St Peter Port, capitale de Guernesey, midi pile.
Comme chaque jour depuis des lustres, un garde sentencieux en habit d’apparat met le feu au canon installé sur la terrasse de Castle Cornet, le château qui protège, à l’entrée de la baie, la petite cité ilienne. Le coup retentit dans toute la ville.
Bienvenue dans l’une des cinq îles anglo-normandes, paradis fiscal pour certains, territoire pétri de conservatisme anglais pour les autres.
Guernesey cumule les clichés habituellement associés à la bonne société britannique.
Cottages chics tapis au fond de vallons humides, manoirs ostentatoires, boutiques de luxe, voitures de marque Jaguar… il flotte ici un parfum old fashion, seulement tempéré par la toponymie française des lieux - l’île est d’origine normande - et par la beauté sauvage des côtes.
Rien n’est plus beau en effet que les vagues se brisant sur les falaises de Petit Bot Bay, ou qu’un coucher de soleil sur la plage de Cobo Bay.
Comme chaque jour depuis des lustres, un garde sentencieux en habit d’apparat met le feu au canon installé sur la terrasse de Castle Cornet, le château qui protège, à l’entrée de la baie, la petite cité ilienne. Le coup retentit dans toute la ville.
Bienvenue dans l’une des cinq îles anglo-normandes, paradis fiscal pour certains, territoire pétri de conservatisme anglais pour les autres.
Guernesey cumule les clichés habituellement associés à la bonne société britannique.
Cottages chics tapis au fond de vallons humides, manoirs ostentatoires, boutiques de luxe, voitures de marque Jaguar… il flotte ici un parfum old fashion, seulement tempéré par la toponymie française des lieux - l’île est d’origine normande - et par la beauté sauvage des côtes.
Rien n’est plus beau en effet que les vagues se brisant sur les falaises de Petit Bot Bay, ou qu’un coucher de soleil sur la plage de Cobo Bay.
Sercq et son seigneur John Michael Beaumont
Sercq n’est pas en reste.
Accessible seulement par bateau, dans des conditions parfois apocalyptiques les jours de tempête, la plus secrète des îles anglo-normandes dresse son plateau découpé en damier agricole au-dessus des flots, livrant des baies secrètes, un isthme étroit et de hautes falaises.
Le temps ici semble s’être arrêté il y a un siècle. Pas de voitures sur l’île - elles sont interdites - mais des vélos et des… carrioles à cheval, aux mains d’une petite communauté de 550 habitants emmenée par les tenants (propriétaires-agriculteurs) et leur représentant, le seigneur John Michael Beaumont, « monarque » depuis 1974 et 22e seigneur de l’île !
Vous avez dit étrange ?
Accessible seulement par bateau, dans des conditions parfois apocalyptiques les jours de tempête, la plus secrète des îles anglo-normandes dresse son plateau découpé en damier agricole au-dessus des flots, livrant des baies secrètes, un isthme étroit et de hautes falaises.
Le temps ici semble s’être arrêté il y a un siècle. Pas de voitures sur l’île - elles sont interdites - mais des vélos et des… carrioles à cheval, aux mains d’une petite communauté de 550 habitants emmenée par les tenants (propriétaires-agriculteurs) et leur représentant, le seigneur John Michael Beaumont, « monarque » depuis 1974 et 22e seigneur de l’île !
Vous avez dit étrange ?
Hauteville House, l’exil de Victor Hugo
De 1855 à 1870, l’écrivain, chassé de France après le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte - avec qui il avait rompu - change d’exil et passe de Jersey à Guernesey.
Moins d’un an plus tard, entouré de sa famille et de sa maîtresse Juliette Drouet, il acquiert Hauteville House, noble demeure à étages d’une rue des hauteurs de St Peter Port.
Il a pu l’acheter grâce à l’argent des ventes de son recueil de poèmes, Les Contemplations.
Puisqu’il doit s’installer dans la durée, Victor Hugo l’aménage à sa main. Il s’y emploie avec appétit, réalisant ses fameuses chasses aux coffres et de véritables « razzias sur tous les bric-à-brac » de l’île, selon Juliette Drouet.
Le salon des Tapisseries, le vestibule néo-gothique, le couloir aux faïences, la salle à manger et ses mosaïques, les salons rouge et bleu… tout respire l’entassement d’objets de valeur, sur fond d’atmosphère solennelle de manoir anglais.
Passé le deuxième étage, où Hugo aménage une galerie de chêne et un palier-bibliothèque - à l’atmosphère sombre -, le romancier installe à l’ultime niveau la célèbre Cristal Room (chambre de verre sur le toit), « avec le ciel et l’océan pour l’assaisonnement », écrit-il.
C’est là qu’il rédige la fin des Misérables (1862), Les Travailleurs de la Mer (1867), Torquemada (1869)… Le regard tourné vers l’horizon où, parfois, il apercevait la France et la presqu’île du Cotentin.
Moins d’un an plus tard, entouré de sa famille et de sa maîtresse Juliette Drouet, il acquiert Hauteville House, noble demeure à étages d’une rue des hauteurs de St Peter Port.
Il a pu l’acheter grâce à l’argent des ventes de son recueil de poèmes, Les Contemplations.
Puisqu’il doit s’installer dans la durée, Victor Hugo l’aménage à sa main. Il s’y emploie avec appétit, réalisant ses fameuses chasses aux coffres et de véritables « razzias sur tous les bric-à-brac » de l’île, selon Juliette Drouet.
Le salon des Tapisseries, le vestibule néo-gothique, le couloir aux faïences, la salle à manger et ses mosaïques, les salons rouge et bleu… tout respire l’entassement d’objets de valeur, sur fond d’atmosphère solennelle de manoir anglais.
Passé le deuxième étage, où Hugo aménage une galerie de chêne et un palier-bibliothèque - à l’atmosphère sombre -, le romancier installe à l’ultime niveau la célèbre Cristal Room (chambre de verre sur le toit), « avec le ciel et l’océan pour l’assaisonnement », écrit-il.
C’est là qu’il rédige la fin des Misérables (1862), Les Travailleurs de la Mer (1867), Torquemada (1869)… Le regard tourné vers l’horizon où, parfois, il apercevait la France et la presqu’île du Cotentin.