Le Havre en vitesse de croisière vers les 600 000 passagers d’ici 2030 [ABO]

L’interview de Jean-Baptiste Gastinne, adjoint au maire du Havre

Nathalie Delattre, ministre du Tourisme, s’est rendue au Havre la semaine dernière, saluant les investissements engagés pour améliorer très sensiblement l'accueil des paquebots et des croisiéristes. L’occasion de faire un point avec l’adjoint au maire du Havre en charge du développement portuaire et maritime sur l’avancement des travaux qui concernent le secteur de la croisière.

Rédigé par Laurent Guéna le Jeudi 12 Juin 2025

Jean-Baptiste Gastinne, adjoint au maire du Havre en charge du développement portuaire - Photo : Eric Houri

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TourMaG - Quel bilan tirez-vous de la saison 2024 et quelles sont vos perspectives pour 2025 ?

Jean-Baptiste Gastinne : 2024 a été une très belle année. Nous avons accueilli quelque 450.000 passagers, un record, ce qui n’est pas le cas en nombre d’escales.

Pour 2025, nous prévoyons 140 escales et 470.000 passagers. Ce qui est remarquable, c’est la capacité de l’industrie de la croisière à rebondir après les crises. On l’a vu après le Covid, comme après l’accident du Costa Concordia : cette activité redémarre toujours très vite.

TourMaG - Où en êtes-vous des travaux sur les nouveaux terminaux ?

Jean-Baptiste Gastinne : Nous tenons le calendrier Les terminaux 2 et 3, aménagés à partir d’anciens hangars portuaires entièrement rénovés et reliés par un grand hall d’accueil neuf, seront livrés d’ici fin 2025.

Le terminal 1, côté ville, face au patrimoine Unesco d’Auguste Perret, sera un bâtiment totalement neuf, attendu pour l’année suivante. Ce sera un outil de très grande qualité.

Objectif : 600 000 passagers à l'horizon 2030

Vue depuis la terrasse - Pont Terminal 1 - Photo : Vize rending for Enia Architectes

TourMaG - Et l’électrification des quais ?

Jean-Baptiste Gastinne : Nous sommes en train d’équiper nos trois postes d’accueil des paquebots. Cela représente un investissement de 10 millions d’euros par poste. Le Havre sera le premier port français à proposer l’électrification pour les navires. La première escale d’un navire raccordé est prévue très prochainement, et l’ensemble sera finalisé l’an prochain.

TourMaG - Quels objectifs vous fixez-vous à horizon 2030 ?

Jean-Baptiste Gastinne : Nous visons 600 000 passagers avec la possibilité d’accueillir trois bateaux en même temps, Le Havre sera capable d’accueillir jusqu’à 13.500 passagers par jour. Et nous souhaitons attirer davantage de croisières en tête de ligne, c’est-à-dire qui commencent et se terminent au Havre.

Cela génère des retombées plus importantes : nuitées, restauration, commerce. Cela nécessite aussi des terminaux modernes et confortables, adaptés aux formalités et à l’accueil des passagers.

Et si CFC Croisières s’apprête à quitter Le Havre, tout peut bouger très vite.

Port du Havre croisières : une nouvelle promenade littorale

Vue de l'allée pietonne pointe de floride - Photo : AIA Territoires

TourMaG - Comment se répartissent aujourd’hui les excursions et les visites sur place ?

Jean-Baptiste Gastinne : Nous sommes satisfaits : c’est environ moitié-moitié. Une partie des passagers part en excursion (Paris, Rouen, Giverny, Étretat, plages du Débarquement, Mont-Saint-Michel), l’autre découvre Le Havre. Nous avons mis en place des navettes qui relient le terminal au centre-ville en trois minutes, ce qui facilite la visite. Le nouveau parc paysager et la promenade littorale jusqu’à la pointe de Floride rendront la zone encore plus attractive tant pour les passagers que pour les Havrais.

TourMaG - Quel est l’accueil de la population locale ?

Jean-Baptiste Gastinne : Les Havrais sont attachés à leur port et aiment les bateaux. Le projet est bien accepté, notamment parce que l’électrification des quais réduit les nuisances. Par ailleurs, l’activité croisière contribue à l’animation commerciale du centre-ville : les taxis, les autocaristes, les restaurateurs en bénéficient.

TourMaG - Comment travaillez-vous avec les autres ports normands ?

Jean-Baptiste Gastinne : Nous collaborons étroitement avec Rouen, Honfleur, Cherbourg et la région Normandie. Nous menons ensemble une étude sur les retombées économiques et sociales de l’activité croisière. Nous développons aussi la croisière fluviale sur la Seine : aujourd’hui, plus de 200 escales de bateaux de croisière ont lieu chaque année.