"Dans l'ensemble, la situation dans l'industrie du voyage en Allemagne est encore extrêmement dramatique" déplore Norbert Fiebig, le président de la Deutscher Reiseverband (DRV) - Crédit photo : DRV
La covid-19 aura mis à terre l'industrie touristique, non seulement Française, mais aussi européenne et mondiale.
Pays où la distribution est encore reine et les tour-opérateurs puissants, l'Allemagne souvent citée en exemple pour sa réussite économique se trouve plongée dans une crise similaire à la nôtre.
Nous avons décidé de faire un tour outre-Rhin pour prendre le pouls de la situation dans les agences de voyages, et connaître les actions du gouvernement, mais aussi les combats menés par la Deutscher Reiseverband (DRV), l'équivalent des Entreprises du Voyage en Allemagne pour relancer un tourisme à l'arrêt ou presque.
Et si en France, l'activité tourne toujours à bas régime, ce n'est guère plus reluisant en Allemagne.
"Dans l'ensemble, la situation dans l'industrie du voyage est encore extrêmement dramatique.
Près de 70% des agences de voyages estiment leur chiffre d'affaires actuel à moins de 25% de celui de l'année précédente," déplore Norbert Fiebig, le président de la DRV.
Les mots sont lourds et pesés, dans une ambiance économique neurasthénique qui s'étire dangereusement.
Pays où la distribution est encore reine et les tour-opérateurs puissants, l'Allemagne souvent citée en exemple pour sa réussite économique se trouve plongée dans une crise similaire à la nôtre.
Nous avons décidé de faire un tour outre-Rhin pour prendre le pouls de la situation dans les agences de voyages, et connaître les actions du gouvernement, mais aussi les combats menés par la Deutscher Reiseverband (DRV), l'équivalent des Entreprises du Voyage en Allemagne pour relancer un tourisme à l'arrêt ou presque.
Et si en France, l'activité tourne toujours à bas régime, ce n'est guère plus reluisant en Allemagne.
"Dans l'ensemble, la situation dans l'industrie du voyage est encore extrêmement dramatique.
Près de 70% des agences de voyages estiment leur chiffre d'affaires actuel à moins de 25% de celui de l'année précédente," déplore Norbert Fiebig, le président de la DRV.
Les mots sont lourds et pesés, dans une ambiance économique neurasthénique qui s'étire dangereusement.
Quelle est la situation des agences en Allemagne et leurs besoins ?
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Tout comme dans l'Hexagone, les comptes sont exsangues et les bas de laine s'amenuisent à vitesse grand V.
Les aides de l'Etat ne permettent que de maintenir à flot les entreprises, alors que les jours à venir s'annoncent houleux...
"Contrairement au début de la pandémie, une grande partie des liquidités et réserves de capital, des agences de voyages sont maintenant épuisées.
La timide amélioration de l'activité ne doit pas masquer le fait que de nombreuses entreprises continuent de subir des baisses massives de leurs ventes ou sont même menacées d'insolvabilité," constate tristement le patron de la DRV.
Alors qu'en France, les plans sociaux et les licenciements sont plutôt contenus, tout comme les faillites, à Berlin, de nombreux agents de voyages se retrouvent d'ores et déjà au chômage.
D'après une étude faite auprès des adhérents du syndicat, près de la moitié des agences de voyages déclarent avoir déjà licencié des employés ou sont susceptibles de le faire.
Pire : alors que la reprise n'a pas été au rendez-vous, il n'est pas surprenant de constater que plus des deux tiers de tous les répondants décrivent leur situation comme une menace pour leur existence.
Ainsi, quasiment tous les points de vente ont demandé une aide de la part de l'Etat, et 80% supposent qu'ils auront encore besoin du chômage partiel en 2021.
"Pour les voyagistes allemands, il est vital que l'assistance provisoire soit étendue et ajustée," souhaite Norbert Fiebig.
Ce qui ne parait plus être le cas depuis la fin du mois d'août 2020.
Les aides de l'Etat ne permettent que de maintenir à flot les entreprises, alors que les jours à venir s'annoncent houleux...
"Contrairement au début de la pandémie, une grande partie des liquidités et réserves de capital, des agences de voyages sont maintenant épuisées.
La timide amélioration de l'activité ne doit pas masquer le fait que de nombreuses entreprises continuent de subir des baisses massives de leurs ventes ou sont même menacées d'insolvabilité," constate tristement le patron de la DRV.
Alors qu'en France, les plans sociaux et les licenciements sont plutôt contenus, tout comme les faillites, à Berlin, de nombreux agents de voyages se retrouvent d'ores et déjà au chômage.
D'après une étude faite auprès des adhérents du syndicat, près de la moitié des agences de voyages déclarent avoir déjà licencié des employés ou sont susceptibles de le faire.
Pire : alors que la reprise n'a pas été au rendez-vous, il n'est pas surprenant de constater que plus des deux tiers de tous les répondants décrivent leur situation comme une menace pour leur existence.
Ainsi, quasiment tous les points de vente ont demandé une aide de la part de l'Etat, et 80% supposent qu'ils auront encore besoin du chômage partiel en 2021.
"Pour les voyagistes allemands, il est vital que l'assistance provisoire soit étendue et ajustée," souhaite Norbert Fiebig.
Ce qui ne parait plus être le cas depuis la fin du mois d'août 2020.
Agences et tour-opérateurs dans le même bateau ?
Le constant est sensiblement le même du côté de la production.
Pourtant détenteurs des acomptes clients, (en Allemagne les TO détiennent le cash contrairement à la France), la situation des tour-opérateurs est dramatique.
Selon la dernière étude de la DRV, le chômage partiel a été demandé par 85% des tour-opérateurs et 86% d'entre eux pensent que la situation n'évoluera pas dans l'année à venir.
Et pour ceux qui critiqueraient la lourdeur administrative française, les professionnels allemands ne semblent pas mieux logés.
Puisque près de 70% des sondés par le syndicat ont déclaré ne pas avoir encore reçu les aides promises.
Après six mois d'arrêt, le besoin de liquidités devient criant, surtout que la question des frontières n'est toujours pas réglée.
"Les signaux contradictoires des politiciens, par exemple concernant l'importance des avertissements aux voyageurs, ne sont pas utiles.
Nous avons besoin d’une communication fiable et, si possible, de conseils de voyage différenciés plutôt que d’avertissements de voyage généraux," poursuit Fiebig.
Alors que la Pologne vient de fermer ses frontières aériennes avec notre pays, cette problématique des destinations ouvertes n'est pas bien différente outre-Rhin, malgré les ponts aériens mis en place cet été avec les Baléares.
Toutefois et comme les EDV, la DRV n'a pas ménagé ses efforts et obtenu une aide particulière du gouvernement pour pallier l'absence de recettes des agences de voyages.
Pourtant détenteurs des acomptes clients, (en Allemagne les TO détiennent le cash contrairement à la France), la situation des tour-opérateurs est dramatique.
Selon la dernière étude de la DRV, le chômage partiel a été demandé par 85% des tour-opérateurs et 86% d'entre eux pensent que la situation n'évoluera pas dans l'année à venir.
Et pour ceux qui critiqueraient la lourdeur administrative française, les professionnels allemands ne semblent pas mieux logés.
Puisque près de 70% des sondés par le syndicat ont déclaré ne pas avoir encore reçu les aides promises.
Après six mois d'arrêt, le besoin de liquidités devient criant, surtout que la question des frontières n'est toujours pas réglée.
"Les signaux contradictoires des politiciens, par exemple concernant l'importance des avertissements aux voyageurs, ne sont pas utiles.
Nous avons besoin d’une communication fiable et, si possible, de conseils de voyage différenciés plutôt que d’avertissements de voyage généraux," poursuit Fiebig.
Alors que la Pologne vient de fermer ses frontières aériennes avec notre pays, cette problématique des destinations ouvertes n'est pas bien différente outre-Rhin, malgré les ponts aériens mis en place cet été avec les Baléares.
Toutefois et comme les EDV, la DRV n'a pas ménagé ses efforts et obtenu une aide particulière du gouvernement pour pallier l'absence de recettes des agences de voyages.
Le gouvernement paye les commissions annulées !
"Le niveau des nouvelles réservations est encore loin de compenser les pertes dues aux annulations" selon Norbert Fiebig, le président de la Deutscher Reiseverband (DRV) - Crédit photo :: DRV
Baptisé "programme de stimulation économique et d'avenir", l'électrochoc initié par l'exécutif allemand prévoit des mesures bien spécifiques qui pourraient inspirer son homologue français.
La plus intéressante et méconnue des agents de voyages français étant celle concernant le paiement par l'Etat des commissions... annulées.
Tout comme chez nous, les points de vente touchent une rémunération pour chaque voyage vendu dans la vie précovid. Puisque dans le monde post-covid les nouvelles ventes sont plus que rares...
"Les commissions pour les agences de voyages qui n'ont pas été réglées ou qui ont été retenues par les tour-opérateurs seront traitées comme des commissions rétrocédées.
Cela signifie que toutes les commissions perdues à la suite d'annulations liées au coronavirus peuvent être ajoutées aux coûts fixes et sont incluses dans le calcul de l'aide d'État," précise le patron de la DRV.
Concrètement, le patron de l'agence évalue les dégâts en inscrivant dans ses charges, les commissions annulées et les pouvoirs publics versent la somme manquante.
Par ce mécanisme, les responsables peuvent atteindre un niveau de subvention beaucoup plus élevé.
D'autant que la restitution des commissions perdues, s'adresse spécifiquement aux petites structures comptant jusqu'à 249 employés et qui ne sont pas admissibles au Fonds de stabilisation économique.
Ce mécanisme concerne non seulement les voyages annulés depuis le confinement, mais pas seulement.
"Le ministère fédéral de l'Économie a prolongé la période d'éligibilité.
Cela s'applique désormais à toutes les commissions et marges annulées depuis la mi-mars et qui peuvent désormais également être réclamées," se félicite Norbert Fiebig, le président de la DRV.
Pour arriver à ce résultat de nombreuses réunions avec les différents membres du gouvernement ont dû être organisées et le syndicat faire preuve d'un important pouvoir de lobbying.
Sauf qu'une satisfaction cache souvent un autre problème.
En effet, les aides-relais ont pris fin avec le mois d'août et depuis les acteurs doivent se débrouiller sans les liquidités étatiques.
Il sera l'un des principaux cheval de bataille du syndicat dans les semaines à venir, mais il ne sera pas le seul.
"Le gouvernement allemand ne s'attaque toujours pas au problème urgent de la récupération de l'argent des clients," déplore le président du syndicat.
"Il nous faut une ligne de crédit garantie par l'État, qui peut être utilisée pour régler les créances des clients de manière non bureaucratique."
En attendant, un geste le secteur se débrouille comme il peut et vivote, grâce aux quelques destinations ouvertes.
La plus intéressante et méconnue des agents de voyages français étant celle concernant le paiement par l'Etat des commissions... annulées.
Tout comme chez nous, les points de vente touchent une rémunération pour chaque voyage vendu dans la vie précovid. Puisque dans le monde post-covid les nouvelles ventes sont plus que rares...
"Les commissions pour les agences de voyages qui n'ont pas été réglées ou qui ont été retenues par les tour-opérateurs seront traitées comme des commissions rétrocédées.
Cela signifie que toutes les commissions perdues à la suite d'annulations liées au coronavirus peuvent être ajoutées aux coûts fixes et sont incluses dans le calcul de l'aide d'État," précise le patron de la DRV.
Concrètement, le patron de l'agence évalue les dégâts en inscrivant dans ses charges, les commissions annulées et les pouvoirs publics versent la somme manquante.
Par ce mécanisme, les responsables peuvent atteindre un niveau de subvention beaucoup plus élevé.
D'autant que la restitution des commissions perdues, s'adresse spécifiquement aux petites structures comptant jusqu'à 249 employés et qui ne sont pas admissibles au Fonds de stabilisation économique.
Ce mécanisme concerne non seulement les voyages annulés depuis le confinement, mais pas seulement.
"Le ministère fédéral de l'Économie a prolongé la période d'éligibilité.
Cela s'applique désormais à toutes les commissions et marges annulées depuis la mi-mars et qui peuvent désormais également être réclamées," se félicite Norbert Fiebig, le président de la DRV.
Pour arriver à ce résultat de nombreuses réunions avec les différents membres du gouvernement ont dû être organisées et le syndicat faire preuve d'un important pouvoir de lobbying.
Sauf qu'une satisfaction cache souvent un autre problème.
En effet, les aides-relais ont pris fin avec le mois d'août et depuis les acteurs doivent se débrouiller sans les liquidités étatiques.
Il sera l'un des principaux cheval de bataille du syndicat dans les semaines à venir, mais il ne sera pas le seul.
"Le gouvernement allemand ne s'attaque toujours pas au problème urgent de la récupération de l'argent des clients," déplore le président du syndicat.
"Il nous faut une ligne de crédit garantie par l'État, qui peut être utilisée pour régler les créances des clients de manière non bureaucratique."
En attendant, un geste le secteur se débrouille comme il peut et vivote, grâce aux quelques destinations ouvertes.
Vers un automne et un hiver 2020 plus clément ?
Ainsi l'Espagne et la Grèce caracolent en tête des ventes estivales.
"Le niveau des nouvelles réservations est encore loin de compenser les pertes dues aux annulations causées par les avertissements de voyage", a déclaré le président de DRV, Norbert Fiebig.
"Cette année, les clients réservent énormément à très court terme."
Une tendance qui confirme ce qu'il se passe chez nous, où par exemple Jean-Marc Silva, le directeur général de France Montagnes constatait lors de l'été passé, des réservations de dernière seconde.
Et cela ne devrait pas changer, en raison d'une incertitude croissante en raison des mesures sanitaires et des fermetures de frontières, très mouvantes.
Alors que l'automne représente 36% des ventes des agences de voyages en Allemagne, le niveau devrait être bien plus bas qu'à l'accoutumée.
"Ce sera probablement moins que d'habitude, si les avertissements de voyage pour les îles Baléares, les îles Canaries ainsi que la Tunisie et l'Égypte restent en place.
Les réservations à l'avance pour la saison d'hiver sont bien en dessous de la moyenne," déplore Norbert Fiebig, le président de la Deutscher Reiseverband (DRV).
Dans cet hiver qui s'annonce glacial, une lueur d'espoir et de chaleur est perceptible. Les clients paraissent se projeter plus facilement en 2021 qu'en 2020.
Plus le départ est loin dans le temps et moins ils ont peur de partir.
"Les réservations pour l'été de l'année prochaine augmentent déjà.
Le volume estival réservé jusqu'à présent pour 2021 est plus de deux fois et demie plus élevé que l'année précédente, y compris les voyages reportés de l'été 2020 à l'été 2021," conclut le patron inquiet, mais combatif du puissant syndicat allemand du voyage.
Qu'importent les circulations de liquidité, les pays, la puissance des réseaux de distribution, les agences de voyages se trouvent partout dans une situation critique.
La balle et l'avenir du tourisme sont dans la main du gouvernement aussi bien France qu'en Allemagne...
"Le niveau des nouvelles réservations est encore loin de compenser les pertes dues aux annulations causées par les avertissements de voyage", a déclaré le président de DRV, Norbert Fiebig.
"Cette année, les clients réservent énormément à très court terme."
Une tendance qui confirme ce qu'il se passe chez nous, où par exemple Jean-Marc Silva, le directeur général de France Montagnes constatait lors de l'été passé, des réservations de dernière seconde.
Et cela ne devrait pas changer, en raison d'une incertitude croissante en raison des mesures sanitaires et des fermetures de frontières, très mouvantes.
Alors que l'automne représente 36% des ventes des agences de voyages en Allemagne, le niveau devrait être bien plus bas qu'à l'accoutumée.
"Ce sera probablement moins que d'habitude, si les avertissements de voyage pour les îles Baléares, les îles Canaries ainsi que la Tunisie et l'Égypte restent en place.
Les réservations à l'avance pour la saison d'hiver sont bien en dessous de la moyenne," déplore Norbert Fiebig, le président de la Deutscher Reiseverband (DRV).
Dans cet hiver qui s'annonce glacial, une lueur d'espoir et de chaleur est perceptible. Les clients paraissent se projeter plus facilement en 2021 qu'en 2020.
Plus le départ est loin dans le temps et moins ils ont peur de partir.
"Les réservations pour l'été de l'année prochaine augmentent déjà.
Le volume estival réservé jusqu'à présent pour 2021 est plus de deux fois et demie plus élevé que l'année précédente, y compris les voyages reportés de l'été 2020 à l'été 2021," conclut le patron inquiet, mais combatif du puissant syndicat allemand du voyage.
Qu'importent les circulations de liquidité, les pays, la puissance des réseaux de distribution, les agences de voyages se trouvent partout dans une situation critique.
La balle et l'avenir du tourisme sont dans la main du gouvernement aussi bien France qu'en Allemagne...