Le pays du corail et des forêts de chênes-lièges
Atelier "poésie" sur la terrasse du "Mimosa", un hôtel de charme situé sur les hauts de Tabarka. Venus du Maroc, d'Algérie et de Tunisie des poètes déclament des textes qui résonnent et couvrent le chant des cigales.
Plantons le décor. Nous sommes dans le nord-ouest, à 180 kilomètres de Tunis, proches de la frontière algérienne.
Implantée au creux d’une vaste baie, adossée aux montagnes verdoyantes de Khroumirie, Tabarka étonne par ses contrastes.
C’est le pays des grandes plages de sable et des criques rocheuses, des forêts de chênes-lièges et des fonds marins au corail légendaire.
L’île qui protège naturellement le vieux port est dominée par les vestiges d’un château fort construit au 16e siècle par les Génois.
Pendant deux siècles, Gêne fut le maître mercantile de « l’île aux breloques » ainsi décrite par les historiens pour son fameux corail.
Renommé dans toute la Méditerranée il est toujours pêché dans les eaux tabarkoises qui offrent par ailleurs les meilleurs spots de plongées du pays. C’est ici que fut créé en 1972 le premier club agréé.
Au début des années 1990, par décision politique, Tabarka s’est dotée d’importantes infrastructures touristiques : un aéroport international, une route touristique tracée le long de la côte sauvage où se sont implantés une dizaine d’hôtels pied dans l’eau, un golf de 18 trous, une marina, trois clubs de plongée.
Implantée au creux d’une vaste baie, adossée aux montagnes verdoyantes de Khroumirie, Tabarka étonne par ses contrastes.
C’est le pays des grandes plages de sable et des criques rocheuses, des forêts de chênes-lièges et des fonds marins au corail légendaire.
L’île qui protège naturellement le vieux port est dominée par les vestiges d’un château fort construit au 16e siècle par les Génois.
Pendant deux siècles, Gêne fut le maître mercantile de « l’île aux breloques » ainsi décrite par les historiens pour son fameux corail.
Renommé dans toute la Méditerranée il est toujours pêché dans les eaux tabarkoises qui offrent par ailleurs les meilleurs spots de plongées du pays. C’est ici que fut créé en 1972 le premier club agréé.
Au début des années 1990, par décision politique, Tabarka s’est dotée d’importantes infrastructures touristiques : un aéroport international, une route touristique tracée le long de la côte sauvage où se sont implantés une dizaine d’hôtels pied dans l’eau, un golf de 18 trous, une marina, trois clubs de plongée.
Des hôtels à l’abandon livrés aux herbes folles
La plage de l'hôtel Méhari (4* nl), en fin de matinée le dimanche 3 juillet 2016 (période de ramadan).
Le décor est planté. Il manque le public. Après cinq années de crise et l’absence de la clientèle européenne ce sont les algériens voisins qui semble délaisser cette année Tabarka au profit de Hammamet, Monastir, Sousse, Djerba. « Manque d’animation, d’attractions, de spectacles » disent-ils avec raison.
Quatre hôtels touristiques (sur dix) portés essentiellement par le marché domestique sont restés ouverts durant cet été 2016. Trois magnifiques complexes touristiques dont un avec thalasso sont totalement à l’abandon, livrés aux herbes folles. L’aéroport n’accueille plus aucun avion.
Trois des quatre clubs de plongée sont fermés. Le quatrième travaille petitement avec une clientèle locale. La marina n’offre plus aucun service. Le petit théâtre de plein air est porte close lui qui a vu Miles Davis, Joan Baez, Miriam Makeba, Léo Ferré, Claude Nougaro, Art Blakey et bien d’autres.
C’était au début des années 1970 dans le cadre d’un festival à nul autre pareil ? au slogan qui a fait flores : « Je ne veux pas bronzer idiot ». Aujourd’hui, plus isolée que jamais, enclavée, Tabarka présente l’un des taux de chômage les plus importants du pays.
Quatre hôtels touristiques (sur dix) portés essentiellement par le marché domestique sont restés ouverts durant cet été 2016. Trois magnifiques complexes touristiques dont un avec thalasso sont totalement à l’abandon, livrés aux herbes folles. L’aéroport n’accueille plus aucun avion.
Trois des quatre clubs de plongée sont fermés. Le quatrième travaille petitement avec une clientèle locale. La marina n’offre plus aucun service. Le petit théâtre de plein air est porte close lui qui a vu Miles Davis, Joan Baez, Miriam Makeba, Léo Ferré, Claude Nougaro, Art Blakey et bien d’autres.
C’était au début des années 1970 dans le cadre d’un festival à nul autre pareil ? au slogan qui a fait flores : « Je ne veux pas bronzer idiot ». Aujourd’hui, plus isolée que jamais, enclavée, Tabarka présente l’un des taux de chômage les plus importants du pays.
La Cigale pour des lendemains qui chantent
Dimanche 3 juillet en fin d'après-midi. Sur la promenade qui longe l'une des plages publiques où l'enfant est roi.
Triste tableau direz-vous…. Pas vraiment. Il y a quelques bonnes raisons de croire que Tabarka pourrait retrouver son lustre et même une jolie place sur l’échiquier des destinations touristiques.
Le parcours de 18 tours et l’un des grands hôtels de la zone touristique, le « Tabarka Beach » ont été repris par un groupe qatari. Quasi plein crédit pour trois ans de travaux et ce n’est pas fini.
Le parcours tracé entre forêt et bord de mer réhabilité, le nouveau club house, l’hôtel lui-même, les chambres, les espaces Thalasso & Spa (uniques !) en étonneront plus d’un.
A cela s’ajoutent un centre sportif et, of course, deux terrains de foot « pro ». La Cigale, c’est ainsi qu’il se nomme, est d’ores et déjà considéré comme l’un des complexes les plus luxueux du sud de la Méditerranée.
Ouverte depuis deux ans, superbement située une maison d’hôtes de 5 chambres, « Couleurs Méditerranée » est dirigée par un couple de Français. Elle affiche complet durant sa saison qui court du 15 mars au 15 octobre. Deux autres adresses du même type sont en construction.
Le parcours de 18 tours et l’un des grands hôtels de la zone touristique, le « Tabarka Beach » ont été repris par un groupe qatari. Quasi plein crédit pour trois ans de travaux et ce n’est pas fini.
Le parcours tracé entre forêt et bord de mer réhabilité, le nouveau club house, l’hôtel lui-même, les chambres, les espaces Thalasso & Spa (uniques !) en étonneront plus d’un.
A cela s’ajoutent un centre sportif et, of course, deux terrains de foot « pro ». La Cigale, c’est ainsi qu’il se nomme, est d’ores et déjà considéré comme l’un des complexes les plus luxueux du sud de la Méditerranée.
Ouverte depuis deux ans, superbement située une maison d’hôtes de 5 chambres, « Couleurs Méditerranée » est dirigée par un couple de Français. Elle affiche complet durant sa saison qui court du 15 mars au 15 octobre. Deux autres adresses du même type sont en construction.
Retour (ou pas) aux sources
Vous dire d’abord que le nord-ouest de la Tunisie c’est ma région ou plutôt celle où ma parentèle venue d’Italie avait posé son sac au milieu du 19e siècle.
D’une génération l’autre ils furent pêcheur, fabricant de cannes en bois d’olivier, leveur de liège puis instituteur.
Tabarka est le village où, depuis des lustres je passe mes vacances.
Au fil des ans, je me suis attachée à ce village hors du temps et à ses habitants « nature » au caractère bien trempé.
Vous dire ensuite que, pour la première fois, j’ai hésité cette année à faire le voyage. Comme l’immense majorité des Français j’ai eu quelque réticence et pas mal d’appréhension.
L’année 2015 et ses attentats, Paris, Le Bardo, Sousse, Paris encore inscrits à jamais dans notre mémoire collective. Trop de sang sur la plage, trop de morts innocents…
J’étais là-bas le 14 juillet et j’ai vécu le choc qu’a provoqué sur les Tunisiens l’attentat de Nice.
Je craignais ne plus trouver ma place dans ce pays musulman, dans ce bled enclavé où chaque année davantage les femmes cachent leurs cheveux sous un foulard bien serré, où les hommes ferment boutique à l’heure des prières pour aller à la mosquée.
D’une génération l’autre ils furent pêcheur, fabricant de cannes en bois d’olivier, leveur de liège puis instituteur.
Tabarka est le village où, depuis des lustres je passe mes vacances.
Au fil des ans, je me suis attachée à ce village hors du temps et à ses habitants « nature » au caractère bien trempé.
Vous dire ensuite que, pour la première fois, j’ai hésité cette année à faire le voyage. Comme l’immense majorité des Français j’ai eu quelque réticence et pas mal d’appréhension.
L’année 2015 et ses attentats, Paris, Le Bardo, Sousse, Paris encore inscrits à jamais dans notre mémoire collective. Trop de sang sur la plage, trop de morts innocents…
J’étais là-bas le 14 juillet et j’ai vécu le choc qu’a provoqué sur les Tunisiens l’attentat de Nice.
Je craignais ne plus trouver ma place dans ce pays musulman, dans ce bled enclavé où chaque année davantage les femmes cachent leurs cheveux sous un foulard bien serré, où les hommes ferment boutique à l’heure des prières pour aller à la mosquée.
Un village vrai, hors de son temps
Tabarka vit à son rythme, hors de son temps. C'est une vie tranquille où les hommes jouent à la pétanque, tapent le carton installés sur les terrasse des cafés et discutent (de quoi ?) des heures durant en buvant du thé à la menthe.
Durant les mois d'été, on va à la plage publique en famille, toutes générations confondues. Durant les ramadans d'été les adultes veillant jusqu'aux petites heures du matin ce ce sont surtout les enfants qui jouent sur la plage et dans la mer.
Les hommes de Tabarka ont peu à voir avec l’image (vraie) de l’ami tunisien chaleureux, volubile et blagueur que nous connaissons Et elles sont à compter sur les doigts d’une main les femmes de Tabarka décomplexées, indépendantes, féministes et féminines qui cheveux au vent dessinent la Tunisie de demain.
Les gens de Tabarka sont à l ’image de leur région, montagnards khroumirs repliés sur eux-mêmes. Des taiseux qui se méfient de l’étranger, celui du bout du monde comme du village voisin. C’est à l’étranger de faire le premier pas, le premier bonjour, le premier sourire. A créer le lien. Ensuite c’est quasi l’adoption.
Tabarka est l’un de ces petits villages de campagne où tout le monde connaît tout le monde, où tout se sait. Du vécu pour l’exemple :
Une petite irritation à l’œil. Dans la minuscule pharmacie pleine à craquer comme toujours, on examine mon œil en public et on me prescrit des gouttes. Pendant deux jours, dans la rue, connaissances ou pas m'aborderont pour me dire « ça va mieux ton œil ? ».
Dîner seule dans l'un des restaurants du port, ça se remarque et on ne manquera pas de me demander si c’était bon et combien j’ai payé.
Curiosité empreinte de bienveillance, sécurisante aussi.
Durant les mois d'été, on va à la plage publique en famille, toutes générations confondues. Durant les ramadans d'été les adultes veillant jusqu'aux petites heures du matin ce ce sont surtout les enfants qui jouent sur la plage et dans la mer.
Les hommes de Tabarka ont peu à voir avec l’image (vraie) de l’ami tunisien chaleureux, volubile et blagueur que nous connaissons Et elles sont à compter sur les doigts d’une main les femmes de Tabarka décomplexées, indépendantes, féministes et féminines qui cheveux au vent dessinent la Tunisie de demain.
Les gens de Tabarka sont à l ’image de leur région, montagnards khroumirs repliés sur eux-mêmes. Des taiseux qui se méfient de l’étranger, celui du bout du monde comme du village voisin. C’est à l’étranger de faire le premier pas, le premier bonjour, le premier sourire. A créer le lien. Ensuite c’est quasi l’adoption.
Tabarka est l’un de ces petits villages de campagne où tout le monde connaît tout le monde, où tout se sait. Du vécu pour l’exemple :
Une petite irritation à l’œil. Dans la minuscule pharmacie pleine à craquer comme toujours, on examine mon œil en public et on me prescrit des gouttes. Pendant deux jours, dans la rue, connaissances ou pas m'aborderont pour me dire « ça va mieux ton œil ? ».
Dîner seule dans l'un des restaurants du port, ça se remarque et on ne manquera pas de me demander si c’était bon et combien j’ai payé.
Curiosité empreinte de bienveillance, sécurisante aussi.
Sécurité : la Tunisie tire les leçons des attentats de 2015
Sécurité. Le mot est lancé. C’est lui qui désormais fait et défait le marché du tourisme. La Tunisie, seul pays arabe à construise un modèle de société proche de l’Europe semble avoir su tirer les leçons des attentats de 2015, de Sousse surtout.
Pour avoir durant une partie du mois de juin et tout juillet séjourné à Gammarth, Sousse (un peu) et Tabarka (beaucoup) je n’ai à aucun moment eu un sentiment d’insécurité. Point de vue subjectif direz-vous mais quand même…
Ce petit pays œuvre pour assurer sa sécurité. La police fait à nouveau son travail. Les hôtels, du plus modeste au plus luxueux, sont tous sécurisés avec portiques, équipes de gardiennage qui se relaient 24/24, caméras etc.
Pendant la période sensible du ramadan, aucun incident militaire n’a été signalé aux frontières. Courageuse, la population civile a démontré, aux côtés de l’armée, qu’elle n’était pas prête à faire allégeance aux djihadistes. (Ben Guerdane, 7 mars 2016).
Et pourtant ses plages, les plus belles de Méditerranée sont désertées par les marchés européens à commencer par le premier d’entre eux, la France. (Alors que la Russie fait un spectaculaire bon en avant. Voir encadré).
Le risque zéro n’existe nulle part à travers le monde. En Tunisie ni plus ni moins qu’ailleurs. Et dans mon bled de Tabarka, malgré leur manque de visibilité sur leur avenir, leur oisiveté forcée, leur sentiment d’abandon, les gens restent dignes et fiers. Ils espèrent des lendemains qui chantent avec le retour d’un tourisme international et la réouverture des hôtels leur principale source d’emplois. Tout est possible.
Pour avoir durant une partie du mois de juin et tout juillet séjourné à Gammarth, Sousse (un peu) et Tabarka (beaucoup) je n’ai à aucun moment eu un sentiment d’insécurité. Point de vue subjectif direz-vous mais quand même…
Ce petit pays œuvre pour assurer sa sécurité. La police fait à nouveau son travail. Les hôtels, du plus modeste au plus luxueux, sont tous sécurisés avec portiques, équipes de gardiennage qui se relaient 24/24, caméras etc.
Pendant la période sensible du ramadan, aucun incident militaire n’a été signalé aux frontières. Courageuse, la population civile a démontré, aux côtés de l’armée, qu’elle n’était pas prête à faire allégeance aux djihadistes. (Ben Guerdane, 7 mars 2016).
Et pourtant ses plages, les plus belles de Méditerranée sont désertées par les marchés européens à commencer par le premier d’entre eux, la France. (Alors que la Russie fait un spectaculaire bon en avant. Voir encadré).
Le risque zéro n’existe nulle part à travers le monde. En Tunisie ni plus ni moins qu’ailleurs. Et dans mon bled de Tabarka, malgré leur manque de visibilité sur leur avenir, leur oisiveté forcée, leur sentiment d’abandon, les gens restent dignes et fiers. Ils espèrent des lendemains qui chantent avec le retour d’un tourisme international et la réouverture des hôtels leur principale source d’emplois. Tout est possible.
Chiffres du trafic touristique du 1er janvier au 31 juillet 2016 :
Marché français : 213 118 touristes en 2015 - 290 978 en 2016 soit une baisse de – 26,6 %.
Durant le mois de juillet 2016 le marché français a enregostré une légère progression avec 71 833. Ils étaient 65 844 touristes soit une progression de + 9 %. Cette tendance positive devrait se confirmer en août et pendant les mois d’arrière-saison (septembre-octobre).
Marchés européens : 932 264 en 2015 - 734 787 en 2016 soit une baisse de – 21 %.
Marché russe : 40 811 en 2015 - 318 554 en 2016 soit une hausse de 680,6 %
Cette progression s’explique par la mise en place de vols directs entre la Russie et la Tunisie (Sousse, Djerba) ainsi que par l’organisation d’importants éductours organisés pour les professionnels du tourisme russe. Le phénomène était aussi géo-politique de nombreux russes s’étant désistés de la Turquie au profit de la Tunisie. (Ankara et Moscou n’ont annoncé la normalisation de leurs relations que fin juin dernier après de longs mois de brouille diplomatique et économique).
Marché français : 213 118 touristes en 2015 - 290 978 en 2016 soit une baisse de – 26,6 %.
Durant le mois de juillet 2016 le marché français a enregostré une légère progression avec 71 833. Ils étaient 65 844 touristes soit une progression de + 9 %. Cette tendance positive devrait se confirmer en août et pendant les mois d’arrière-saison (septembre-octobre).
Marchés européens : 932 264 en 2015 - 734 787 en 2016 soit une baisse de – 21 %.
Marché russe : 40 811 en 2015 - 318 554 en 2016 soit une hausse de 680,6 %
Cette progression s’explique par la mise en place de vols directs entre la Russie et la Tunisie (Sousse, Djerba) ainsi que par l’organisation d’importants éductours organisés pour les professionnels du tourisme russe. Le phénomène était aussi géo-politique de nombreux russes s’étant désistés de la Turquie au profit de la Tunisie. (Ankara et Moscou n’ont annoncé la normalisation de leurs relations que fin juin dernier après de longs mois de brouille diplomatique et économique).