Tourisme et neurosciences : notre culture influence les aspects fondamentaux de notre psychisme qui sont la perception, la cognition et la personnalité́ Depositphotos.com Auteur Tiko0305
Premier point : les humains sont-ils déterminés par des constantes anthropologiques ? Leurs comportements sont-ils universels ? Certes, ils ont besoin de se nourrir, de se reproduire, de se protéger, de progresser, de mettre un pied devant l’autre... etc. Mais, pour la psychologie culturelle, la réponse est négative. Non, il n’y a pas de notion d’universalité́ derrière nos attitudes.
Donc, tous les touristes ne se comportent pas exactement de la même façon, que ce soit en face d’un tableau de Goya ou d’un coucher de soleil sur la mer des Caraïbes.
Pourquoi ? Parce que notre culture influence les aspects fondamentaux de notre psychisme qui sont la perception, la cognition et la personnalité́. Évident ? Disons qu’on le savait plus ou moins mais que l’on n’en avait pas la preuve.
Donc, tous les touristes ne se comportent pas exactement de la même façon, que ce soit en face d’un tableau de Goya ou d’un coucher de soleil sur la mer des Caraïbes.
Pourquoi ? Parce que notre culture influence les aspects fondamentaux de notre psychisme qui sont la perception, la cognition et la personnalité́. Évident ? Disons qu’on le savait plus ou moins mais que l’on n’en avait pas la preuve.
Tourisme et neurosciences : entre pensée holistique et analytique ?
Grâce à des recherches récentes et approfondies, cette preuve est en passe d’être fournie. Prenons un test bien connu réalisé sur des répondants de pays occidentaux et extrême-orientaux.
Présentant un panda, un singe, une banane à des étudiants en leur demandant de constituer des paires, les chercheurs constatent que les répondants des pays occidentaux choisissent couramment le singe et le panda, parce que les deux sont des animaux. Il s’agit là d’un style de pensée analytique, dans lequel les objets sont perçus indépendamment de leur contexte.
Lire aussi : Un monde et un tourisme sans contact : réalité éphémère ou durable ?
En revanche, les participants des pays orientaux, quant à eux, retiennent souvent le singe et la banane, parce que ces objets appartiennent au même environnement et partagent une relation. Les singes ne mangent-ils pas des bananes ? Dans ce cas, le style de pensée à l’œuvre est une pensée holistique, dans laquelle l’objet et le contexte sont perçus comme entant interconnectés.
L’expérience démontre donc clairement comment les différences culturelles peuvent affecter quelque chose d’aussi fondamental que notre mémoire mais aussi notre attention, perception, raisonnement et la façon dont nous parlons et pensons.
Présentant un panda, un singe, une banane à des étudiants en leur demandant de constituer des paires, les chercheurs constatent que les répondants des pays occidentaux choisissent couramment le singe et le panda, parce que les deux sont des animaux. Il s’agit là d’un style de pensée analytique, dans lequel les objets sont perçus indépendamment de leur contexte.
Lire aussi : Un monde et un tourisme sans contact : réalité éphémère ou durable ?
En revanche, les participants des pays orientaux, quant à eux, retiennent souvent le singe et la banane, parce que ces objets appartiennent au même environnement et partagent une relation. Les singes ne mangent-ils pas des bananes ? Dans ce cas, le style de pensée à l’œuvre est une pensée holistique, dans laquelle l’objet et le contexte sont perçus comme entant interconnectés.
L’expérience démontre donc clairement comment les différences culturelles peuvent affecter quelque chose d’aussi fondamental que notre mémoire mais aussi notre attention, perception, raisonnement et la façon dont nous parlons et pensons.
Les différences de mémorisation
Dans une autre étude assez connue sur les différences culturelles associées à différents styles de pensée, on a présenté à des Japonais et à des Américains une série de scènes animées.
D’une durée d’environ vingt secondes, chaque scène présentait diverses créatures aquatiques, de la végétation et des roches, dans un décor sous-marin.
On demandait ensuite aux deux groupes de se remémorer ce qu’ils avaient vu : les participants se souvenaient de tous des objets les plus marquants, à savoir les plus gros poissons, mais les Japonais étaient bien plus capables de se remémorer les éléments de l’arrière-plan que les Américains.
Ils avaient noté en particulier les différentes teintes de l’eau. Car, leur style de pensée holistique se concentre à la fois sur l’arrière-plan et le contexte, et aussi sur le premier plan.
D’une durée d’environ vingt secondes, chaque scène présentait diverses créatures aquatiques, de la végétation et des roches, dans un décor sous-marin.
On demandait ensuite aux deux groupes de se remémorer ce qu’ils avaient vu : les participants se souvenaient de tous des objets les plus marquants, à savoir les plus gros poissons, mais les Japonais étaient bien plus capables de se remémorer les éléments de l’arrière-plan que les Américains.
Ils avaient noté en particulier les différentes teintes de l’eau. Car, leur style de pensée holistique se concentre à la fois sur l’arrière-plan et le contexte, et aussi sur le premier plan.
Implanter des souvenirs faux : notre mémoire subjective
La malléabilité du cerveau étant aujourd’hui démontrée, certains scientifiques ont travaillé sur un champ complexe mais capable de nous réserver quantité de surprises. C’est celui de la mémoire.
Devant les multiples incohérences de certains individus, ils se sont concentrés sur la possibilité d’implanter de faux souvenirs dans la mémoire. Les conclusions étaient aussi probantes qu’effrayantes : il est tout à fait possible de faire en sorte que quelqu’un se rappelle avoir commis un acte ou vécu une situation, qui ne lui est, dans les faits, jamais arrivée.
Lire aussi : Le tourisme de demain n’est pas pour demain 🔑
Un constat qui ouvre un large champ d’expérimentation à de nombreux secteurs dont le loisir et le tourisme. Pourquoi ne pas systématiquement transformer les souvenirs de vacances et les manipuler à l’avantage de l’opérateur qui a vendu la destination ou le séjour ?
Devant les multiples incohérences de certains individus, ils se sont concentrés sur la possibilité d’implanter de faux souvenirs dans la mémoire. Les conclusions étaient aussi probantes qu’effrayantes : il est tout à fait possible de faire en sorte que quelqu’un se rappelle avoir commis un acte ou vécu une situation, qui ne lui est, dans les faits, jamais arrivée.
Lire aussi : Le tourisme de demain n’est pas pour demain 🔑
Un constat qui ouvre un large champ d’expérimentation à de nombreux secteurs dont le loisir et le tourisme. Pourquoi ne pas systématiquement transformer les souvenirs de vacances et les manipuler à l’avantage de l’opérateur qui a vendu la destination ou le séjour ?
Description de soi et des autres
Autre exemple moins intéressant pour le secteur touristique, quoique ! Si l’on vous demandait de vous décrire, que diriez-vous ? Avanceriez-vous des caractéristiques personnelles comme l’intelligence ou l’humour, ou mentionneriez-vous des préférences en matière de goûts alimentaires : curry, pizza, pistou ?
Peut-être parleriez-vous également de votre statut social en disant que vous avez un mari avocat et un enfant ! En fait, les psychologues sociaux soutiennent depuis longtemps que les gens sont beaucoup plus susceptibles de se décrire et de décrire les autres en termes de caractéristiques personnelles jugées stables. Leur méthode de description semble néanmoins étroitement liée à leur culture.
Les populations du monde occidental sont plus susceptibles de se considérer comme des individus libres, autonomes et uniques, possédant un ensemble de caractéristiques fixes. Dans de nombreuses autres parties du monde, les gens se décrivent avant tout comme faisant partie intégrante de différents cercles sociaux et fortement liés les uns aux autres.
Ce phénomène est plus répandu en Asie et Afrique ainsi qu’en Amérique latine. Il renvoie à d’autres manières d’aborder les relations sociales, la motivation et l’éducation.
Cette différence dans la construction de l’identité a même été démontrée.
Dans une étude par imagerie cérébrale, les chercheurs ont montré des qualificatifs à des participants chinois et américains et leur ont demandé dans quelle mesure ils se reconnaissaient dans ces traits de caractère.
On les a également incités à réfléchir à la façon dont ils se représentaient leur mère, tandis que leur activité cérébrale était observée grâce au scanner. Dans les réponses cérébrales des participants américains, on observait dans le cortex préfrontal médian une nette différence entre la représentation de soi et la représentation de leur mère.
Chez les participants chinois en revanche, il y avait peu de différence entre les deux représentations. Ce qui signifie que la représentation de soi recoupe en grande partie la représentation que l’on se fait du proche parent !
Peut-être parleriez-vous également de votre statut social en disant que vous avez un mari avocat et un enfant ! En fait, les psychologues sociaux soutiennent depuis longtemps que les gens sont beaucoup plus susceptibles de se décrire et de décrire les autres en termes de caractéristiques personnelles jugées stables. Leur méthode de description semble néanmoins étroitement liée à leur culture.
Les populations du monde occidental sont plus susceptibles de se considérer comme des individus libres, autonomes et uniques, possédant un ensemble de caractéristiques fixes. Dans de nombreuses autres parties du monde, les gens se décrivent avant tout comme faisant partie intégrante de différents cercles sociaux et fortement liés les uns aux autres.
Ce phénomène est plus répandu en Asie et Afrique ainsi qu’en Amérique latine. Il renvoie à d’autres manières d’aborder les relations sociales, la motivation et l’éducation.
Cette différence dans la construction de l’identité a même été démontrée.
Dans une étude par imagerie cérébrale, les chercheurs ont montré des qualificatifs à des participants chinois et américains et leur ont demandé dans quelle mesure ils se reconnaissaient dans ces traits de caractère.
On les a également incités à réfléchir à la façon dont ils se représentaient leur mère, tandis que leur activité cérébrale était observée grâce au scanner. Dans les réponses cérébrales des participants américains, on observait dans le cortex préfrontal médian une nette différence entre la représentation de soi et la représentation de leur mère.
Chez les participants chinois en revanche, il y avait peu de différence entre les deux représentations. Ce qui signifie que la représentation de soi recoupe en grande partie la représentation que l’on se fait du proche parent !
Des syndromes spécifiques à chaque culture
Autres articles
-
Le futur n’a-t-il plus d’avenir ? [ABO]
-
JO - 5 : bons baisers de Paris ! 🔑
-
Futuroscopie - Cent mille lieux sous les mers, la plongée étend son empire et son emprise 🔑
-
Futuroscopie - Wellness festivals, une nouvelle façon de lier vacances et bien-être 🔑
-
Futuroscopie - Le merchandising des JO en pleine effervescence🔑
Enfin, en raison de l’existence de différences culturelles, notre cadre de réflexion habituel fondé sur la détection des comportements déviants est incomplet.
Ce qui peut être considéré comme normal dans une culture – par exemple la modestie – peut être considéré comme s’écartant de la norme dans une autre, et qualifié, à la place, de phobie sociale. Un certain nombre de syndromes sont d’ailleurs spécifiques à une culture donnée. En Asie, le syndrome de Koro touche des hommes dans leur virilité.
Au Japon, le terme de « Hikikomori » décrit les individus solitaires qui se retirent de la vie sociale. Dans les pays méditerranéens, le syndrome du mauvais œil consiste à croire que la jalousie ou le simple fait d’envoyer un regard noir à autrui peut causer des malheurs à la personne qui en fait les frais...
... À suivre de près. Car, à l’heure de l’Intelligence Artificielle (IA),,de%20simuler%20l'intelligence%20humaine. on peut se demander quelles données culturelles vont être inculquées dans les cerveaux des robots qui devront répondre, conseiller, aider des touristes ? Quant aux « fake », elles ont un boulevard devant elles si on ne les contrôle pas.
Ce qui peut être considéré comme normal dans une culture – par exemple la modestie – peut être considéré comme s’écartant de la norme dans une autre, et qualifié, à la place, de phobie sociale. Un certain nombre de syndromes sont d’ailleurs spécifiques à une culture donnée. En Asie, le syndrome de Koro touche des hommes dans leur virilité.
Au Japon, le terme de « Hikikomori » décrit les individus solitaires qui se retirent de la vie sociale. Dans les pays méditerranéens, le syndrome du mauvais œil consiste à croire que la jalousie ou le simple fait d’envoyer un regard noir à autrui peut causer des malheurs à la personne qui en fait les frais...
... À suivre de près. Car, à l’heure de l’Intelligence Artificielle (IA),,de%20simuler%20l'intelligence%20humaine. on peut se demander quelles données culturelles vont être inculquées dans les cerveaux des robots qui devront répondre, conseiller, aider des touristes ? Quant aux « fake », elles ont un boulevard devant elles si on ne les contrôle pas.
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com