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Voyage d'affaires : comment mettre en place une démarche écoresponsable ?

Entretien avec Guillaume Bereau et Anaïs Gascon, consultants et formateurs en tourisme durable, au sein du cabinet François tourisme consultants.


Depuis plus de 20 ans, le cabinet travaille sur ces questions de développement durable. Comment mettre en place une démarche RSE ? Quels sont les bénéfices pour l’entreprise ? La réponse de Guillaume Bereau et Anaïs Gascon, consultants et formateurs en tourisme durable au sein du cabinet François tourisme consultants.


Rédigé par le Jeudi 16 Juin 2022

TourMaG.com - Qu’appelle-t-on développement durable dans le voyage d’affaires ?

Guillaume Bereau :
Le développement durable, c’est vivre mieux au quotidien, sur une planète, qui a des ressources en quantité et qualité suffisantes pour que l’humain puisse vivre avec les autres espèces et au sein des milieux naturels.

La dimension environnementale est fondamentale. Le développement humain, c’est aussi des activités économiques, de la culture, du patrimoine et des relations sociales. L’ensemble de ces équilibres est au cœur du développement durable.

TourMaG.com - Quid de la RSE ?

Anaïs Gascon :
La RSE est le développement durable appliqué au monde de l’entreprise, qui va prendre en compte une plus grande variété de thèmes. Ses trois piliers sont environnemental, social et économique.

La RSE fait référence à la norme ISO 26000 qui englobe la gouvernance, les droits humains, l’ancrage territorial, l’environnement, les relations, les conditions de travail, les relations clients, la loyauté des pratiques…

Lire aussi : La RSE, un cadre juridique plus contraignant ?

"Souvent on parle d’événements neutres en carbone, mais ça n’existe pas."

Guillaume Bereau, Formateur en tourisme durable, au sein du cabinet François tourisme consultants. - DR
Guillaume Bereau, Formateur en tourisme durable, au sein du cabinet François tourisme consultants. - DR
TourMaG.com - Quelle place prend la RSE aujourd’hui dans le voyage d’affaires ?

G.B. :
Est-ce qu’on a réussi à bâtir le monde d’après dont on a tant entendu parler pendant la crise sanitaire ? Il ressemble furieusement à celui d’avant. Il y a eu des évolutions, des améliorations mais par rapport à l’ampleur des enjeux, il y a encore du pain sur la planche.

Chaque entreprise a des enjeux et défis différents à relever selon son domaine d’activité.

La prise en compte des différentes thématiques a bien évolué depuis les années 2 000. Il y a eu l’émergence de questions autour du climat et de la lutte contre les impacts des gaz à effet de serre, en circulant moins en avion et développant les événements en distanciel. Ça a été boosté par la crise sanitaire, bien que le digital n’est pas neutre en carbone et n’a pas d’impact social, écologique, etc.

Le tourisme d’affaires n’est pas le plus en retard dans la nébuleuse du tourisme. Depuis des dizaines d’années, il y a des attentes croissantes d’événements plus écologiques, plus vertueux de la part d’entreprises.

Le MICE a mis en place des cahiers des charges respectueux de l’environnement, vertueux. Pour les grandes entreprises, la RSE répond à des obligations légales.

Souvent on parle d’événements neutres en carbone, mais ça n’existe pas. Il y a forcément une consommation de manière directe ou indirecte. Quand des organisateurs vantent des événements neutres en carbone, cela veut dire qu’ils ont « compensé », mais compenser, c’est reporter dans le temps et l’espace des solutions pour diminuer ou capter la pollution que l’on émet.

C’est un jeu d’écrire, mais d’un point de vue écologique, ce n’est pas une solution que de compenser.

TourMaG.com - Quelles sont les attentes des voyageurs d’affaires ?

G. B. :
Nous ne disposons pas d’étude précise sur cette question. Mais d’une manière globale, il y a une perméabilité de plus en plus forte entre le tourisme d’affaires et d’agrément, c’est-à-dire le bleisure.

On va avoir des attentes autour de la découverte d’un territoire, des produits locaux, de la faune, de la flore, des activités culturelles… la dimension territoriale est forte.

Des besoins émergent autour des mobilités douces.

TourMaG.com - Est-ce que le voyageur d’affaires peut avoir un impact et accélérer la mise en place d’actions RSE ?

G. B. :
Oui, d’ailleurs on le voit à la lecture des cahiers des charges qui intègrent les bonnes pratiques. Nous avons été récemment sollicités par des CE qui souhaitent en apprendre plus sur les labels, les certifications afin de sensibiliser et de transmettre en interne ces informations, et ainsi faire appel à des entreprises ou destinations labellisées.

Autre tendance : le recherche d’une alimentation, plus saine, locale, bio et le développement d’une offre végétarienne, voire végétalienne. Et évidemment de lutte contre le gaspillage alimentaire.

Ensuite, ce qui semblait évident et est un peu plus formalisé aujourd’hui, c’est la gestion des déchets vers le zéro plastique. La société dans sa globalité ne comprendrait pas qu’il n’y ait pas de tri sélectif. Idem, si on leur remet tout un tas de gadgets.

A.G. : Le consommateur est à la base de toute la chaîne. Si le voyageur d’affaires pose ses attentes, l’offre suivra.

TourMaG.com - A quoi correspond l’offre aujourd’hui ?

A.G. :
De plus en plus de lieux, de tiers-lieux, d’éco-lieux se créent pour l’accueil de séminaires, et englobent tous les aspects éco-responsables : réductions de consommation d’eau, d’énergie, développement d’activité en lien avec le développement personnel, le team building.

G.B. : L’hybridation est de plus en plus forte, tenant davantage compte de la RSE et de ses enjeux.

Lire aussi : RSE : les micro-mobilités pour rendre le déplacement pro plus durable ?

Quels bénéfices ? réduction des impacts, notoriété, marque employeur...

Anaïs Gascon, formatrice en tourisme durable, au sein du cabinet François tourisme consultants. - DR
Anaïs Gascon, formatrice en tourisme durable, au sein du cabinet François tourisme consultants. - DR
TourMaG.com - Quels conseils pratiques pouvez-vous donner à des entreprises du marché qui souhaitent initier une démarche RSE ?

G.B. :
Cela dépendra de l’activité de l’entreprise. Un hôtel mettra en place des actions différentes de celles d’un lieu d’évènementiel ou une destination.

La mobilité apparaît assez souvent en première ligne : choix des lieux, modalités de transport, privilégier les mobilités douces, c’est aussi de favoriser l’accès depuis les gares.

Différents labels et certifications existent selon l’activité de l’entreprise. Ils donneront une feuille de route, une ligne directrice, des critères pour orienter ses actions. L’important est d’être dans l’action.

TourMaG.com – Concrètement, que peut mettre « facilement » en place une entreprise ?

A.G. :
Le numérique est un vaste sujet. Les actions de base sont de faire attention à supprimer ses mails, à ne pas stocker des données en double ou en triple, envoyer des fichiers via des serveurs internes ou des plateformes qui soient moins impactantes que l’envoie en pièce jointe. Sans oublier de faire s’intéresser au cycle de vie de ses équipements.

Autre astuce : faire un site internet écoconçu, pour éviter de trop grandes consommations d’énergie par rapport à la navigation sur le site internet. Idem, paramétrer les vidéos en qualité inférieure.

Faire appel à un data center écoresponsable pour toutes les données stockées.

TourMaG.com - Pourquoi mettre en place une démarche RSE ?

G.B. :
Cela permet de réduire ses impacts environnementaux. Elle a également un avantage économique en favorisant l’optimisation de ses achats, les consommations d’eau, d’énergie, la gestion des déchets, on réduit les factures.

Il y a un bénéfice d’image, de notoriété. Une entreprise qui aura développé des compétences pourra s’appuyer dessus pour se positionner sur des marchés en valorisant ses références. Comme évoqué, ce sont des compétences de plus en plus recherchées.

Aujourd’hui, il y a un avantage RH. Les jeunes veulent donner du sens à leur vie professionnelle. Participer à une démarche responsable est un plus en termes d’employabilité et de marque-employeur.

A.G. : C’est une manière de se différencier, d’attirer et de fidéliser de nouvelles clientèles. Mais aussi de fédérer ses équipes autour d’un projet porteur de sens.

"Initier une démarche RSE peut demander un investissement au départ, mais permettra d’optimiser d’autres coûts"

TourMaG.com - Combien de temps cela va leur prendre ?

G.B. :
Encore une fois, cela dépend du point de départ, de la taille de l’entreprise… Chaque contexte, entreprise et chef d’entreprise est différent.

A.G. : Cela dépend des objectifs de l’entreprise. Certains veulent atteindre un niveau d’excellence quand d’autres cherchent à fédérer des équipes pour lancer de premières actions.

Ça peut prendre des mois, voire années de démarrer la démarche. Et il n’y a jamais vraiment de fin. Mais cela va se poursuivre dans le temps. Il y aura toujours des actions correctives à apporter, de nouveaux indicateurs à mesurer…

TourMaG.com – Cela a un coût ?

G.B. :
Initier une démarche RSE peut demander un investissement au départ, mais permettra d’optimiser d’autres coûts. C’est rentable sur le long terme. Faire appel à une aide extérieure à un coût.

A.G. : Ça coûtera moins cher à une organisation d’entamer une démarche RSE que d’attendre d’être contrainte par une règlementation à changer de méthode de travail du jour au lendemain.

TourMaG.com – Comment évolueront les règlementations ?

G.B. :
Les règlementations applicables aux grandes entreprises vont évoluer au fur et à mesure pour s’appliquer à l’ensemble des entreprises, peu importe le secteur.

TourMaG.com – Comment mesurer la performance d’une telle démarche ?

G.B. :
Pour pouvoir évaluer les résultats par rapport aux objectifs fixés on va identifier des indicateurs, qui peuvent être la satisfaction des visiteurs, la consommation d’énergie, d’eau, la production de déchets. On va s’évaluer par rapport à ces éléments. Le but est de s’améliorer.

Progressivement on va avoir des offres plus vertes. Elle aussi va évoluer et contribuer à améliorer les indicateurs environnementaux, sociaux et économiques de l’entreprise.

L’ONU a déterminé au niveau international les objectifs du développement durable, soit 17 cibles sur lesquelles, les pays doivent s’améliorer. Celles-ci sont aujourd’hui, de plus en plus intégrées dans le secteur du tourisme et du tourisme d’affaires et permet de dire nous avons une contribution, un impact positif sur tel ou tel aspect.

On a une matrice structurante qui peut orienter les acteurs du tourisme.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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Tags : RSE
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