Michel Kisfaludi, directeur général adjoint et directeur commercial France de Europcar Mobility, était l’invité de François-Xavier Izenic lors d’un entretien de l’AFTM, le 9 juillet 2024. @capture d’écran AFTM
Face à une situation politique complexe, Michel Kisfaludi, directeur général adjoint et directeur commercial d’Europcar, en convient il faut s’attendre à une croissance à zéro dans les prochains mois : « les années d'expérience montrent que les milieux économiques détestent l'incertitude. C'est peut-être un ralentissement qu'on ne verra pas concrètement juste après l'été, mais qu'on pourrait peut-être sentir au début de l'année 2025. »
De sombres perspectives après un premier semestre 2024 satisfaisant pour la location de véhicules.
« Sur ce premier semestre, nous sommes clairement dans une trajectoire de normalisation du marché, avec un meilleur accès à la flotte pour les loueurs, mais aussi les leaseurs. Avec plus de flottes sur le marché, nous récupérons des volumes. Nous commençons enfin à avoir un petit peu plus de marge de manœuvre sur les prix et sur l'achat de la flotte, malheureusement complètement compensée par d'autres coûts liés à la flotte, les coûts de financement et aussi les moindres opportunités sur la revente de la flotte », expose le directeur général adjoint et directeur commercial d’b[Europcar, qui a choisi d’augmenter sa flotte pour « une meilleure distribution territoriale ».
Sur le corporate, après un démarrage « lent en janvier », Europcar a connu « plutôt une bonne reprise », avant « un petit peu de mou entre avril et mai » et à nouveau un « très bon redémarrage à partir de mi-mai », détaille Michel Kisfaludi.
L’heure est maintenant aux paris quant à l’effet Jeux Olympiques.
« On a estimé d'un côté, que Paris allait se vider et allait se remplir effectivement de touristes liés aux JO. Mais on ne parie pas sur un boom d'activités de la location de voitures, parce qu'on voit qu’il commence à y avoir des zones avec beaucoup plus de limitations dans leur accès.
On espère que des touristes étrangers vont profiter de quelques jours avant les JO ou quelques jours après pour faire du tourisme en France et louer des voitures. Pour l’instant, on voit une bonne tenue, mais pas un pic des réservations. »
Les touristes préféreront ils les taxis ? « Il y a une incertitude sur la présence des taxis et de chauffeurs Uber. C'est difficile à confirmer. Si c'est le cas, peut-être que pour nous, ça nous laissera quelques opportunités. »
Lire aussi : Uber veut étendre son maillage en France🔑
De sombres perspectives après un premier semestre 2024 satisfaisant pour la location de véhicules.
« Sur ce premier semestre, nous sommes clairement dans une trajectoire de normalisation du marché, avec un meilleur accès à la flotte pour les loueurs, mais aussi les leaseurs. Avec plus de flottes sur le marché, nous récupérons des volumes. Nous commençons enfin à avoir un petit peu plus de marge de manœuvre sur les prix et sur l'achat de la flotte, malheureusement complètement compensée par d'autres coûts liés à la flotte, les coûts de financement et aussi les moindres opportunités sur la revente de la flotte », expose le directeur général adjoint et directeur commercial d’b[Europcar, qui a choisi d’augmenter sa flotte pour « une meilleure distribution territoriale ».
Sur le corporate, après un démarrage « lent en janvier », Europcar a connu « plutôt une bonne reprise », avant « un petit peu de mou entre avril et mai » et à nouveau un « très bon redémarrage à partir de mi-mai », détaille Michel Kisfaludi.
L’heure est maintenant aux paris quant à l’effet Jeux Olympiques.
« On a estimé d'un côté, que Paris allait se vider et allait se remplir effectivement de touristes liés aux JO. Mais on ne parie pas sur un boom d'activités de la location de voitures, parce qu'on voit qu’il commence à y avoir des zones avec beaucoup plus de limitations dans leur accès.
On espère que des touristes étrangers vont profiter de quelques jours avant les JO ou quelques jours après pour faire du tourisme en France et louer des voitures. Pour l’instant, on voit une bonne tenue, mais pas un pic des réservations. »
Les touristes préféreront ils les taxis ? « Il y a une incertitude sur la présence des taxis et de chauffeurs Uber. C'est difficile à confirmer. Si c'est le cas, peut-être que pour nous, ça nous laissera quelques opportunités. »
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« Ni nous ni le secteur, sommes revenus aux niveaux de flotte que l'on avait en 2019»
Europcar : "Il n'y a pas de futur pour nous sans une croissance de la flotte électrique. Autant l'accompagner et bien le travailler que finalement le subir" - Depositphotos.com Auteur hanohiki
Si les difficultés d'approvisionnement en flotte rencontrée pendant la crise sanitaire sont derrière nous, Michel Kisfaludi l’assure : « ni nous ni le secteur, sommes revenus aux niveaux de flotte que l'on avait en 2019. Il y a clairement une partie de l'activité et de la demande qui a disparue. »
Les coûts de financement ont été multipliés : entre l’inflation, les augmentations de la carte grise et du malus sur les véhicules polluants, sans compter sur la disparition des opportunités de revente des véhicules sur le marché secondaire.
Si les prix sont redescendus par rapport au pic de 2022, ils restent plus élevés qu'en 2019, près-Covid, de 10-15% sur le corporate. « On sent bien qu'il y a plus de modération dans les voyages d'affaires », reconnait Michel Kisfaludi.
Si ce n’est pas dû à un « effet prix », Michel Kisfaludi y voit une réponse aux changements d’habitudes provoqués par le covid avec les vidéoconférences.
Les coûts de financement ont été multipliés : entre l’inflation, les augmentations de la carte grise et du malus sur les véhicules polluants, sans compter sur la disparition des opportunités de revente des véhicules sur le marché secondaire.
Si les prix sont redescendus par rapport au pic de 2022, ils restent plus élevés qu'en 2019, près-Covid, de 10-15% sur le corporate. « On sent bien qu'il y a plus de modération dans les voyages d'affaires », reconnait Michel Kisfaludi.
Si ce n’est pas dû à un « effet prix », Michel Kisfaludi y voit une réponse aux changements d’habitudes provoqués par le covid avec les vidéoconférences.
Europcar : appels d’offres dans les gares et aéroports
Actualité forte pour les loueurs de voitures : la réponse aux appels d'offres en gare et aux aéroports.
Un moment capital pour les professionnels du secteur. Chez Europcar, sur le coporate, la location de voiture dans les gares et les aéroports représente 65% du volume d’activité.
Europcar a remporté des appels d’offres de la SNCF, « une très bonne nouvelle », se réjouit Michel Kisfaludi. « Ce sont typiquement des licences de 5 ans. Nous avons gagné des positions, à peut-être une ou deux exceptions, nous sommes là où nous voulions être.
On voulait justement se repositionner car on est en train d'acquérir plus de flottes. On a lancé des campagnes publicitaires cette année. C'est une tendance positive de croissance. »
Quid des aéroports ?
« Il peut y avoir différentes dynamiques suivant les aéroports. Dans le cas des aéroports de Paris (ADP), l'appel d'offres est ouvert, avec un impact début 2026. Mais l'appel d'offres se fait en ce moment sur une licence de 10 ans. C'est un gros pari. »
Pas de nouvel entrant sur ces appels d’offres. La SNCF et les aéroports restent assez conservateurs.
« Sur ces zones de très forte concentration de trafic, chacun défend son pré carré. Sur le marché français, il y a des niveaux de dynamisme et de concurrence beaucoup plus élevés, par exemple, dans les territoires un petit peu moins denses, où historiquement, on a vu par exemple l'arrivée de nouveaux entrants avec des positionnements plus agressifs, par exemple avec les chaînes de supermarché qui ont commencé à ouvrir à la location.
La concurrence arrive, mais sur les espaces où justement elle peut prospérer », analyse le directeur général adjoint et directeur commercial d’Europcar.
Un moment capital pour les professionnels du secteur. Chez Europcar, sur le coporate, la location de voiture dans les gares et les aéroports représente 65% du volume d’activité.
Europcar a remporté des appels d’offres de la SNCF, « une très bonne nouvelle », se réjouit Michel Kisfaludi. « Ce sont typiquement des licences de 5 ans. Nous avons gagné des positions, à peut-être une ou deux exceptions, nous sommes là où nous voulions être.
On voulait justement se repositionner car on est en train d'acquérir plus de flottes. On a lancé des campagnes publicitaires cette année. C'est une tendance positive de croissance. »
Quid des aéroports ?
« Il peut y avoir différentes dynamiques suivant les aéroports. Dans le cas des aéroports de Paris (ADP), l'appel d'offres est ouvert, avec un impact début 2026. Mais l'appel d'offres se fait en ce moment sur une licence de 10 ans. C'est un gros pari. »
Pas de nouvel entrant sur ces appels d’offres. La SNCF et les aéroports restent assez conservateurs.
« Sur ces zones de très forte concentration de trafic, chacun défend son pré carré. Sur le marché français, il y a des niveaux de dynamisme et de concurrence beaucoup plus élevés, par exemple, dans les territoires un petit peu moins denses, où historiquement, on a vu par exemple l'arrivée de nouveaux entrants avec des positionnements plus agressifs, par exemple avec les chaînes de supermarché qui ont commencé à ouvrir à la location.
La concurrence arrive, mais sur les espaces où justement elle peut prospérer », analyse le directeur général adjoint et directeur commercial d’Europcar.
La difficile différenciation des loueurs de courte durée
Michel Kisfaludi a été invité à répondre à une question d’un internaute sur la différenciation entre les acteurs de la location de courte durée.
S’il est difficile de différencier la flotte, Michel Kisfaludi veut faire valoir la différence de services : « le suivi, la pré-vente, la relation avec les clients, l'amabilité, le fait d'être plus ou moins agressif sur des ventes additionnelles.
Difficile de se différencier au départ d’un aéroport ou d’une gare, mais sur le reste du réseau, on peut faire la différence par nos choix d'emplacement, par la disponibilité de la flotte et par le fait d'essayer de trouver des solutions de disponibilité. »
En matière de service, l'intelligence artificielle (IA) apparaît comme un allié, notamment pour résorber l’attente au moment de récupérer un véhicule.
« On va être capable d'absorber de l'information et de la convertir dans des prédictions et surtout de pouvoir le faire non seulement sur du moyen ou long terme, mais aussi du très court terme, on améliorera le dimensionnement de la flotte, du personnel au comptoir, du personnel de support. », explique Michel Kisfaludi, avant de poursuivre : « Typiquement, dans le cas des aéroports et des gares, là où il peut y avoir plus de situations parfois d'attente, nous avons besoin des données directement de l'opérateur, c'est-à-dire des données du trafic de trains, du trafic d'avions.
Nous avons beaucoup d'informations, mais malheureusement, il s’agit souvent de l'information a posteriori ou alors prédictive. Par exemple, le nombre de pax sur les avions qui vont atterrir, mais sans forcément savoir leur taux de remplissage.
Nous, nous travaillons avec des modèles qui absorbent toute cette information et créent des modèles prédictifs. On fait beaucoup d'ajustements. »
b[Pour les voyageurs d'affaires, des « accélérateurs » existent : i[« récupération accélérée de clés ou même possibilité de récupérer la clé sans même passer par le comptoir.]b
Ce sont des dynamiques qui impliquent un peu plus le client, c'est-à-dire qu'il doit préparer son arrivée ou alors il doit télécharger une application dans son téléphone. » ]i
S’il est difficile de différencier la flotte, Michel Kisfaludi veut faire valoir la différence de services : « le suivi, la pré-vente, la relation avec les clients, l'amabilité, le fait d'être plus ou moins agressif sur des ventes additionnelles.
Difficile de se différencier au départ d’un aéroport ou d’une gare, mais sur le reste du réseau, on peut faire la différence par nos choix d'emplacement, par la disponibilité de la flotte et par le fait d'essayer de trouver des solutions de disponibilité. »
En matière de service, l'intelligence artificielle (IA) apparaît comme un allié, notamment pour résorber l’attente au moment de récupérer un véhicule.
« On va être capable d'absorber de l'information et de la convertir dans des prédictions et surtout de pouvoir le faire non seulement sur du moyen ou long terme, mais aussi du très court terme, on améliorera le dimensionnement de la flotte, du personnel au comptoir, du personnel de support. », explique Michel Kisfaludi, avant de poursuivre : « Typiquement, dans le cas des aéroports et des gares, là où il peut y avoir plus de situations parfois d'attente, nous avons besoin des données directement de l'opérateur, c'est-à-dire des données du trafic de trains, du trafic d'avions.
Nous avons beaucoup d'informations, mais malheureusement, il s’agit souvent de l'information a posteriori ou alors prédictive. Par exemple, le nombre de pax sur les avions qui vont atterrir, mais sans forcément savoir leur taux de remplissage.
Nous, nous travaillons avec des modèles qui absorbent toute cette information et créent des modèles prédictifs. On fait beaucoup d'ajustements. »
b[Pour les voyageurs d'affaires, des « accélérateurs » existent : i[« récupération accélérée de clés ou même possibilité de récupérer la clé sans même passer par le comptoir.]b
Ce sont des dynamiques qui impliquent un peu plus le client, c'est-à-dire qu'il doit préparer son arrivée ou alors il doit télécharger une application dans son téléphone. » ]i
Véhicules électriques : "Les réservations spontanées, pas au niveau d'un véhicule standard"
Malgré l’offre, aujourd’hui encore, les entreprises ont encore beaucoup de réticences à l'égard des véhicules électriques. Parmi les principaux freins : la crainte de ne pas avoir suffisamment de batterie ou de trouver un point de recharge,
« Les réservations spontanées de véhicules électriques, pour l'instant, ne sont pas au niveau d'un véhicule standard. Par contre, on voit une tendance très positive, il y a clairement un phénomène d'adoption, c'est-à-dire des usagers, des clients qui ont déjà roulé avec une voiture électrique dans une situation de location, dont la très grande majorité reviennent vers ces véhicules », observe le directeur général adjoint d’Europcar qui a choisi d'aligner les prix des voitures électriques sur des voitures standards pour faciliter l'adoption.
« Ca nous donne de l'optimisme par rapport au futur et aussi au futur proche. D'autant plus par rapport à cette question du malus sur les véhicules polluants. Nous sommes contraints à faire évoluer notre flotte vers moins d'émissions de CO2.
Il n'y a pas de futur pour nous sans une croissance de la flotte électrique. Autant l'accompagner et bien le travailler que finalement le subir. » , se veut optimiste Michel Kisfaludi.
Chez Europcar, la part de flotte purement électrique représente entre 8 et 9%, et s’élève à 17% si on l’associe à la flotte hybride.
Avant la dissolution de l’Assemblée, la pression sur la proportion de véhicules électriques des loueurs était assez forte, avec un échéancier relativement court. Un projet de loi en stand-by compte tenu du contexte.
«Nous avons besoin d'être accompagnés au niveau des infrastructures. Nous n'avons pas la liberté de déployer sur nos parkings, dans les aéroports ou dans les gares, toutes les stations, tous les points de recharge électrique que nous voudrions», explique le directeur adjoint d'Europcar.
« Dans ces grands centres de voyages comme sont les aéroports et les gares, on souffre d'infrastructures encore très limitées, où nous n'avons pas la capacité de pouvoir charger avec des superchargeurs et suffisamment de superchargeurs pour remettre les voitures en route très rapidement », regrette-t-il.
« Notre courbe de progression doit être alignée avec ce que va être la mise à disposition d'infrastructure. Si demain, 50 % de notre flotte était purement électrique, ça serait une chute d'efficacité, car sur beaucoup d'emplacements de voyage, on va pouvoir charger 20 voitures en même temps. »
Il reste un petit effort à faire du côté du Gouvernement pour accompagner la transition écologique.
« Les réservations spontanées de véhicules électriques, pour l'instant, ne sont pas au niveau d'un véhicule standard. Par contre, on voit une tendance très positive, il y a clairement un phénomène d'adoption, c'est-à-dire des usagers, des clients qui ont déjà roulé avec une voiture électrique dans une situation de location, dont la très grande majorité reviennent vers ces véhicules », observe le directeur général adjoint d’Europcar qui a choisi d'aligner les prix des voitures électriques sur des voitures standards pour faciliter l'adoption.
« Ca nous donne de l'optimisme par rapport au futur et aussi au futur proche. D'autant plus par rapport à cette question du malus sur les véhicules polluants. Nous sommes contraints à faire évoluer notre flotte vers moins d'émissions de CO2.
Il n'y a pas de futur pour nous sans une croissance de la flotte électrique. Autant l'accompagner et bien le travailler que finalement le subir. » , se veut optimiste Michel Kisfaludi.
Chez Europcar, la part de flotte purement électrique représente entre 8 et 9%, et s’élève à 17% si on l’associe à la flotte hybride.
Avant la dissolution de l’Assemblée, la pression sur la proportion de véhicules électriques des loueurs était assez forte, avec un échéancier relativement court. Un projet de loi en stand-by compte tenu du contexte.
«Nous avons besoin d'être accompagnés au niveau des infrastructures. Nous n'avons pas la liberté de déployer sur nos parkings, dans les aéroports ou dans les gares, toutes les stations, tous les points de recharge électrique que nous voudrions», explique le directeur adjoint d'Europcar.
« Dans ces grands centres de voyages comme sont les aéroports et les gares, on souffre d'infrastructures encore très limitées, où nous n'avons pas la capacité de pouvoir charger avec des superchargeurs et suffisamment de superchargeurs pour remettre les voitures en route très rapidement », regrette-t-il.
« Notre courbe de progression doit être alignée avec ce que va être la mise à disposition d'infrastructure. Si demain, 50 % de notre flotte était purement électrique, ça serait une chute d'efficacité, car sur beaucoup d'emplacements de voyage, on va pouvoir charger 20 voitures en même temps. »
Il reste un petit effort à faire du côté du Gouvernement pour accompagner la transition écologique.