Comment réduire votre empreinte numérique ?

Il y a 20 ans, nous tâtonnions tous avec les outils numériques.

Aujourd’hui leur usage est devenu une normalité, c’est notre quotidien, dans la vie de tous les jours et au travail.

Avec la pandémie, les confinements et la généralisation du télétravail et des visioconférences, le numérique est devenu indispensable.

Bien sûr, il est utile et nécessaire. Il permet de pouvoir continuer à travailler, il permet de faciliter les échanges et de rester informés.

Mais si on se penche sur son impact environnemental, le constat est vertigineux. On estime à 4% le poids du numérique dans les gaz à effet de serre (GES).

Un pourcentage appelé à augmenter de manière significative avec la 5G (qui nécessite de nouveaux aménagements, de nouveaux appareils et fera circuler plus de données).

Alors, on fait quoi ? Il existe des actions simples et des outils clés en main pour commencer à réduire son impact et prendre conscience des enjeux. On vous en a trouvé quelques-uns, à vous de les tester !

Avez-vous entendu parler du sac à doc écologique ? C’est une manière très parlante de visualiser l’analyse du cycle de vie (ACV) d’une chose donnée. On va évaluer le poids en ressources naturelles nécessaire à la fabrication, l'usage, la destruction d'un objet. Et concernant le numérique, le sac à dos écologique est particulièrement significatif.

Prenons ce smartphone que nous possédons tous, et qui pèse environ 200 grammes. Selon l’association Green IT son sac à dos écologique est de 100 kg. En clair, il faut 500 fois son poids en ressources naturelles pour que le smartphone que vous tenez entre vos mains fonctionne. Pour ne rien arranger : on change de téléphone en moyenne tous les 18 mois en France, quand leur durée de vie est d'au moins 3 ans (plus, si on le fait réparer) ; à peine 6 % d'entre eux sont recyclés.

Ainsi, 80% de notre impact numérique vient de la fabrication de nos équipements (ordinateurs, mais aussi data centers, tuyaux pour transporter l'énergie nécessaire, nouveaux pylônes pour la 5G...). Pour réduire votre impact, prioriser la gestion de vos appareils est donc prioritaire.

Mais comment faire en entreprise ? La start-up Rzilient propose aux entreprises de gérer leur flotte IT et s’engage à réduire la pollution numérique. La jeune entreprise propose des appareils reconditionnés, recyclés, de la location, la valorisation d’une économie circulaire et l’évaluation du poids carbone de votre parc informatique. De plus, ses créateurs sont spécialisés en RSE, ce qui permet un accompagnement plutôt adapté aux besoins de chacun.

Google fait des efforts, ne lui enlevons pas cela. Le premier des GAFAM revendique la neutralité carbone, une énergie à 100 % renouvelable et ambitionne d’être l’un des leaders sur le marché d'ici à 2030. C’est aller un peu vite : quid du fonctionnement quotidien, des déplacements, de l’extraction des ressources pour ses smartphones Android... Et de l’impact économique et social qui comptent en matière de développement durable ?

Parmi les alternatives, il y a Ecosia. Ce moteur de recherche européen labellisé BCorp permet de planter un arbre à chaque recherche. Une reforestation respectueuse des paysages, de l’humain et des essences locales.

Ecosia revendique une énergie 100 % renouvelable et la production d’énergie supplémentaire qu’elle réinjecte. Enfin, comme certains acteurs du tourisme durable, Ecosia s’appuie sur l’organisation MyClimate pour sa compensation.

Lilo est un moteur solidaire made in France. Il propose de cumuler non pas des arbres à planter, mais des gouttes d’eau symboliques, via la publicité (qui n’est pas ciblée puisque la vie privée est respectée). Ces gouttes symbolisent autant de dons à redistribuer à des projets ayant un impact social et environnemental positif. Depuis sa création, Lilo a cumulé ainsi plus de 4 450 000 € de dons, à des grandes ONG comme des associations de quartier.

L’un comme l’autre sont des métamoteurs : ils délèguent les recherches à un autre Gafam : Microsoft. Une surcouche sur une technologie existante, et donc du poids carbone en plus.

Mais ces interfaces permettent de soutenir un autre modèle, plus solidaire et plus respectueux de la vie privée.

Comment faites-vous, lorsqu’il vous faut envoyer des fichiers trop volumineux ? Fil Vert est un site de transfert de fichiers hébergé en France et entièrement alimenté via des énergies renouvelables.

Pour maitriser la dépense d’énergie et rester au plus près du besoin, les serveurs vont s’adapter au poids des fichiers et aux utilisateurs.

Les fichiers ne seront stockés que 48 h, évitant ainsi de faire tourner pour rien des datas center très gourmands en énergie. S’il est éphémère, le stockage des données est tout de même transparent et géolocalisé. Pour chaque envoi, le site fournit l’empreinte carbone et des informations pour sensibiliser l'utilisateur aux économies d’énergie.

Fil vert soutient aussi la fondation Good Planet et surtout l’association WeeeFund qui réutilise les vieux ordinateurs des entreprises pour les distribuer à des écoles.

L'association noue des partenariats avec des entreprises qui font dons de leur matériel informatique, et lutte contre la précarité informatique en proposant des équipements réhabilités et éduque à l'informatique. En tant qu'entreprise, si l'action de WeeeFund vous interpelle, sachez que, dans le cadre d'un plan RSE, vos dons seront déductibles à 60% d’impôts.

Le poids de vos fichiers vous interpelle ? Vous avez raison : ils sont l’une des sources d’impact carbone les plus facilement évitables et la solution est toute simple : viser l'efficacité énergétique en restant économe.

Comme l’explique Frédéric Bordage sur le site de l’association Green IT Tout impact dépend de 1001 facteurs, et une vidéo par exemple aura une empreinte différente selon le moment, la durée et l’écran utilisé pour la regarder. Dès lors, et devant la complexité des calculs, le plus simple reste de choisir un usage raisonné.

Entre une visioconférence, le visionnage d’une vidéo ou l’envoi d’un mail, l’impact environnemental n’est pas si différent. La vraie question n’est donc pas : lequel a le plus d’impact, mais lequel est nécessaire ? Telle visioconférence ne pourrait-elle pas devenir un appel téléphonique, qui diffusera moins de données et donc moins d’énergie ?

Puis-je éviter d’accumuler les envois de mails courts en n’en envoyant qu’un avec plusieurs informations ? Telle pièce jointe est-elle nécessaire ? La photo en signature est-elle indispensable ?

En parlant de mail ! Saviez-vous qu’il existe un fournisseur français écoresponsable ? Ecomail propose des offres payantes (2 € par mois pour les particuliers, 5 € par mois et par boîte pour les pros) dont 50 % sont reversées à des associations sociales et environnementales - le reste servant au fonctionnement de la jeune entreprise.

Ses serveurs, hébergés à Paris, sont alimentés en énergie 100 % renouvelable.

Il existe de nombreux autres outils et 1001 manières d'agir, qui s’inscrivent dans une démarche RSE globales, mais nous n'avons pas pour ambition d'être exhaustif.

Pour réduire son impact, la première des démarches, c'est d'abord de s’informer et de se former. L’autrice de ses lignes a d’ailleurs participé à une série de podcasts sur la question du numérique responsable qui pourrait bien vous intéresser.

L’un des épisodes parle de la Fresque du Numérique un dispositif ludique pour appréhender facilement les enjeux et trouver des solutions adaptées à nos usages.

Concrètement, un animateur intervient dans votre entreprise ou en ligne, et les collaborateurs se réunissent autour d’un jeu collaboratif. À l’aide de cartes, l’équipe est invitée à déterminer quelles causes ont quelles conséquences, puis à imaginer ce qu’à son niveau, elle peut faire. Cette fresque est en réalité la petite sœur de la Fresque du Climat, qui vise à rendre accessible au plus grand nombre les conclusions du GIEC - avec succès.

Peut-être utilisez-vous l’un des outils que nous avons évoqués ? Peut-être avez-vous déjà organisé une Fresque dans votre entreprise ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire : c’est ensemble qu’on avance.