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Démarche RSE : foncez, ce n’est pas si compliqué !

Convention des Entreprises du Voyage Centre Ouest


Comment rendre attractif son entreprise tout en répondant aux enjeux climatiques ? Une des réponses passe par la mise en place d’une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) au sein des entreprises. Me Marie-Laure Tarragano, Avocat Expert en droit social a tenté de désacraliser la RSE à l’occasion de la Convention des Entreprises du Voyage Centre Ouest qui se tenait au Kappa Club Agdal Medina à Marrakech. Objectif : inciter les entreprises du secteur à sauter le pas. Comment s’y prendre, par où commencer et combien ça coûte… Mode d'emploi.


Rédigé par le Mardi 22 Novembre 2022

Convention Les Entreprises du Voyage Centre Ouest : Me Marie-Laure Tarragano a présenté tous les avantages de déployer une démarche RSE au sein de son entreprise et surtout elle a tenu démontrer que ce n'est pas insurmontable - Photo CE
Convention Les Entreprises du Voyage Centre Ouest : Me Marie-Laure Tarragano a présenté tous les avantages de déployer une démarche RSE au sein de son entreprise et surtout elle a tenu démontrer que ce n'est pas insurmontable - Photo CE
Démystifier la démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) ! Tel était l'objectif de l'intervention de Me Marie-Laure Tarragano, avocat en droit social individuel et collectif à l'occasion de la convention des Entreprises du Voyage Centre Ouest qui se tenait à Marrakech jusqu’au 21 novembre 2022.

Mais la RSE kezako ? Trop souvent uniquement associée au développement durable, la RSE a une vision plus large. Il s'agit en fait d'une norme internationale (ISO 26000) dédiée à la responsabilité sociétale des organisations. Elle s’articule sur 3 volets : économique, social et environnemental qui sont interconnectés.

Lire aussi : Accompagnement des entreprises : les EDV lancent un plan national

Pour déployer une démarche RSE la norme ISO 26000 permet de structurer sa démarche autour de 7 piliers :

  • La gouvernance de la structure
  • Les droits humains
  • Les conditions et relations de travail
  • La responsabilité environnementale
  • La loyauté des pratiques
  • Les questions relatives au consommateur et à la protection du consommateur
  • Les communautés et le développement local.


Pourquoi s'engager dans une démarche RSE ?

La réponse est simple : "L'entreprise sera RSE ou elle ne sera plus" martèle Me Marie-Laure Tarragano pour convaincre ceux qui seraient encore sceptiques.

Rappelons que la quête de sens est un facteur d'attractivité pour les entreprises. Justifier d'un engagement dans une démarche RSE est une façon de répondre aux attentes des jeunes générations mais aussi de ses salariés sensibles aux questions sociales et environnementales.

Me Tarragano ajoute que "toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, leur statut ou leur secteur d’activité, peuvent mettre en œuvre une démarche de RSE. En l’état ce n’est pas obligatoire directement pour toutes les entreprises mais de fait cela le devient car à défaut les TPE et PME ne survivront pas et perdront tous leurs clients (préjudice réputationnel considérable de ne pas démontrer et justifier être engagée) et ne pourront plus rester sur le marché , perdant en effet toute compétitivité".

Ainsi au-delà de l'attractivité, il y a aussi un intérêt économique réel.

Lire aussi : Tourisme : "Les entreprises seront RSE ou elles n'existeront plus !"

En effet rappelle Marie-Laure Tarragano "depuis la loi sur le devoir de vigilance adoptée en 2017, en tant que fournisseurs ou prestataires et ou sous-traitants des grandes entreprises, les TPE - PME sont désormais obligées d’adopter une telle démarche.

On le voit notamment avec - les appels d’offres ou les politiques d’achats des grands groupes - donneurs d’ordre qui demandent/exigent la preuve d’une démarche RSE de leurs fournisseurs, prestataires sous-traitants donc les PME TPE….

Il est en effet désormais impossible de répondre à un appel d’offres sans justifier avoir lancé une démarche RSE… Les investisseurs et certaines banques, exigent également désormais une démarche RSE même pour les TPE PME."


Enfin, lors d'un audit d'acquisition (diligence), il n'y aura surement pas de financement si l’entreprise visée ne justifie pas de démarche RSE… et il faut savoir qu'en cas de vente d’un fonds de commerce (même de 2 ou 3 salariés) la valeur sans RSE est moindre…

Démarche RSE : vous faites déjà de la RSE sans le savoir

Me Marie-Laure Tarragano a tenu à rassurer l'auditoire : "Dans toutes vos entreprises vous avez déjà, de fait, concrètement de nombreuses démarches RSE qui ne sont pas qualifiées comme telles et qui pourtant entrent dans le cadre de la démarche RSE".

Ferait-on alors de la RSE sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ?

En quelque sorte : "Verser un intéressement, garantir des bonnes conditions de travail, avoir mis en place le télétravail, assurer une qualité de vie au travail… Avoir des conditions générales de ventes conformes avec l'information sur les produits vendus, c'est déjà de la RSE. Avoir un service après-vente et traiter les litiges clients c'est aussi de la RSE. Respecter les droits de la propriété intellectuelle et ne pas appliquer la marque d’un concurrent... c'est de la RSE" cite pêle-mêle et en exemples Me Tarragano.

"Cela peut paraître anxiogène et pourtant vous pouvez faire entrer des bonnes pratiques déjà existantes au sein même de votre entreprise. Pour cela il va falloir mettre en forme et formaliser ces pratiques" ajoute t-elle.

Démarche RSE : par où commencer ?

Comme pour de nombreuses actions, il faut tout d’abord débuter par un diagnostic. "Il est tout à fait possible de passer par un autodiagnostic" explique Me Tarragano.

Ce type d’outil est à la disposition des entreprises par l’intermédiaire des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), de l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) ou de l’OPCO Mobilités.

Une fois le diagnostic dressé, il convient de construire et d’identifier les sous-items prioritaires de chacun des 7 piliers cités ci-dessus en vous appuyant sur les retours de vos parties prenantes.

Cela signifie qu’il faudra interroger par le biais d’un formulaire les parties prenantes internes : à savoir les salariés, managers, inspection du travail, médecine du travail, et les parties prenantes externes : clients, prestataires, fournisseurs, banques et assureur y compris.

"Dès lors que vous aurez fait partir ce questionnaire à vos parties prenantes, ces dernières vous auront enregistrés comme étant déjà engagé dans une démarche RSE, c’est important en terme d’image" ajoute Marie-Laure Tarragano qui précise également "Je recommande aussi d’effectuer un benchmark des items choisis par vos concurrents".

Quels sont les enjeux simples et efficaces à mettre en œuvre : quelques exemples

A partir des réponses et retour des parties prenantes que vous avez identifié les plus importantes pour vous, il s’agit de dresser une liste des enjeux prioritaires et sur lesquels vous allez démarrer votre démarche RSE.

L’heure est donc à la mise en place d’un plan d’actions et "surtout de communiquer" insiste Me Tarragano.

Quels sont les enjeux simples et efficaces à mettre en œuvre : quelques exemples

Sur le développement durable :

- Réduction énergétique : "il est possible de solliciter l’ADEME qui accompagne les TPE et PME. L’agence évalue, chiffre et analyse le potentiel d’économie qui peut être mis en œuvre au sein de l’entreprise et réalise un plan d’action clés en main" précise Marie-Laure Tarragano.

- Réduction des déchets : "le processus est exactement le même que pour le bilan énergétique" poursuit l’avocate

- Etablissement d’un bilan carbone et externe qui peut être établi par des consultants qui vont proposer des solutions.

"Quand on parle de réduction énergétique et réduction des déchets on parle aussi de réduction de coûts pour l’entreprise" souligne l'avocate.

Sur le respect du consommateur :

- Mettre à jour et en conformité ses conditions générales et particulières de vente, effectuer le suivi de l’après-vente. "Comme je le disais, il faut formaliser les process mais vous êtes déjà dans une démarche RSE".

Conditions et relations au travail :

- "télétravail, qualité de vie au travail, intéressement, participation, formations… ce sont des choses que vous avez parfois déjà dans vos entreprises il faut encore une fois le formaliser".

Il est également possible de se rapprocher du label ATR (Agir pour un tourisme durable) et d’y intégrer certains des items.

Démarche RSE : comment j’évalue ma progression

Me Tarragano rappelle que "pour évaluer la progression de sa démarche RSE, il faut fixer des indicateurs qualitatifs et quantitatifs et évaluer son action".

"Il faut se fixer des objectifs : je souhaite passer en un an de 6 à 8 sur 10 sur tels enjeux prioritaires. Une fois l’objectif final atteint, il faudra développer d’autres items. Une fois la démarche bien avancée il est possible de solliciter une norme AFNOR. Cela a un coût mais c’est très vite valorisé".

Démarche RSE : combien ça coûte ?

Des dispositifs d’accompagnement existent en se rapprochant de l’ADEME, des CCI mais aussi de l’OPCO Mobilités.

"Le reste à charge pour le diagnostic et l’accompagnement à la réduction énergétique ou la réduction des déchets par exemple peut être à zéro pour les TPE et PME" précise Marie-Laure Tarragano.

Isabelle Maimbourg, directrice générale adjointe de l’OPCO Mobilités indique également que dans le cadre du dispositif d’accompagnement des entreprises "il est possible de réfléchir à des thématiques qui pourront être prises en charge".

Alors convaincu ?

En résumé, la démarche RSE c'est... selon Marie-Laure Tarragano :

"La RSE est une nouvelle grille de lecture qui va permettre à l’entreprise de mieux répondre aux défis auxquels elle est confrontée et aux attentes de ses parties prenantes qui sont de plus en plus nombreuses sur ces sujet, va non seulement assurer sa survie mais en plus permettre des économies à l’entreprise.

Se lancer dans la démarche désormais obligatoire de RSE est clairement un facteur de commercialité. C’est :

- Assurer la pérennité de l’entreprise à très court terme, si les entreprises ne prennent pas en compte les impacts environnementaux et sociétaux de leurs activités, c’est leur pérennité qui est menacée.

- Répondre aux attentes de plus en plus fortes sur ces sujets des parties prenantes, qu’il s’agisse des consommateurs, des clients, banques assureurs, sinon l’entreprise risque de voir son image ternie et de perdre une partie de sa valeur immatérielle.

- Les actionnaires et investisseurs sont de plus en plus enclins à choisir les entreprises qui identifient et gèrent le mieux ces risques et qui savent les transformer en opportunités".

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Marc Le Meur (Westcapades) le 22/11/2022 16:19 | Alerter
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...ou plutôt comment les TPE peuvent elles s'y retrouver dans cette jungle de labels tourisme durable ?
Merci pour cet article et aux EdV Centre Ouest dont je suis adhérent en Bretagne en tant qu'agent réceptif .
Cette labellisation RSE est certes un instrument nécessaire informant et analysant un certain nombre de mesures globales ayant un impact environnemental direct à l'échelle d'un territoire . Cela nécessite pour les TPE et particulièrement les agences de voyages réceptives, un processus global de certification indépendant et fort coûteux .
La réalité dans tout cela est que les "eco-labels" prolifèrent avec un niveau varié d'exigences de standard et de garantie de conformité des entreprises , notamment avec une catégorie d'information environnementale basée sur des "auto-déclarations" (ou auto-diagnostics) qui peuvent couvrir aussi bien de véritables avantages environnementaux que des déclarations "vagues et imprécises, voire mensongères " (cf cette étude fort pertinente "l'étiquetage environnemental des pdts et services: enjeux et défis" de François-Lecompte &Gentric,2016) .
Les institutionnels du tourisme se perdent encore aujourd'hui aussi dans cette prolifération d' écolabels, ce qui occasionne pas mal de frais sans que ni l'environnement, ni le consommateur, ni l'entreprise locale n'y trouvent leur compte ! Et le temps passe ... vite ...très vite ... Face à cette jungle de labels, j'ai pu noter dans mes lectures sur le sujet de la RSE que Luc Béal -Directeur du Tourism Management Institute à La Rochelle- préconise une réponse plus collective qui serait basée sur un score carbone ouvert, pédagogique, renseigné par tous et propice à une économie circulaire . Ainsi on renforcerait au sein des territoires les interdépendances entre tous les acteurs du tourisme (hotels, agences réceptives, producteurs, habitants, visiteurs) .
Alors oui fonçer n est donc pas si compliqué, surtout si chacun s'investit individuellement au profit du collectif , il est certain que la transition énergétique serait plus rapide ! Une impulsion plus forte émanant des collectivités serait réellement profitable pour tous (intérêt général) . Cette idée de "score carbone" en Bretagne, une région qui travaille déjà plutôt bien sur le sujet de l'éco-responsabilité , pourrait -pourquoi pas?- s'y concrétiser . La démarche RSE n'en serait que facilitée pour tous, à moindre coût peut-être, et surtout au bénéfice cette fois de tous les acteurs du tourisme qui animent un territoire dont ils sont fiers !

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