TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo Futuroscopie  




Futuroscopie - Quand les plantes changent de statut et renforcent le bien-ĂȘtre 🔑

DĂ©cryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


Alors que la Cop 15 poursuit ses travaux et continue d’alerter sur la disparition de plus d’un million d’animaux et de plantes, donc sur l’urgence de prĂ©server la biodiversitĂ©, ne convient-il pas de noter que les plantes en gĂ©nĂ©ral, comme les animaux, sont en train de changer de statut dans les mentalitĂ©s ? De plus en plus considĂ©rĂ©es comme une partie du vivant et de ses diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes, elles Ă©prouvent comme les arbres des sensations et un sens du lien social, voire une intelligence. Si bien que, traitĂ©es d’égale Ă  Ă©gale, elles en deviennent bienveillantes et renforcent le bien-ĂȘtre de ceux qui les cĂŽtoient. Un message essentiel qu’il convient de faire entendre Ă  l’heure ou le tourisme se targue de devenir plus vert et oĂč le problĂšme des aires protĂ©gĂ©es peine Ă  se faire entendre.


Rédigé par le Vendredi 16 Décembre 2022

AprĂšs plus d’un siĂšcle de quasi indiffĂ©rence, notre époque redécouvre la neurologie végétale, une science mĂ©connue qui invite bel et bien à une nouvelle relation avec les végétaux - DR : DepositPhotos.com, Yaruta
AprĂšs plus d’un siĂšcle de quasi indiffĂ©rence, notre époque redécouvre la neurologie végétale, une science mĂ©connue qui invite bel et bien à une nouvelle relation avec les végétaux - DR : DepositPhotos.com, Yaruta
Notre Ă©poque est dĂ©cidĂ©ment étonnante !

AprĂšs avoir passé le siĂšcle dernier à dĂ©truire notre environnement, voilĂ Ì€ que les humains n’ont plus qu’un souci en tĂȘte : rĂ©habiliter les animaux et les plantes et leur donner un statut qui en fasse nos Ă©gales et nos égaux.

Le débat « antispĂ©cisme », vieux de 40 ans mais que l’on découvre aujourd’hui, est ouvert.

Pourtant, sur ce chapitre, l’Antiquité n’a pas Ă©tĂ© avare de littĂ©rature mettant en valeur la flore et ses immenses atouts... LucrĂšce et son « De natura rerum » en est un exemple.

Bien avant lui, dans l’Inde ancienne, on considĂ©rait la nature comme un maillon d’un ensemble auquel l’homme était inexorablement lié.

En Asie, comme en Afrique où l’animisme continue de mĂ©tisser les religions modernes, de nombreux rituels sacrĂ©s sont pratiqués en pleine nature et incluent d’innombrables plantes douĂ©es de toutes sortes de vertus auxquelles on accorde la mĂȘme valeur qu’à tous les membres du vivant, notamment les humains.


Les plantes à l’heure des grandes expĂ©ditions scientifiques

Quand la science s’est emparée de l’étude de la nature dans son ensemble et de la flore, les scientifiques, comme le britannique Charles Darwin, voyaient dans les plantes les êtres vivants les plus extraordinaires.

Darwin disait mĂȘme qu’elles manifestaient un degré d’évolution Ă©tonnamment avancé. Il observait la nature et en dĂ©duisait des lois sur le mouvement des plantes.

Dans son livre : « The power of Mouvement in plants », il affirmait mĂȘme dĂ©jĂ  une conviction selon laquelle leurs racines présentent des similitudes avec le cerveau des animaux inférieurs.

Francis Darwin, son fils, poursuivra ses recherches, deviendra l’un des premiers professeurs de physiologie vĂ©gĂ©tale et déclarera que « les plantes sont intelligentes ». Mais, Darwin n’est que l’un des innombrables scientifiques qui ont sillonné le monde et se sont embarqués dans des expéditions pour observer, collecter, comprendre la nature et ses plantes.

On évoquera seulement pour mémoire les travaux de Bougainville ou de Buffon... d’autres scientifiques conjuguant leur passion pour l’exploration avec celle qu’ils entretenaient avec les plantes.

On pourrait également rappeler l’immense passion de Jean-Jacques Rousseau, non pas pour la nature seulement mais surtout pour la botanique : « Je ne connais point d’étude au monde qui s’associe mieux à mes goûts naturels que celle des plantes, et la vie que je mĂšne depuis dix ans à la campagne n’est jamais qu’une herborisation continuelle », confiait-il dans Les Confessions.

Les capacités cognitives des plantes redĂ©couvertes

Qu’en est-il aujourd’hui ? AprĂšs plus d’un siĂšcle de quasi indiffĂ©rence, notre époque redécouvre la neurologie végétale, une science mĂ©connue qui invite bel et bien à une nouvelle relation avec les végétaux. Et, pas seulement les arbres.

Considérées comme douĂ©es de mĂ©moire, capables de prendre des dĂ©cisions et mĂȘme d’apprendre, les plantes dĂ©montrent des capacitĂ©s cognitives aussi exceptionnelles que celles des animaux.

Ainsi, le magazine Science et Vie expliquait que l’intelligence des plantes se passerait de cerveau, car elles seraient tout entiùres leur propre cerveau.

- Plus extraordinaire encore, le chercheur britannique de l’UniversitĂ© de Birmingham, Georges Bassel qui s’est penchĂ© sur la germination, mère de toutes les décisions et de la vie d’une plante, a pu observer, à l’échelle moléculaire, une plante peser le pour et le contre avant de s’élancer vers la lumiĂšre !

- Quant à Stefano Mancuso, le pionnier italien de la cognition vĂ©gĂ©tale, il confirme le mécanisme de prise de dĂ©cision chez une plante. Laquelle prend de nombreuses décisions en interaction permanente avec son environnement. Ce qui lui permet de survivre, de tirer à chaque instant et en chaque saison le meilleur parti de son milieu !

Mais, quelle partie de la plante faut-il justement étudier pour observer ce mécanisme ? Eh bien... Tout commence avec une petite graine, puisque toutes les cellules de la plante sont alors rassemblées en une seule entité. Et surtout, parce que la graine n’a qu’une seule décision à prendre : germer ou ne pas germer !

- Enfin, Michel Thellier, professeur émérite de l’Université de Rouen, affirme : « Il ne me semble pas plus choquant de parler de mémoire pour une plante que pour un ordinateur ». Tandis que tous les scientifiques indiquent que l’intelligence des plantes réside aussi dans leurs capacités d’apprentissage, d’anticipation, de communication et même d’entraide.

La COP15 doit dĂ©boucher sur un nouveau cadre dont le but est d’enrayer la perte de biodiversitĂ© au niveau mondial d’ici 2030. Et cela, afin de "vivre en harmonie avec la nature" Ă  l’horizon 2050.

Ce cadre doit succĂ©der aux Objectifs d’Aichi adoptĂ©s en 2010 au Japon, mais dont pratiquement aucun n’a Ă©tĂ© rempli.

Pour de nombreux observateurs, cette COP est donc aussi importante que la COP21 pour le climat qui avait vu naütre l’Accord de Paris.

Mais, l’objectif phare de 30% de crĂ©ations d’aires protĂ©gĂ©es sur terre et sur mer d’ici 2030 ne semble pas suffisant. Il est d’autant plus controversĂ© qu’il n’existe pas de consensus sur une dĂ©finition globale des aires protĂ©gĂ©es assurant une rĂ©elle protection. Lesquelles aujourd’hui n’excĂšdent pas les 8%.

Une source inĂ©puisable de bien-ĂȘtre

Bien que le sujet semble loin du secteur touristique, il ne l’est pas autant que cela.

L’étude et la dĂ©couverte des capacitĂ©s surprenantes du monde vivant : fleurs, arbres, animaux, insectes, oiseaux, poissons... fournit une preuve de plus de l’imminence d’une révolution mentale dans nos relations avec notre environnement.

Il ne s’agira plus d’écologie à l’état pur, reposant souvent sur une volontĂ© de prĂ©servation de la nature en tant que dĂ©cor, spectacle, fournisseur de ressources naturelles et de nourriture.

Les nouvelles mentalitĂ©s s’inscriront plus dans le cadre de nouvelles relations avec l’ensemble du monde vĂ©gĂ©tal en tant que communautĂ© vivante, sensible et intelligente.

Ces nouvelles mentalitĂ©s n’accorderont aucune supĂ©rioritĂ© aux humains. Elles le situeront au même niveau que l’ensemble de la chaĂźne du vivant et transformeront le regard que nous portons sur notre environnement.

Mieux, elles entraüneront une modification de nos comportements dans de nombreux domaines, alimentaires, ludiques, religieux, touristiques... et rendront scandaleux le pillage de l’environnement.

Accordant plus de bienveillance aux plantes, arbres, animaux
 elles provoqueront une rĂ©action positive Ă  notre Ă©gard de leur part, composĂ©e de fortes doses d’ondes apaisantes, sereines, harmonieuses. Rien en somme qui n’avait Ă©chappĂ© aux philosophes et religieux. Mais, il aura fallu deux millĂ©naires pour le redĂ©couvrir.

Enfin, le chercheur Eric Bapteste dans son ouvrage « Tous entrelacés » va encore plus loin.

Pour lui, « ce sont des groupes, moléculaires, cellulaires, animaux
 appuyés les uns sur les autres, qui ont donné naissance aux processus responsables des transformations du monde vivant sur la terre. Tout n’est donc non pas une histoire d’ascension des meilleurs de leurs espèces. C’est une question de courte échelle. Il y a en effet, explique-t-il, des interactions entre tous les Ă©lĂ©ments vivants dont notre survie dépend ». Et notre bien-ĂȘtre !

A LIRE :

- L’intelligence des plantes. Sensibilité et communication dans le monde végétal. Stefano Mancuso. Éditions Albin Michel.

- Tous entrelacés. Eric Bapteste. Éditions Belin

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

Lu 1661 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitÎt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus












































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias