"La nécessité, l’urgence, voire la contrainte pour les pays du nord de contribuer efficacement au développement du sud ne fait aucun doute. Le fossé qui se creuse entre les pays riches et les pays pauvres accroît la probabilité d’explosion ; les voyageurs en seront les premières victimes. D’où l’idée « généreuse » de les associer directement au développement en instaurant une taxe pouvant atteindre 40€ sur les billets d’avion.
Ce projet n’est pas bon.
Les victimes potentielles d’attentats que sont les voyageurs ne sont nullement responsables du sous-développement. Au contraire, par le voyage, ils apportent des devises et créent des emplois dans les pays visités ; les voyageurs contribuent de façon significative au développement.
Politiquement, ce projet, illustre le manque de détermination de gouvernants qui n’ont pas le courage de leurs bonnes intentions : au lieu d’arbitrer dans le budget de l’état en faveur du développement, ils préfèrent repasser la patate chaude aux passagers du transport aérien.
En matière d’efficacité, l’affectation directe d’une recette fiscale n’a pas toujours donné les résultats escomptés pour ses bénéficiaires supposés (le produit de la vignette auto était destinée aux vieux).Le coût de sa collecte et de sa répartition peuvent amputer sensiblement les sommes prélevées.
Economiquement, le consommateur est très sensible au prix : l’augmentation du prix des billets d’avion a pour effet mécanique de réduire la consommation de voyages.
Cette taxe créerait une double distorsion de concurrence : entre les compagnies aériennes de pays qui l’appliquent et celles des pays qui ne l’appliquent pas, et, en France métropolitaine, entre le transport aérien et le rail.
Ce projet repose sur un syllogisme : « Les pauvres existent parce qu’il y a des riches, par conséquent, les riches doivent aider les pauvres ; ce sont les riches qui prennent l’avion, taxons donc le voyageur aérien afin de réduire la pauvreté».
Ce contresens résulte d’une vision de la « jet set » qui date des années cinquante. Ni le voyage, ni l’avion ne sont aujourd’hui l’apanage des riches : une famille de postiers antillais qui rejoint son île pour les congés annuels doit elle être assimilée à une famille riche ?
Le voyageur qui va de Paris à Londres en Eurostar 1° classe n’est il pas plus aisé que le passager d’Easy Jet ? Au nom de quelle logique les riches qui ne voyagent pas seraient ils dispensés d’apporter leur contribution au développement ?
Le produit annuel d’une telle taxe appliquée à tous les voyageurs aériens dans le monde entier, (y compris le tiers monde, ce qui semble utopique, serait de l’ordre de 2 milliards d’Euros, soit, à peu de choses près, l’équivalent d’une taxation de 1% sur les bénéfices des compagnies pétrolières.
Pour ces raisons au moins cet écran de fumée dissimule mal le refus des gouvernants du nord d’affronter avec détermination la question cruciale du sous développement. En étant complice de cette taxe on cautionne le refus d’aborder de front l’urgente question du développement."
Jean-Pierre Mas
Ce projet n’est pas bon.
Les victimes potentielles d’attentats que sont les voyageurs ne sont nullement responsables du sous-développement. Au contraire, par le voyage, ils apportent des devises et créent des emplois dans les pays visités ; les voyageurs contribuent de façon significative au développement.
Politiquement, ce projet, illustre le manque de détermination de gouvernants qui n’ont pas le courage de leurs bonnes intentions : au lieu d’arbitrer dans le budget de l’état en faveur du développement, ils préfèrent repasser la patate chaude aux passagers du transport aérien.
En matière d’efficacité, l’affectation directe d’une recette fiscale n’a pas toujours donné les résultats escomptés pour ses bénéficiaires supposés (le produit de la vignette auto était destinée aux vieux).Le coût de sa collecte et de sa répartition peuvent amputer sensiblement les sommes prélevées.
Economiquement, le consommateur est très sensible au prix : l’augmentation du prix des billets d’avion a pour effet mécanique de réduire la consommation de voyages.
Cette taxe créerait une double distorsion de concurrence : entre les compagnies aériennes de pays qui l’appliquent et celles des pays qui ne l’appliquent pas, et, en France métropolitaine, entre le transport aérien et le rail.
Ce projet repose sur un syllogisme : « Les pauvres existent parce qu’il y a des riches, par conséquent, les riches doivent aider les pauvres ; ce sont les riches qui prennent l’avion, taxons donc le voyageur aérien afin de réduire la pauvreté».
Ce contresens résulte d’une vision de la « jet set » qui date des années cinquante. Ni le voyage, ni l’avion ne sont aujourd’hui l’apanage des riches : une famille de postiers antillais qui rejoint son île pour les congés annuels doit elle être assimilée à une famille riche ?
Le voyageur qui va de Paris à Londres en Eurostar 1° classe n’est il pas plus aisé que le passager d’Easy Jet ? Au nom de quelle logique les riches qui ne voyagent pas seraient ils dispensés d’apporter leur contribution au développement ?
Le produit annuel d’une telle taxe appliquée à tous les voyageurs aériens dans le monde entier, (y compris le tiers monde, ce qui semble utopique, serait de l’ordre de 2 milliards d’Euros, soit, à peu de choses près, l’équivalent d’une taxation de 1% sur les bénéfices des compagnies pétrolières.
Pour ces raisons au moins cet écran de fumée dissimule mal le refus des gouvernants du nord d’affronter avec détermination la question cruciale du sous développement. En étant complice de cette taxe on cautionne le refus d’aborder de front l’urgente question du développement."
Jean-Pierre Mas