Les EDV ont envoyé, la semaine dernière, une mise en demeure à Warrior Road Trip et se réservent la possibilité de saisir la répression des fraudes - DepositPhotos.com, AllaSerebrina
C’est un cas classique de commerce illégal, comme le Syndicat en a l’habitude.
Début janvier, le service juridique des Entreprises du Voyage a été alerté par des clients partis à l’automne dernier en famille, dans la région de Djanet, dans le sud de l’Algérie avec la société « Warrior Road Trip », dont la gérante, Mahdia Hammou, se décrit sur les réseaux sociaux comme une passionnée de voyages, autodidacte, qui a quitté l'Europe il y a 14 ans « pour embrasser l'immensité du désert ».
À première vue, son site Internet ressemble à s’y méprendre à celui d’un DMC, qui propose des itinéraires dans le désert algérien, encadrés par une équipe de guides touaregs.
Mais pour cette famille en particulier, le voyage de rêve s'est progressivement transformé en cauchemar.
« Nous avions réservé notre voyage 9 mois à l’avance pour 7 personnes, dont 2 bébés. Quelques mois avant le départ, les dates ont été modifiées par Warrior Road Trip, ce qui nous a obligés à changer nos billets d’avion internationaux à nos frais », explique une cliente. (Précisons en effet, que ces voyageurs ont acheté directement leurs vols internationaux, et ont réglé le reste du séjour à Warrior Road Trip).
« Bien que cela puisse arriver, le séjour dans le désert a été réduit d’un jour, mais Warrior Road Trip a refusé de nous rembourser la journée perdue, sans parler des frais engagés pour la modification des billets internationaux? et d'une nuit à Alger qui n'était pas prévue ».
Dans un courrier que nous avons pu consulter, la gérante de Warrior Road Trip rappelle pour sa part que « des alternatives ont été proposées » aux clients « face à l'indisponibilité de vols aux dates initialement prévues ». Mais pour l’heure, Mahdia Hammou n’a pas encore répondu à notre demande d’interview.
Début janvier, le service juridique des Entreprises du Voyage a été alerté par des clients partis à l’automne dernier en famille, dans la région de Djanet, dans le sud de l’Algérie avec la société « Warrior Road Trip », dont la gérante, Mahdia Hammou, se décrit sur les réseaux sociaux comme une passionnée de voyages, autodidacte, qui a quitté l'Europe il y a 14 ans « pour embrasser l'immensité du désert ».
À première vue, son site Internet ressemble à s’y méprendre à celui d’un DMC, qui propose des itinéraires dans le désert algérien, encadrés par une équipe de guides touaregs.
Mais pour cette famille en particulier, le voyage de rêve s'est progressivement transformé en cauchemar.
« Nous avions réservé notre voyage 9 mois à l’avance pour 7 personnes, dont 2 bébés. Quelques mois avant le départ, les dates ont été modifiées par Warrior Road Trip, ce qui nous a obligés à changer nos billets d’avion internationaux à nos frais », explique une cliente. (Précisons en effet, que ces voyageurs ont acheté directement leurs vols internationaux, et ont réglé le reste du séjour à Warrior Road Trip).
« Bien que cela puisse arriver, le séjour dans le désert a été réduit d’un jour, mais Warrior Road Trip a refusé de nous rembourser la journée perdue, sans parler des frais engagés pour la modification des billets internationaux? et d'une nuit à Alger qui n'était pas prévue ».
Dans un courrier que nous avons pu consulter, la gérante de Warrior Road Trip rappelle pour sa part que « des alternatives ont été proposées » aux clients « face à l'indisponibilité de vols aux dates initialement prévues ». Mais pour l’heure, Mahdia Hammou n’a pas encore répondu à notre demande d’interview.
Warrior Road Trip : le voyage vire au cauchemar
Cependant, les couacs ne s’arrêtent pas là. « Arrivés à l’aéroport d’Alger, nous nous retrouvons sans billets pour effectuer le vol Alger-Djanet prévu à 23h.
Nous avons dû attendre cinq heures au comptoir d’Air Algérie pour pouvoir embarquer. La gérante Mahdia Hammou a rejeté la faute sur la compagnie aérienne, mais il revenait à l’agence de vérifier nos billets avant notre départ ».
Problème identique au retour. « La moitié de notre famille n’avait pas de places confirmées. Malgré la semaine écoulée pour régler la situation, aucune solution n’a été apportée. Nous nous sommes retrouvés à renégocier avec la compagnie aérienne », poursuit la cliente.
A cela s’ajoute le fait qu’un des voyageurs n’a pu effectuer le voyage, faute de visa. « Mahdia Hammou nous avait assuré un remboursement intégral, mais cela fait quatre mois que nous attendons », poursuit la cliente.
La travel planner de son côté, rétorque dans un courrier que ce remboursement « dépend du traitement par Air Algérie ». Mais la suite de la réponse interpelle : « Dès réception de cette somme, nous déposerons le remboursement auprès d'un huissier de justice à Alger. Vous pourrez récupérer ce montant sous réserve que les publications en ligne portant atteinte à notre réputation, soient retirées ».
Une réponse sous forme de chantage suite aux avis négatifs et aux commentaires en ligne laissés par ces clients un peu partout sur Internet, à propos de Warrior Road Trip.
Nous avons dû attendre cinq heures au comptoir d’Air Algérie pour pouvoir embarquer. La gérante Mahdia Hammou a rejeté la faute sur la compagnie aérienne, mais il revenait à l’agence de vérifier nos billets avant notre départ ».
Problème identique au retour. « La moitié de notre famille n’avait pas de places confirmées. Malgré la semaine écoulée pour régler la situation, aucune solution n’a été apportée. Nous nous sommes retrouvés à renégocier avec la compagnie aérienne », poursuit la cliente.
A cela s’ajoute le fait qu’un des voyageurs n’a pu effectuer le voyage, faute de visa. « Mahdia Hammou nous avait assuré un remboursement intégral, mais cela fait quatre mois que nous attendons », poursuit la cliente.
La travel planner de son côté, rétorque dans un courrier que ce remboursement « dépend du traitement par Air Algérie ». Mais la suite de la réponse interpelle : « Dès réception de cette somme, nous déposerons le remboursement auprès d'un huissier de justice à Alger. Vous pourrez récupérer ce montant sous réserve que les publications en ligne portant atteinte à notre réputation, soient retirées ».
Une réponse sous forme de chantage suite aux avis négatifs et aux commentaires en ligne laissés par ces clients un peu partout sur Internet, à propos de Warrior Road Trip.
Les clients de Warrior Road Trip décident de réagir
Dans l’impasse depuis le mois d’octobre, les clients ont sorti l’artillerie lourde. « Nous avons contacté les Entreprises du Voyage, fait un signalement à la DGCCRF, et porté plainte pour escroquerie et abus de confiance », poursuit la cliente.
Il faut dire que la famille compte dans son entourage, une professionnelle du tourisme. Cette dernière, alertée, a constaté que la société Warrior Road Trip « n'était inscrite nulle part.
Lorsque je lui demande son numéro SIRET, elle me donne son code APE ! Ma famille n’a reçu aucun document de voyage, pas de contrat, pas de CGV, rien. Son site ne comporte aucune mention légale, nous explique-t-elle, précisant que Mahdia Hammou s’est présentée auprès de sa famille comme une professionnelle exerçant sur le marché français et disposant de toutes les autorisations.
Le code APE fourni (7990Z) par la CEO de Warrior Road Trip correspond notamment aux autres services de réservation liés aux voyages, dont les activités des guides touristiques.
Mais il n’est pas suffisant pour exercer la profession d’agent de voyages (voir l'article L.211-1 du Code du tourisme). Car si Madhia Hammou explique dans un courrier à ses clients travailler « i[en tant que trip planner indépendante, en collaboration avec des agences locales légalement agréées, enregistrées et assurées », elle ne se contente visiblement pas d’exercer une activité de conseil ou d’apporteur d’affaires auprès d’une agence immatriculée. Elle assemble aussi des prestations touristiques et encaisse directement de l'argent destiné à financer ces prestations, selon ses propres clients.
« Hormis les billets d’avion entre la France et l’Algérie que ma famille a dû payer, une fois sur place, tout était pris en charge par Warrior Road Trip. D’ailleurs, la gérante nous a envoyé les coordonnées d’un compte Revolut en Lituanie, sur lequel ma famille a réglé les prestations en euros », affirme notre professionnelle du tourisme.
Lire à ce sujet : E. Llop : "Les professionnels immatriculés sont les premiers travel planners !"
Il faut dire que la famille compte dans son entourage, une professionnelle du tourisme. Cette dernière, alertée, a constaté que la société Warrior Road Trip « n'était inscrite nulle part.
Lorsque je lui demande son numéro SIRET, elle me donne son code APE ! Ma famille n’a reçu aucun document de voyage, pas de contrat, pas de CGV, rien. Son site ne comporte aucune mention légale, nous explique-t-elle, précisant que Mahdia Hammou s’est présentée auprès de sa famille comme une professionnelle exerçant sur le marché français et disposant de toutes les autorisations.
Le code APE fourni (7990Z) par la CEO de Warrior Road Trip correspond notamment aux autres services de réservation liés aux voyages, dont les activités des guides touristiques.
Mais il n’est pas suffisant pour exercer la profession d’agent de voyages (voir l'article L.211-1 du Code du tourisme). Car si Madhia Hammou explique dans un courrier à ses clients travailler « i[en tant que trip planner indépendante, en collaboration avec des agences locales légalement agréées, enregistrées et assurées », elle ne se contente visiblement pas d’exercer une activité de conseil ou d’apporteur d’affaires auprès d’une agence immatriculée. Elle assemble aussi des prestations touristiques et encaisse directement de l'argent destiné à financer ces prestations, selon ses propres clients.
« Hormis les billets d’avion entre la France et l’Algérie que ma famille a dû payer, une fois sur place, tout était pris en charge par Warrior Road Trip. D’ailleurs, la gérante nous a envoyé les coordonnées d’un compte Revolut en Lituanie, sur lequel ma famille a réglé les prestations en euros », affirme notre professionnelle du tourisme.
Lire à ce sujet : E. Llop : "Les professionnels immatriculés sont les premiers travel planners !"
Une mise en demeure des EDV
Alertées, les Entreprises du Voyage ont envoyé, la semaine dernière, une mise en demeure à Warrior Road Trip.
« Nous avons constaté qu’il y a des services de voyage qui sont vendus, et qui nécessiteraient une immatriculation, avec une personne qui, apriori, est basée en France. En ce sens, nous avons envoyé une mise en demeure, et, en fonction du retour, nous nous réservons la possibilité de saisir la répression des fraudes », indique Guillaume Beurdeley, le secrétaire général adjoint des EDV.
Le Syndicat attend désormais une réponse de la trip planner qui « doit se conformer au cadre légal et s’immatriculer rapidement, ou cesser son activité...».
Rappelons en effet, qu’en l’absence d’immatriculation, l’exercice illégal de l’activité d’agent de voyages est passible d’un an d’emprisonnement de 15 000 € d’amende (article L211-23 du Code du tourisme).
Cette situation fait écho à la campagne de communication lancée ce lundi 20 janvier par l’organisation patronale avec pour message « Stop Arnaque Voyage », dans le but de lutter contre l’exercice illégal de la profession.
De leur côté, les clients espèrent récupérer une partie de leur argent, mais surtout mettre en garde les futurs voyageurs contre cette société, et plus généralement contre les risques de réserver un voyage via les réseaux sociaux. « Nous nous sommes fait totalement berner sur tous les plans, résume une des clientes.
Nous espérons que notre histoire servira de mise en garde contre la manipulation et l'abus de confiance de certains travel planners, qui n'hésitent pas à communiquer à outrance via les réseaux, malgré leur illégalité à exercer. Ils abusent de la confiance de leurs abonnés, même sur des sites comme LinkedIn, qui est un réseau professionnel sérieux ».
Ils espèrent également que l’image de la destination Algérie n’en pâtira pas. « En Algérie et notamment à Djanet, il y a des agences locales qui travaillent en toute légalité et qui font un travail admirable », conclut la cliente.
« Nous avons constaté qu’il y a des services de voyage qui sont vendus, et qui nécessiteraient une immatriculation, avec une personne qui, apriori, est basée en France. En ce sens, nous avons envoyé une mise en demeure, et, en fonction du retour, nous nous réservons la possibilité de saisir la répression des fraudes », indique Guillaume Beurdeley, le secrétaire général adjoint des EDV.
Le Syndicat attend désormais une réponse de la trip planner qui « doit se conformer au cadre légal et s’immatriculer rapidement, ou cesser son activité...».
Rappelons en effet, qu’en l’absence d’immatriculation, l’exercice illégal de l’activité d’agent de voyages est passible d’un an d’emprisonnement de 15 000 € d’amende (article L211-23 du Code du tourisme).
Cette situation fait écho à la campagne de communication lancée ce lundi 20 janvier par l’organisation patronale avec pour message « Stop Arnaque Voyage », dans le but de lutter contre l’exercice illégal de la profession.
De leur côté, les clients espèrent récupérer une partie de leur argent, mais surtout mettre en garde les futurs voyageurs contre cette société, et plus généralement contre les risques de réserver un voyage via les réseaux sociaux. « Nous nous sommes fait totalement berner sur tous les plans, résume une des clientes.
Nous espérons que notre histoire servira de mise en garde contre la manipulation et l'abus de confiance de certains travel planners, qui n'hésitent pas à communiquer à outrance via les réseaux, malgré leur illégalité à exercer. Ils abusent de la confiance de leurs abonnés, même sur des sites comme LinkedIn, qui est un réseau professionnel sérieux ».
Ils espèrent également que l’image de la destination Algérie n’en pâtira pas. « En Algérie et notamment à Djanet, il y a des agences locales qui travaillent en toute légalité et qui font un travail admirable », conclut la cliente.
Travel planner vs DMC : quelles différences ?
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La gérante de Warrior Road Trip se présente comme une travel planner exerçant a priori son activité depuis la France pour une clientèle de touristes bi-nationaux franco-algériens, tout en encaissant une partie des prestations de voyages. Mais qu’en serait-il pour les clients, si elle était une agence réceptive basée en Algérie ? La loi serait-elle la même ?
« Tout dépend de la manière dont la commercialisation est effectuée, explique Guillaume Beurdeley. C'est-à-dire qu'un opérateur non européen - comme c'est le cas pour l'Algérie qui est en dehors de l'Europe - qui dirige son activité très clairement vers le territoire français n'a pas besoin d'être immatriculé, mais doit justifier des critères qui sont conformes au droit français, notamment avoir une garantie financière.
Cela signifie que l’agence réceptive algérienne, par exemple, n’a pas besoin d'immatriculation, mais devrait, si elle dirige clairement son activité vers la France, avoir une garantie financière, pourquoi pas à l’APST, chez Groupama ou un autre garant reconnu ».
Autre cas de figure : « un voyageur peut parfaitement se rendre sur le site Internet d'une agence étrangère et, de manière proactive, chercher à contracter avec cet opérateur étranger qui ne cible pas particulièrement son activité vers la France. Dans ce cas on ne pourra pas reprocher au site étranger de ne pas avoir les garanties françaises, et de ne pas respecter le droit français, étant donné que c’est le consommateur qui est allé de manière proactive à sa rencontre ».
Et de résumer : « La règle pour les opérateurs étrangers extra-européens est donc la suivante : si on dirige son activité vers la France, on doit respecter les règles françaises. Si c'est le client qui fait la démarche personnelle d'aller voir un opérateur à l'autre bout du monde, dans ce cas-là, c'est au consommateur de s'adapter aux règles locales. »
« Tout dépend de la manière dont la commercialisation est effectuée, explique Guillaume Beurdeley. C'est-à-dire qu'un opérateur non européen - comme c'est le cas pour l'Algérie qui est en dehors de l'Europe - qui dirige son activité très clairement vers le territoire français n'a pas besoin d'être immatriculé, mais doit justifier des critères qui sont conformes au droit français, notamment avoir une garantie financière.
Cela signifie que l’agence réceptive algérienne, par exemple, n’a pas besoin d'immatriculation, mais devrait, si elle dirige clairement son activité vers la France, avoir une garantie financière, pourquoi pas à l’APST, chez Groupama ou un autre garant reconnu ».
Autre cas de figure : « un voyageur peut parfaitement se rendre sur le site Internet d'une agence étrangère et, de manière proactive, chercher à contracter avec cet opérateur étranger qui ne cible pas particulièrement son activité vers la France. Dans ce cas on ne pourra pas reprocher au site étranger de ne pas avoir les garanties françaises, et de ne pas respecter le droit français, étant donné que c’est le consommateur qui est allé de manière proactive à sa rencontre ».
Et de résumer : « La règle pour les opérateurs étrangers extra-européens est donc la suivante : si on dirige son activité vers la France, on doit respecter les règles françaises. Si c'est le client qui fait la démarche personnelle d'aller voir un opérateur à l'autre bout du monde, dans ce cas-là, c'est au consommateur de s'adapter aux règles locales. »