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Arcachon Ecotours : "J’ai des demandes vraiment qualifiées en termes de RSE" 🔑

L’interview de Matthias Labarbe, fondateur d’Arcachon Ecotours.


Lauréat des Trophées du Voyage Responsable décernés par TourMaG.com, Matthias Labarbe a fondé Arcachon Ecotours, agence réceptive de tourisme d’affaires et durable. Rallye nautique autour de la biodiversité locale, collecte de déchets sur la plage, défi collectif autour des enjeux de l’eau, ou balade guidée à la dune du Pilat…l’agence s'appuie sur les forces vives du Bassin d’Arcachon pour proposer des activités RSE.


Rédigé par le Mardi 23 Avril 2024

"Pour moi, le Covid a été un bon catalyseur pour repasser sur des valeurs locales, de circuits courts, d’activités de pleine nature...", affirme Matthias Labarbe, fondateur d'Arcachon Ecotours. @Maxime Gautier
"Pour moi, le Covid a été un bon catalyseur pour repasser sur des valeurs locales, de circuits courts, d’activités de pleine nature...", affirme Matthias Labarbe, fondateur d'Arcachon Ecotours. @Maxime Gautier
TourMaG.com - Pouvez-vous vous présenter ainsi que l’entreprise ?

Matthias Labarbe : J'ai commencé à réfléchir à cette entreprise en 2016, avant de la créer en décembre 2018.

Je suis natif du bassin d'Arcachon. Après mon baccalauréat, j’ai intégré une école d'ingénieur en génie mécanique en Écosse. A la sortie, en 2021, je n'ai pas réussi à trouver de travail. De fil en aiguille, je me suis dirigé vers la musique, l’une de mes passions premières. J'ai travaillé quasiment 10 ans dans l'industrie du disque avant de faire un petit break pour réaliser un bilan de mes envies et de mes compétences. Après 7 mois de saison dans le bassin, je suis parti en voyage entre les Antilles et l'Amérique latine.

A ce moment-là, m'est venue l'idée de travailler dans le tourisme. Je me rendais compte que j'aimais partager et transmettre, mais aussi que j'étais très attaché au bassin d'Arcachon.

De retour, mon père m’invite à faire une balade en kayak et stand-up paddle sur le bassin d'Arcachon, dans un endroit qui s'appelle l'île de Malprat, que je ne connaissais pas du tout.

Le moniteur, en plus d’être prof de kayak et de paddle, avait suivi une formation en ornithologie. Il connaissait plein de choses sur la faune, la flore et la biodiversité et partageait des anecdotes historiques.

Je me suis dit, c'est ça que je veux faire ! Je veux faire découvrir le bassin d'Arcachon authentique, en sortant des sentiers battus et de la carte postale. Et évidemment, ne voulant pas contribuer au surtourisme estival, j'ai décidé de me spécialiser dans le tourisme d'affaires, pour pouvoir développer les ailes de saison.

Dans la foulée est venue l'idée de faire du tourisme durable, pour que mon activité puisse perdurer.

De ce constat assez simple est née l’agence de tourisme d'affaires durables Arcachon Écotour.


TourMaG.com - Que proposez-vous ?

Matthias Labarbe :
Je propose principalement des séjours clé en main. Un client va me contacter, me donner son cahier des charges et son budget, derrière, je vais lui concevoir son séjour en essayant d'orienter vers des activités ou des restaurants qui vont être plus axés tourisme durable.

Par exemple, des restaurants fonctionnant en circuit court qui vont proposer des produits locaux et de saison. Pour les activités, il s’agira d’activités de pleine nature, des activités douces, slow tourisme, écotourisme, etc…

Pour m'ancrer au mieux dans ce tourisme durable, j'ai développé des partenariats avec des associations environnementales, telles que Surfrider Foundation, qui a une antenne en Gironde, ou d’autres associations locales, comme Echo-Mer, qui fait de la revalorisation de déchets marins et ostréicoles, Sepanso, la LPO, l’ONF

Le but c'est vraiment de pouvoir s'appuyer sur les forces vives, associatives ou institutionnelles du bassin et de manière un peu plus large aussi, pour pouvoir proposer des activités de sensibilisation, des activités qui ont du sens, ou des activités où l’on met un peu plus les mains dans le cambouis, par exemple de la collecte de déchets.

Ces partenariats avec ces associations, comme l'ONF notamment, qui proposent des balades commentées en forêt, sont assez pertinentes juste après les incendies.


"Pour l’instant, aux réseaux de distribution, j’ai préféré les réseaux locaux"

TourMaG.com - Êtes-vous certifié RSE ?

Matthias Labarbe :
J’ai une certification environnementale avec le label enVol de l'agence Lucie, un label environnemental pour les TPE et PME.

Cette même agence propose également un label RSE, que je suis en train de finaliser.

L'an dernier au salon So événements, j’ai gagné le prix, le Green Trophy, qui était le prix de l'engagement RSE de la région Nouvelle Aquitaine. Au Ditex, j’ai remporté un prix national avec le Trophée du Voyage Responsable.


Lire aussi : RSE : quelles obligations en 2024 pour les entreprises ? 🔑

TourMaG.com - Vous faites partie d'un réseau ?

Matthias Labarbe :
Pour l’instant, aux réseaux de distribution, j’ai préféré les réseaux locaux.

A l’échelle locale, je suis membre du club d'entreprises DEBA et du club tourisme d'affaires du SIBA, le syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon, qui gère la promotion du bassin d'Arcachon notamment.

Je suis également adhérent du Bordeaux Convention Bureau et au Comité Régional du Tourisme de Nouvelle-Aquitaine. Depuis peu, j’ai également rejoint l'UMENA, qui est l'union des métiers de l'événementiel.


Lire aussi notre dossier spécial sur les réseaux d'agences de voyages

TourMaG.com - Et en termes de distribution, justement, comment fonctionnez-vous ?

Matthias Labarbe :
Mes clients sont soit des entreprises en direct, soit des agences qui viennent s'appuyer sur le côté réceptif spécialisé de la région. Parmi mes clients, j’ai beaucoup de grosses entreprises, notamment du CAC 40 : le Crédit Agricole, RATP DEV, BNP Paribas, Vinci construction...

J'ai de la chance pour l'instant de ne pas avoir à démarcher. Mes prestataires me font suivre des demandes qu'ils ne peuvent pas traiter.

J'ai beaucoup de demandes qui arrivent en direct sur mon site internet et parfois via LinkedIn ou Instagram, grâce à mon plan de communication et mon référencement. Je fais appel à des freelance pour la com et le référencement. J’ai également une assistante administrative.

Cela me permet de pouvoir me focaliser sur la conception de séjours, la commercialisation de l'entreprise, mon réseau…

"Depuis un an ou deux, j’ai des demandes vraiment qualifiées en termes de RSE"

Arcachon Ecotours a créé son Rallye Nautique Perles & Pépites du Bassin, une expérience ludique et gourmande. @Aracachon Ecotours
Arcachon Ecotours a créé son Rallye Nautique Perles & Pépites du Bassin, une expérience ludique et gourmande. @Aracachon Ecotours
TourMaG.com – Peut-on dire qu'il y a un avant et un après Covid dans le MICE ?

Matthias Labarbe :
Clairement. Au début, à la création de l’entreprise, j'avais très peu de demandes axées sur le côté environnemental. Depuis un an ou deux, j’ai des demandes vraiment qualifiées en termes de RSE.

Pour moi, le Covid a été un bon catalyseur pour repasser sur des valeurs locales, de circuits courts, d’activités de pleine nature... Après, la transformation de l'entreprise prend du temps, l'évolution vers les pratiques RSE est longue, même si certains, comme par exemple Decathlon, sont déjà très en avance par rapport à beaucoup d'autres.

J'essaie souvent de proposer des ateliers d'intelligence collective, type la fresque du climat. Et il s'avère que, souvent, les prospects me disent mais : Non, on le fait déjà à Paris. Et ça, c'est récent. Les entreprises ont commencé à acter leurs mutations vers ces pratiques. Chacune à leur rythme.

Pour autant, tout n’est pas gagné. Sur les 80 demandes reçues depuis le début de l'année, 20 étaient vraiment qualifiées RSE.

C'est plus qu'avant, mais ce n'est pas encore la totalité des demandes.


Lire aussi : MICE : les tendances MICE du marché français 2024

TourMaG.com - Est-ce qu'on pourrait proposer, encore aujourd'hui, un séminaire sur du court courrier ?

Matthias Labarbe :
Malheureusement, ça se fait encore. Mais, ils se rendent compte que ce n'est pas bien. Soit c’est mauvais par rapport à l’image ou à leurs convictions.

C'est encore le problème de nos jours. S’il y a un responsable RSE dans la majeure partie des entreprises, quand le pôle RSE est rattaché à la direction, on sait que l’ambition derrière est d’opérer des mutations profondes. Quand il est rattaché au pôle communication, ce n’est pas la même démarche.

Mais, en effet, la majeure partie de mes clients ne sont pas encore prêts à faire un séjour avec un repas végétarien le midi et le soir et un après-midi de collecte de déchets sur la plage.

Ou alors sous un format plus interactif, par exemple en remontant à l'origine du déchet : vous collectez, vous triez et ensuite, vous racontez une histoire. Le storytelling, c'est la base du jeu. La meilleure histoire racontée, la plus proche de la réalité remporte le plus de points.


TourMaG.com – Au lendemain du covid, les bénéfices du MICE ne sont plus à démontrer.

Matthias Labarbe :
Clairement, ils savent qu'ils en ont besoin. Dans certains groupes, les participants ne se voient pas de l'année parce qu'ils sont tous en télétravail, ils ont clairement besoin de relations humaines.

Tisser des liens et mieux se connaître entre collaborateurs, cela permet d'être plus efficaces, ce n'est plus à prouver, c'est aujourd'hui une évidence.

"Si les demandes sont nombreuses, il est plus compliqué de concrétiser les devis"

TourMaG.com - Quels sont les enjeux pour vous, aujourd'hui ?

Matthias Labarbe :
Je suis vraiment dans une période de transition. Seul, je suis saturé par les demandes que je reçois. Il me faudrait embaucher un chef de projet, qui puisse me permettre de dédoubler la rapidité de réponse à mes devis.

Avoir un binôme me permettrait vraiment de pouvoir continuer à développer l'activité commercialement.


TourMaG.com - Quelles sont les perspectives pour 2024 ?

Matthias Labarbe :
Pour l'instant, j'ai reçu plus de devis que l'année dernière à la période mi-mars, mais la demande s'est bien calmée depuis un mois.

L'office de tourisme d'Arcachon fait le même constat. La problématique concerne les budgets. L'inflation est passée par là, les entreprises sont prudentes.

Et puis les tarifs ont un petit peu augmenté sur le bassin d'Arcachon.

Par exemple, pour un groupe, j'ai lancé la sixième modification. Pas mal d'entreprises sont assez limitées économiquement. Si les demandes sont nombreuses, il est plus compliqué de concrétiser les devis.


TourMaG.com – Comment voyez-vous votre entreprise évoluer ?

Matthias Labarbe :
A court terme, je souhaite proposer le calcul des émissions de CO2 sur un séjour pour pouvoir vraiment quantifier, parce qu'on a besoin de chiffres pour comprendre et se repérer.

D’ici quelques années, j’aimerais disposer d’un local et d’une petite équipe pour pouvoir continuer à répondre aux demandes grandissantes, et si possible de plus en plus qualifiées, pour aller de plus en plus vers des activités et des séjours de tourisme durable.

En 2023, j'ai reçu 42 groupes, soit 1049 personnes, mon chiffre d'affaires était de 260 000€. L’objectif cette année est de dépasser 300 000€.


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