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Transport aérien : plans de restructurations et coupes sombres, ça va voler bas !

l'interview de Jean Belotti, expert aérien


Dépôt de bilan d’American Airlines, gel des salaires chez Air France.... Le transport aérien traverse une période de turbulences. Jean Belotti, ancien commandant de bord et expert judiciaire, revient dans une interview sur les plans de restructuration annoncés et leurs conséquences sur le secteur.


Rédigé par le Vendredi 23 Décembre 2011

TourMaG.com - Le dépôt de bilan d’American Airlines signifie-t-il que cette grande compagnie américaine va disparaître comme PANAM et TWA et, en Europe, comme Swissair et Sabena ?

Jean Belotti :
Tout d’abord, il convient de préciser qu’il ne s’agit pas d’une faillite, mais d’un dépôt de bilan, dès lors que la compagnie n’a plus été en mesure de rembourser la totalité de ses créanciers, ce qui la place, aux États-Unis, sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites.

Cette disposition américaine bien spécifique permet donc à une entreprise de continuer à fonctionner normalement tout en conservant la propriété de ses actifs, sans pour autant avoir à rembourser ses dettes.

Cela étant, placée sous contrôle de justice, elle doit présenter dans les meilleurs délais un plan de restructuration. S’il est approuvé, l’entreprise dispose du temps nécessaire à sa mise en œuvre.

S’il est refusé, c’est l’article 7 de la même loi, précisant les dispositions de la mise en liquidation judiciaire, qui est appliqué.

TourMaG.com - Pourquoi cette “major” en est-elle arrivé là ?

Jean Belotti :
Essentiellement du fait de l’augmentation des coûts, du quart de sa flotte composée d’avions anciens gros consommateurs de carburant et de la concurrence des “low cost”, d’où une perte qui s’élève à plusieurs milliards de dollars en quelques années.

TourMaG.com - Y a-t-il un danger potentiel pour les grandes compagnies européennes qui, elles, ne pourront pas se placer sous la protection d’une loi ?

Jean Belotti :
Dans un premier temps des plans de restructuration permettant de concurrencer les “low cost” ont été mis en œuvre, comme par exemple celui d’Air France/KLM.

Il convient désormais d’attendre quels en seront les résultats. Dans le cadre de ces plans de restructuration, des coupes sombres ne manqueront pas d’être faites dans les coûts.

Ayant, à plusieurs reprises, montré des effets pervers de ces mesures de redressement, il reste qu’on ne peut écarter la crainte de voir des réductions portant sur des postes touchant la sécurité des vols (formation, conditions de travail, maintenance,...).

Restons optimistes ! Plusieurs des plus grandes compagnies aériennes américaines telles que United Airlines, US Airways, Delta, Northwest, Continental (absorbée par United en 2010) sont passées par là !

TourMaG.com - Dans la période difficile que nous traversons actuellement, que pensez-vous du blocage des salaires annoncé par Air France ?

Jean Belotti :
Non seulement il conduira probablement à la réaction des syndicats, mais certainement à une démotivation des personnels qui, en plus du gel général des salaires, ne recevront plus les primes liées à la productivité et aux promotions.

N’y a-t-il pas d’autres moyens de réduire les coûts ?

Un lecteur note qu’un simple calcul, même grossier, montre que la suppression de la prime de départ de 1,3 millions d’euros décernée à son Directeur Général permettrait d’accorder le 1,6 % d’augmentation à plus de 2.000 employés !

Bloquer les salaires est une décision qui s’inscrit dans le cadre d’un futur plan de restructuration qui comportera, en priorité, la fermeture de lignes déficitaires, et au minimum à la réduction de la fréquence des vols et à une recherche d’augmentation de la productivité des personnels.

TourMaG.com - Quelles seraient les conséquences ?

Jean Belotti :
D'une part la réduction des fréquences ou suppression de certaines lignes est une mesure qui pénalisera la clientèle des régions qui ne seront plus desservies.

D'autre part dans ce contexte de réduction de l’activité, une augmentation de productivité ne peut conduire qu’à un sureffectif, lequel impliquera forcément un plan de départ de différentes catégories de personnels.

Ainsi, la compagnie perdra une partie de son patrimoine de "savoir faire" qui lui fera gravement défaut en cas de reprise de la croissance.

Comme je l’ai récemment montré, force est de constater que le manque de visibilité sur l’évolution de l’économie mondiale a conduit les compagnies à prendre simultanément des décisions adaptées à des situations de récession et à des situations de croissance, ce qui est tout à fait incompatible.

La preuve - et il fallait s’y attendre - indépendamment de la livraison de quelques appareils en raison des contrats déjà bien engagés, Air France n'exclut pas de procéder à des reports en 2013.

Ancien Commandant de bord, notre chroniqueur Jean Belotti est également expert auprès des tribunaux et écrivain. Voici une fiche bibliographique de ses ouvrages.

1.- “Les accidents aériens, pour mieux comprendre”. Frédéric COUFFY Éditions - 1999.
12, rue de Nazareth 13100 Aix en Provence. Tél : 04 42 26 18 08. Fax : 04 42 26 63 26

2.- “Les Titanics du ciel”. FRANCE-EUROPE-EDITIONS - 2001
9, rue Boyer BP 4049 06301 Nice Cedex 4

3.- “Chroniques aéronautiques”. VARIO - 2003
1034, rue H.Poincaré 83340 Le Luc en Provence

4.- "Le Transport International de Marchandises". VUIBERT - 3ième édition en 2004.
www.vuibert.fr

6.- “Une passion du ciel”. NOUVELLES EDITIONS LATINES - 2005
1, rue de Palatine 75006 Paris

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Commentaires

1.Posté par DANIEL le 23/12/2011 09:34 | Alerter
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Bonjour,

Que de bavardages , que de bavardages !!!! il ne faut pas se voiler la face, ni jouer sur les mots !!! ce n est pas une faillite !!! ce n est qu un depot de bilan ....pourquoi ?? car les lois USA, sont plus protectrices ds ces cas , mais la situation est presque identique !!!
Economie économie....ehh oui , les compagnies aériennes (certaines!!) continuent à vivre, comme au bon vieux temps du transport aérien en pleine expension, je vois que le sujet sécurité, est presque abordé, ce n est pas là où il faut faire des économies,
Il ne fau pas se voiler la face...une grande compagnie aérienne française a été sacrifié, 2 autres ont pris le relais (déja existante) en se developpant sur le long courrier....mais à quel prix, salaires au 2/3, avantages sociaux réduits, au sol; comme aux Navigants !!! et la sous traitance....alors laà...on n en parle , à grands coups d'appel d'offres aux moins disants, pour en arriver (exemple!!) a des situations précaires pour les personnels de sous traitance, tel la sécurité (ce n est qu un exemple, je sais que ça ne dépend pas des Cies), un sujet que je n aborderai pas, mais mon silence est très explicite .....PNC....PNT... tout est à revoir...je dis TOUT !! mais là !!!
Mr Belotti va bientot nous faire une étude, sur ce sujet.....je pense que Mr Barroux nous ferait une étude moins complaisante,
Bonne journée

2.Posté par BETTY le 23/12/2011 10:08 | Alerter
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Ce n'est pas la première fois que M. Belotti confond des faits! A noter: CONTINENTAL a racheté la cie UNITED en 2010/2011 et pas l'inverse comme cité dans l'article. Le nom UNITED a été retenu pour la nouvelle cie pour des raisons commerciales (marque mieux connue) en combinaison avec le logo de CO.

3.Posté par Gilles Gompertz // Avico le 23/12/2011 12:27 | Alerter
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Les temps sont durs, et la situation économique inquiétante. En revanche, je serais beaucoup plus optimiste que Monsieur Belotti sur les conséquences des plans de restructuration au sein des compagnies.

Aucune d'entre elle ne fait d'impasse sur la sécurité, et low cost ne veut pas dire low safety. Les chiffres ne montrent aucune dégradation des niveaux de sécurité des compagnies low cost, notamment, on peut le souligner !

Par ailleurs, Air France a des compétences et des capacités d'adaptation à la hauteur de la taille et de réputation la compagnie. La morosité est là, les temps seront durs et les dents resteront serrées un moment, mais je parierais bien qu'AF restera un acteur essentiel du transport aérien de la prochaine décennie.

Joyeux Noël !

4.Posté par Gilles le 23/12/2011 12:39 | Alerter
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Bonjour

Je ne suis pas un professionnel du tourisme, ni même de l'aéronautique , mais un simple citoyen, très grand passionné du transport aérien.

Il y a aussi la philosophie des compagnies aériennes depuis 30 ans qui serait à revoir. Un problème que l'on aborde pas encore beacoup et qui pourtant devrait être pris en compte tellement c'est une bombe à retardement. Les compagnies aériennes sur des lignes aériennes à fortes capacités annuelles supérieures à 500 000 voyageurs ont trop tendance à favoriser le nombre de fréquences plutôt que la capacité des avions.

A force de faire une surenchère de fréquences pour avantager leurs principaux
hubs, les principales compagnies aériennes principalement européennes et nord américaines vont davantage saturer l'espace aérien et des retards et annulations risquent de s'amplifier si on laisse cette logique suicidaire continuer.
Nice. Au lieu de rajouter des fréquences à l''infini pour alimenter leurs hubs intensifs afin de soi-disant optimiser des correspondances inutiles, ne faudrait il pas limiter le nombre
de fréquences et mettre des avions gros porteurs, me sur les vols courts courriers et moyens courriers plutôt que des avions régionaux ou monocouloirs?

Les A320 et B737 ne peuvent pas à eux même répondre à une forte croissance
aérienne passagère, et encore moins les avions régionaux, ces avions
devraient être plus conçus pour du point à point, mais pas pour des lignes
importantes comme Francfort-Londres, Milan-Rome ou Barcelone-Madrid supérieures
à 500 000 voyageurs annuels.

Il est temps que les compagnies aériennes européennes réintroduisent sur
leur flotte court courrier et moyen courrier des avions gros porteurs (B777,
B787 ou A330), sinon on va aller vers l'asphyxie de l'espace aérien européen
comme pour l'espace aérien nord américain. Mais là, il faudrait que les
compagnies aériennes repensent leur organisation au niveau de leurs hubs pour
faciliter l'embarquement et le débarquement d''avions gros porteurs sur le
court et moyen courrier, et que certains hommes d''affaires cessent de croire
qu''ils iront plus vite en CRJ qu'en B747, alors qu''il y aura de longues files
d''attentes parfois 1 heures avant que leur avion puisse enfin décoller ou
atterrir, c''est ce qui m''est arrivé à l''aéroport de New York JFK à cause
de cette surenchère d''avions régionaux.

Enfin, les A380 et B747-8 pourraient se vendre davantage car plus
adaptés à la forte croissance du trafic aérien surtout sur des segments
supérieurs aux million de passagers annuels cela éviterait une paralysie totale du trafic aérien.

A méditer

Cordialement

Gilles Trehin

5.Posté par Sylvain le 28/12/2011 02:25 | Alerter
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@ Gilles, faire voler un B777 ou A330 sur un trajet d'une heure est un vol qui ne rapporte rien ou presque à la compagnie, d'ou ces fréquences...

6.Posté par DHAOUADI Mohamed le 31/01/2012 14:01 | Alerter
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On ne peut qualifier de "Bavardages" une telle lecture du Chapitre 11 du Code des Faillites aux États Unis par le Captain Jean BELOTTI, sauf si:
1 On ignore l"expérience et le degré d'expertise de cette figure de l'aéronautique
2. On ignore le sujet, et par probité il faudrait reconnaitre sa méconnaissance, pour ne pas dire manque de culture dans le domaine compliqué des processus de faillite Outre Atlantique
Jean BELOTTI connait parfaitement son sujet, si l'on réalise qu'il existe deux formes de faillites aux USA, l'une régie par le Chapitre 11 et l'autre régie par le Chapitre 7. Le Chapitre 7 du Code des faillites des États-Unis concerne la liquidation. En général, l’activité de l’entreprise d’un débiteur qui a invoqué le Chapitre 7 a cessé. Ses affaires sont placées sous la direction et le contrôle d’un « trustee in-bankruptcy », c’est-à-dire d’un syndic de faillite désigné en cas de faillite. Le « trustee-in- bankruptcy » est, en général, un avocat qui est nommé par l’« Office of the United States Trustee » (c’est-à-dire le Bureau des syndics de faillite des États-Unis). L’« Office of the United States Trustee » est un bureau du gouvernement qui dépend du Département de la Justice des États-Unis. Le « trustee-in-bankruptcy » est chargé de vendre tout l’actif du débiteur et de distribuer le produit net de ces ventes à ses créanciers. S’il se place sous la protection du Chapitre 7, le débiteur cesse toute activité. Son actif est vendu et le produit net de ces ventes est distribué aux créanciers.
Le Chapitre 11 est la partie du Code des faillites qui prévoit une restructuration. En général, un débiteur qui se place sous la protection du Chapitre 11 a l’intention de restructurer ou de réorganiser son entreprise afin qu’elle redevienne rentable et qu’il puisse rembourser ses créanciers intégralement ou en partie. Un débiteur qui se place sous la protection du Chapitre 11 (à la différence d’un débiteur qui se placerait sous la protection du Chapitre 7) continue à exploiter son entreprise après le dépôt de la demande de mise en faillite. C’est là la différence fondamentale entre les deux chapitres »
Michael Patrick BAXTER (Associé du cabinet Covington & Burling à Washington? Président du sous-comité sur le Chapitre 11 de l’Association des barreaux américains (American Bar Association, ABA), et membre du comité consultatif sur les restructurations d’entreprises de l’ABA) l'a ainsi défini dans son introduction à la Faillite à l'Américaine.
Comme j'ai appris après 35 ans que l'on apprend jamais assez dans ce Secteur du Transport Aérien, je conseillerai à l'auteur qui a qualifié l'analyse de Captain Belotti de respecter les maitres à penser dans un domaine qu'il comprennent un peu mais qu'ils ignorent finalement....Bravo Captain


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