On a testé pour vous une croisière d’expédition HX au Svalbard [ABO]

C’est à l’aéroport de Paris Charles-de-Gaulle que commence notre périple direction Longyearbyen, ville la plus au nord du monde, peuplée d’environ 2 400 habitants, située à seulement 1 300 km du pôle Nord.

Une escale qui permet de s’imprégner de l’ambiance polaire : visite du musée du Svalbard, rencontre avec un élevage de huskies… l’aventure commence doucement, mais sûrement.

Après cette première découverte, direction le Spitsbergen, navire d’expédition HX, qui dispose de 180 cabines réparties sur 8 ponts. Il peut accueillir jusqu’à 335 passagers, mais pour cette croisière d’expédition, nous étions un peu plus d'une centaine, une jauge réduite qui favorise le confort, l'accès aux excursions et une ambiance conviviale à bord.

Dès l’embarquement, chaque passager est invité à télécharger l’application HX, compagnon de voyage indispensable : elle permet de consulter l’itinéraire, le planning des conférences, les rendez-vous d’excursion, et même de découvrir les membres de l’équipe scientifique.

Avant même de lever l’ancre, un briefing de sécurité est animé par Joshua Van der Groen, chef des excursions à bord.

Il insiste sur l’importance de respecter les protocoles stricts de protection de l’environnement polaire. Chaque passager reçoit une paire de bottes spécifiques, obligatoires lors des débarquements.

Ces bottes sont systématiquement nettoyées et désinfectées à chaque retour à bord, pour éviter de transporter des bactéries, micro-organismes ou particules entre deux fjords.

Le capitaine Marius Fjellberg présente ensuite l’équipage : guides naturalistes, experts scientifiques, cuisiniers, personnel de pont… tous passionnés, disponibles et très compétents. L’équipe à bord parle majoritairement anglais, et bien que des écouteurs de traduction soient proposés pour les passagers germanophones, aucune solution de traduction n’est prévue pour les francophones.

C’est un point d’attention à signaler aux clients francophones, surtout pour les conférences et briefings.

"Je ne parle pas très bien anglais, alors parfois je me sens un peu perdue pendant les conférences" nous a confié Nicole, une passagère française de 77 ans.

La première journée à bord s’ouvre sur une session d’information dédiée aux règles de sécurité environnementale. Chez HX, chaque excursion est encadrée avec rigueur. L’exploration se fait dans un cadre respectueux et instructif.

L’excursion en zodiac prévue l’après-midi vers Burgerbukta a été annulée en raison de la présence d’un ours polaire. Une règle stricte interdit en effet de s’approcher de ces animaux afin de ne pas les perturber. L’observation s’est donc déroulée depuis le pont, jumelles à la main, accompagnée des commentaires éclairés de l’équipe scientifique.

Lorsqu'une excursion est annulée ou qu'une journée se déroule principalement en navigation, le temps à bord peut parfois sembler un peu long. Pour offrir des moments de détente ou d’occupation aux passagers, le navire met à disposition une salle de sport, un sauna, ainsi que deux bains bouillonnants situés sur le pont extérieur, parfaits pour se réchauffer tout en admirant le paysage arctique.

Chaque soir, un bilan quotidien est organisé avec Joshua pour revenir sur la journée écoulée, évoquer le programme du lendemain, et rappeler les consignes de sécurité.

Chaque jour, deux excursions sont généralement proposées : débarquements en zodiac, randonnées encadrées, visites de sites historiques, observations naturalistes…

Les passagers sont libres de participer ou non à ces sorties. L’inscription est obligatoire pour certaines activités, notamment le kayak (en option à 140 €) ou les randonnées guidées. Le kayak est très encadré : un guide pour 8 personnes, avec un maximum de 16 participants par sortie en fonction de la disponibilité des équipements et du personnel.

Une autre belle journée s'annonce avec l’entrée du navire dans le fjord de Bellsund, territoire au passé riche, révélant une facette plus brute de l’Arctique. L’excursion matinale mène à Bamsebu, ancienne cabane de trappeurs située sur l’île d’Edgeøya, témoin de l’histoire humaine dans ces régions hostiles.

L’après-midi se poursuit à Calypsobyen, ancien site minier aujourd’hui classé au patrimoine culturel. Tandis que certains visiteurs explorent les vestiges librement, j'opte pour une randonnée encadrée offrant des vues saisissantes sur les reliefs environnants et quelques traces d’animaux arctiques.

La journée se termine à bord par une conférence engagée sur l’impact environnemental, dans le cadre des programmes “Science & Education” de HX, qui nous ont sensibilisés aux enjeux écologiques de manière concrète.

Ce qui marque avec HX, c’est la qualité du service à bord : un forfait all-inclusive (repas, boissons – sauf quelques cocktails – et excursions comprises), une restauration en buffet variée, avec des options sans gluten et végétariennes/veganes, et un vrai soin apporté à l’approvisionnement local (jusqu’à 75 % en Antarctique et Alaska).

Le cinquième jour a été rythmé par une matinée de navigation et une plongée poignante dans l’histoire et la réalité de l’Arctique. Alors que nous approchions de Magdalenefjorden, une conférence bouleversante sur l’ours polaire, aujourd’hui gravement menacé par la fonte accélérée de la banquise, nous a été proposée. L’émotion était palpable, la conférencière, submergée, a laissé échapper une larme. Un moment fort, qui nous a brutalement rappelé l’urgence climatique à laquelle notre planète est confrontée.

L’après-midi, l’escale à Gravneset, ancien site funéraire de baleiniers du XVIIe siècle, plonge les visiteurs dans une tout autre atmosphère. Le froid intense souligne la dureté du territoire et renforce le sentiment d’admiration pour ceux qui l’ont un jour affronté.

"Ce que j’apprécie énormément, c’est que cette croisière ne se limite pas à la contemplation : on apprend aussi beaucoup", exprime Joël, un autre passager français.

Le sixième jour est consacré à la navigation vers l’extrême nord du Spitzberg, en direction de l’île de Moffen, située au-delà du 80e parallèle. Aucun débarquement n’est prévu, mais la journée est marquée par des moments forts, notamment l’observation de plusieurs morses installés sur un banc de sable près de l’île.

Deux conférences viennent rythmer cette journée passée en mer. La première nous plonge dans les coulisses de la navigation en zone polaire, mettant en lumière les technologies embarquées et les protocoles de sécurité indispensables dans cet environnement extrême.

La seconde retrace avec passion les grandes expéditions ayant marqué l’histoire du Svalbard, de Roald Amundsen à Umberto Nobile, faisant revivre l’épopée des pionniers de l’Arctique.

Même les moins férus d’histoire ou de sciences se surprennent à boire les paroles des guides tant leurs récits sont vivants et incarnés. Le format intimiste du navire renforce la proximité, les échanges sont spontanés, aussi bien avec l’équipe qu’avec les autres passagers.

Le septième jour, cap sur Smeerenburg, ancien comptoir baleinier du XVIIe siècle situé sur l’île d’Amsterdamøya. Aujourd’hui abandonné, le site conserve une force évocatrice unique. Quelques vestiges émergent encore du pergélisol, témoignant d’un passé rude où des hommes fondaient la graisse de baleine dans des conditions extrêmes.

L’après-midi, immersion totale dans le Bjørnfjorden avec une session de kayak en option. La progression silencieuse entre les icebergs et les glaciers offre une perspective inédite sur la majesté du paysage arctique.

La dernière journée à bord débute à Ny-Ålesund, l’un des établissements habités les plus au nord du globe. Ancienne cité minière devenue centre international de recherche scientifique, la localité dévoile un quotidien hors du temps, peuplé de rennes, de sternes arctiques et de chercheurs venus du monde entier. La visite guidée permet de mieux comprendre le rôle stratégique de cette station dans l’étude du climat et de l’environnement polaire.

En guise de conclusion, une ultime sortie en zodiac mène jusqu’au glacier de Lilliehöökbreen, au fond du Lilliehöökfjord. Sur place, deux morses se laissent observer sur une plaque de glace dérivante, tandis qu’une otarie, plus discrète, apparaît brièvement. L’approche se fait avec précaution.

L’heure des au revoir a sonné. Il est temps de regagner la terre ferme et de quitter les équipes qui nous ont accompagnés tout au long de cette aventure.

Les guides, toujours présents et attentionnés, nous aident à charger nos valises dans le bus avant de nous faire un dernier signe à travers la vitre. Après huit jours passés à explorer ensemble, à partager des moments uniques, cette séparation a des allures de fin de colonie de vacances, avec un pincement au cœur au moment de quitter ces nouveaux visages devenus familiers.